L'or crève le plafond, l'encens est en voie de disparition, quant à la myrrhe, elle ne va pas très bien non plus. Si Melchior et sa bande revenaient aujourd'hui, ils n'auraient pas grand chose à se mettre sous le bras.
Ils ont fait le voyage depuis l'Orient pour rendre hommage à l'enfant roi, lui apportant en présent l'or, l'encens et la myrrhe. Un exploit qu'ils auraient bien du mal à accomplir de nos jours. Les temps n'ont jamais été aussi durs pour les rois mages. Le prix de l'or monte en flèche sur les marchés des matières premières, les récoltes de myrrhe ont été frappées par la sécheresse - et voilà qu'en plus, l'encens risque fort de disparaître.
La résine d'encens peut se vendre jusqu'à 45 euros le kilo, d'après le Centre international de recherche agricole dans les zones arides (Icarda, basé en Syrie). La myrrhe est environ deux fois plus chère, mais les prix sont instables - ce qui vaut également pour le troisième présent des Rois mages. Quatre jours avant Noël, une once d'or coûte 1233,57 euros sur le marché international - soit près de 20 % de plus que l'an dernier.
Mais pour les amateurs de shopping biblique, c'est cette semaine qu'est tombée la nouvelle la plus catastrophique. Des écologistes néerlandais étudiant les populations de Boswellia en Ethiopie ont prévenu que le nombre de ces arbres qui fournissent l'encens pourrait diminuer de moitié en quinze ans, voire disparaître totalement si l'on ne lutte pas contre plusieurs fléaux comme les brûlis, le surpâturage et les insectes.
L'extinction du Boswellia mettrait fin au commerce plurimillénaire de cette résine aromatique, qui a connu son apogée sous l'empire romain, et alimente encore aujourd'hui les secteurs de la parfumerie et de l'aromathérapie. Les grandes sociétés de parfumerie continuent de s'en servir, comme Body Shop et Ren, qui commercialise une "Crème de Nuit revitalisante à l'encens" à 38,30 euros la bouteille.
Les récoltes de myrrhe, autre résine odorante qui provient elle aussi d'un arbre du désert, ont également souffert des effets de la sécheresse à long terme. Quant à l'encens, il s'en produit 2 000 tonnes par an. Deux années durant, les chercheurs ont rassemblé des données sur les populations et la production de semences pour plusieurs espèces de Boswellia. Leur étude, réalisée sur treize lopins de deux hectares en Ethiopie et publiée dans The British Ecological Society's Journal of Applied Ecology, prouve que ces arbres sont en déclin rapide. Toutefois, la faute n'en incombe vraisemblablement pas à l'industrie des cosmétiques, mais plutôt aux bovins et aux insectes, toujours selon cette étude.
"Il est peu probable que l'extraction d'encens soit la cause principale du déclin de population, qui est sans doute lié aux brûlis, au surpâturage et aux attaques de capricornes, commente le docteur Frans Bongers, de l'Université de Wageningen, aux Pays-Bas. La fréquence des brûlis et l'intensité du pâturage dans la région que nous avons étudiée ont augmenté ces dernières décennies, conséquence du formidable développement de l'élevage, ce qui expliquerait pourquoi les pousses ne parviennent pas au stade de l'arbuste. [...] Nos modèles montrent que d'ici cinquante ans, les populations de Boswellia auront été décimées, ce qui signifie que l'encens est condamné."
Vu sur Au bout de la route
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