Le fabricant suisse de panneaux solaires Meyer Burger fermera son usine de Freiberg pour se concentrer sur ses sites de production américains — un coup dur pour l’UE, qui voit sa capacité globale de production de panneaux solaires réduite d’environ 10 %.
Après une chute de 90 % du cours de ses actions à la suite d’une reprise éphémère en 2018 et de plusieurs années de pertes, l’entreprise suisse fermera ses usines en Allemagne à partir du mois de mars, les actionnaires de la société imputant les difficultés de l’entreprise à la concurrence chinoise et à l’absence de mesures de protection en Europe.
« L’absence de protection européenne contre la concurrence déloyale de la Chine met en péril près de quatre années de travail acharné de la part d’employés exceptionnels en Europe », a déclaré vendredi (23 février) le conseil d’administration de Sentis, principal actionnaire de l’entreprise, dans un communiqué.
Les appels lancés en janvier par l’entreprise au gouvernement pour qu’il lui accorde des subventions avant la mi-février sont restés sans réponse, ce qui a motivé la délocalisation outre-Atlantique.
Meyer Burger, le plus grand producteur de panneaux solaires en Allemagne, emploie quelque 500 personnes dans son usine d’assemblage de Freiberg en Saxe. L’entreprise faisait partie de la « Silicon Saxony », un élément important dans cette région à la traîne sur le plan économique.
L’usine a produit en 2023 des modules pour une capacité totale de 650 millions de watts (MW), soit environ 5 % de la capacité installée en Allemagne, mais l’entreprise n’a pas été en mesure de vendre tous ses produits. À titre de comparaison, environ 56 gigawatts (GW) de capacités solaires ont été installés l’année dernière en Europe, tandis que la capacité de production totale de l’Europe s’élève à 6 GW.
À Berlin, les discussions politiques sur un ensemble de mesures destinées aux producteurs nationaux d’énergie solaire — appelé « paquet solaire I » — sont bloquées par l’absence d’accord au sein du gouvernement tripartite. Il est peu probable que le gouvernement parvienne à un accord avant la fin du mois de mars.
L’entreprise suisse est donc en train de s’installer aux États-Unis et de lever jusqu’à 250 millions de francs suisses (262 millions d’euros) pour financer ses nouveaux sites de production dans le Colorado et l’Arizona. Elle s’attend à recevoir 1,4 milliard d’euros de crédits d’impôt au titre de la loi américaine sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act), principal outil de soutien aux technologies dans le pays.
« En outre, le fait de nous concentrer davantage sur nos activités aux États-Unis nous rend indépendants des décisions politiques prises en Europe », a déclaré Gunter Erfurt, PDG de l’entreprise.
Bruxelles trop lente
L’outil dont dispose l’Union européenne pour garantir la pérennité des entreprises comme Meyer Burger, le règlement pour une industrie « zéro net » (NZIA), a été adopté début février, mais sa mise en œuvre devrait prendre plusieurs années.
Cette législation donnera à l’industrie une perspective à long terme en lui permettant d’être compétitive sur des critères autres que le prix, où les producteurs chinois sont difficiles à battre. En revanche, le NZIA permettra aux États membres de l’UE d’attribuer 30 % des capacités mises aux enchères à des producteurs nationaux.
Étant donné que l’application de cette nouvelle loi européenne n’interviendra pas avant 2025, les perspectives à court terme de l’industrie solaire sont de plus en plus moroses.
Le NZIA « ne supprime pas la nécessité d’une aide d’urgence. Les fabricants n’ont plus que quelques semaines de survie, cette situation d’urgence nécessite une action urgente de la part de l’UE et des autorités nationales », a déclaré l’association industrielle SolarPower Europe le 6 février.
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