14 avril 2013

Indigne, vraiment ?


Mais de quoi essaie-t-on de nous convaincre ? Indigne, vraiment ? Ce qui me paraît symptomatique à la révélation de chaque scandale politique c’est le moutonnement, c’est la propagation d’une indignation qui n’en finit plus de s’indigner, qui oublie et regrette l’exercice précédent, qui installe peu à peu des formes de radicalisations identitaires qui sont des formes de critiques parcellaires qui fascisent la société au lieu de la porter au révolutionnaire.
Ce qui est symptomatique ce sont ces cris d’indignations stériles qui se succèdent, d’année en année, d’exercice en exercice, sans qu’aucune des questions qui méritent d’être posées n’émerge ni forcément dans les médias (et pour cause !), ni sur les réseaux sociaux.
Ça se contente de dire « Sarkozy pas gentil ! » puis « Hollande pas gentil ! » et s’installe durablement une fascisation progressive de la société dont le FN est seulement la partie immergée.
Par quel levier le scandale Cahuzac a-t-il été révélé ? Qui tire véritablement les ficelles ? En quoi la révélation d’un seul scandale cache-t-elle la corruption de l’ensemble, et quand je dis l’ensemble il n’est pas question d’impliquer seulement le personnel politique. En quoi l’illusion de la fantomatique liberté d’expression (notamment de la presse) est-elle maintenue ? Pourquoi entend-on induire en vous l’idée de l’illégitimité de l’actuel président (ou du précédent ?) sans pour autant que vous ayez la possibilité de tirer, d’exercice en exercice, les conséquences insurrectionnelles qui s’imposent ? Debord appelait ce genre de scandales un « leurre ».
L’organisation bureaucratique du monde implique dans la chaîne de la corruption un personnel considérablement plus important qu’une figure politique. « Tout le monde » en croque plus ou moins. Mais ce qui gagne du terrain, véritablement, c’est la contre-révolution au détriment de la révolution. C’est l’image progressive d’une société gagnée par la fièvre de l’argent, par l’égoïsme, par la rivalité, par le mensonge, par l’indifférence, par des vérités inessentielles, par le minimalisme critique, par l’ignorance, par la haine, par la parole bravache et maligne, c’est cette image qui prévaut et dans le regard que chacun porte sur chacun, c’est encore cela qui triomphe et ce qui s’accroît, par cette fascisation sans cesse accrue, c’est la guerre de tous contre tous, sur fond de criminalité et de rapines galopantes qui renforcent l’autre pendant de la fascisation progressive de la société, la perte progressive du sentiment de liberté par le système de surveillance.
Ils ne vous laissent que cela, et vous préparent des lendemains qui ne chanteront certainement pas. Debord disait : « Le destin du spectacle n’est certainement pas de finir en despotisme éclairé. »

Régis Duffour
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2 commentaires:

  1. Des hommes viennent, ils chantent leur point de vue,
    à la fin, ils parlent de l'avenir en citant des propos du passé venant d'autres.
    Alors cela veut dire qu'il n'existe pas pas de propos dignes d'aujourd'hui, puisqu'ils n'ont pas d'intérêt, alors pourquoi l'espèce existe t'elle, et pourquoi s'exprime t'elle ?
    Quiconque ne regarde devant lui, traîne fardeaux et rancoeurs, et ne porte aucun espoir, car il n'attribue sens au renouveau.

    Amitiés,
    Ploz.

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  2. "Mais ce qui gagne du terrain, véritablement, c’est la contre-révolution au détriment de la révolution. C’est l’image progressive d’une société gagnée par la fièvre de l’argent, par l’égoïsme, par la rivalité, par le mensonge, par l’indifférence, par des vérités inessentielles, par le minimalisme critique, par l’ignorance, par la haine, par la parole bravache et maligne, c’est cette image qui prévaut et dans le regard que chacun porte sur chacun, c’est encore cela qui triomphe et ce qui s’accroît..."

    Cette "fièvre de l'argent" fait effectivement beaucoup de mal, parce qu'elle attise tous les autres comportements néfastes à notre paix et à notre bonheur.

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