12 janvier 2013

Comment convaincre mes proches ?



Que celle-ci soit complexe ou simple, froidement planifiée ou paresseusement gribouillée, a un moment ou a un autre, tôt ou tard, la démarche du survivaliste semble se buter a la désinvolture physique et/ou psychologique de son entourage.

"Comment convaincre mes proches ?", est sans aucun doute LA question de 2012 !

Si ce labyrinthe moral et intime n'a de cesse d'atterrir dans ma boite aux lettres et sur la place publique, c'est que pour la plupart d'entre nous il est avant tout question ici d'un poids difficilement négociable par la simple effervescence verbale de quelques preuves et vérités, concernant entre autre, la nature même de notre monde moderne et son inhérente fragilité.



Que nous abordions la simple utilité d'intégrer des outils de qualité dans le coffre de la voiture familiale (kit voiture), au cas ou nous serions les victimes ou les témoins d'un accident de la route, ou que nous parlions de problématiques plus imposantes et peut être globales, liées par exemple a la destruction systématique de nos sols au travers de méthodes agricoles non durables, les enjeux géopolitiques du moment, la complexité économique ambiante ou tout simplement notre systématique dépendance envers les systèmes de support…nos proches, semblent gouvernés par une attitude des plus déroutante: le "ne-pas-faire".

La préparation, la prévoyance et la responsabilisation individuelle, c'est a dire indépendante de la capacité d'intervention et du rôle du gouvernement, n'est que trop souvent perçue comme une aberration sociale, une impossibilité, une religion, une fantaisie...

La plupart de nos proches semblent être persuadés qu'il sont totalement immunisés d'une quelconque urgence...et confrontés au travers de la discussion a la possibilité d'une rupture de leur bien être, de leur "pouvoir d'achat" et de leur importance, ils résonnent toujours plus ou moins de la même manière:

- Ca n'arrive qu'aux autres.
- Ca ne peut pas arriver ici…nous sommes un pays développé.
- Si ça m'arrive…mon voisin, les pompiers, la police ou l'armée viendra m'aider.
- Si ça arrive…je viens chez toi !
- Si ça m'arrive, et qu'il n'y a personne pour venir m'aider, je préfère mourir...

Pour bon nombre de survivalistes, il est alors question de convaincre son entourage que la préparation est une démarche salutaire…

1- Causes et conséquences.


Notre modernité grouillante, bruyante, polluée, et ou tout nos sens sont constamment sollicités et écartelés au travers d'une multitude de messages toujours plus sensationnels les uns que les autres, nous harcèle quotidiennement de couleurs, de lumières, d'effets spéciaux, d'artifices et de bruits, d'informations, de conversations, de textes, de violences et d'horreurs, que notre sensibilité (des sens mais aussi émotionnelle) s'est habituée a filtrer et a atténuer.

L'omniprésence de cette surenchère de l'attention, nous pousse a l'exploitation d'une communication toujours plus dramatique et intense.

Vendre une idée, un désir, une passion, une émotion ou un produit…c'est d'abord se différencier du bruit de fond que nous n'entendons plus, que nous ne voyons plus, et il est alors souvent question d'exagérer et de dramatiser le sujet pour pouvoir espérer être entendu et compris.

Dans ce contexte, le survivaliste peut lui même avoir tendance a se laisser prendre au jeu de la dramatisation a outrance et de la propagande émotive, pour peut être "éveiller" et convaincre ses proches.


C'est l'inévitable chantage émotionnel…ou une cause ultra dramatique est utilisée (et parfois manipulée) pour influencer un proche a considérer l'action:

"Il faut se préparer car l'économie globale va s'effondrer".
"Il faut se préparer car le changement climatique va tout détruire".
"Il faut se préparer car le réseau électrique est vulnérable a une éruption solaire massive".
"Il faut se préparer car le super volcan du Yellowstone est prêt a exploser".
"Il faut se préparer car une pandémie va surement frapper notre civilisation".
"Il faut se préparer car une guerre civile est inévitable".

Tenter de convaincre ses proches par le chantage émotionnel, est selon moi une erreur pouvant détériorer ou détruire la cellule familiale: divorce, séparations, conflits, tensions économiques, émotionnelles etc…et bon nombre de survivalistes ont malheureusement été les victimes de cette stratégie.

Le problème du chantage émotionnel au travers d'une cause catastrophique n'est pas seulement douteux pour le bien être de la cellule familiale, mais souvent, il est aussi contraignant d'un point de vu logistique.

La plupart des survivalistes motivés par "la cause", c'est a dire uniquement tournés vers un danger catastrophique (réel ou non), sont souvent d'une démarche déséquilibrée, spécialisée, hâtive et compulsive, dans le sens ou leurs préparations sont largement dévouées a l'anticipation d'un événement particulier et trop souvent peu probable.



La démonstration de leur préparation, est alors d'une exploitation du potentiel économique et émotionnel familial souvent inacceptable pour le conjoint ou les proches, et malheureusement, c'est souvent cette implication dramatique et disproportionnée qui se détache du bruit de fond médiatique pour venir s'écraser grotesquement sur nos écrans de télévision.

Le parfait exemple d'une considération encrée dans la cause aura été le passage a l'an 2000. Une gigantesque vague de nouveaux nés survivalistes convaincus et attentifs se seront rués fin décembre 1999 sur la mise en place de stockes et de matériel pouvant gérer l'effondrement du système bancaire, quand au passage a l'an 2000, et selon certains "experts", nos ordinateurs n'auraient pas été capables d'assimiler et de fonctionner normalement a la vue du double zéro.


Si l'énorme et brutale dépense budgétaire liée a la préparation de certains est ici incompréhensible pour nos proches, n'oubliions pas la dimension psychologique.

La préparation est aussi et surtout un effort de réflexion gigantesque, des heures passées devant l'ordinateur a penser, comparer, étudier, organiser et construire nos préparations…a visiter les sites spécialisés, commander du matériel et au final réorganiser la fonction et l'agencement même de nos routines, de nos domiciles et de nos vies.


Pour le conjoint ou la famille, ce changement peut être non seulement brutal, mais aussi foncièrement indigeste.

2- Processus vs. procédure.


Pour beaucoup, le survivalisme est une procédure…une mathématique plus ou moins stérile de matériel, de gestes et de contrats psychologiques impliquants des situations extrêmes.
Cette compréhension est difficilement transmissible, parce que la plupart d'entre nous ne sommes pas construit pour la recevoir.

Le survivalisme n'est pas seulement une simple procédure a appliquer dans le cadre d'une anticipation a un événement catastrophique, le survivalisme est avant tout un processus personnel pouvant influencer positivement la qualité de notre présent, en devenant les acteurs de notre propre idéal, de notre propre bien être.



Délaisser l'idée de procédure pour privilégier l'univers du processus nous libère d'une certaine monotonie souvent transparente au sein de la préparation, et nous tourne vers un retour aux sources largement capable d'intéresser nos proches.

Nous ne parlons plus de solutions concrètes et parfois stériles face a certaines contraintes, souvent difficiles a justifier selon la catastrophe anticipée, mais bien d'un idéal dénudé de toute proposition catastrophique et anxiogène.

Comment voulez-vous éduquer vos enfants ?
A quelles expériences voulez-vous qu'ils participent ?
Que voulez-vous manger ?
Comment voulez-vous vivre ?
Ou voulez-vous vivre ?
Dans quelles conditions ?
Qu'est ce qui est important pour vous ?
Quel contact avec la nature ou avec la ville voulez-vous entretenir ?
Quel est votre rôle dans la cellule familiale ?
Que voulez-vous apprendre, construire, faire, découvrir ?
Comment et ou voulez-vous vieillir ?
Comment voyez-vous votre retraite ?



Ces questions de fond sont le vrai moteur du survivalisme…et nos proches sont ici invités a participer a leur propre processus d'indépendance.

3- Encourager vs. convaincre.



Beaucoup de survivalistes aimeraient voir un changement immédiat et radical de l’attitude de leurs proches, et cette attente est évidement irréaliste.

Au lieu d’essayer de convaincre à tout prix, et au risque de dégrader votre lien affectif, il serait peut être plus pertinent d’adopter une approche encourageante.

Votre conjoint adore cuisiner ? Cette activité, comme beaucoup d’autres, peut être intelligemment intégrée à votre projet d'indépendance, sans pour autant parler catastrophe nucléaire et fin du monde.

Encouragez le à développer ses connaissances en l’invitant à aller à la cueillette aux champignons, aux mûres, aux baies diverses…invitez le à la pêche voire à la chasse, pour pouvoir cuisiner des aliments réellement "bio". Parlez-lui de la mise en place d’un petit jardin potager, sur lequel il pourra agréablement compter pour son bien être intérieur et dans la préparation des repas.

Vous pouvez aussi élargir les connaissances familiales de la sphère nourriture, et invitez chaque membre de la famille, adultes et enfants, a expérimenter sur une parcelle de terre ou sur un jardin surélevé dédié et personnel…ou chacun peut planter ce qu'il aime.



Comprenez que nous avons tous des natures, des personnalités et des centres d’intérêts différents, qui peuvent largement influencer, directement ou indirectement, le niveau d'indépendance de la famille toute entière, sans pour autant aborder le survivalisme.

Nous avons tous un potentiel, des spécificités et des terrains d'expertises pouvant intégrer l'idée de clan, et parfois il suffit simplement d'encourager ce potentiel.

Votre conjoint aime la poterie ? Offrez lui un stage de poterie.
Votre conjoint adore la randonnée ? Offrez lui un kit de premiers soins.
Votre conjoint aime la mécanique ? Poussez le a retaper une vielle voiture.
Votre conjoint adore redécorer la maison? Offrez lui des livres sur le bricolage et des outils.
Votre conjoint adore la nature ? Invitez le a aller camper, marcher, bivouaquer...
Votre conjoint s'intéresse au moyen âge ? Allez visiter le chantier médiéval du château de Guédelon.

4- La responsabilité du prévoyant.

Si vous avez mal aux dents…vous allez voir un dentiste.
Si votre voiture tombe en panne…vous allez voir un mécanicien.
Si votre monde s'effondre…vous allez voir un survivaliste.

Au final, la plus part de nos proches ne se pencheront jamais sur les questions de fond, sur cette invitation a prendre en main leur propre bien être.
La plupart de nos proches ne se pencheront jamais sur la mise en place personnelle, familiale et clanique d'une indépendance intelligente et résolue, et ils ne partagerons jamais vos convictions…c'est comme ça, rien ni personne au monde ne pourra les convaincre ou les inviter a s'intéresser au survivalisme, surtout si nous continuons de le présenter d'une manière brutale et dramatique.

Qu'il soit question de budget, de temps, d'envie, d'intérêt, de déni, d'apathie, de confort ou de négligence, peu importe, vous êtes, comme beaucoup d'autres survivalistes, "seul" dans votre démarche.



Un survivaliste est une sorte de "fourmi professionnelle".
Son champ d'action principal n'est pas l'univers de la catastrophe, mais son hygiène de vie fait de lui la personne capable d'influencer le niveau et la qualité de résilience de son entourage (familiale ou social) durant une situation difficile, et peu importe sa nature, son étendue ou la cause.



Pourquoi son univers principal n'est pas celui de la catastrophe ?
Tout simplement parce que cet univers est rare (et heureusement !): nous passons plus de temps dans un environnement stable et serein qu'un environnement dégradé et hostile…et que le survivaliste s'intéresse d'abord et principalement a la qualité de son présent, de sa liberté et de son idéal.

Durant une situation d'urgence, tout le monde ne part pas dans les bois.
Cette idée de partir dans les bois, pourtant largement répandue et explorée par nos survivalistes en herbe (souvent jeunes et célibataires), est totalement fausse et largement dramatisée.

Le fait est que durant une situation d'urgence, il est bien plus probable que nous soyons amenés a "résister" sur place, c'est a dire nous enraciner, que d'aller faire le buisson dans un environnement largement hostile au maintient de la vie d'une famille moderne, et habituée a un certain confort: toilette, PQ, tampons hygiéniques, chauffage central, eau courante (et chaude), électricité, matelas etc…

Cet enracinement est génétiquement programmé, et instinctivement, notre famille, de sang ou d'esprit, va se replier sur elle même.



Dans ce contexte, nos proches et nos amis vont soudainement se rappeler de notre "profession", et tout comme le dentiste doit s'attendre a nous voir débarquer avec un terrible mal de dent, nous devons nous attendre a voir débarquer la famille avec un terrible mal de prévoyance, de préparation et d'anticipation.

La question devient…dois-je me préparer a recevoir la cousine et ses deux gosses, le tonton, la voisine et la belle soeur en cas d'effondrement de la normalité ?
Quelle est la part de responsabilité du prévoyant ? De la fourmi professionnelle que nous sommes ?

Source

6 commentaires:

  1. Le dicton dit : "mieux vaut prévenir que guérir".

    S'organiser pour être prêt en cas de situation d'urgence, ça fait partie des gesticulations de nos gouvernements, comme les exercices d'évacuation dans les périmètres SEVESO ou proches des centrales nucléaires, ou encore les fameux exercices de la FEMA chez les Yankis.

    La "Nasa" avait d'ailleurs demandé à son personnel de se préparer à une éventuelle catastrophe (c'était en 2012).

    Donc on peut supposer que nos gouvernements étant ce qu'ils sont, "pourris" donc, ces exercices servent d'une part à instiller l'inquiétude, et à faire croire qu'ils sont dignes de notre confiance.

    La grande faiblesse du survivalisme est son côté émotionnel, fondé sur la "peur de mourir" ou au minimum, la "peur de manquer". Le fait de se préparer à des temps difficiles probables, est pourtant louable, mais cela doit être avant tout une réflexion fondée sur la prudence et sur la raison et la frontière est ténue, car la raison nous montre que le "Système" est en équilibre dangereux, risquant de s'effondrer à tout instant. La "raison", notre "mental" nous pousse dangereusement vers la peur, voire la parano. Quel défi donc !

    Bref, "être prévoyant et organisé", me semble être la meilleure façon de se préparer, sans se faire accuser d'être "survivaliste". Avoir, comme nos grands parents, de quoi se débrouiller sans électricité, sans automobile, me semble un minimum de base de réflexion.

    L'ami Pierrot

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    1. A mon sens "le survivalisme raisonné" et la référence aux générations antérieures ne seront pas d'un grand secours en cas de catastrophe mondiale, le monde ayant "dramatiquement" changé. Selon moi, pas solution si ce n'est un travail intérieur permettant de pleinement profiter du moment présent

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  2. j'ai reussi à convaincre mes parents d'avoir un peu de stock de nourriture mais je n'ai pas pu les convaincre de retirer l'argent de leurs banques. pour un crash economique ils ont du mal à y croire eux pensent plus à une inflation des prix.
    ils n'aiment pas trop en parler mais je pense qu'ils sont plus receptifs à ce qui se passent et srtout ils voient les nombreuses societes qui ferment. une usine va fermer encore pas tres loin de chez eux avec pluseurs personnes qu'ils connaissent.

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  3. L'azmi Pierrot a déjà dit ce que je pense,donc je vais me taire La Loba

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  4. Pour celles et ceux qui en doutent encore...continuer a en douter.Pour les autres, faites ce que vous avez a faire, et les moins idiots finiront par vous suivre. :-)

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  5. Hé oui les amis, Pierrot et autres, le souci de soi prévient bien des dangers. Je suis issue de la campagne, des oeufs à chercher, du lapin planqué dans sa cabane, du cochon mignon, aussi doux et délicat qu'un chat... Ces êtres pleins d'amour, qu'on mangera bientôt, parce que c'est ainsi que va la vie. J'ai chez moi à peu près deux mois de conserves, pâtes, café, lait en poudre, croquettes pr chats, eau, produits d'entretien et médocs. Deux mois d'autonomie ce n'est pas grand chose. Juste le temps d'échapper au chaos, peut-être... Bise d'Atmosphère.

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