27 octobre 2011

Abandonnez l'espoir, éteignez vos peurs

Casey Maddox a écrit que quand la philosophie meurt, l'action commence.
Je dirais en plus que quand nous cessons d'espérer en une aide extérieure, quand nous cessons d'espérer que cette situation horrible dans laquelle nous nous trouvons se résoudra d'elle-même de quelle que manière que ce soit , quand nous cessons d'espérer que la situation n'empirera pas, alors nous sommes finalement libres – vraiment libres – pour commencer honnêtement à travailler à la résoudre profondément. Je dirais que quand l'espoir meurt, l'action commence. (...)

Une merveilleuse chose se passe quand vous abandonnez l'espoir, c'est que vous prenez conscience que vous n'en aviez pas besoin jusque là. Vous prenez conscience que d'abandonner l'espoir ne vous tue pas, ni ne vous rend inefficace. En fait cela vous rend plus efficace, parce que vous cessez de compter sur quelque chose ou quelqu'un d'autre pour résoudre vos problèmes – vous cessez d'espérer que vos problèmes seront résolus grâce à l'assistance magique de Dieu, de la Mère Universelle, du Club Sierra, des vaillants défenseurs des arbres, du brave saumon ou de la terre elle-même – et vous commencez simplement à faire ce qui est nécessaire pour résoudre vos problèmes par vous-mêmes.


(...)
Quand vous abandonnez l'espoir, c'est encore mieux que de ne pas être tué: ça vous tue. Vous mourez. Et il y a une chose merveilleuse dans le fait d'être mort, c'est qu'une fois mort, ils – ceux au pouvoir – ne peuvent plus vous toucher. Ni avec des promesses, ni avec des menaces, ni avec la violence elle-même. Une fois que vous êtes mort de cette façon, vous pouvez encore chanter, vous pouvez encore danser, vous pouvez encore faire l'amour, vous pouvez encore vous battre comme un diable – vous pouvez encore vivre parce que vous êtes encore plus vivant qu'avant – mais ceux au pouvoir ne peuvent plus avoir de prise sur vous. Vous en êtes venu à prendre conscience que quand l'espoir meurt, votre moi qui est mort avec l'espoir n'était pas vous, mais celui qui dépendait de ceux qui vous exploitent, celui qui croyait que ceux qui vous exploitent s'arrêteraient d'eux-mêmes, celui qui dépendait et croyait les mythologies propagées par ceux qui vous exploitent pour faciliter cette exploitation.

Votre moi social est mort. Votre moi civilisé est mort. Votre moi manufacturé, fabriqué, tamponné, moulé est mort. La victime est morte.Et qui reste quand ce moi meurt? Vous. Votre moi animal, nu, vulnérable et invulnérable, mortel, survivant. Celui qui ne ressent pas ce que la culture lui a appris à sentir, mais ce qu'il ressent. Celui qui n'est pas ce que la culture lui a appris à être mais qui est. Celui qui peut dire oui, celui qui peut dire non. Celui qui fait partie de la terre où vous vivez. Celui qui se battra (ou pas) pour défendre votre famille. Celui qui se battra (ou pas) pour défendre ceux que vous aimez. Celui qui se battra (ou pas) pour défendre la terre dont la vie de ceux qui vous aimez et la vôtre dépendent. Celui dont la moralité n'est pas basée sur ce que vous a appris la culture qui est en train de tuer la planète, de vous tuer , mais sur votre propre ressenti animal, qui nourrit votre amour et vous tient lié à votre famille, à vos amis, à votre terre. Pas la famille identifiée par l'état civil, mais la famille animale, qui requiert une terre, qui est tuée par les produits chimiques, l'animalité qui a été rabotée et déformée pour rentrer dans les besoins de la culture.


(..) Quand vous abandonnez l'espoir, vous perdez bien des peurs. Et quand vous cessez de compter sur l'espoir pour, à la place, protéger ceux que vous aimez, vous devenez bien sûr dangereux pour ceux qui sont au pouvoir.


Au cas où vous vous poseriez la question, c'est une très bonne chose.

Source : Endgame, « Espoir », pp.330-334. Derrick Jensen (traduit en français par Les Lucindas) 

3 commentaires:

  1. Eloge des "desperados", ceux qui ont tout perdu et n'ont plus rien à perdre, et qui sont alors des redoutables "hors la loi" ?

    L'ami Pierrot

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  2. Ne rien désirer, ne rien craindre dans un sentiment de confiance et d'amour. L'homme sans tête avance alors dans l’expérience pure du moment présent.

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  3. Eloge des "desperados"? c'est vrai que ça y ressemble.

    Intéressant Paul, puisque tu postes un peu plus loin un texte de W.Reich.

    Petite comparaison!

    Reich: "Tu as appris à espérer en Dieu comme nous avons compris l'existence et le règne universels de la Vie et de l'Amour."

    Maddox: "Quand vous abandonnez l'espoir, vous perdez bien des peurs. Et quand vous cessez de compter sur l'espoir pour, à la place, protéger ceux que vous aimez, vous devenez bien sûr dangereux pour ceux qui sont au pouvoir."

    Pour être plus clair:
    Reich: Recherche du sur-homme.
    Maddox: Retour à l'animal.

    Même différence qu'entre Jung et Freud. Verticalité face à horizontalité.

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