« Il n’y a plus de Vendée ; elle est morte sous notre sabre libre avec ses femmes et ses enfants.
Je viens de l’enterrer dans les marais et les bois de Savenay…
J’ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, massacré les femmes
qui au moins pour celles-là n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas
un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé… ».
(Déclaration du général Westermann à la Convention après la bataille de Savenay).
Aujourd’hui, je vais vous parler d’un sujet qui me tient à cœur depuis des décennies, un sujet honteux, nié par les Républicains bon teint (1) et qui revient sur le devant de la scène avec la sortie du film « Vaincre ou mourir » consacré à l’épopée du Chevalier Athanase Charette de La Contrie qui fut l’un des généraux de l’« Armée Catholique et Royale », un personnage fougueux, courageux comme quatre, qui ne transigeait pas sur l’honneur et le faisait avec panache.
Les cris d’orfraie d’une presse, de gauche à 90%, et l’omerta des médias radiophoniques ou télévisuels m’incitaient à aller voir ce film. Je ne l’ai pas regretté, il est remarquable !
Je n’ai pas le souvenir d’avoir entendu parler des guerres de Vendée durant mes études, sinon très sommairement. Plus tard, j’ai lu « La Vendée en armes » de Jean-François Chiappe (2) puis, en 1989, l’année du bicentenaire de la funeste Révolution française, j’ai adhéré à « l’anti 89 », un mouvement éphémère, fondé par François Brigneau et André Figueras, pour dénoncer les crimes de cette époque trouble. Brigneau était, comme Jean-Marie Le Pen, un menhir breton qui parlait fort ; André Figueras était, lui, une belle intelligence aussi confuse que ses écrits. L’un et l’autre battaient l’estrade en racontant – souvent devant des rombières effarouchées – les horreurs commises par La Terreur ou les massacres des guerres de Vendée. Depuis cette époque, j’ai écrit de nombreux articles sur la « Vendée militaire », et j’ai lu des dizaines de livres sur le sujet, dont « Le Roman de Charette », (3) de Philippe de Villiers à qui l’on doit, entre autres, la magnifique « cinéscénie » du Puy du Fou.
Tant pis si je fais hurler les ignares, les imbéciles ou les menteurs qui idéalisent la Révolution, mais la Vendée, c’est l’histoire d’un « populicide » bien de chez nous, mais que nos manuels d’histoire ont volontairement occulté pour ne pas ternir le roman national bâti autour de la Révolution.
« Populicide » (de populus, le peuple) désigne ce qui tue le peuple. Le mot apparaît pour la première fois en 1794, pendant la Convention, sous la plume de Gracchus Babeuf qui l’utilise dans son pamphlet « Du système de dépopulation ou la vie et les crimes de Carrier ». Par ce terme, Babeuf dénonce les horreurs commises par Jean-Baptiste Carrier, missionné par la Convention à Nantes.
Ce terme est repris aujourd’hui par plusieurs historiens pour décrire cette page tragique, honteuse, monstrueuse, de notre histoire.
MAIS REVENONS AU DÉCLENCHEMENT DU SOULÈVEMENT VENDÉEN.
Le point de départ de l’insurrection n’est pas, comme on le lit trop souvent, la seule mort de Louis XVI. C’est, en réalité, la conjonction de quatre facteurs : la Constitution civile du clergé, la mort du Roi, la conscription et… la faim, qui ont poussé les Vendéens à prendre les armes.
Au départ, l’insurrection était essentiellement populaire, ou plus exactement, paysanne, mais très rapidement les Vendéens allèrent demander à leurs seigneurs de prendre le commandement des troupes. Il faut, là encore, rectifier un cliché qui a la vie dure: l’émeute est partie de la base et non d’une aristocratie royaliste en mal de revanche. Ses premiers chefs étaient des roturiers:
Un garde-chasse, Stofflet dit « Mistouflet »; un maçon: Cathelineau ; Jean Cottereau, dit « Jean Chouan », était braconnier et faux-saunier. Les aristocrates, les hobereaux locaux, sont arrivés après, simplement parce qu’ils connaissaient le métier des armes et savaient commander.
« Nos Messieurs se sont bien battus » disait la troupe quand leurs chefs l’avaient menée à la victoire.
Quelques auteurs ont parlé de « génocide vendéen » bien qu’il ne soit pas reconnu par les historiens. Pourtant l’épuration des populations vendéennes s’inscrit dans le prolongement de la décision prise par la Convention les 1er août et 1er octobre 1793. Le conventionnel Barère de Vieuzac a d’abord annoncé la « destruction systématique de l’habitat, des bois, des forêts, des entreprises vendéennes… ».
A peine deux mois plus tard, la Terreur décidait l’extermination de toute la population de la Vendée, y compris les femmes, « sillons reproducteurs », et les enfants, « futurs brigands », qui, s’ils survivaient pouvaient être animés d’un « désir de revanche ».
Pour exécuter ses ordres, elle avait envoyé à Nantes le représentant du peuple Jean-Baptiste Carrier. Ce dernier verra sa mission encouragée par le futur ministre de la police de Bonaparte, le Nantais Joseph Fouché qui écrira à Jean-Baptiste Carrier:
« Courage, digne Républicain !…n’oublie pas qu’il faut marcher à la liberté sur des monceaux de cadavres… ».
Le jour où l’infâme Carrier fait noyer 90 prêtres
Quelques semaines après son arrivée à Nantes, Carrier met la ville à mort. Nantes devient une cité martyre, un vaste champ d’exécutions. Les massacres succèdent aux massacres, les noyades aux noyades. Les gens sont terrorisés, les rues vides.
« Des bandes de chiens se désaltèrent dans les eaux rougies des cloaques et se repaissent des cadavres. Car l’administration ne parvient pas à suivre la cadence des bourreaux. Fusillades, noyades et guillotine n’arrivent pas davantage à vider les prisons où les détenus s’entassent dans des conditions épouvantables. Flotte sur Nantes l’odeur pestilentielle des charniers… ».
Si la ville de Nantes a été la première victime de la barbarie de Carrier, elle n’en eut pas l’exclusivité. En novembre 1793, il envoyait son bras droit, le général Hector, « écraser sans retour les malveillants » du district d’Ancenis.
Fin 1793, « l’Armée Catholique et Royale » échoue devant Angers mais continue la lutte de plus belle avec le sursaut du désespoir. Le paysan vendéen ne craint pas de mourir. Un représentant du peuple en mission constate:
« C’est un vrai fanatisme. On en exécute tous les jours et tous meurent en chantant des cantiques et en faisant leur profession de foi … ».
Pourchassés par les Bleus, les Vendéens se réfugient dans la ville du Mans.
Ils sont environ 40 000, surpris le 12 décembre par les troupes
commandées par Westermann, Marceau, Kleber. Ils résistent pendant 14
heures, sous une pluie glaciale. On s’égorge, on s’éventre, on
s’entretue, on se fusille à bout portant dans les ruelles ensanglantées.
Un officier bleu déclare :
« Parmi les cadavres, beaucoup de femmes nues que les soldats ont dépouillées et qu’ils ont tuées après les avoir violées »
Ce qui survit et arrive à s’échapper est massacré à Savenay après 10 jours de fuite éperdue et de combat. Westermann, fier de lui, pourra faire à la Convention l’envolée mise en entête de cet article :
« Il n’y a plus de Vendée; elle est morte sous notre sabre libre avec ses femmes et ses enfants.
Je viens de l’enterrer dans les marais et les bois de Savenay…
J’ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, massacré les femmes qui au moins pour celles-là n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé… ».
Westermann gagnera le surnom de « boucher de Savenay ». Sa tête finira dans le panier du « rasoir national » juste après celle de Danton, juste avant celle de Robespierre car, proche de Danton et de Camille Desmoulins, il était jugé trop modéré par le Comité de salut public. Cette époque était barbare, cette époque était criminelle, cette époque était folle !
Après la défaite de Savenay, des commissions militaires parcourent le pays: on fusille, en huit « chaînes » et sans jugement, 1893 prisonniers près d’Angers. Des centaines d’autres sont exécutés au Pont-de-Cé. A Nantes, sous l’autorité de Carrier, les « noyades » se multiplient. On coule des pontons sur lesquels sont entassés des prêtres réfractaires et des « brigands » – puisque c’est ainsi que les Bleus appellent les soldats de l’« Armée Catholique et Royale » – . On dénombre plus de 5 000 victimes des noyades de Carrier. Ailleurs, des femmes sont fondues vives pour en tirer une graisse médicinale. Près d’Angers fonctionne une tannerie de peau de Vendéens. Il est bien vu, chez certains officiers républicains, de porter une culotte en peau de Vendéen (4). On pratique aussi – ça amuse beaucoup la troupe – les « mariages républicains »: ce supplice consiste à noyer un couple, homme et femme attachés nus et jetés dans la Loire.
Tannerie de peaux humaines
Quand Carrier est rappelé à Paris, la terreur est appliquée par le général Turreau de Linières. Il crée 12 « colonnes infernales » qui font de la Vendée « un monceau de cendres arrosé de sang ».
Aux Lucs-sur-Boulogne, un exemple parmi tant d’autres, les Bleus du général Cordellier massacrent plus de 500 personnes dont 110 enfants.
Max Gallo pense que les pertes vendéennes seraient de l’ordre de 120 000 morts (5) mais d’autres auteurs – Jean-François Chiappe, Reynald Secher (6) et quelques autres, sont assez unanimes sur le chiffre – aussi impressionnant que monstrueux – de 250 à 300 000 morts. Rapportée à la population totale de la « Vendée militaire » (7), qu’on le veuille ou non, une telle boucherie peut être qualifiée de génocide. Pour s’en convaincre, citons le général Louis-Marie Turreau de Lignières, le salopard qui commandait les « colonnes infernales », en janvier 1794 :
« Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main ou soupçonnés de les avoir prises seront passés au fil de la baïonnette. On agira de même avec les femmes, filles, enfants… Les personnes seulement suspectes ne seront pas plus épargnées. Tous les villages, bouges, genêts, et tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes… ».
Ou encore le général Grignon:
« Camarades, nous entrons en pays insurgé. Je vous donne l’ordre de livrer aux flammes tout ce qui est susceptible d’être brûlé, et de passer au fil de la baïonnette tout ce que vous rencontrerez d’habitants sur votre passage… Je sais qu’il peut y avoir quelques patriotes dans ce pays ; c’est égal, nous devons tout sacrifier… ».
Terminons par cette formule de Carrier :
« Nous ferons un cimetière de ce pays plutôt que de ne pas le régénérer à notre manière… ».
Arrêtons là ce florilège de citations de grands « humanistes » (imprégnés des droits de l’homme au sein des loges maçonniques très en vogue à l’époque).
Alors, à combien de morts faut-il chiffrer ces massacres ? Il est difficile de le dire précisément. Des auteurs sérieux – y compris des auteurs de gauche comme Max Gallo, déjà cité, ou Pierre Péan (8) – font osciller les chiffres entre 120 000 et 300 000 morts. Le scénariste du film « Vaincre ou mourir » parle de 240 000 morts (200 000 tués durant les combats et 40 000 tués par les « colonnes infernales »).
La fourchette est large, certes, mais le bilan est énorme ; c’est… monstrueux !
La seule morale de cette grande boucherie est que quelques uns des assassins finiront sous le « rasoir national » ; Westermann, on l’a vu, pour avoir été jugé trop faible et Carrier trop dur !
Sur la Vendée militaire, la Marquise de la Rochejaquelein devait dire (9) :
« On s’est battu par opinion, par sentiment, par désespoir et non par calcul. On n’avait ni but ni espérance positive… Il n’y a eu, ni plans, ni complots, ni secrètes intelligences ».
Des combats désespérés et perdus d’avance ? Non, des combats pour la France éternelle, pour le « Trône et l’Autel », pour la liberté ; pas celle qu’on accole à la devise maçonnique « Liberté.Egalité.Fraternité » mais la liberté de conscience et de culte.
Les aboiements, les éructations, les beuglements des médias de gauche contre « Vaincre ou mourir » ne font que me convaincre que ce film a atteint sa cible.
Ce film parle au cœur et aux tripes, ce film est émouvant, ce film est magnifique !
Je vous invite à aller le voir, vous ne serez pas déçus, et à inciter vos amis à faire de même…
Éric de Verdelhan
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