Le programme F-35 n’a guère progressé en 2022, alors qu’il se dirige en claudiquant vers une décision de mise en production en série, selon les informations livrées par le directeur des tests du Pentagone. Les concepteurs n’ont corrigé qu’une poignée des problèmes identifiés au sein des rapports précédents, et ne parviennent toujours pas à terminer un simulateur de test crucial pour la réussite du programme.
Au cours des mois de février des sept années passées, j’ai travaillé à produire des analyses longues et détaillées sur le sujet du F-35 en prenant comme source le rapport annuel du bureau de tests du Pentagone, du Bureau Dirigeant les Tests et Évaluations opérationnels. Je ne vais pas remettre le couvert cette année, car il n’existe que peu d’éléments nouveaux à analyser.
Il s’agit en soi d’une information capitale. Le programme F-35 devrait avancer à grands pas après presque 22 années de développement. Nous aurions d’ores et déjà dû apprendre que les ingénieurs appliquent des correctifs aux dernières failles de conception, alors que le programme approche de la fin des tests opérationnels, et d’une décision de mise en production en série.
Au lieu de cela, le bureau de tests indique que le programme continue d’être perclus de failles de conception : « le nombre total de déficiences ouvertes n’a pas diminué de manière significative« depuis la fin de la phase de développement officielle du programme, il y a presque cinq années. Le bureau de tests n’a pas énoncé le nombre total de failles de conception sans correction, mais Bloomberg a rapporté début février que le programme présente encore 831 déficiences non résolues, en légère baisse par rapport aux 864 début 2022.
Les dirigeants n’ont toujours pas terminé l’Environnement de Simulation Conjoint, le simulateur nécessaire à effectuer correctement les tests pour les fonctions les plus complexes du F-35. Si le simulateur est jamais achevé (et après sept années de développement, on peut s’interroger sur la capacité des dirigeants à jamais élucider tous les problèmes logiciels), il sera utilisé pour mener les 64 missions de test pour établir si le F-35 est en mesure d’opérer dans l’espace aérien que l’on peut attendre de la part d’un adversaire de la taille des États-Unis. Le bureau des tests rapporte que les dirigeants du programme F-35 estiment que la validation et les vérifications du logiciel de simulation seront terminées à temps pour mener les tests au mois d’août 2023, mais prennent la peine d’ajouter que les concepteurs vont probablement découvrir de nouveaux problèmes de nature à créer « de nouvelles pressions sur le calendrier. » Pour qui comprend le langage employé au sein du Pentagone, il est clair que le processus de tests ne sera sans doute pas terminé en 2023.
Le bureau de tests a pudiquement rapporté que le taux de disponibilité mensuel de la flotte de F-35s reste « inférieur à la valeur cible de 65 %. » Le bureau de tests ne précise pas le taux mesuré. Heureusement, d’autres agences gouvernementales ont publié cette donnée. Le Bureau du Budget du Congrès a produit un rapport au mois de février 2023 sur la disponibilité et les utilisations du F-35. Ce rapport montre que les taux de disponibilité des trois variantes du F-35 sont en moyenne légèrement supérieurs à 55 % à la fin 2022. Le taux cible du Pentagone est le taux de disponibilité pour une mission, qui est calculé en comptant les aéronefs en mesure de répondre à au moins l’une des missions pour lesquels il a été conçu. Le bureau du budget a noté, et il a raison de le faire, que les performances de la flotte sont mieux évaluées par la mesure du taux de pleine disponibilité, c’est-à-dire le pourcentage d’aéronefs en mesure de performer toutes les missions possibles. Il s’agit d’une métrique nettement plus pertinente pour un programme multi-rôles comme le F-35. Il est facile de comprendre pourquoi les dirigeants du Pentagone préfèrent avancer la métrique moins exigeante, car comme indiqué par le bureau des tests, le programme F-35 n’a atteint un taux de pleine disponibilité que d’environ 26 %.
Le programme F-35 reste le programme d’armements le plus massif et le plus cher de toute l’histoire. En dépit du temps et de l’argent investis jusqu’ici, les dirigeants du programme ne sont toujours pas en mesure de présenter des progrès même modestes sur une année de temps. Les membres du Congrès devraient dument en prendre note, surtout lorsqu’ils vont recevoir des pressions pour faire monter le nombre d’achats d’aéronefs annuels, lorsqu’ils examineront la demande de budget annuel du président.
Dan Grazier
Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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