29 janvier 2013

Dans chaque homme, un mouton ?

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Le biais de conformité, que l’on pourrait aussi appeler syndrome de Panurge, désigne la tendance que nous avons parfois à délaisser notre raisonnement intime pour rallier l’avis de la majorité – indépendamment du bien-fondé de celui-ci. Dès les années 1950, le psychologue Solomon Asch avait montré que dans une simple tâche perceptive consistant à comparer les longueurs de différents segments de droite, la connaissance de l’avis majoritaire suffit à faire prendre des décisions absurdes à des individus qui, isolés, répondent correctement.

Récemment, des psychologues de l’Université de Princeton ont étudié ce qui se passe dans notre tête lorsque nous nous laissons entrainer dans des processus de ce type. Une structure cérébrale nommée insula, repli du cortex cérébral au niveau des tempes, semble déterminer le basculement d’opinion, l’abandon de l’analyse personnelle au profit de la posture conforme aux attentes du groupe. Cette insula est réputée centraliser des informations de nature émotionnelle en provenance du corps, et s’activer lorsque l’individu sent peser la menace d’être exclu de son groupe d’appartenance. Le biais de conformité résulterait d’une pression sociale exercée par le groupe sur l’individu, créant une peur d’être marginalisé.

Les conséquences de cet effet touchent notamment aux mécanismes électoraux. Condorcet, philosophe et mathématicien, montrait au XVIIIe siècle que le système démocratique livre des décisions sensées, à condition que les électeurs soient ignorants des décisions prises par leurs voisins. Autrement dit, il faut savoir se protéger du biais de conformité. C’est aussi ce qu’a montré une étude réalisée dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle française en 2012. Quelque 1 000 votants étaient interrogés sur leurs intentions de vote au second tour ; dès lors qu’on leur présentait les résultats d’un sondage fictif allant dans le sens contraire de leur intention initiale, ils changeaient d’opinion dans 25 pour cent des cas, pour rallier l’avis majoritaire exprimé par le sondage. Neurosciences, mathématiques et psychologie sociale concordent donc sur un point : pour éviter de réveiller le mouton qui sommeille en l’homme, évitons de le perturber par des influences majoritaires.

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2 commentaires:

  1. Cet article a le mérite de prouver l'importance du "consensus d'opinion", ou du moins, de l'opinion majoritaire.
    L'homme indécis, souvent dénué de capacité de jugement, ou indolent intellectuellement, se rassure en se ralliant à l'opinion "majoritaire" ce qui lui permet de se sentir rassuré : appartenance au troupeau.

    D'où l'importance extrême des "sondages d'opinion" et bien sûr, ces instituts de sondage sont aux mains de l'Oligarchie. Par exemple, IFOP a été longtemps présidée par Laurence Parisot, patronne des patrons.
    L'information, et surtout la désinformation-manipulation, c'est l'arme suprême de contrôle du troupeau. Pour faire passer une décision politique, "hop" un p'tit sondage et on le fait publier en gros et en gras dans les grands merdias, pour créer l'adhésion ou au moins, l'acceptation tacite. Exemple récent : le "mariage LGBT", les sondages nous disent que la majorité des Français sont d'accord. Que nos "politiciens élus" fassent un référendum sur ce changement de projet de société, alors !

    Autre point à souligner : la culture de l'Esprit d'équipe. Tout doit se faire en équipe, surtout au "boulot", et on vous fait à la TV la méga diffusion de vos sports d'équipe favoris. L'esprit d'équipe, cela concourt au conformisme du troupeau, et à l'acceptation sans broncher de l'opinion du "leader".

    Chez les "ricains", où d'un certain côté l'hyper-individualisme social paraît la règle (le voisin peut crever, on s'en fout, ou s'il est milliardaire, on s'en fout aussi mais c'est plus rare) il y a le fameux esprit grégaire ou d'équipe pour aller au match de Baseball, notamment avec les collègues de bureau, ou au barbecue du boss. L'esprit grégaire est tel aux Zunis qu'il n'y a que deux partis, blanc bonnet et bonnet blanc.

    Ah, esprit de Panurge...belle invention. Cela me fait souvenir de la belle chanson de Renaud (bien qu'il soit quelque peu bôbô en fait) :
    "Madame Thatcher".
    https://www.youtube.com/watch?v=D4fgmxgorq8

    L'ami Pierrot

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  2. "il faut savoir se protéger du biais de conformité"

    Effectivement, parfois inconsciemment nous sommes amenés à "penser comme le voisin". On peut se faire avoir par de la publicité à la télévision ou dans les magazines, mais il y a également une certaine envie de conformité, comme il est dit dans le texte, de la part de pas mal de gens : "être comme tout le monde" semble être leur leitmotiv.
    Les gens qui désirent nous diriger savent bien cela et ils comptent sur cet état de chose pour tout normaliser et se faciliter ainsi l'objectif de nous contrôler tous.

    Soyons donc vigilants à être nous-mêmes, différent du voisin sous certains angles, et lui ressemblant sous d'autres. C'est cela qui fait la diversité et le charme de la vie. Et ne prenons pas nos différences pour de la compétition. Chacun d'entre nous possède ses richesses propres et partager nos richesses en étant respectueux, c'est vivre, tout simplement.

    "C'est un grand agrément que la diversité.
    Nous sommes bien comme nous sommes.
    Donnez le même esprit aux hommes;
    vous ôtez tout le sel de la société.
    L'ennui naquit un jour de l'uniformité."

    Antoine Houdar de La Motte avait vu juste dans les années 1700.

    Je disais il y a quelque temps à une amie, que les gens qui ne nous aiment pas ne nous aimeront jamais, même si nous nous conformons à leurs désirs ou exigences. Ceux qui nous aiment nous aimeront comme nous sommes, quoi qu'il advienne.

    Belle journée à vous tous.

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