27 septembre 2024

Qui donc a gouverné les Etats-Unis depuis quatre ans derrière l’homme de paille Biden?


En se servant de sources ouvertes, on pouvait savoir dès la campagne présidentielle de 2020 que le déclin des capacités cognitives de Joe Biden avait commencé. Dans une démocratie fonctionnant, où les journalistes des médias de l’establishment auraient fait preuve d’indépendance, il aurait été impensable qu’on investisse Joe Biden. Mais nous sommes à Washington, au début du XXIème siècle. Et l’on sait, au moins depuis que George W. Bush s’est imposé douteusement aux dépens d’Al Gore aux élections présidentielles de 2000, que la république américaine ne tourne plus complètement rond. Les médias auront attendu trois ans et demi et une grosse colère des donateurs du parti démocrate après une piètre prestation de Joseph Biden en débat avec Donald Trump pour enfin dire ouvertement ce qui était devenu depuis longtemps un sujet de moquerie ou d’inquiétude sur les réseaux sociaux (« le grand-père auto-propulsé »). Evidemment la question que tous devraient se poser à présent est de savoir qui a effectivement gouverné les Etats-Unis pendant quatre ans.

“L’Etat profond” n’est pas ce que vous croyez

Le Pouvoir Washingtonien aime bien s’auto-désigner comme “le Blob”:

Le Blob est composé à la fois de démocrates et de républicains – un groupe disparate de penseurs d’élite, de législateurs, de journalistes et d’autres personnes du Washington officiel – qui se rassemblent autour d’une politique étrangère faucon, défendant l’ancien évangile du leadership américain sur la scène mondiale

C’est en fait une expression née pendant les mandats de Barack Obama et elle escamote la réalité. Je préfère pour ma part utiliser l’expression “Etat profond” terme popularisé par un ancien diplomate canadien, Peter Dale Scott:

L’« État profond » a été défini par le bulletin britannique On Religion comme « les structures de pouvoir antidémocratiques intégrées au sein d’un gouvernement, ce dont très peu de démocraties peuvent se targuer d’être exemptes ». L’expression est apparue en Turquie en 1996 pour désigner les éléments soutenus par les États-Unis, principalement au sein des services de renseignement et de l’armée, qui avaient à plusieurs reprises eu recours à la violence pour interférer avec le processus politique démocratique de la Turquie et le réaligner. Parfois, la définition se limite à des éléments au sein du gouvernement (ou « un État dans l’État »), mais le plus souvent, en Turquie, le terme est élargi, pour des raisons historiques, aux « membres de la pègre turque ». Dans cet essai, j’utiliserai l’expression « État profond » au sens large, pour inclure à la fois le deuxième niveau du gouvernement secret à l’intérieur de Washington et les personnes extérieures suffisamment puissantes, dans la pègre ou dans l’autre monde, pour lui donner une direction. En bref, j’assimilerai le terme « État profond » à ce que j’ai appelé en 1993 un « système politique profond » : » « un système qui recourt habituellement à des procédures de prise de décision et d’application en dehors et à l’intérieur de celles qui sont publiquement sanctionnées par la loi et la société « .
Comme moi, Lofgren suggère une symbiose ambiguë entre deux aspects de l’État profond américain : les agences du Beltway du gouvernement de l’ombre, comme la CIA et la NSA, qui ont été instituées par l’État public et lui font désormais de l’ombre, et 2) le pouvoir beaucoup plus ancien de Wall Street, qui fait référence aux puissantes banques et aux cabinets d’avocats qui y sont implantés.

La seule faiblesse de la définition de Peter Dale Scott (qui a fait un énorme travail d’analyse historique), c’est qu’elle n’inclut pas un aspect fondamental du fonctionnement de l’Etat profond: il est divisé entre différentes factions. Nous allons l’illustrer à propos de l’administration Biden.

Commençons cependant par décrire ce qui se rapproche le plus de la conception classique de l’Etat profond:

La guerre propre de la CIA en Ukraine

Ce n’est pas un site complotiste qui l’explique mais le très établi New York Times :

“[Peu après l’entrée de Joe Biden à la Maison Blanche] le chef de Russia House, le département de la C.I.A. qui supervise les opérations contre la Russie, a organisé une réunion secrète à La Haye. Des représentants de la C.I.A., du MI6 britannique, du HUR [ukrainien], du service néerlandais (un allié essentiel en matière de renseignement) et d’autres agences se sont mis d’accord pour commencer à mettre en commun un plus grand nombre de leurs renseignements sur la Russie. Il en est résulté une coalition secrète contre la Russie, dont les Ukrainiens étaient des membres essentiels.
Ces faits sont également antérieurs aux opérations militaires spéciales de la Russie en Ukraine et témoignent de l’obsession maniaque [qu’on avait à Washington] de déstabiliser la Russie en tant que puissance mondiale indépendante par tous les moyens.
La guerre par procuration menée par les États-Unis en Ukraine est en réalité dirigée par la CIA, tandis que le Pentagone et le département d’État jouent des rôles subalternes. Il appartiendra aux futurs historiens d’enquêter sur la raison d’être du choix curieux et non conventionnel de [l’administration Biden] de nommer William Burns, censé être un diplomate de carrière, à la tête de la CIA en 2020.
Burns est un « spécialiste » inhabituel de la Russie qui a joué un rôle dans la guerre de la CIA en Tchétchénie au début des années 1990, peu après l’effondrement de l’Union soviétique, lorsqu’il a été affecté à l’ambassade de Moscou. (Burns est revenu plus tard en tant qu’envoyé à Moscou).
Il suffit de dire que [l’administration Biden] savait précisément ce qu’elle voulait faire et qu’elle a choisi le seul homme sur lequel elle pouvait compter pour tenir la CIA en laisse, au fait du monde des agents clandestins et des questions de défense, et également une « main russe ».

Mais alors: quels sont les visages (masqués) de “l’administration Biden”?

Mais alors qui a actionné et contrôlé selon la description faite par le New York Times ?

Premièrement, il faut avoir en tête que Joseph Biden et son fils, Hunter, ont sans doute été mis en place du fait de leurs compromissions en Ukraine (Joe Biden avait fait placer son fils au conseil d’administration de Burisma, l’une des principales entreprises énergétiques ukrainiennes) – et de leur corruption tout court (l’épisode du disque dur de Hunter Biden). Les acteurs de la Guerre d’Ukraine savaient que Joe Biden, dans les quelques heures par jour où il pouvait être actif comme président, ne broncherait pas contre la politique ukrainienne décidée en son nom.

Agit Papdakis, dans un excellent article, nous dévoile alors ce qui sest passé dans les coulisses:

La présidence Biden est l’aboutissement du coup d’État du Russiagate qui a accablé Donald Trump et ses collaborateurs pendant toute la durée de sa présidence et qui l’a finalement privé de son deuxième mandat avec ces fameuses caisses de bulletins de vote par correspondance livrés à 3 heures du matin après que tous les observateurs électoraux soient rentrés chez eux. L’administration américaine actuelle est donc une construction assemblée par les principaux acteurs de la conspiration du Russiagate, à savoir la Maison Clinton et la Maison Obama.

Biden lui-même était manifestement un vice-président d’Obama ayant effectué deux mandats. Ses deux chefs de cabinet, Ron Klain et Jeff Zients, ont eux aussi été nommés par Obama. (…)

Le contingent d’Hillary est en charge de la politique étrangère, moins depuis le licenciement de Victoria Nuland à la suite du fiasco de la contre-offensive Ukraine 2023. Jake Sullivan, l’autre principal agent d’Hillary en matière de politique étrangère, se fait lui aussi beaucoup plus discret ces jours-ci, pour la même raison. Avec deux grands fiascos de politique étrangère à son actif – Benghazi et l’Ukraine -, la carrière d’Hillary en tant que faucon de la Beltway pourrait bien être menacée.

La guerre en Ukraine était la principale mission de l’administration Biden, qui l’a spectaculairement bâclée. L’ambassade américaine à Kiev, qui contrôle totalement le régime de Maïdan qu’elle a installé au pouvoir, est bien entendu entièrement loyale à la Maison Clinton. L’armée américaine et la CIA, qui devraient normalement travailler avec l’ambassade américaine pour déstabiliser et changer le régime du pays cible, ont gardé leurs distances par rapport à cet imprudent « boxeur d’ours » aux portes de la Russie, craignant des pertes disproportionnées dans une guerre où la Russie bénéficie de l’avantage du terrain et où l’OTAN souffre de ne plus savoir comment faire la guerre, après avoir passé plus de deux décennies à bombarder des fêtes de mariage et à esquiver des engins explosifs improvisés

Hillary Clinton veut vendre des armes et doit s’appuyer sur le MI6 britannique

Nous commençons à voir qu’il y a eu, par conséquent, plusieurs clans s’affrontant, en désaccord sur la stratégie à mettre en oeuvre en Ukraine. Il s’est agi de la CIA, du clan Obama, du clan Clinton et…du Pentagone. Suivons toujours Agit Papdakis:

Cependant, Hillary, en tant que représentante-en-chef du complexe militaro-industriel, avait besoin d’une force militaire et d’un accès aux satellites d’espionnage et aux spécialistes de la CIA pour mener à bien sa guerre, et le « perdant » Lloyd Austin, malgré sa fidélité à Raytheon, n’était tout simplement pas à la hauteur, incapable de surmonter les tergiversations des chefs d’état-major. S’il ne tenait qu’à eux, aucun char ou chasseur n’aurait jamais été envoyé en Ukraine, afin de ne pas épuiser les stocks limités de l’OTAN pour une guerre ingagnable.

Incapable d’obtenir ce qu’elle voulait du Pentagone, Hillary a activé sa British Connection qui l’avait si bien servie lors du Russiagate, lorsque d’anciens chefs et agents du Mi6 avaient fabriqué des preuves et fait pression sur des témoins pour qu’ils témoignent contre son ennemi Donald Trump. Derrière elle se trouvait la puissance du complexe militaro-industriel américain, qui offrait une bouée de sauvetage au complexe britannique en difficulté si les militaires et les agents de renseignement britanniques se jetaient à la mer et brouillaient les choses en Ukraine en vue d’obtenir la participation directe de l’OTAN à la guerre. (…)

On comprend donc qu’Hillary Clinton était à la pointe du bellicisme en Ukraine. En revanche, le Pentagone et la CIA se méfiait de l’activisme du State Department, resté acquis aux vues de Madame Clinton. Alors, pour tâcher de jeter de l’huile sur le feu en Ukraine, cette dernière se tournait vers les autres membres des 5 Eyes (les cinq services de renseignement des pays anglo-saxons: Australie; Canada, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Nouvelle-Zélande, ), principalement le Royaume-Uni. 

Comment Obama a neutralisé l’activisme belliqueux d’Hillary Clinton

L’opposition entre Hillary Clinton et Obama remonte à l’époque où elle était Secrétaire d’Etat et lui se trouvait à la Maison Blanche. Continuons à suivre Agit Papdakis:

“[Madame Clinton] a (…) soutenu à 100 % l’armement des djihadistes en Syrie, alors qu’Obama s’est toujours montré sceptique et a finalement mis fin au programme. En défendant une ligne djihadiste ligne jihadiste, en Libye et en Syrie, qui lui a finalement explosé au visage avec le désastre de Benghazi en 2013, [Hillary Clinton a raté] un second mandat en tant que secrétaire d’État d’Obama. Pour dire les choses crûment, elle a été virée. Elle était à la Maison Blanche lorsque les djihadistes tuaient des gens dans son « ambassade » de la CIA à Benghazi à Noël et elle n’y était plus lorsque Obama a entamé son deuxième mandat en janvier.

Obama est un homme de la CIA. Sa mère était un agent de terrain de la CIA, ses pères étaient des agents de la CIA, et il a lui-même travaillé à la Business International Corporation à Manhattan. Pour ceux que cela intéresse, le livre de Wayne Madsen contient bien d’autres informations. Pourquoi les intérêts de la CIA seraient-ils différents de ceux du complexe militaro-industriel, qui constitue prétendument le fondement de la puissance américaine ? Ou bien la querelle Obama-Hillary est-elle simplement due au fait qu’elle a fait tuer un groupe d’agents de la CIA à Benghazi ?

En fait, c’est beaucoup plus profond. À l’époque grisante de la guerre froide, la stratégie militaire américaine était élaborée par les experts de la RAND Corporation, approuvée par le Pentagone, puis traduite en contrats d’approvisionnement. Les choses ont changé lorsque les fabricants d’armes ont décidé qu’ils pourraient gagner plus d’argent en s’achetant directement des généraux du Pentagone, des membres de la commission des services armés du Sénat, ainsi que divers politiciens et groupes de réflexion liés au secteur de la sécurité nationale. C’est ainsi que le complexe militaro-industriel a commencé à élaborer sa propre stratégie militaire et à rédiger ses propres projets de loi sur les marchés publics. Aujourd’hui, les hommes politiques sont en concurrence les uns avec les autres pour figurer dans le top 10 du retour sur investissement des actifs politiques des fabricants d’armes américains.

C’est peut-être un moyen d’augmenter les profits de l’industrie de la guerre et le cours des actions, mais ce n’est pas une façon de diriger un pays ou de maintenir l’hégémonie mondiale des États-Unis. C’est pourquoi la CIA s’oppose aux comptables de l’industrie de la guerre lorsque les intérêts nationaux des États-Unis entrent en conflit avec les intérêts de leurs actionnaires.

La guerre en Ukraine a été le théâtre d’un tel conflit interne à Washington. [Les marchands d’armes] a fait des affaires fantastiques avec la destruction de deux armées [ukrainiennes] entières équipées de plates-formes de l’ère soviétique, dont le deuxième lot a dû être obtenu auprès de pays tiers avec la promesse de les remplacer par des équipements fabriqués aux États-Unis. Une troisième armée “banderiste”, équipée cette fois de plates-formes d’armes de l’OTAN, a été déployée l’année dernière et est en train d’être réduite à néant à l’heure où nous parlons. Ce nouveau lot d’équipements de l’OTAN a été retiré des stocks en service actif, générant des milliers de contrats de remplacement, ainsi que la perte de parts de marché des fabricants d’armes de l’UE au profit des États-Unis – en particulier Lockheed, qui a reçu de nouvelles commandes de la Grèce, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, du Canada et d’autres pays, à la fois pour remplacer les stocks transférés à Kiev et à la suite des décisions des pays de l’OTAN d’augmenter les dépenses de défense en raison de la « menace russe ».

La nécessité de fournir aux Ukrainiens et aux israéliens les armes et les munitions dont ils avaient besoin pour poursuivre leurs projets (…) a sérieusement épuisé les stocks d’armes de l’OTAN, que le mode de production capitaliste de l’OTAN empêchait de reconstituer rapidement, par peur que les capitalistes ne se trouvent dans l’incapacité de rentabiliser les investissements supplémentaires qu’ils auraient dû faire si les guerres s’étaient terminées de manière prématurée.

Comme si cela ne suffisait pas, la Maison Clinton et ses alliés britanniques n’ont cessé d’organiser des provocations violant les lignes rouges de Moscou afin de pousser la Russie à riposter directement contre l’OTAN. Tout comme Israël provoque le Hezbollah et l’Iran pour déclencher une guerre générale qui forcerait les États-Unis à intervenir, Hillary et ses amis britanniques ont également provoqué l’ours russe pour qu’il s’en prenne à l’OTAN et entraîne les États-Unis dans une guerre qu’ils n’étaient pas en mesure de mener.

Jusqu’à présent, le danger posé par les dangereuses manœuvres d’Hillary et des Britanniques a été contenu par des interventions russes adroites et par des appels téléphoniques occasionnels entre les chefs des services d’espionnage des deux pays. Toutefois, cela n’a en rien atténué la crise de leadership au sein de l’administration américaine, qui a éclaté au grand jour dans la question de donner ou pas l’autorisation à l’Ukraine de frapper en profondeur le territoire russe avec des missiles américains, britanniques ou français.

La question des frappes en profondeurs sur la Russie: comment “l’Etat profond” a tranché

Quand on relit les contributions médiatiques, même sérieuses, de ces dernières semaines sur le débat concernant l’autorisation qui serait donner à l’Ukraine de frapper en profondeur la Russie, on observe que tout est interprété comme la réussite ou l’échec d’une pression exercée par les Ukrainiens sur l’administration Biden.

En fait, c’est passer à côté du fait essentiel: à la Maison Blanche, on se soucie peu des états d’âme de Zelensky et de son entourage. S’il faut remplacer Zelensky, y compris violemment, cela sera fait sans aucune hésitation.

Il y a en revanche une lutte internes aux factions qui composent l’administration Biden. Le Pentagone, nous l’avons déjà dit, sait que l’armement nucléaire américain est trop vétuste pour s’engager dans un bras de fer crédible avec la Russie. Or tout tir “américain” (les Ukrainiens ne sont pas en mesure d’actionner les missiles concernés seuls) conduirait – Vladimir Poutine vient de le faire savoir clairement – à d’éventuelles représailles nucléaires russes. Le clan Obama et la CIA se rangent naturellement du côté du Pentagone sur ce sujet, contre Hillary Clinton.

Laissons par conséquent le mot de la fin à Agit Papdakis:

Il semble qu’à l’approche de la fin de la guerre et de cette administration corrompue et désordonnée, la Maison Obama soit en pleine ascension alors que la Maison Clinton est frappée une claque après l’autre, ébranlée par un nouvel échec massif de la guerre qu’elle a défendue avec tant d’acharnement et pendant si longtemps

Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2024/09/26/qui-donc-a-gouverne-les-etats-unis-depuis-quatre-ans-derriere-lhomme-de-paille-biden/?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.