14 avril 2013

Chacun sa Chimère...


Sous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie, je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courbés.
Chacun d'eux portait sur son dos une énorme Chimère, aussi lourde qu'un sac de farine ou de charbon, ou le fourniment d'un fantassin romain.
Mais la monstrueuse bête n'était pas un poids inerte; au contraire, elle enveloppait et opprimait l'homme de ses muscles élastiques et puissants; elle s'agrafait avec ses deux vastes griffes à la poitrine de sa monture; et sa tête fabuleuse surmontait le front de l'homme, comme un de ces casques horribles par lesquels les anciens guerriers espéraient ajouter à la terreur de l'ennemi. Je questionnai l'un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu'il n'en savait rien, ni lui, ni les autres; mais qu'évidemment ils allaient quelque part, puisqu'ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher.
Chose curieuse à noter: aucun de ces voyageurs n'avait l'air irrité contre la bête féroce suspendue à son cou et collée à son dos; on eût dit qu'il la considérait comme faisant partie de lui-même. Tous ces visages fatigués et sérieux ne témoignaient d'aucun désespoir; sous la coupole spleenétique du ciel, les pieds plongés dans la poussière d'un sol aussi désolé que ce ciel, ils cheminaient avec la physionomie résignée de ceux qui sont condamnés à espérer toujours.
Et le cortège passa à côté de moi et s'enfonça dans l'atmosphère de l'horizon, à l'endroit où la surface arrondie de la planète se dérobe à la curiosité du regard humain.
Et pendant quelques instants je m'obstinai à vouloir comprendre ce mystère; mais bientôt l'irrésistible Indifférence s'abattit sur moi, et j'en fus plus lourdement accablé qu'ils ne l'étaient eux-mêmes par leurs écrasantes Chimères.

Charles Baudelaire
Vu ici


8 commentaires:

  1. Dans la littérature, il y a les théoriciens, ceux qui veulent expliquer, dire transmettre leurs expériences, ils le font parfois avec beaucoup de grâce.
    Ceux-là sont souvent marginalisés, une moue condescendante accompagne les commentaires.

    Les romanciers qui dissimulent leurs savoirs dans des oeuvres à lire à plusieurs degrés.
    Ils sont perçus selon le genre littéraire à la mode du moment.

    Et puis il y a les poètes, directement en prise avec une "lanterne magique." Ils peuvent tout se permettre, c'est de la poésie, n'est-ce pas ?
    Quelle belle liberté se glisse dans leurs mots ! Peut-être à leur insu.
    Merci à Baudelaire, Hugo et aux autres.

    Le même thème abordé par un théoricien sera hué et moqué dans les médias, le poète sera encensé, tout le monde n'y aura vu que de la poésie... le feu jamais.

    Edouard

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  2. L'image qui illustre cet article montre quelque chose qui existe vraiment, et qui est presque totalement inconnu de l'Humanité : il s'agit d'un Moi qui induit des images et des pensées dans l'homme, essentiellement luxurieuses.

    Cette chose vit dans le monde astral et attaque le corps astral de l'homme, en s'accrochant à lui avec ses tentacules équipées d'un dard à leur bout.

    Cette abominable créature fait partie de la Légion du Moi, chaque personne a le sien, et est engendré par la fornication : la perte des énergies sexuelles par l'orgasme, QUELLE QUE SOIT LA MANIÈRE DONT CELA ARRIVE. À chaque fois qu'un humain chute, il nourrit cette chose qui se nourrit de la soupe des Eaux (les énergies sexuelles), et qui se développe avec, en plus, de nouveaux aspects tentateurs hypnotiques liés aux conditions de la chute.

    Cette abomination est en train, avec d'autres créatures immondes du Moi pluralisé, d'entraîner l'Humanité vers les Enfers. Voilà pourquoi l'Humanité est en train de dégénérer de plus en plus : les gens forniquent de plus en plus, créant, alimentant, développant de nouveaux aspects du Moi.

    Je sais que beaucoup riront de mes explications, ou seront dubitatifs, mais je l’affirme solennellement : c'est la plus pure vérité.

    Tout ceci n'est pas une croyance, ou une élucubration intellectuelle, mais le résultat d'expériences directes après de dures luttes et de pratiques ésotériques pendant plus de 25 ans.

    Pour ceux qui souhaiteraient néanmoins en savoir plus, lisez les COMMENTAIRES des vidéos suivantes :

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    1. Faisons simple :
      Mondes parallèles, civilisations prédatrices dont les membres se nourrissent d'énergies, comme nous nous nourrissons de l'énergie captée et concentrée par les végétaux et les animaux, qui eux sont prédateurs des végétaux !
      La création me parait être un système prédateur, ou le niveau du dessus se nourrit de l'énergie concentrée par celui du dessous.
      Dur de constater que nous sommes plutôt vers le bas de l'échelle, mais c'est une réalité qui saute à l’œil quand on constate l'état de déliquescence permanent de notre monde.
      N’attendez pas d'être sauver, il n'y a rien à sauver. Les êtres du haut de l'échelle nous regardent comme si nous étions des microbes. Ils s'amusent peut-être de nous, comme nous le faisons avec des microbes dans des éprouvettes !

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    2. Baudelaire le romance ou pas est tout ça bien avant Stéphane Cardinaux, ces parasites ne datent pas d’hier...
      Nous sommes des ignorants...

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    3. @Anonyme : tout à fait. L'Humanité est ignorante, c'est grave, mais plus grave encore, elle a la conscience endormie tout en étant convaincue à 100% d'être déjà éveillée, et là cela devient dramatique.

      Car ce cocktail (Ignorance + Sommeil de la conscience) lui est fatal...

      Voilà pourquoi les traditions initiatiques et spirituelles authentiques de l'Humanité parlent toutes de la nécessité de s’ÉVEILLER. ;)

      Et pour rendre les choses encore plus difficiles, s'éveiller est un dur et long travail demandant certaines clés spéciales que l'Humanité, dans sons ensemble, hélas ne possède pas...

      Ça commence à fait beaucoup. D'où ce qui arrive dans le monde : la dégénérescence inéluctable et fatale de notre Humanité.

      Bonne journée.

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  3. @Paul : "N’attendez pas d'être sauver, il n'y a rien à sauver. Les êtres du haut de l'échelle nous regardent comme si nous étions des microbes. Ils s'amusent peut-être de nous, comme nous le faisons avec des microbes dans des éprouvettes !"

    Si depuis la nuit des temps, "le Ciel" ne cesse d'envoyer des Maîtres, des Prophètes, des Avatars, des Messies, c'est bien la preuve que :

    1) Il existe au dessus de nous des êtres de compassion.
    2) Que tout leur travail a un but précis : tenter précisément de nous sauver, c'est à dire de nous sortir du "Livre de la Jungle". ;)

    Bonne journée.

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    1. Tout est une question d'échelle.
      Merci jacob.

      Z

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  4. je pourrai je pourrai je pourrai.
    je peux ?

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