24 octobre 2024

Sommet des BRICS: L’Inde et la Chine annoncent la fin de leur conflit frontalier


L’Inde et la Chine ont ménagé leur effet: elles ont annoncé la fin de leurs différends frontaliers au début du sommet des BRICS. Voilà les Occidentaux battus au jeu de la communication. La photo de Poutine, Xi et Modi détendus, en conversation joyeuse, comme de bons amis, est un démenti à tous les discours occidentaux de ces deux dernières années. L’histoire se fait désormais sans l’Amérique du Nord et l’Union Européenne.

Le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi devraient tenir mercredi leur première réunion bilatérale depuis 2022. L’annonce a été faite en même temps qu’était confirmé un accord qui met fin au différend frontalier entre les deux pays.

Un accord annoncé opportunément au début du sommet des BRICS

L’Inde a annoncé lundi qu’elle était parvenue à une percée décisive dans ses négociations avec la Chine après quatre années d’impasse militaire entre les deux voisins, suite à l’affrontement de leurs troupes le long de la ligne dite de contrôle effectif (LAC), qui a fait des victimes des deux côtés.

Selon New Delhi, pour éviter toute violation, les deux parties se sont mises d’accord sur les dispositions relatives aux patrouilles le long de la LAC dans la région du Ladakh oriental, qui étaient en place avant les affrontements de 2020. Cet accord est le résultat de plusieurs séries de discussions menées par les canaux diplomatiques et militaires au cours des dernières semaines. L’accord est le résultat de plusieurs séries de discussions par les canaux diplomatiques et militaires au cours des dernières semaines, a déclaré le ministère des affaires étrangères du pays, ajoutant que les deux parties vont maintenant prendre les « prochaines mesures à ce sujet ».
 

Pékin a confirmé mardi avoir conclu un accord sur les patrouilles avec l’Inde, déclarant que les deux pays “ont maintenu une communication étroite » sur les questions liées à la frontière. « A l’heure actuelle, les deux parties sont parvenues à une solution sur les questions pertinentes, ce que la Chine considère comme positif « , a déclaré Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, lors d’un point de presse, précisant que les deux parties travailleraient ensemble à la mise en œuvre des accords.

En réalité, l’accord avait été trouvé avant le sommet des BRICS mais son annonce a été opportunément suspendue pour marquer un coup dès le début du sommet de Kazan. 

De quoi s’agit-il?

Un rappel des enjeux:

Le différend territorial entre la Fédération indienne et la République populaire de Chine porte sur le tracé de la frontière himalayenne, à savoir sur l’Aksai Chin à l’Ouest et sur l’Etat indien l’Arunachal Pradesh à l’Est (voir carte). A l’Ouest, aucune démarcation n’a été tracée au sol. A l’Est, une ligne, dite Mac Mahon, suit la ligne de crête himalayenne. De fait, la Chine contrôle l’Aksai Chin depuis son invasion du Tibet en 1950. Elle y a construit une route reliant le Tibet à sa province du Xinjiang. A l’Est, l’Inde revendique une démarcation passant au pied des contreforts himalayens en bordure de la vallée du Brahmapoutre et incluant une zone dénommée « Tibet du Sud » par la Chine. En 1960, Pékin a proposé de reconnaître la ligne Mac Mahon en échange de l’Aksai Chin. Le refus de New Delhi a débouché, deux ans plus tard, sur une guerre…gagnée par la Chine, qui s’est contentée de consolider ses positions sur l’Aksai Chin. Une « Line of Actual Control » (LAC, ligne de contrôle effectif) sépare les deux pays sur 3.500 km, dont 1.600 km dans l’Aksai Chin. Le tracé de cette LAC, jamais accepté formellement par les deux parties, fait l’objet de désaccords ponctuels. Pour prévenir toute confrontation, Pékin et New Delhi ont conclu des accords en 1993, 2003, 2012 et 2013, excluant le retour à la force et prônant le développement de relations bilatérales, surtout économiques. Pour affirmer ses revendications sur la LAC, l’Inde a organisé 65 points de patrouille par ses forces armées et de police au Ladakh. Les 5 et 9 mai et 15 juin 2020, des affrontements meurtriers se sont produits entre soldats indiens et chinois. Depuis, les forces déployées sur la frontière restent en état d’alerte. Fin août, une unité indienne de la Force spéciale des frontières, composée notamment de réfugiés tibétains, a pris par surprise le contrôle de la chaîne du Kailash, surplombant la rive Sud du lac Pangong et la garnison chinoise de Moldo. Des pourparlers en avril et juin 2021 n’ont pas abouti à un retrait chinois de Gogra/Hot Spring ni des autres zones contestées. Pour l’Inde, la plaine de Depsang constitue un enjeu important, car l’aéroport militaire de Doulat Beg Oldie (DBO) y a été construit, à 5.000 m d’altitude, lors du conflit de 1962. La piste d’atterrissage se trouve près de la nouvelle route stratégique Darku-Shylok-DBO (en vert sur la carte), longue de 255 km et qui permet de ravitailler les forces déployées jusqu’au pied du col de Karakorum.

Encore un calcul occidental déjoué?

L’Inde et la Chine sont les héritières de deux très vieilles civilisations et, aujourd’hui, les deux pays les plus peuplés du monde. C’est ce qui donne à leur conflit frontalier un aspect “immobile” (cela fait soixante ans que cela dure) en même temps qu’un caractère mesuré.

Il faut bien entendu mentionner aussi le fait que les deux puissances sont dotées de l’arme atomique.

Mais le plus important est ailleurs: les Occidentaux sont battus dans le domaine où ils croient exceller, celui de la communication. La photo, que nous avons choisi en tête de cet article, montrant Poutine, Xi et Modi en “bons copains” est un démenti à tous les discours occidentaux.

Attendons-nous au sujet de demain: l’Arabie Saoudite doit confirmer – ou non – son adhésion aux BRICS à part entière. Les spéculations vont bon train dans les chancelleries occidentales. Pourquoi l’Arabie Saoudite n’a-t-elle pas totalement formalisé son adhésion? Suspense! Mais, personnellement, je parierais sur une nouvelle déception des Occidentaux.
 

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