21 juin 2012

Mémoire de nos ancètres : à l’heure du solstice d’été


“21 juin à l’aube. la nuit disparait devant le jour naissant. Là-bas, vers l’est, le ciel se colore de vert émeraude, tel un océan paisible. Puis tout vire au rose, comme si mille fleurs aux tendres pétales éclataient au milieu des nuages gris. Enfin du sol même de la vieille Angleterre semble surgir le disque du soleil, rouge vif. Aujourd’hui il va accomplir sa course la plus longue. Jamais comme au solstice d’été il ne s’attarde ainsi parmi les hommes, avec une telle chaleur, une telle force, une telle puissance. Le soleil tient enfin la promesse des longs mois d’hiver. Il revient parmi nous. Il nous réchauffe et nous éclaire. Il protège l’océan des blés et annonce l’or des moissons.

En ce matin sacré, nous sommes à Stonehenge (photo ci-dessus, note de Novo), sur les hautes terres dénudées de la plaine de Salisbury. Au nord, le pays de Galles et ses vertes collines. Au sud, la presqu’île de Cornouailles et ses rochers roux. Derrière nous vers l’ouest, l’océan où va, ce soir, au terme de sa plus longue journée de labeur, sombrer le soleil. Quand il aura fini sa course, il disparaitra dans la mer où dorment à jamais, dans les grands fonds, les temples et les hommes de l’Hyperborée. De la pierre de l’autel, au centre du monument mégalithique de Stonehenge, on voit le soleil se lever sur la pointe d’un menhir, du nom de Heel stone, dressé dans le prolongement de l’avenue principale. Ici, depuis trente ou quarante siècles, des hommes sont venus, en ce jour unique de l’année, assister au lever du soleil créateur, du soleil invaincu, du soleil souverain.(…)

Dans ce temple à ciel ouvert qui n’avait pas d’autre dieu que le soleil, ceux qui nous ont précédé célébraient le grand mariage de la terre et du feu, le grand culte tellurique de la seule force qui ne mente pas et de la seule vie qui soit éternelle. La science ne s’oppose pas à la foi. Elle l’éclaire et la renforce. On sait aujourd’hui que Stonehenge n’est pas seulement un monument élevé pour découvrir le soleil du solstice d’été au nord-est, mais aussi pour saluer celui du solstice d’hiver au sud-ouest.(…)

Le passé et l’avenir avancent du même pas. La vie semble mourir au solstice d’hiver et elle renaît au solstice d’été. Stonehenge n’est pas le témoignage impressionnant d’un culte disparu mais le point précis où peuvent désormais s’ancrer notre certitude et notre espérance. Ce que les hommes aperçoivent dans Sun stone, la pierre du soleil, ce n’est pas le signe maudit de la fin du monde, c’est la présence vivante de l’éternel retour.”

Jean Mabire, cité dans “Fêtes païennes des quatre saisons”, sous la direction de Pierre Vial. Éditions de la Forêt.
 

4 commentaires:

  1. Le culte solaire est très ancien et remonte aux racines de l'humanité.
    Les Aztèques et Mayas, les Egyptiens (Râ ou Rê), les Grecs et Romains (Apollon, Hélios...)etc, mais aussi dans la religion Chrétienne, Jésus est "la lumière du monde", donc le Soleil.

    Si notre planète, Gaia, dont on nous parle en ce moment avec le sommet de la Terre de Rio (récupéré par le NWO et par les multinationales) est une "conscience planétaire", évidemment notre étoile, Sol, est une "conscience" encore plus élevée.

    Cela repose sur l'idée qu'une "super-conscience" peut résulter de l'agrégation d'une multitude de consciences individuelles, comme nous le voyons en constatant les mouvements coordonnés de bancs de poisson ou de vols d'oiseaux, ou encore d'essaims.

    A l'inverse, nous pouvons imaginer qu'une super-conscience très évoluée (esprit (de) groupe) anime chaque individu dès sa naissance comme on le sait avec l'instinct d'espèce. L'évolution des connaissances d'un individu ou d'un ensemble d'individus enrichit donc l'esprit groupe, c'est peut-être là le support de la théorie du 100° singe.

    L'ami Pierrot

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  2. Jolie poésie que j'apprécie chez Jean Mabire (que je découvre grâce à vous, Paul)

    Il est dommage à mon sens, qu'actuellement nous soyions si immergés dans la (sur)consommation matérielle que nous ne prenons pas le temps pour la plupart d'entre nous de nous arrêter sur ce grand mystère de la vie. Grâce au soleil, à l'air, à l'eau, à cette terre qui nous héberge, nous faisons tous cet expérience qui est de vivre. Et tout ça, c'est magnifiquement orchestré jusqu'à la plus petite de nos cellules dont nous n'avons même pas conscience de l'existence.

    J'aimerais que, comme nos ancêtres, nous prenions un petit temps de repos parfois, rien que pour nous remettre tout ça en mémoire... Nos querelles, nos envies, nos jugements sont entièrement balayés et font office de pipi de chat, à côté de l'immense perfection de tout ce qui nous entoure.
    Ca nous donne (en tout cas à moi) une belle leçon d'humilité de contempler toutes ces choses auxquelles apparemment nous sommes si étrangers, et que nous avons du mal à comprendre, bien que ce soit tout simplement la magie de la vie.

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  3. pardon : "cette expérience"... (je ne m'étais pas relue ^^)

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  4. "La vie semble mourir au solstice d’hiver et elle renaît au solstice d’été. " Moi je ressens l'inverse... à l'image de la longueur du jour qui se stabilise, puis s'amenuise à partir du 27 juin cette année...

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