14 octobre 2012

Sursum corda


Il existe, mes très chers frères, une différence entre les plaisirs du corps et ceux de l’âme ; les premiers allument en nous un violent désir, tant qu’on ne les a pas éprouvés; en fait-on l’expérience, ils engendrent incontinence; en celui qui les savoure, le dégoût et le rassasiement. C’est tout le contraire pour les plaisirs de l’âme : inconnus, ils déplaisent ; ressentis, ils nous charment.
Le désir des premiers a un attrait que l’expérience dissipe ; le désir des seconds est faible, l’expérience le fait grandir. L’appétit pour ceux-là mène à la satiété et la satiété engendre le dégoût ; l’appétit pour ceux-ci conduit au rassasiement, et le rassasiement enfante l’appétit.
Les délices spirituels accroissent le désir dans l’âme tout en la rassasiant, car plus elle en savoure les douceurs mieux elle comprend avec quelle intensité il faut les aimer. Aussi, impossible de les aimer tant qu’elles sont inconnues ; on ne sait pas leur douceur, et comment aimer ce qu’on ne connaît pas ?

Saint Grégoire le grand (540 – 604) – choix d’ homélies à l’usage de la jeunesse

5 commentaires:

  1. Intéressant ce qu'il dit :

    C’est tout le contraire pour les plaisirs de l’âme : inconnus, ils déplaisent ; ressentis, ils nous charment.
    ...le désir des seconds est faible, l’expérience le fait grandir.
    ....Aussi, impossible de les aimer tant qu’elles sont inconnues ; on ne sait pas leur douceur, et comment aimer ce qu’on ne connaît pas ?

    Il en ressort que dans la "matrice", coupés en général de notre connexion avec l'âme, nous ne sommes pas attirés spontanément par la restauration de cette liaison, car divertis par les pulsions et désirs "terrestres", de la "Matrice" donc.
    Comment être attiré, ou aimer, en effet, ce qui nous est inconnu, et qui de surcroît, ne fournit pas rapidement un "plaisir intense" ?

    Bref, on n'est pas sortis de l'auberge. Il y en a bien peu qui l'ont fait, comme "Bouddha" et quelques saints, ermites, ou moines.

    L'ami Pierrot

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    1. Le Bouddha était un prince à la base, a t-il réellement exister ?
      Un prince par définition fait partis de la caste de l'élite suprême, réfléchissez bien à ceci...

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  2. ***Pourtant cela reste possible.
    Il faut bien commencer par se mettre en chemin.

    Bonne route !

    Edouard

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  3. Et si nous savourions modérément les plaisirs du corps ainsi que ceux de l'âme ? Les deux choses sont différentes et n'induisent pas la même chose. Pour moi les plaisirs du corps = jouissance, ceux de l'âme = bonheur.

    En quelque sorte, ils seraient complémentaires, puisque nous habitons des corps de chair qui sont soumis à des pulsions ou/et à des nécessités (le fait de manger, de dormir, la sexualité) mais que nous nous plaçons au-dessus du comportement des animaux (à tort ?) et que nous avons la possibilité intellectuelle (spirituelle ?) de penser nos actions - et d'agir en conséquence par le truchement du choix -
    Il s'agit juste pour chacun d'entre nous de déterminer si tels ou tels plaisirs ne sont pas des déviances. Et de savourer tout simplement ce qui nous est offert de vivre.

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