20 janvier 2012

Poulet aux carottes

Depuis le temps que je baroude dans les reliefs mouvementés de la condition humaine, j'ai réussi à fixer à peu près mon but.


Ici entré, d'ici je dois sortir. Et comment ? Dans quel état ? Vide ? Plein ? Comment savoir ?

Savoir suffit-il ?

Ce qui est vrai ici, maintenant, pour moi, puis-je être sûr qu'il en sera de même demain, pour moi, pour l'autre ?



Pourtant, les bibliothèques regorgent de traités. Mon blog, qu'est-ce d'autre qu'une suite d'affirmations - il y a de plus en plus de questions, cependant - faites au gré de mon chemin, qui étaient vraies sur le coup, comme une pierre, un arbre ou une source sont vrais quand on marche dans le désert.


Sont-ils vrais encore ? Butera-t-on dans la pierre, boira-t-on l'eau de la source à l'ombre de l'arbre en le lisant ?

Ou ne sont-ce que des recettes, comme on en trouve dans tous les livres ?

Un exemple qui me fait souvent bondir : maître Lambda, célébrissime savant, incomparable guide, assis au coeur de l'oasis assène avec suavité qu'il n'y a rien à chercher, qu'il n'y a qu'à se laisser trouver.
 
Ce genre de phrases impressionne le néophyte qui s'en gargarise jusqu'au tréfonds. Quelle admirable sagesse !

Mais, arrêtez-moi si je suis médisant, qu'a t-il fait d'autre, le fameux maître Lambda, que de chercher toute sa vie, avant d'en arriver là ? De s'apercevoir qu'après avoir cherché sans cesse, d'avoir traversé le désert et d'être tombé sur la paix de ce coin d'ombre et de fraîcheur, soudain, il faut s'arrêter, qu'il n'y a rien à attendre, rien à chercher ?

S'il n'avait pas cherché, aurait-il découvert cette évidence ? Aurait-il buté sur cette pierre, bu l'eau sous l'arbre ? N'était-il pas dans le désert ? Aurait-il trouvé s'il était resté au lit ? Devant sa télé, aurait-il trouvé, été trouvé ?

On trouve dans les histoires des Pères du désert, vers le IVème siècle celle du moine qui, soudain illuminé, vint finir sa vie dans les bordels d'Alexandrie. N'est-ce pas une magnifique sagesse, que de trouver la paix dans le tourbillon de l'existence ?

Bordels qu'il avait peut-être quittés trente ans plus tôt, rongé par le doute, la culpabilité et toutes les misères.

Facile pour celui qui est au coeur du labyrinthe de dire : pourquoi vous en faire, tout baigne ? A ceux qui sont encore à tourner et retourner dans les méandres. Mais toi, grand sage, tu y es venu comment, au centre, en hélico, en spoutnik, en claquant des doigts ?

Comme dans la recette du poulet aux carottes, on commence par la fin : prenez un poulet, trois carottes et une cocotte en fonte. Facile.

Explique moi d'abord ce qu'est un poulet, comment le trouver, l'élever, le garder des belettes et des renards, des chiens et des voisins faméliques, l'engraisser, le plumer, ou comment gagner les sous pour l'acheter. Et les carottes ? Et la cocotte ? 

2 commentaires:

  1. "Pendant trente ans, je marchai à la recherche de Dieu,et lorsque j’ai ouvert les yeux au bout de ce temps,j’ai découvert que c’était Lui qui me cherchait."

    Cheik Ferid Ed-Din ATTAR poète Iranien Auteur du - Langage des Oiseaux.

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  2. Un peu décousu...et j'ai du mal à suivre le fil dans la "pelote".
    A cette interrogation - boutade qui fait bondir le vieux Jade:
    "Un exemple qui me fait souvent bondir : maître Lambda, célébrissime savant, incomparable guide, assis au coeur de l'oasis assène avec suavité qu'il n'y a rien à chercher, qu'il n'y a qu'à se laisser trouver. "

    Je répondrais que peut être, la sagesse antique ferait l'affaire.
    Il était écrit la phrase de Socrate, sur le temple de Delphes:
    "Connais-toi, toi-même, et tu connaîtra l'Univers et les Dieux".

    Hé oui, Dieu est en nous, notre corps en est le temple, et le Dieu n'est pas tant le créateur Cosmique que notre étincelle divine, puisque "tout est en tout". Voilà, ça évitera d'errer dans le désert 30 ou 40 ans ou de finir dans les bordels. Pas loin à aller, donc. Mais il faut être "patient".
    D'ailleurs, c'est très astucieux ; c'est le dernier endroit où on aurait penser chercher Dieu ! c'est comme le nez au milieu de la figure, on ne le voit pas (son propre nez).

    L'ami Pierrot

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