Le « mécanisme d’endiguement de l’Iran » occidental (connu sous le nom de JCPOA) s’est paradoxalement « échoué sur les rochers » du fait du dysfonctionnement et de l’obstruction du Sénat américain.
Vous souvenez-vous de l’origine du G20 ? Le G7 s’était réduit à représenter une tranche très étroite de l’économie de l’élite financiarisée, tandis que l’économie mondiale des « choses » était devenue plus importante que l’économie occidentale monétarisée. Obama voulait attirer davantage de ces « autres » économies dans le giron des États-Unis et dans leurs « paramètres réglementaires » , et c’est ainsi que le G7 est devenu le G20.
Au fond, il s’agissait, et il s’agit toujours, de mettre en place une « coalition de volontaires » économiques dirigée par les États-Unis, contre un reste du monde non conforme (et sanctionné), c’est-à-dire d’amener une grande partie du monde à se soumettre à la tutelle du « consensus de Washington » .
Mais, de manière spectaculaire, cela ne s’est pas produit à Bali.
Non seulement le G7 n’a pas réussi à amener le G20 élargi à condamner la Russie au sujet de l’Ukraine, ou à creuser un fossé entre la Chine et la Russie, mais l’offensive manichéenne visant la Russie a produit quelque chose d’encore plus significatif pour le Moyen-Orient que la paralysie et l’absence de résultats tangibles décrites par les médias.
Elle a produit un défi ouvert à l’ordre occidental. Elle a suscité des représailles.
Les Chinois se sont opposés à chacune des tentatives de séparer la Chine de la Russie. Et la non-condamnation de la Russie a été soutenue par l’Argentine, le Brésil, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique, l’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud, la Turquie et la Russie. Oui, telle est la situation : une révolte historique contre l’opposition hégémonique binaire « avec nous ou contre nous » , au moment où la « carte » politique mondiale est en mouvement et où la ruée vers les BRICS+ s’accélère.
Pourquoi cette révolte est-elle si importante pour le Moyen-Orient ? Eh bien, tout d’abord, un tel défi – « nous ne sommes pas partie prenante de vos querelles » – est important pour tous les États et partout, y compris en Afrique et pour le Sud global. Mais pour le Moyen-Orient, elle a une signification spécifique, qui tient à la particularité d’avoir en son sein un Israël retranché.
Quelle est l’arme la plus puissante de la forteresse ? Ce n’est pas l’arme nucléaire, car, comme nous l’avons vu en Ukraine, les missiles hypersoniques russes de haute précision ont fait passer les armes nucléaires tactiques pour des éléphants patauds, transformant inutilement une forêt entière en débris dans le but d’abattre un seul cocotier difficile à atteindre.
Non, l’« arme » d‘ »Israël » est issue de la volonté d’une bonne partie des « alliés occidentaux » disparates à se conformer aux instructions de Washington et à agir comme son exécuteur.
Le fait que des États politiquement lourds, tels que la Chine, la Russie, l’Iran, la Turquie, l’Arabie saoudite et l’Inde, aient très délibérément fait un pied de nez aux menaces occidentales et à la menace de sanctions à Bali ne signifie pas la fin de la dissuasion d’« Israël » , mais peut-être le début de la fin ?
Il est difficile de surestimer l’importance de cette perte de conformité pour « Israël » . Le risque de sanctions liées à la « bombe N » du Trésor américain a été au cœur de la conformité induite de cette grosse minorité de pays. Mais aujourd’hui, la Russie, la Chine et l’Iran ont tracé une voie claire pour sortir de ce fourré épineux, grâce à des échanges commerciaux sans dollar.
La dissuasion militaire a constitué le pilier secondaire de l’architecture visant à mettre en place une coalition alliée de dépendance. Mais même celle-ci, sans avoir disparu, est amoindrie.
En substance, les missiles de croisière intelligents, les drones, la guerre électronique et, maintenant, les missiles hypersoniques iraniens, ont fait chavirer le paradigme. Il en va de même pour l’événement décisif que constitue l’alliance de la Russie et de l’Iran en tant que multiplicateur de force militaire. La « dissuasion » américaine elle-même est désormais confrontée à une dissuasion !
Le « mécanisme d’endiguement de l’Iran » occidental (connu sous le nom de JCPOA) s’est paradoxalement « échoué sur les rochers » du fait du dysfonctionnement et de l’obstruction du Sénat américain. Le « dernier coup de dés » des faucons de Washington – qui ont jeté les Moujahidines Khalq et les Kurdes dans le chaudron iranien dans l’espoir désespéré d’un changement de régime – est habilement géré par Téhéran pour permettre aux « protestations » de s’épuiser.
La relation russo-iranienne multiplicatrice de forces, estime The Jerusalem Post, « fournit la preuve que les deux États … ensemble – sont mieux équipés pour réaliser leurs ambitions respectives – mettre l’Occident à genoux » .
Eh bien … l’« Occident à genoux » est une chose. Mais plus précisément, où en serait un « Israël » déjà culturellement éloigné d’une équipe Biden woke ? Cela signifie-t-il qu’« Israël » ne verrait pas d’autre alternative que d‘ »aller jusqu’au bout » , de rechercher une victoire existentielle (« écraser les pousses » , comme le préconisent les auteurs de The Jerusalem Post, avant qu’elles ne se consolident) ? Ou bien « Israël » décide-t-il que la « guerre de l’ordre mondial » n’est pas son affaire et ouvre-t-il des discussions avec Moscou sur une nouvelle architecture de sécurité pour la région ?
Pour comprendre pleinement l’anxiété qui se cache derrière l’article d’opinion de The Jerusalem Post, nous devons d’abord comprendre que la géographie de la « carte en mouvement » vers un BRICS+, vers de nouveaux corridors, de nouveaux pipelines, de nouveaux réseaux de voies navigables et ferroviaires, n’est que la couche mercantile extérieure d’une poupée Matryoshka. Démonter les couches intérieures de la poupée, c’est découvrir les fondements d’un ethos radical.
Quel est son sens profond ? Une anecdote, qui n’est pas significative en elle-même lorsqu’elle est prise isolément, mais qui est imprégnée de contenu symbolique pour ceux qui sont attentifs à la signification symbolique.
Dernièrement, dans le nord-est de la Syrie, l’armée syrienne a périodiquement érigé des barrages routiers et refusé le passage aux convois militaires américains qui se rendaient chez leurs alliés protégés kurdes ou en revenaient. Ces derniers jours, un poste de contrôle qui a refoulé un convoi militaire américain était tenu conjointement par les forces syriennes et russes.
Et alors ? Où est le symbolisme radical dans tout cela ?
Le symbole est que tous les véhicules russes présents au poste de contrôle du nord-est de la Syrie portaient un énorme « Z » blanc peint sur eux.
Le « Z » est bien sûr le symbole peint sur les véhicules russes déployés en Ukraine pour identifier les forces qui combattent les forces massives de l’OTAN intégrées aux forces armées ukrainiennes et servant d’auxiliaires à ces dernières.
Mais le mystérieux « Z » blanc peint sur les véhicules symbolise désormais quelque chose de plus : il représente l’« Ordre mondial Z » , c’est-à-dire tous les pays et les peuples qui choisissent ensemble la voie de la « défiance » et du renouveau national.
Un grand « Z » représente l’esprit de résistance et la bannière autour de laquelle se rassemblent ceux qui soutiennent ce mouvement. Il dit de ceux qui le font : « Nous sommes tous des ‘Z’ maintenant » .
Alastair Crooke
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