28 décembre 2011

Nous sommes libres et vivants

Oléron, 2009 : Mme et M. VJ rêvent à la vie après la retraite. Mme a des racines ici, et M. y vient depuis toujours.
Une semaine plus tard, malgré la qualité du restaurant "les Poissons rouges" à Saint-Trojan, malgré l'immense et magnifique plage atlantique, l'omniprésence des cyclistes grisonnants roulant par couples sur les bandes réservées, ou achetant de la papyfood dans les commerces leur a paru oppressante. Trop de concentration nuit.
 
Limoges, 2010 : bien que le verbe "limoger" signifie envoyer un indésirable à perpète, Limoges nous plait bien. Plein de jeunes, étudiants, diants diants, mirlitaires, ter ter. Des gens normaux, riches, pauvres, beaux, laids, mélangés. C'est le mélange qui plait.
 
Gruissan, 2011 : si le vieux Gruissan résiste, au point que ses commerçants font bande à part face aux chaînes et aux franchisés automatisés, la rive gauche a été entièrement bétonnée et lotie depuis 40 ans. Hormis les logements de ceux qui assurent le fonctionnement de la machinerie de carton-pâte : des papys, des papys, des papys. Et leurs mamys. Poil aux cheveux gris. Et aux couches pipi.
 
Vichy, 2011 : là, c'est mitigé. Si les quartiers des parcs ont une densité anormale de vieilleries souvent décadentes, la ville est pleine de jeunes, et même de jeunes de toutes les nationalités, grâce à un centre d'apprentissage des langues.
 
Quel dilemme ... garder une grande maison faite pour six ou huit à deux, c'est beaucoup de frais et de travail. Mais prendre la direction d'un mouroir qui ne dit pas son nom ? NON.
 
Mourir m'est absolument indifférent. Mais côtoyer à chaque instant des qui ont été et ne s'en remettent pas, et veulent en profiter jusqu'au bout tout en faisant de cette putain d'abominable gymnastique : NON.
 
Me reviennent les souvenirs d'antan, des maisons où vivaient parfois dans une certaine animosité plusieurs générations. Ça faisait une sorte de clan, de bloc, dans lequel malgré les frictions tout le monde avait sa place. La destruction des familles est un but poursuivi par tous les partis politiques, qu'ils l'avouent (communistes, hitlériens) ou le nient (Pétain).
 
La famille est une île, un refuge. Or pour l'avènement de la kolossale utopie aucun refuge ne doit subsister. Chaque individu doit être délivré de toute idée d'un ailleurs afin de devenir immédiatemment transparent et mobilisable, consommable sans recours.
 
Une famille dans laquelle le chauffage et l'éclairage serviraient à trois générations, les voitures seraient à tous, dans laquelle les anciens auraient un grand jardin, un verger et un poulailler pour le bénéfice de tous y compris des voisins et de l'étranger de passage, et transmettraient leur savoir iconoclaste aux jeunes arrivants serait non rentable, peu corvéable, et surtout le ferment d'une liberté démentielle.
 
On voit encore ce genre de tribu dans les pays "en voie de développement", que l'otan, cette saloperie, égorge à tour de bras.
 
Puis-je espérer que dans nos pays "en voie de régression", les relations humaines les plus naturelles et les plus saines se referont spontanément ?
 
Transmettons sans cesse tout ce que nous savons, notre regard et notre parole caustique, ensemençons, refusons la mort programmée par la séparation communazie : les vieux dans les mouroirs, les jeunes à la poubelle, les autres sous les chaines. Refusons l'esclavage. Refusons de nous laisser penser par d'autres.
 
Nous sommes libres et vivants.

1 commentaire:

  1. Merci pour cette ces paroles justes ... Oui, revenons au "clan", à la "famille", de coeur ou de sang, mais revenons ensembles dans un partage d'aide et ne restons pas bras ballants dans un no man's land asceptisé et stérile.
    Maryse

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