28 novembre 2024

Le JSF dans le viseur d’Elon Musk


Elon Musk s’est aperçu de l’existence du F-35 (ex-JSF), pour lui décocher une volée de flèches venimeuses pour son absence complète d’efficacité et ses ennuis sans fin. Il est vrai que le F-35 continue à nous intriguer par l’accumulation de catastrophes qui l’affectent, – par exemple lorsqu’il s’avère qu’il n’a pas assez d’électricité pour rafraîchir son armée d’ordinateurs. Musk va conduire, avec Rawaswamy le nouveau ministère “de l’efficacité gouvernementale” le DOGE). S’intéresseront-ils directement au JSF-F-35 ? Ce n’est pas du tout impossible.

Elon Musk, parfois, parle d’or pur et fin, de l’extrêmement rare. C’est-à-dire que chacune de ses paroles est aujourd’hui perçue comme une esquisse d’une partie du programme de réformes radicales, de rationalisation et d’efficience de la masse bureaucratique du gouvernement, que lui et Rawaswamy sont chargés d’appliquer à la tête du nouveau département de “l’efficacité gouvernementale” (Department Of Government Efficiency – DOGE). Dès lors, si Musk prend la peine de passer un message sur son tweeterX concernant le F-35 (notre JSF bien connu), et qu’il ne s’agit en rien de la moindre satisfaction, il est temps de dresser l’oreille.

SputnikNews’ a sauté sur l’occasion et a interrogé la colonelle à la retraite de l’USAF Karen Kwiatkowski, qui est l’une de ses principales correspondantes dans le monde de la dissidence US.

« Le PDG de Tesla, de SpaceX et de tweeterX, Elon Musk, a qualifié le chasseur F-35 de Lockheed Martin de “touche-à-tout coûteux et complexe, mais maître de rien”. Que veut-il dire ?

» “La conception du F-35 a été brisée au niveau des exigences, car il devait être trop de choses pour trop de gens”, a tweeté Elon Musk. “Les avions de combat habités sont de toute façon obsolètes à l'ère des drones. Ils ne feront que tuer des pilotes”, a-t-il ajouté.

Kwiatkowski appuie complètement l’analyse de Musk sur les capacités de l’avion et donne une autre définition qui complète celle de Musk (un avion qui est censé tout faire de manière satisfaisante et qui n’arrive à donner satisfaction à personne, dans aucun domaine). Elle a cette autre image de la “machine Rube Goldberg”, c’est-à-dire un engin qui effectue divers tâches extrêmement simples et en général réalisées d’une façon très simple, de manière extrêmement compliquée.

On arrive ainsi au cœur du problème du F-35, là où on peut le placer, en matière de rentabilité et de justification fondamentale, au côté de l’aide militaire à l’Ukraine. Ces deux domaines si différents se rejoignent en termes de rentabilité par rapport aux intérêts des USA, et en termes de justification fondamentale : ils ne réalisent rien et ils ne servent à rien.

« Musk a raison dans son évaluation du chasseur F-35 de Lockheed Martin, a déclaré à Sputnik la lieutenante-colonelle de l'armée de l'air américaine à la retraite Karen Kwiatkowski, ancienne analyste du Pentagone. “Le F-35 est presque une machine Rube Goldberg moderne avec de nombreuses pièces qui génèrent de toutes nouvelles exigences et de nouveaux remèdes”, a déclaré Kwiatkowski. »

» “[Le F-35] a été conçu, tout comme les dernières tranches d'aide américaine à l'Ukraine sous l'administration Biden, davantage comme un exercice de consommation et de gaspillage alors que les dirigeants militaires actuels se demandent comment sortir de leur paralysie de 60 ans dans les domaines de la productivité et de la performance”, explique Kwiatkowski. »

Ce que nous dit Kwiatkowski est important dans la mesure où sa démarche est en parfaite adéquation avec celle de Musk, elle étant anciennement analyste militaire travaillant pour les intérêts stratégiques US qu’on est habitué à considérer comme étant du secteur public, lui travaillant dans le domaine du business et du secteur privé selon des conceptions dont il juge qu’il faut les appliquer au secteur public.

L’impossible « réussite considérable » ?

Entretemps, on s’emploiera à signaler un article de Mike Fredenbourg, de ‘The Epoch Times’, repris dans ‘ZeroHedge.com’ qui nous explique le problème fondamental du programme F-35, suscité par l’arrivée de sa livrée électronique, – dite ‘Block IV’, – enfin capable de nous donner un modèle du F-35 pouvant remplir toutes les missions promises avec les capacités promises. (Promesses, promesses... Mais enfin, pour la beauté de la démonstration, admettons que ces promesses seront tenues.) Ce problème fondamental est tout simplement celui du refroidissement absolument nécessaire pour la bonne marche de la masse d’électronique que contient cet avion. Chaque effort nécessité par l’obtention de cette capacité de refroidissement entraîne de nouveaux problèmes, notamment du côté du moteur.

« Le problème sous-jacent à la crise du refroidissement est que l’équipe de conception du F-35 n’a conçu le F-35 qu’avec une puissance de refroidissement de 14 kilowatts (kW). Pourtant, le F-35 n’a pas été déclaré pleinement opérationnel avant que les capacités du bloc 3F ne soient intégrées – des capacités qui nécessitaient environ 32 kW de refroidissement et qui n’ont été déployées que récemment, quelque 30 ans après le début du développement du F-35 Joint Strike Fighter. La mise à niveau du bloc 3F a nécessité de modifier le système de refroidissement du F-35. Cela a eu un impact négatif sur la longévité et la fiabilité du moteur F135 du F-35, qui souffrait déjà de problèmes de fiabilité. »

... Et encore, comme on l’a vu, l’actuel bloc-3F qui pose déjà tant de problèmes devra faire place au bloc-IV qui posera encore bien plus de problèmes, et ainsi de suite. Fredenbourg nous explique longuement et avec une sûreté absolue de jugement et d’expérience cet ensemble de problèmes qui s’entrechoquent, s’aggravent les uns les autres, se résolvent en enfantant toute une nouvelle famille de problèmes, etc.

D’où sa conclusion, où l’on sent l’auteur épuisé par son effort et qui semble simplement nous dire : “Eh bien, je propose qu’on s’arrête un peu, qu’on reprenne son souffle, qu’on réfléchisse, et qu’on trouve, peut-être, sans doute, pourquoi pas ? la solution...”

« Cela nous ramène à la question de savoir s’il est judicieux d’opter pour une solution coûteuse à court terme ou pour une solution de refroidissement coûteuse à long terme. Du point de vue des ventes, il s’agit d’un choix entre deux aspects positifs sur lesquels le Pentagone voudrait que nous nous concentrions. Mais avant de nous engager sur les options présentées, considérons que les moteurs actuels du F-35 s’usent plus vite que promis. Les unités de contrôle moteur qui sont censées les rendre fiables ne devraient pas être finalisées avant 2029.

» En outre, le coût du programme, y compris le maintien en condition opérationnelle, est désormais estimé à plus de 2 000 milliards de dollars, soit 400% de plus en dollars ajustés en fonction de l’inflation que l’estimation du GAO de 2007. De plus, comme cela s’est produit à maintes reprises auparavant, l’estimation du coût pourrait à nouveau augmenter.

» Enfin, rien ne garantit que la mise à niveau du cœur du moteur de Pratt & Whitney, dont le besoin est désespéré, et qui est censée être livrée en 2029, sera livrée à temps ou qu’elle rendra réellement le moteur du F-35 fiable.

» Par conséquent, étant donné que le niveau de risque et les coûts du programme F-35 ne font qu’augmenter, nous devrions peut-être réfléchir à une manière créative de faire voler nos F-35 existants avec un niveau de fiabilité raisonnable. Avant de construire de nouveaux F-35, il faudrait envisager un ensemble soigneusement choisi de capacités matérielles et logicielles qui ne nécessitent pas d’augmentation de la puissance et du refroidissement.

» Ce serait une réussite considérable ! »

Le F-35, “événement total”

Il est complètement improbable que la doublette mortelle Musk-Ramaswamy soit en piste pour s’intéresser aux productions bureaucratiques du gouvernement programme par programme ; maïs il nous semble probable qu’ils s’arrêteront à l’un ou l’autre archétype des tares et vices du Système, et il nous semble alors très probable qu’ils s’arrêteront avec intérêt sur le programme F-35, masse absolument énorme et informe de dépassements de devis, d’imprécisions catastrophiques, d’aveuglements en chaîne, en le considérant comme l’archétype de ce qu’il ne faut pas faire, – de ce qu’il est impératif de ne pas faire. Si c’était le cas, – et le message de Musk y fait penser, – il est bien possible que le programme F-35 soit notablement mis en cause.

Bien plus que cela d’ailleurs...

Opérationnellement et symboliquement, le programme F-35 rassemble toutes les  tares contre lesquelles Musk-Rawaswamy doivent “partir en guerre”, qui plus est dans le domaine de la production d’armement et du Pentagone, par conséquent dans le domaine de la politiqueSystème contre laquelle l’administration Trump-II est censée elle-même “partir en guerre”. Pour cette raison, Musk-Rawaswamy ne pourront pas être indifférent ; ni au Pentagone bien entendu, ni au programme F-35 évidemment. Cela peut constituer l’objet d’une terrifiante bataille si Trump & Cie veulent vraiment pousser leur tâche jusqu’au terme de sa logique.

Nous restons avec toutes ces observations dans le pur domaine de l’hypothèse, bien entendu, car aucun autre ne nous est ouvert. Donc, nous poursuivrons selon cette méthodologie qui est la seule qui nous soit permise... Nous sommes conduits à poursuivre en suivant l’un ou l’autre archétype et événement si extraordinaire que, tout en étant considéré dans son domaine, il est aussi une illustration flagrante du Système et doit donc également être considéré hors de son seul domaine, comme un “événement total” de la GrandeCrise.

Nous remarquons que, dans le programme F-35, Musk-Rawaswamy trouveront l’essentiel des tares du technologisme et des parasites qui l’accompagnent, – le gaspillage et la corruption. C’est dire s’ils se trouveront là au cœur psychologique de la présente GrandeCrise, celui où l’on trouve rassemblés et posés tous les problèmes fondamentaux, les attaques fondamentales de la modernité agonisante.

« Le programme coûtera plus de 2 000 milliards de dollars, ce qui en fait l'un des plus coûteux de l'histoire des États-Unis, selon le Government Accountability Office. Malgré cela, l'armée américaine continue de découvrir de nouveaux risques techniques qui coûtent plus cher aux contribuables américains »

C’est bien cela... “Événement total” car, en plus de la catastrophe cataclysmique qu’il représente, ce programme reste assez vivant et vivace pour continuer à produire avec régularité les fils et petits-fils des générations précédentes de la catastrophe initiale d’il y a 40 ans (1994, démarrage du programme JSF..).
 

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