09 avril 2024

En route vers le meilleur des mondes

Celui qui s’astreint à lire mon billet hebdomadaire sur ce support a dû remarquer depuis longtemps que je souffrais d’une fascination certaine pour cette étrange entité qu’est la monnaie.

En effet, et depuis le début de ma carrière, j’essaye de comprendre pourquoi elle a de la valeur, alors qu’elle ne coûte rien à produire, comment et par qui elle est créée, ce qui se passe quand celui qui a la charge de la création en crée trop ou pas assez…  et sur toutes ces questions, je n’ai qu’une chose à dire, merci Milton Friedman…

Et donc, comme ceux qui ont la charge de cette création en ont vraiment créé beaucoup depuis que Draghi a détruit la Bundesbank (2012), je suis arrivé à quelques conclusions d’investissement sur ce qu’il ne fallait PAS avoir dans son portefeuille.

En fidèle disciple de Jacques Rueff, j’ai remarqué que les pouvoirs publics en Europe ou aux USA avaient renoué avec leur fâcheuse habitude de créer de l’argent « ex nihilo » pour subventionner des dépenses qui ne rapportaient rien (L’inflation consiste à subventionner des investissements qui ne rapportent rien avec de l’argent qui n’existe pas. Jacques Rueff). Comme l’inflation n’est en rien une hausse des prix mais simplement une baisse de la valeur du billet dans votre poche, cela revient à dire que détenir une obligation de l’Etat Français à qui vous auriez prêté 100 e d’aujourd’hui pour être remboursé 100 e dans 10 ans était vraiment une opération idiote puisque le pouvoir d’achat de mon capital aura baissé de 50 % sur la période.

Et je suis arrivé à cette conclusion comme un grand, sans l’aide d’aucune boîte noire, ordinateur ou tableau Excel.

Depuis que je suis arrivé à cette conclusion remarquable d’originalité, un portefeuille d’obligations à 10 ans émises par le Trésor[1] Français a baissé de 25 % tandis que des obligations de même duration émises par le gouvernement Chinois sont montées de 25 % en euro.

J’ai certes honte d’être un mauvais Français, mais cette honte est tempérée par la certitude que ceux qui devraient aller se cacher sont messieurs Sarkozy, Hollande, Lemaire, Tricher Draghi et autres madame Lagarde, et pas moi, qui n’ait fait qu’essayer de protéger mes chers lecteurs de l’IDL contre l’incompétence abyssale des sus mentionnés.

Le but était bien sûr de procéder à l’euthanasie du rentier.

Et si j’en juge par les récentes lois qui sont passées au Parlement, on va passer de l’euthanasie financière à l’euthanasie réelle

Apparemment, d’abord il faut ruiner les vieux, (ce qui est en bonne voie) pour ensuite leur faire une piqûre miséricordieuse de façon à leur éviter une vieillesse dans la pauvreté. En espérant bien entendu qu’ils seront les premiers à réclamer, avec une dignité de bon aloi, la fin de leur misère. C’est en tout cas ce que préconise monsieur Attali.

De façon à s’assurer de l’extinction des inutiles, les caisses de retraites existantes ne seront pas nationalisées mais régulées.

Ainsi, tout versement sera réparti entre trois investissements (c’est déjà quasiment le cas) :

  • La moitié ira aux obligations d’état, officiellement placement sans risques et dans la réalité un certificat de confiscation.
  • Quarante pour cent ira à des investissements dans les sociétés produisant des moulins à vent et des miroirs magiques.
  • Et dix pour cent à des logements sociaux destinés à des travailleurs immigrés en situation irrégulière bien incapables de payer quoique ce soit, mais il s’agit de faire œuvre humanitaire et non pas de gagner de l’argent sur le dos de la misère du monde. Curieusement, ceux qui bâtissent ces logements sont souvent proches des hommes politiques au pouvoir, et eux gagnent de l’argent.

La valeur des retraites versées va donc s’écrouler, ce qui favorise la disparition des inutiles.

La première étape était donc de se débarrasser de ceux qui ne produisent plus rien en les empêchant de se constituer une épargne qui leur permettrait de vivre dignement pendant leur vieillesse, entourés de l’affection des leurs.

 Ce but est en voie d’accomplissement.

Il est temps de passer au deuxième stade vers un monde meilleur.

Apres avoir empêché les anciens de se constituer une épargne, il faut ensuite aider ceux qui contribuent au PIB à dépenser leur argent de façon socialement utile.

Pour cela, il faut créer une monnaie numérique.

Voici le projet.

J’ai un compte à la Société Générale qui est alimenté par le produit de mon travail et de mes nombreuses turpitudes dans les marchés financiers.

La première mesure prise sera d’interdire le cash pour empêcher les trafics de drogue et une grande partie de la criminalité. Bien entendu, et comme le disait Goebbels : « si vous ne faites rien de mal, vous n’avez rien à craindre. »

Me voilà rassuré.

Ce premier pas franchi, un compte miroir de mon compte à la SocGen sera établi à la Banque de France, qui sera mis à jour chaque fois que je ferai une dépense sur ma carte de crédit, en temps réel.

Voilà qui permettra un heureux contrôle de mes dépenses et de mes revenus,

Imaginons que le gouvernement ait du mal à boucler ses fins de mois.

Aucun problème, un ordre est donné  à la BDF  et les dépôts des Français sont transformés en obligations françaises que vous ne pouvez pas vendre, ce qui freinera heureusement votre consommation qui avait tendance à être excessive

Mais le gouvernement pourra agir plus finement.

Prenons un premier exemple.

Je décide d’aller aux USA pour rendre visite à mes petits-enfants. Quand je prends mon billet, le paiement est refusé car les statistiques tenues à la BDF sur mes dépenses passées montrent que j’y suis déjà allé trois fois dans l’année. J’ai donc consommé, et au-delà, mon quota carbone. Heureusement, je peux acheter, en passant par le bureau spécialisé du Trésor, un ticket carbone, ce qui me coûtera cinq fois le prix de mon billet. Ceux qui verraient là un impôt injuste mis sur ma liberté de voyager ne comprennent pas que sauver la Planète entraîne nécessairement certains sacrifices et sont tout simplement d’horribles égoïstes qui ne méritent pas de voyager.

Et pour ceux qui ne peuvent pas acheter le ticket carbone libératoire, ils n’ont qu’à apprendre à faire de la voile, ce qui ravira Greta, ou à travailler dans des sociétés utiles socialement comme un fabricant d’armes ou à l’Élysée.

Autre possibilité.

J’aime beaucoup les côtes de bœuf et je vais en acheter une chez mon boucher. Achat refusé par la BDF, au prétexte que c’est la troisième fois en un mois et que les vaches et les bœufs pétent, ce qui force à limiter la production de viande puisque leurs pets sont lourdement chargés en CO2.

Je me rabats sur un ragoût de sauterelles dont le boucher me dit le plus grand bien.

Le lecteur voit bien que grâce à un tel système, ceux qui nous dirigent pourront  m’orienter vers des consommations citoyennes et non plus égoïstes et irréfléchies.

Et de la même façon, s’il vous prenait l’envie saugrenue d’acheter dans un kiosque le dernier numéro de Causeur,  ou le dernier livre de Charles Gave, votre employeur en serait immédiatement informé et votre carrière arrêterait de compter des mouvements heureux vers de meilleurs revenus.

Dans cet esprit, les banques ont reçu l’instruction de cesser de prêter aux sociétés impliquées dans la recherche de carburants fossiles, ce qui amène à des pénuries et à des hausses de prix.

Aucun problème, nous allons passer au nucléaire.

Hélas, d’abord, une grosse partie de la production mondiale de ce métal a lieu en Russie (que nos dirigeants n’aiment pas) et ensuite, la construction de nouvelles centrales prendra au moins 10 ans.

Pendant cette période, il va falloir se contenter des moulins à  vent et des miroirs magiques et donc consommer beaucoup moins. Et comme la relation entre le niveau de vie et la consommation d’énergie est de 1 à 1, cela veut dire que notre niveau de vie va beaucoup baisser et que nombre de nos libertés vont disparaître.

On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs…

En réalité, nous sommes de retour en Union Soviétique et il va falloir bâtir un mur pour empêcher les citoyens Français de filer en Russie.

Si j’étais le lecteur, je transférerais mes actifs dans des banques Suisse, Norvégiennes ou Singapouriennes, je garderai le minimum de cash en France, j’achèterai quelques Napoléons à enterrer sous le pommier, au fond du jardin, à gauche, j’achèterai aussi un bitcoin à tout hasard et je me renseignerai sur le prix de l’immobilier à l’Ile Maurice.

Et je ne changerai rien au portefeuille IDL.

[1] Jamais compris pourquoi cela s’appelle le Trésor Français.

Les Obligations Françaises devraient être émises par une institution qui s’appellerait la Caisse de Financement de l’euthanasie.

Charles Gave

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