L’état post-Covid (PCC) ou Covid long, qui se traduit par la persistance des symptômes du Covid- 19 durant plus de 4 semaines après l’infection par le SRAS-CoV-2 touche de nombreuses personnes. Le Covid long, pèse lourdement sur les systèmes de santé, selon l’ONS ou Bureau de la statistique nationale, 1,9 million de cas ont déclarés au Royaume-Uni en mars 2023. La fatigue demeure le symptôme prédominant. Une étude menée pendant plus de 2,5 ans par les chercheurs de l’Université de Cambridge a identifié l’IFN-γ comme biomarqueur potentiel du COVID long, offrant des pistes thérapeutiques. Le SRAS-CoV-2, moteur de la production d’IFN-γ, une protéine associée à la fatigue et aux douleurs musculaires, suscite une révélation cruciale : chez les patients atteints de Long COVID, l’IFN-γ persiste jusqu’à l’amélioration des symptômes, offrant un potentiel biomarqueur et une cible thérapeutique.
La libération spontanée d’IFN-γ est déclenchée par l’infection par le SRAS-CoV-2 et ne parvient pas à revenir au niveau de base chez les patients ayant reçu un diagnostic de Covid long.(A à C) Des PBMC ont été isolés à partir du sang de donneurs non exposés de contrôle négatif (rouge, n = 54), de patients diagnostiqués avec un Covid long (bordeaux, n = 87) et de donneurs de contrôle positif confirmés par RT-qPCR 28, 90 ou 180 jours après le test PCR (cyan, n = 51 ; vert, n = 20 ; bleu, n = 40). Ces PBMC n’ont pas été stimulés avec des peptides ex vivo. Après 48 heures d’incubation, la libération d’IFN-γ a été mesurée par le test FluoroSpot en unités formatrices de spot (SFU) par million de PBMCs. Chaque point représente la moyenne d’un seul donneur, les échantillons ayant été analysés en double, et les résultats nuls ont été fixés à 0,1 pour permettre leur inclusion sur une échelle logarithmique. L.O.D., limite de détection.
L’OMS (Organisation mondiale de la santé) définit le Covid long comme la persistance des symptômes ou l’apparition de nouveaux symptômes trois mois après la première infection au Covid-19. La maladie peut durer deux mois ou plus. On parle de Covid long, un terme générique qui désigne une infection prolongée au Covid. Même si le virus n’est plus détectable dans l’organisme, le corps continue à présenter différents symptômes tels que la fatigue, l’épuisement, des difficultés respiratoires et de concentration, des maux de tête, la dépression, de la fièvre récurrente. Une nouvelle étude publiée dans Science Advance a identifié des facteurs qui prédisposent au Covid long. Cette étude menée par l’Université de Cambridge identifie la protéine interféron gamma (IFN-γ) comme un biomarqueur potentiel de la fatigue liée au COVID long. L’infection initiale par le SRAS-CoV-2 induit la production d’IFN-γ, réaction immunitaire normale. Si la disparition de l’infection marque la fin des symptômes pour la plupart, des niveaux élevés d’IFN-γ persistent chez certains patients atteints de Long COVID jusqu’à 31 mois.
Une nouvelle découverte sur le Covid long
En 2020, le Dr Nyarie Sithole a décidé d’installer une clinique dédiée spécialement au traitement du Covid long à l’hôpital Addenbrooke de Cambridge. Avec l’aide des chercheurs du département de médecine de l’Université de Cambridge, le Dr Benjamin Krishna et le Dr Mark Wills, il a commencé à lancer une étude sur cette pathologie. A l’époque, les gens ne croyaient même pas à l’existence de cette pathologie.
Les chercheurs ont alors réalisé la recherche sur 111 patients atteints du Covid-19, admis à l’hôpital CUH d’Addenbrooke, à l’hôpital Royal Papworth et aux fiducies de la Fondation NHS de Cambridge et Peterborough. Le Dr Sithole a d’ailleurs remercié ces personnes qui se sont portées volontaires.
Concernant le déroulement de la recherche, les chercheurs ont d’abord collecté des échantillons de sang de patients à 28, 90 et 180 jours après l’apparition des symptômes. Ils ont réalisé la même démarche auprès de 55 patients atteints de Covid long entre août 2020 et juillet 2021 qui ont fréquenté la clinique d’Addenbrooke. L’équipe a étudié les échantillons de sang pour rechercher des signes de cytokines, des protéines indispensables au fonctionnement des cellules du système immunitaire et des cellules sanguines.
Au cours de cette étude, les chercheurs ont fait une grande découverte. En effet, ils ont constaté qu’une infection par le SRAS-CoV-2 déclenche la production de l’IFN-γ ou interféron gamma par les globules blancs et cela a tendance à persister chez les personnes atteintes du Covid long.
L’IFN-γ comme biomarqueur et piste thérapeutique
La production de l’interféron gamma est une réaction normale du système immunitaire après une infection initiale par le SRAS-CoV-2. Mais en général, elle s’arrête lorsque l’infection disparaît. Les chercheurs ont découvert que les patients qui souffrent de Covid long présentaient un niveau élevé d’IFN-γ. La production de cette protéine antivirale continue jusqu’à ce que les symptômes disparaissent.
Notons que l’interféron gamma est associé à la fatigue, à la dépression et aux douleurs musculaires. Les chercheurs pensent qu’il pourrait être un biomarqueur potentiel. Le Dr Krishna a déclaré qu’on pourrait l’utiliser pour diagnostiquer le Covid Long. Sa présence confirmera l’existence de la maladie. Il est aussi possible d’utiliser l’interféron gamma dans le développement de nouvelles thérapies. En effet, il intervient dans la régulation de la réponse du corps aux agents pathogènes.
Notons que l’IFN-γ a été utilisé cliniquement pour traiter les personnes souffrant d’une maladie génétique appelée granulomatose chronique. Ces patients présentent un risque élevé de développer des infections bactériennes et fongiques dangereuses. L’interféron gamma servait à atténuer les infections.
Notons que lors de cette étude, les chercheurs ont réalisé des « tests d’appauvrissement cellulaire ». Ils ont alors identifié des cellules responsables de la production de l’interféron gamma. Ce sont des cellules immunitaires nommées lymphocytes T CD8. Mais selon les experts, elles ont besoin d’un contact avec un autre type de cellules immunitaires, dont les monocytes CD14.
L’équipe de l’Université de Cambridge a suivi les patients de Covid long jusqu’à 31 mois après l’infection. Ils ont constaté que plus de 60% d’entre eux ont vu leurs symptômes disparaître. En même temps, le niveau d’interféron gamma dans leur corps a baissé, ce qui constitue une preuve irréfutable des liens entre cette protéine antivirale et le Covid long.
« Nous avons découvert un mécanisme potentiel sous-jacent au Long COVID qui pourrait représenter un biomarqueur, c’est-à-dire une signature révélatrice de la maladie. Nous espérons que cela pourrait contribuer à ouvrir la voie au développement de thérapies et à donner à certains patients un diagnostic ferme. »
M. Benjamin Krishna, co-auteur du Cambridge Institute of Therapeutic Immunology & Infectious Disease (CITIID)
En France, Santé Publique France a recensé environ 2 millions de personnes présentant une affection post-Covid-19 fin 2022.
Source
"Une protéine associée à la fatigue et aux douleurs musculaires" : Piste pour la fibromyalgie aussi ?
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