Pour les experts chargés de la surveillance des tempêtes solaires, le spectacle de la semaine dernière en Europe était peu séduisant et ses causes toujours menaçantes.
Normalement limitées aux latitudes élevées, des aurores boréales et australes ont récemment ébloui un grand nombre de Terriens, même les Suisses. Mais pour ceux chargés de la protection des installations terrestres vulnérables aux tempêtes solaires, le spectacle était moins séduisant et ses causes toujours menaçantes. «Nous devons comprendre qu’il y a un danger derrière cette beauté», explique Quentin Verspieren, coordinateur du programme de sécurité à l’Agence spatiale européenne (ESA).
Même son de cloche chez Mike Bettwy, du Centre américain de prévision de météo de l’espace, plutôt «concentré sur les impacts potentiellement nuisibles» des tempêtes solaires. A l’origine des aurores boréales, elles peuvent aussi griller des réseaux électriques et des satellites ou exposer des astronautes à des radiations dangereuses.
Les aurores boréales apparues les 11 et 12 mai ont été causées par le plus puissant orage géomagnétique depuis les «orages d’Halloween», en octobre 2003, qui avaient provoqué des pannes de courant en Suède et endommagé des réseaux en Afrique du Sud. Cette fois, les dommages ont apparemment été moindres, même s’il faudra quelques semaines ou mois avant que les sociétés de satellite ne révèlent d’éventuels dégâts.
«Absolument pas terminée»
Les orages géomagnétiques surviennent quand des flux de particules chargées électriquement sont expulsés depuis la surface du Soleil et atteignent la magnétosphère, le champ magnétique terrestre. Ces flux de particules sont particulièrement intenses lors des éjections de masse coronale, des éruptions très fortes survenant à proximité des taches solaires. Comme celle à l’origine des derniers événements et d’une éruption particulièrement forte mardi dernier.
Avec la rotation du Soleil, cette tache se trouve près de la tranche de l’astre, déviant d’autant les flux de particules d’éventuelles éruptions. Mais d’ici environ deux semaines, elle se retrouvera à nouveau face à la Terre. Et dans l’intervalle, une nouvelle tache «est en train d’apparaitre maintenant», et pourrait entrainer «une intense activité dans les prochains jours», dit Alexi Glover, coordinateur de la météo spatiale à l’ESA.
L’activité solaire est «tout sauf terminée», selon cet expert, même s’il est difficile de prévoir la sévérité d’éventuelles éruptions ou si elles provoqueront des aurores boréales. Les astronomes savent seulement que le Soleil approche un pic d’activité dans son cycle de onze ans. Les risques d’un nouvel orage géomagnétique sont donc au plus haut «entre maintenant et la fin de l’année prochaine», selon Mike Bettwy.
Quelles menaces?
Les orages géomagnétiques créent une charge électrique qui grille les circuits des satellites et surcharge les réseaux d’électricité. Les astronautes sont particulièrement à risque de doses élevées de radiations, avec la possibilité de s’en protéger dans une zone spéciale de la station spatiale internationale.
Les radiations accompagnant un orage géomagnétique peuvent aussi potentiellement «traverser le fuselage» d’un avion de ligne près du pôle Nord, selon Mike Bettwy. Les compagnies aériennes modifient parfois les trajets de leurs appareils en cas d’orage extrême.
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