18 décembre 2011

CO2, à qui profite l'arnaque...

L'extraction de pétrole de la roche mère fait l'objet de nombreuses innovations dans le monde qui améliorent sans cesse le taux de récupération de la ressource et rendent obsolètes les prévisions d'antan qui pré-supposaient figées les technologies mises en œuvre.
Après le jaillissement spontané de la ressource il est fait appel à l'injection d'eau dans le réservoir (récupération secondaire), puis s'il est disponible, l'utilisation de gaz carbonique permet une récupération tertiaire (Enhanced Oil Recovery ou EOR). Enfin les spécialistes de ces techniques parlent maintenant de récupération quaternaire qui concerne l'extraction par le CO2 de pétrole contenu dans la porosité de roches sous-jacentes des "Residual Oil Zones" ou ROZ à l'interface entre le réservoir principal et les salines inférieures (FIG.I projection cerclée de rouge). Ces ressources importantes n'étaient jusqu'à présent pas prises en compte dans les réserves accessibles, mais elles vont nécessiter de larges quantités de CO2 pour être récupérées.
 
FIG.I - illustration projetée d'un pic quaternaire de production (Seminole San Andres Unit)
EOR-ROZ-Brownfield-quaternary oil
 Aux États-Unis les professionnels estiment la contribution de la récupération tertiaire à l'aide de CO2 aux environs de 300 mille barils/jour (FIG.II) soit 6% de la production américaine de pétrole. Elle concerne pour l'essentiel le "Permian Basin" situé à cheval entre le Nouveau Mexique et le Texas.

FIG.II - Contribution de la récupération tertiaire (EOR) par injection de CO2 aux productions américaines de pétrole
EOR-USA-barils par jour
 Ce large bassin pétrolifère a produit depuis 80 ans d'exploitation dans les 32 milliards de barils de pétrole. Le DOE et divers consultants américains estiment que, grâce aux extractions quaternaires en particulier, ce sont encore près de 12 milliards de barils qui seront extraits du sol durant les 30 ou 50 ans à venir. Compte tenu des technologies actuelles disponibles il reste un volume de pétrole égal au tiers de la ressource déjà extraite à récupérer. Mais pour cela il faudra disposer de très grandes quantités de CO2. En effet sur la base de 1,5 à 2 barils de brut extraits par tonne de CO2, il faudra injecter et séquestrer 6 à 8 milliards de tonnes de CO2. De quoi à allonger encore et encore la queue de la courbe de Hubbert de ce large champ.
L'équation économique semble à ce jour limpide: pour quelques dizaines de dollars à payer pour une tonne de CO2 ce sont près de deux barils de pétrole à plus de 100 dollars le baril qui vont être récupérés. Voila une équation qui va dynamiser le captage du CO2 aux États-Unis et dans d'autres régions pétrolifères dans le monde.
Le MIT préconise la construction d'un large réseau de pipelines de CO2 en forme de fer à cheval qui relierait les infrastructures américaines existantes (FIG.III). Le DOE préconise un réseau encore plus dense reliant les grandes centrales au charbon du Centre-Est à cette amorce d'infrastructure.

FIG.III - Réseau de pipelines transportant du CO2 aux Etats-Unis.
Ces considérations montrent combien l'équation du captage et de la séquestration du CO2 peut passer d'un concept plutôt farfelu, très vaguement écolo, consommant de l'énergie, à une équation beaucoup plus réaliste permettant à partir de charbon et de biomasse par exemple de définir des centrales électriques à gazéification intégrée (IGCC) dont le CO2 récupéré sera vendu aux pétroliers pour récupérer du pétrole. L'enjeu économique final avec un prix du baril de pétrole au-dessus des 100 dollars, rend l'ensemble de la filière économiquement très rentable. La probabilité d'une telle réalisation dans les décennies à venir est donc élevée.
Ces données illustrent les propos de Richard Nehring qui soulignent l'importance généralement sous-estimée de la croissance du taux de récupération du pétrole, "recovery growth", sur l'estimation des ressources ultimes de pétrole conventionnel.
 Pour accéder à ces informations on pourra par exemple se reporter au rapport du MIT energy initiative et du Bureau of Economic Geology issu d'un symposium tenu à Austin en Juillet 2010. Le papier de Kuuskraa (page 151), président d'ARI, est particulièrement clair est convaincant. Il prévoit une contribution de ces technologies aux U.S.A. pouvant représenter des productions de pétrole pouvant aller jusqu'à 2,8 millions de barils/jour en 2030. Les prix à venir du baril de pétrole pourraient lui donner raison.

2 commentaires:

  1. Le big bizness de l'or noir et du gaz (dit "naturel" pour faire écolo), a encore de beaux jours devant lui. Empêchant ainsi de développer d'autres énergies, moins polluantes et dévastatrices, voire les concepts développés par Nikola Tesla ou encore, la "fusion froide".

    Les "Familles", Rockefeller en tête, maintiennent ainsi leur domination. Le plus "comique" c'est que le CO2 tant décrié va être un agent technologique fort utile au lobby pétrolier, et bien entendu on ne nous parlera pas des fuites de CO2 ni des rejets en atmosphère après l'utilisation finale pour extraire le pétrole. Le "circuit" du CO2 sera t-il vraiment "fermé" et "étanche" ?

    On comprend donc mieux pourquoi le Canada et les Zunis sont allergiques au traité de Kyoto et sa version de Durban. Le CO2 devient une "manne" pour les Elites du pétrole et des gaz de schiste.

    L'ami Pierrot

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  2. Bien sur que tesla est la solution!

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