Rachid contre les Roms. La misère contre la misère. L'opération menée par des habitants des quartiers nord de Marseille contre un camp de Roms, évacué puis partiellement incendié jeudi soir, révèle crûment l'ambiance qui règne dans certains secteurs de la ville, où trop de pauvreté, de drames et de frustrations accumulés ont conduit la population vers ces réactions extrêmes.
Rachid, la cinquantaine, est celui par qui tout est arrivé. Lui vit comme un Robinson avec sa pension Cotorep et ses deux frères, dans le grand bâtiment vide de la cité des Créneaux, vouée à la destruction. Le profil d'un enfant de l'immigration maghrébine de la première génération, qui survit désormais en marge de la société marseillaise. Toutes les autres familles ont quitté la vieille carcasse de béton il y a plusieurs mois. Lorsque les Roms ont brisé le portail de chantier devant son immeuble délabré, il l'a vécu comme une invasion du no man's land qu'il s'était approprié.
"Dès qu'ils sont arrivés, on a eu des problèmes"
"Cela fait un an et demi qu'on est là, tout seuls. Il ne s'était jamais rien passé. Dimanche soir, dès qu'ils sont arrivés, on a eu des problèmes. On cherche la tranquillité avec mes deux frères, handicapés comme moi. Les Roms, ils ont volé dans ma cave. J'avais descendu des choses, à cause des travaux. Une télé, le vélo de mon neveu, une caisse à outils. Vous croyez qu'ils vivent de quoi, ceux-là ? Il faut bien qu'ils mettent de l'essence dans leurs voitures. On comprend leur désarroi. Mais pour nous, c'est le ras-le-bol. Pourquoi on les accueille pas dans les quartiers sud ?"
Dès lors, Rachid et ses proches ne nourrissent plus qu'un objectif : se débarrasser des indésirables. À l'inverse de ce qui se produit dans plusieurs quartiers de la ville, où d'autres riverains excédés n'osent pas passer à l'acte, eux décident de s'organiser pour mener à bien leur opération. "On a téléphoné à des amis, des anciens des Créneaux. Bien sûr, il ne fallait pas utiliser la violence, ce sont des êtres humains, comme nous. Et puis nous avons discuté et on s'est dit qu'il y avait trop de Roms. En début de soirée, on leur a parlé. D'abord, ils ont un peu rouspété. Et puis, ils ont fini par dire qu'ils s'en allaient."
Quand Rachid parle de "discussion", le rapport de police évoque davantage des "invectives" entre habitants et communauté rom. Une pression, sans doute des menaces, mais qui ne se sont jamais transformées en violences physiques. Pourtant, certains de ceux qui se sont rassemblés devant le camp paraissaient proches de l'explosion. La veille, ils avaient consulté le bailleur, la Logirem, la police, la préfecture, l'élue du secteur, la sénatrice Samia Ghali. Et jeudi soir, devant les meubles, les appareils électroménagers et les vêtements abandonnés sur place par les Roms que les habitants venaient d'incendier, Sabrina, une jeune femme installée dans un immeuble surplombant le camp, justifiait sa démarche : "Tous nos interlocuteurs nous ont dit qu'ils ne pouvaient rien faire. Qu'il fallait attendre plusieurs mois avant une possible intervention. Ce qu'on nous laissait entendre, c'était : débrouillez-vous tout seuls. C'est ce qu'on a fait."
"On n'est pas al-Qaida !"
Depuis, l'emballement médiatique né de cette affaire a poussé la classe politique marseillaise à s'en emparer. Le maire de la ville (UMP), Jean-Claude Gaudin, a d'abord rappelé qu'il n'existait plus que 27 campements sur les 60 dénombrés début 2011 (il y aurait aujourd'hui environ 1 500 Roms à Marseille, selon les associations). Puis il a pointé du doigt son adversaire, la sénatrice Samia Ghali, qui avait évoqué l'intervention de l'armée, il y a deux semaines, pour apaiser la violence des quartiers nord : "Quand ils entendent des déclarations ahurissantes, les gens se croient autorisés à tout régler eux-mêmes. Ce n'est pas acceptable. Ces quartiers n'ont jamais été abandonnés, au contraire."
L'élue PS avait d'abord assuré qu'elle "comprenait" la réaction des habitants face aux Roms. Puis elle a précisé que "le droit et la justice doivent prendre toute leur place dans ce dossier". "Je ne veux pas qu'on arrive à un point de non-retour", a-t-elle fini par dire, inquiète. La menace semble bien réelle. Plusieurs autres sites, au nord, mais aussi à l'est de la ville, sont régulièrement le théâtre de tensions entre la population et les membres de la communauté rom.
Désormais libéré de la quarantaine d'adultes, des quinze enfants, des caravanes et des voitures campées devant chez lui, Rachid affiche sa sérénité. Pas vraiment inquiet de voir son initiative faire tache d'huile : "Les associations humanitaires nous ont traités de terroristes. Mais on n'est pas al-Qaida ! Les Roms qu'on a chassés se sont installés pas très loin, à côté de la cité Bassens. Je ne sais pas si les gens là-bas vont réagir comme nous. Ce n'est plus trop mon problème."
Source
Rachid, la cinquantaine, est celui par qui tout est arrivé. Lui vit comme un Robinson avec sa pension Cotorep et ses deux frères, dans le grand bâtiment vide de la cité des Créneaux, vouée à la destruction. Le profil d'un enfant de l'immigration maghrébine de la première génération, qui survit désormais en marge de la société marseillaise. Toutes les autres familles ont quitté la vieille carcasse de béton il y a plusieurs mois. Lorsque les Roms ont brisé le portail de chantier devant son immeuble délabré, il l'a vécu comme une invasion du no man's land qu'il s'était approprié.
"Dès qu'ils sont arrivés, on a eu des problèmes"
"Cela fait un an et demi qu'on est là, tout seuls. Il ne s'était jamais rien passé. Dimanche soir, dès qu'ils sont arrivés, on a eu des problèmes. On cherche la tranquillité avec mes deux frères, handicapés comme moi. Les Roms, ils ont volé dans ma cave. J'avais descendu des choses, à cause des travaux. Une télé, le vélo de mon neveu, une caisse à outils. Vous croyez qu'ils vivent de quoi, ceux-là ? Il faut bien qu'ils mettent de l'essence dans leurs voitures. On comprend leur désarroi. Mais pour nous, c'est le ras-le-bol. Pourquoi on les accueille pas dans les quartiers sud ?"
Dès lors, Rachid et ses proches ne nourrissent plus qu'un objectif : se débarrasser des indésirables. À l'inverse de ce qui se produit dans plusieurs quartiers de la ville, où d'autres riverains excédés n'osent pas passer à l'acte, eux décident de s'organiser pour mener à bien leur opération. "On a téléphoné à des amis, des anciens des Créneaux. Bien sûr, il ne fallait pas utiliser la violence, ce sont des êtres humains, comme nous. Et puis nous avons discuté et on s'est dit qu'il y avait trop de Roms. En début de soirée, on leur a parlé. D'abord, ils ont un peu rouspété. Et puis, ils ont fini par dire qu'ils s'en allaient."
Quand Rachid parle de "discussion", le rapport de police évoque davantage des "invectives" entre habitants et communauté rom. Une pression, sans doute des menaces, mais qui ne se sont jamais transformées en violences physiques. Pourtant, certains de ceux qui se sont rassemblés devant le camp paraissaient proches de l'explosion. La veille, ils avaient consulté le bailleur, la Logirem, la police, la préfecture, l'élue du secteur, la sénatrice Samia Ghali. Et jeudi soir, devant les meubles, les appareils électroménagers et les vêtements abandonnés sur place par les Roms que les habitants venaient d'incendier, Sabrina, une jeune femme installée dans un immeuble surplombant le camp, justifiait sa démarche : "Tous nos interlocuteurs nous ont dit qu'ils ne pouvaient rien faire. Qu'il fallait attendre plusieurs mois avant une possible intervention. Ce qu'on nous laissait entendre, c'était : débrouillez-vous tout seuls. C'est ce qu'on a fait."
"On n'est pas al-Qaida !"
Depuis, l'emballement médiatique né de cette affaire a poussé la classe politique marseillaise à s'en emparer. Le maire de la ville (UMP), Jean-Claude Gaudin, a d'abord rappelé qu'il n'existait plus que 27 campements sur les 60 dénombrés début 2011 (il y aurait aujourd'hui environ 1 500 Roms à Marseille, selon les associations). Puis il a pointé du doigt son adversaire, la sénatrice Samia Ghali, qui avait évoqué l'intervention de l'armée, il y a deux semaines, pour apaiser la violence des quartiers nord : "Quand ils entendent des déclarations ahurissantes, les gens se croient autorisés à tout régler eux-mêmes. Ce n'est pas acceptable. Ces quartiers n'ont jamais été abandonnés, au contraire."
L'élue PS avait d'abord assuré qu'elle "comprenait" la réaction des habitants face aux Roms. Puis elle a précisé que "le droit et la justice doivent prendre toute leur place dans ce dossier". "Je ne veux pas qu'on arrive à un point de non-retour", a-t-elle fini par dire, inquiète. La menace semble bien réelle. Plusieurs autres sites, au nord, mais aussi à l'est de la ville, sont régulièrement le théâtre de tensions entre la population et les membres de la communauté rom.
Désormais libéré de la quarantaine d'adultes, des quinze enfants, des caravanes et des voitures campées devant chez lui, Rachid affiche sa sérénité. Pas vraiment inquiet de voir son initiative faire tache d'huile : "Les associations humanitaires nous ont traités de terroristes. Mais on n'est pas al-Qaida ! Les Roms qu'on a chassés se sont installés pas très loin, à côté de la cité Bassens. Je ne sais pas si les gens là-bas vont réagir comme nous. Ce n'est plus trop mon problème."
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J'imagine les réactions si c'était des Français qui avaient fait ça ! L'islamisation de la France se fera en douceur et sans aucune résistance.
RépondreSupprimerProblème quasiment insoluble...
RépondreSupprimerNous savons que pour vivre, il nous faut manger, nous vêtir et nous loger. Nous avons le choix pour ça, de travailler (échange de services des uns aux autres - même si actuellement le travail des uns est sous-payé -) ou bien de ne rien faire et de vivre aux crochets de la société.
Je ne connais pas bien la problématique du peuple rom : pourquoi ils émigrent en France, pourquoi ils n'ont pas de travail. Est-ce parce qu'ils sont rejetés partout, ou bien parce qu'ils ne veulent pas vraiment travailler ?
Il y a peu de temps, je rendais visite à ma fille, à Barcelone. J'ai constaté que là-bas, il y a une multitude de gens en provenance de l'Inde (Pakisan ?)... Ces gens-là sont bien intégrés et travaillent : ils sont gérants de petites boutiques (bazars, fruits et légumes...) qui sont ouvertes tôt le matin jusque tard le soir. Ils travaillent également dans la restauration. Je les trouve même très courageux, bien plus que nous les européens. Ces gens-là donnent très tôt à leurs enfants l'exemple du travail : j'ai vu, amusée et admirative, un papa dans une boutique faire tenir la caisse (sous sa surveillance, bien entendu !) à ses deux garçons qui n'avaient pas plus d'une dizaine d'années.
Alors, le souci serait-il que certaines personnes désireraient "profiter" des autres ? Je connais certains maghrébins qui fonctionnent de la sorte. Ou bien y aurait-il un autre problème que j'ignore ? Je ne désire pas porter de jugement là-dessus, car je porterais peut-être des accusations injustifiées.
Cependant, je comprends les gens qui se font voler leurs biens. En principe ce serait aux "autorités" (gouvernement, municipalités, police...) de trouver des solutions. Il en est qui ne font pas leur boulot, mais qui acceptent toutefois d'être grassement payés pour occuper certains postes.
En tous les cas, tout ça c'est trop moche.
Paul, peut-on corriger nos fautes de frappe, une fois que notre commentaire est posté ? Ca m'arrangerait bien de pouvoir faire cela ^^ : j'ai encore mal écrit "Pakistan" (oublié le t)
RépondreSupprimerZ'allez peut-être me dire que je n'ai qu'à me relire avant d'envoyer... Et vous aurez raison ! :)
Non, on ne peut pas, mais ne vous inquiétez pas trop, cela n'a que peu d'importance, c'est humain, personnellement j'en fais souvent, cela ne retire rien à la qualité du contenu. Ah l'éducation ! Autrefois les instituteurs ne rigolaient pas avec l’orthographe et ils nous ont marqué à vie !
Supprimeret ils nous ont marqués à vie ! (pas tant que ça finalement !) Lol
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