Jean-Pierre Delord, maire de Bugarach. Crédits photo : PASCAL PAVANI/AFP
Selon une prédiction, cette paisible bourgade du Sud de la France serait la seule à survivre à l'Apocalypse. Les visiteurs en tous genres y affluent et les réservations pour la dernière quinzaine de décembre 2012 ont déjà commencé.
En cette matinée pluvieuse, le pic de Bugarach dans l'Aude est dans le brouillard. Mais cette petite montagne qui domine un village de 200 habitants et qui culmine à 1 230 mètres n'a plus besoin de se montrer. Elle est aujourd'hui mondialement connue par le biais de centaines de sites sur le Net. Selon la prédiction qui fait rage sur la Toile, c'est au pied de cette citadelle de calcaire que le monde sera épargné. Après l'Apocalypse du 21 décembre 2012, seule Bugarach survivra. Une sacrée bonne nouvelle qui a pour conséquence aujourd'hui de doper l'activité immobilière de la commune. «Quinze maisons sont à vendre. Depuis trente-quatre ans que je suis maire, je n'ai jamais vu ça», raconte l'édile Jean-Pierre Delord. Tarif demandé : trois à quatre fois plus cher que les prix habituellement pratiqués. La pierre devient une bonne affaire.
Il ne se passe pas un jour, sans qu'on se renseigne d'ailleurs sur Bugarach, ses capacités d'hébergement et d'approvisionnement. «Tout le monde a compris qu'en décembre, on ne peut ici se contenter d'un sac de couchage, car il peut y avoir de la neige et du verglas. Alors on nous appelle pour louer des chambres et réserver des stocks de nourriture pour la dernière quinzaine de décembre 2012», raconte derrière son comptoir, garni de foie gras et de saucissons, la commerçante de la ferme de Janou. «On refuse tout», tranche-t-elle, levant les yeux au ciel en évoquant «toutes ces salades» sur le Net.
Des yourtes en pleine forêt
Bugarach. Crédits photo : NANDA GONZAGUE/The New York
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De son côté, le maire s'inquiète de cette publicité planétaire qui attire, plus que d'ordinaire, des organisateurs de stages ésotériques (à des prix exorbitants), des thérapeutes en tous genres, des survivalistes qui comptent désormais leurs jours ou encore des adeptes du new age en quête de méditation cosmo-sidérale. Certains d'entre eux vont séjourner dans le gîte d'étape du village, tenu par Sigrid. Originaire de la région parisienne, cette dernière porte un regard bienveillant sur ces groupes devisant durant des heures dans la salle de réunion qu'elle met à leur disposition. «C'est une clientèle très plaisante, très calme. Il n'y a jamais de problème avec eux», dit-elle.
Tout de blanc vêtu, ce petit monde déambule aussi dans les rues du village, se réfugie dans des grottes pour des longues retraites contemplatives, se blottit dans des lieux prétendument magiques et se lance dans l'ascension du pic. Les compteurs installés sur l'un des flancs de la montagne pour calculer le nombre de randonneurs affichent des données jamais égalées. 10.000 l'an passé. Cette année, les chiffres vont doubler. Mais parfois, l'entraînement fait défaut. Il y a quinze jours, ce fut pour l'un de ces grimpeurs une montée sans descente. Foudroyé au sommet par une crise cardiaque. «La fin du monde avait juste sonné un peu plus tôt pour lui», glisse le maire, un rien facétieux et qui ne peut s'empêcher une pointe d'ironie malgré une situation préoccupante. Depuis plusieurs mois déjà, ce dernier a alerté la Miviludes, le préfet et les gendarmes. Le village est désormais sous bonne garde.
Cette prédiction frappant aujourd'hui Bugarach ne doit rien au hasard. Depuis des dizaines d'années, le village est habitué à bien des loufoqueries. «Ici ça bouillonne dans tous les coins !», reconnaît le maire. Il y a en effet mille raisons d'atterrir dans ce village situé au milieu de nulle part. Pénétrés d'études ufologiques, les uns y viennent, persuadés que le pic est un garage à ovni. Personne n'a jamais vu un seul de ces engins mais c'est normal, dit-on, en raison de leur vitesse ! D'autres veulent profiter des ondes magnétiques de la «montagne sacrée» et y découvrir son «vortex», le passage pour accéder à une civilisation disparue. D'autres encore viennent à la recherche d'un prétendu trésor qu'un abbé aurait caché il y a plus de cent ans.
Depuis un an aussi, des yourtes ont fait irruption en pleine forêt, occupées par des «écolos» qui, sur fond de chants indiens et de communication non violente, renouent avec la vie communautaire. Mais ceux-là ne croient pas à la fin du monde… juste à la fin de notre monde ! La tenue hippie et les dreadlocks côtoient désormais la toge blanche immaculée. Mais il y a aussi les amoureux de la nature qui viennent plus prosaïquement pour le plaisir de la marche et qui imposent une autre tenue : sac à dos et grosses chaussures…
La connerie, c'est infâme.
RépondreSupprimerEt si plus ils essayaient de se cacher, plus le sol s'ouvrait sous leurs pieds? Ils ont pas pensé à ça je parie.
Et ben putain, si c'est des neuneus comme ça qui doivent survivre à l'apocalypse, je préfère y rester pour pas le voir.
de quelle prediction s'agit-il???
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