19 décembre 2022

Les ailes du pouvoir mafieux, la débâcle par la drogue ou la meilleure façon de soumettre les peuples

Pays-bas, Belgique, deux narco-Etats sous le règne de la terreur

Repentis, témoins, enquêteurs, journalistes, magistrats et avocats assassinés, une princesse néerlandaise et un Premier ministre menacés par la mafia, des règlements de compte à la grenade en plein jour à Anvers, le ministre de la Justice belge victime d’une tentative d’enlèvement fin septembre…

A l’été 2020, la police hollandaise découvre, dans un conteneur dissimulé en pleine campagne, une salle de torture, où trône un fauteuil de dentiste, muni de sangles et d’accessoires coupants (scies, scalpels…).

Parmi les sévices promis par les « narcos » figure la « cravate colombienne », qui consiste à trancher la gorge du supplicié, avant de tirer sa langue vers le bas. (Source : Le Monde)

Preuve pour Michel Claise, juge d’instruction belge, spécialiste dans la lutte contre la criminalité, que cette mafia n’a aucune limite.

Nous avons beaucoup de menaces du style : "on sait où tes gosses habitent pour les dockers ou les gardiens de prison", dit-il. Mais là, on a franchit autre chose. On est passé aux mutilations, aux doigts coupés, aux décapitations.

On se frotte les yeux, on ne parle pas de la Colombie mais de la Belgique et des Pays-Bas, deux pays membres fondateurs de l’UE, abritant le siège de la Commission européenne, le quartier général de l’OTAN ou encore la Cour pénale internationale. On est très loin de la carte postale où les vélos côtoient friteries et champs de tulipes.

La drogue, la violence sont partout dans des pays voisins de la France. Au point que la question se pose : sont-ils devenus des « narcos-États » ? accusation lancée dès 1996 par Jacques Chirac contre les Pays-Bas.

Accusée d’emblée, la désormais fameuse « Mocro Maffia » (mafia de Néerlandais d’origine marocaine) impose sa barbarie. Elle est sans doute la pointe visible et caricaturale d’un iceberg bien plus vaste, une vaste « narcoligarchie » (contraction de narco-oligarchie et un mot que je me permets de créer pour l’occasion) qui dispose des meilleurs technologies et profite de l’effacement de nos États et de la corruption qui les ronge.

La vraie addiction : l’argent

Les chiffres donnent le vertige. Rien qu’en octobre de cette année, 34 tonnes de cocaïne ont été interceptées par les douaniers du port d’Anvers, le plus grand site portuaire d’Europe avec ses 129 km². Pour 2021, les saisies montaient à 90 tonnes, 35 % de plus que l’année précédente et quatorze fois plus qu’en 2011, rien que pour la cocaïne qui arrive essentiellement par container des trois pays producteurs : la Colombie, la Bolivie et le Pérou, en passant par le Brésil, l’Equateur et les Antilles.

Si la production est en hausse, la demande l’est autant. D’après l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), en 2022, avec 600.000 consommateurs (au moins occasionnels), la cocaïne est « le produit illicite le plus consommé en France après le cannabis ». La part des 18-64 ans ayant expérimenté la cocaïne a été multipliée par quatre en deux décennies, passant au sein de la population de 1,2 % en 1995 à 5,6% en 2017.

Anvers et les autres ports du nord de l'Europe, portes d'entrées de la drogue.
Anvers et les autres ports du nord de l’Europe, portes d’entrées de la drogue.
Crédit : DW, Insight Crime Investigation.

La seule justification à cette violence est l’argent, estime un procureur

Un kilo de cocaïne vaut 1.000 dollars au Pérou et 30.000 à Anvers. Vendu 50 euro le gramme, chaque gramme coupée trois fois en moyenne rapporte 150 euros. Ailleurs, le consommateur payera bien plus : (d’après le magazine Challenge : $533 à Riyad, $205 à Tel Aviv, $103 à Londres, et $76 à Paris).

1 kg de coke vendu 30.000 euros à Anvers par le grossiste rapporte donc (au moins) 90.000 à la vente, ce qui fait qu’une tonne peut rapporter 90 millions d’euros. Les 90 tonnes saisies en 2021, au prix d’achat de 2,7 milliards (90 x 30 millions) auraient donc pu rapporter le triple, c’est-à-dire 8,1 milliards d’euros à la vente ! A cela s’ajoute le fait que les saisies ne représentent que 12% du volume total du transit de la place. Ce qui fait qu’au bas mot, on arrive à plus de 110 milliards d’euros de cocaïne ayant transités par le port d’Anvers, rien qu’en 2021 !

Ce grand port européen voit passer des millions de containers dont à peine 1% est scanné, sur deux points de contrôle, de part et d’autre de l’Escaut et officiellement, libre échange oblige, pour des impératifs de rapidité et de concurrence. 70 millions d’euros ont été débloqué pour 5 scanners supplémentaires... qui se concentreront sur les cargaisons arrivant de pays à risque.

« Comment voulez-vous qu’il n’y ait pas, à certains moments cette surpuissance, qui fait que tout leur est dû et que plus rien ne leur fait peur ? », note Michel Claise.

Anvers, Rotterdam, Hambourg, Le Havre

Anvers, comme d’autres ports du Nord de l’Europe (Hambourg, Amsterdam, Rotterdam, Le Havre, Rouen, etc.) sont devenus les portes d’entrée préférées pour écouler la drogue en Europe.

Si l’essentiel de la marchandise est ensuite convoyé vers d’autres pays européens – la plupart du temps dissimulé à bord de véhicules –, une partie est consommée sur place.

Les canalisations d’Anvers, une ville de 530 000 habitants en témoignent : selon la dernière étude annuelle de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, Anvers occupe la tête du palmarès européen de la teneur en cocaïne détectée dans les eaux usées, loin devant Zurich et Amsterdam.

Et on ne parle même pas des nouvelles drogues de synthèse qui arrivent à grande vitesse et se produisent à moindres frais, notamment par des chimistes colombiens travaillant sous la tutelle de la mafia en périphérie des grands ports européens..

Face à cette narcoligarchie, au lieu de la « frapper au portefeuille » en fermant les circuits de blanchiment d’argent, dans les pays vivant « sous occupation financière », l’heure est avant tout à la capitulation.

Légaliser, une vraie mauvaise idée

Emblématique du narratif qu’on veut nous faire avaler, l’enquête (excellente) publiée le 20 octobre 2021, par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel.

Pervers, après avoir dressé un tableau effroyable sur comment les Pays-Bas et la Belgique se découvrent en « narco-Etat », Spiegel conclut par une défense de la « légalisation » de la production aussi bien que de la consommation de drogue !

De prime abord, l’argument semble recevable car sur le papier, la logique semble implacable. Aux Pays-Bas, pays pionnier, posséder, consommer et vendre jusqu’à cinq grammes de cannabis, est toléré depuis 1976 dans 1.700 coffee shops. Erreur fatale ! Écrit Spiegel. Cette consommation a rapporté beaucoup d’argent au patrons de ces derniers. Et ils ont investi sans compter dans des trafics de drogues bien plus dures (cocaïne, héroïne, LSD, drogues synthétiques, etc.) aux profits encore plus hallucinants.

Le parcours de Ridouan Taghi, parrain d’un des plus grands cartels de la cocaïne d’Europe, aujourd’hui en prison à Amsterdam « raconte de façon paroxystique l’itinéraire de ces jeunes Néerlandais et Belges, fils ou petits-fils d’immigrés marocains, dont le pays d’origine a donné son nom à la Mocro Maffia (...) », précise Le Monde.

Taghi, il y a vingt ans, animait un gang de rue à Utrecht. « Des garçons issus de quartiers défavorisés qui aiment le foot, le kickboxing et l’argent facile, notamment celui tiré du business du cannabis (…) A l’ombre des coffee shops et du commerce légal du cannabis, nombreux sont les jeunes qui, à travers le pays, s’enrichissent de la sorte. Des profits flambés en grosses voitures, montres ou vêtements de luxe, mais aussi réinvestis dans le trafic de cocaïne, un marché où les bénéfices sont bien plus attrayants. Certains commencent par jouer les hommes de main pour des réseaux déjà en place – notamment afin de sortir le produit dissimulé dans les conteneurs de fret arrivant à Hambourg, Rotterdam ou Anvers –, puis finissent par s’émanciper ».

La morale de l’histoire ? Selon le narratif qui gagne l’opinion publique, dépénaliser (autoriser la consommation) ne fera que reproduire le désastre hollandais ; seule une légalisation complète et une prise en main totale par l’État aussi bien de la production que de la consommation du cannabis, dans un premier temps « à usage thérapeutique » et ensuite « à usage récréatif » peut « protéger » nos jeunes et faire reculer le marché noir et la mafia ! CQFD.

Les effets trompeurs du cannabis

Avant d’aller plus loin, deux mots sur les répercussions du cannabis sur la santé physique et mentale.

Au niveau physique. Si l’effet immédiat du cannabis est la sensation d’un état de détente et de bien-être, provoquant fou rire, changements de perceptions et euphorie, des effets désagréables ne tardent pas à se manifester : palpitations, ralentissement des réflexes, stimulation de l’appétit, bouche sèche, yeux rouges accompagnés parfois de nausées. 

Parce qu’il est stocké dans les graisses, le principe actif du cannabis (THC) reste longtemps dans l’organisme sous forme de trace avec une activité moindre. Ainsi, il faut plus d’un mois pour éliminer complètement de l’organisme toute trace de THC après une seule utilisation. 

Fumer un joint équivaut à fumer entre 2,5 et 5 cigarettes de suite. Le risque de cancer pour un fumeur du cannabis serait environ 20 fois plus élevé que pour un fumeur de tabac (à dose égale) selon une étude néo-zélandaise publiée par le European Respiratory Journal (ERJ).

Au niveau mental. Le cannabis baisse la mémoire, diminue les capacités d’apprentissage, cause des difficultés de concentration, un désintérêt, une fatigue physique et intellectuelle. La rencontre du cannabis et de l’alcool multiplie par 27 le risque d’accident mortel. Le cannabis seul est à l’origine de 300 morts sur la route chaque année.

Plus la consommation de cannabis est importante, plus certaines régions du cerveau seraient réduites. Selon de nombreuses études, les consommateurs de cannabis auraient 41% plus de risques de développer une psychose, une schizophrénie. Le cannabis est générateur de dépression, dépression qui comporte le risque suicidaire. La relation entre cannabis et schizophrénie est irréfragable. Le cannabis peut rendre schizophrène s’il est consommé entre 12 et 24 ans.

Apparaissent également une diminution des performances cognitives et psychomotrices avec des difficultés scolaires chez les adolescents ainsi que des troubles urinaires. 50 % des adolescents âgés de 17 ans fumant du cannabis présenteraient des problèmes sociaux.

Pour développer son pouvoir créateur ou simplement prendre son pied, franchement, il y a mieux.

 Cannabis et violence

D’abord, il y a les effets désinhibiteurs du cannabis, avec des risques d’auto-agressivité ou d’hétéro-agressivité.

En 2020, une méta-analyse de 30 études qui forment un échantillon de près de 300 000 adolescents et adultes de moins de trente ans, publiée dans l’American Journal of Psychiatry, a démontré que :

les consommateurs de cannabis risquent deux fois plus de commettre des actes de violence physique.

En outre, « lorsqu’on regarde les grands consommateurs de cannabis, ils sont presque trois fois plus susceptibles de commettre des gestes violents (qui vont de coups donnés à l’agression sexuelle) », affirme un des auteurs de l’étude, le Dr Dumais, qui est aussi professeur agrégé de clinique au Département de psychiatrie et d’addictologie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.

De l’union de la gauche à Donald Trump

Si la dépénalisation des « drogues douces » figurait déjà dans le Programme commun de la gauche (PS-PC) en 1981, petit à petit, ce sont des économistes libéraux (Guy Sorman) et monétaristes (Milton Friedman, conseiller de Margaret Thatcher et du dictateur chilien Augusto Pinochet) qui se sont appropriés l’argument, suivis en cela par des financiers de la Silicon Valley (dont Peter Thiel), des milliardaires (George Soros, Jeff Bezos, Charles Koch, Bill Gates), des « populistes » (Donald Trump, Eric Zemmour, Jean Lasalle), des écologistes (Cécile Duflot, Yannick Jadot, Daniel Cohn-Bendit), des socialistes (Daniel Vaillant, Vincent Peillon, Jean-Luc Mélenchon), des maires français désespérés et des libertariens (Rand Paul) aujourd’hui.

Selon le Serasota Herald Tribune d'avril 1990, Donald Trump aurait déclaré : « On a complètement perdu la guerre à la drogue. Il faut légaliser la drogue pour gagner cette guerre. Il faut priver les tsars de la drogue du profit. Les revenus fiscaux d'un commerce légal de drogue pourraient être dépensés pour éduquer le public sur les dangers de la drogue. »
Selon le Serasota Herald Tribune d’avril 1990, Donald Trump aurait déclaré : « On a complètement perdu la guerre à la drogue. Il faut légaliser la drogue pour gagner cette guerre. Il faut priver les tsars de la drogue du profit. Les revenus fiscaux d’un commerce légal de drogue pourraient être dépensés pour éduquer le public sur les dangers de la drogue. »

Selon l’édition du Serasota Herald Tribune du 14 août 1990, y compris Donald Trump aurait déclaré :

On a complètement perdu la guerre à la drogue. Il faut légaliser la drogue pour gagner cette guerre. Il faut priver les tsars de la drogue des profits. Les revenus fiscaux d’un commerce légal de drogue pourraient être dépensés pour éduquer le public sur les dangers de la drogue.

Une fois élu, le président Donald Trump, sans autoriser la drogue au niveau fédéral, a voté une loi permettant à chaque Etat de faire comme bon lui semble : pénaliser ou tolérer, ce qui a permis à 33 Etats américains d’adopter des législations plus permissives sur la question.

Comme le précise le site Ballotpedia :

Le 20 décembre 2018, Donald Trump a signé la loi sur l’amélioration de l’agriculture de 2018, plus connue sous le nom de 2018 Farm Bill, qui légalise la production de chanvre en le retirant de la liste des substances contrôlées de l’annexe I de la loi fédérale. Le projet de loi définit le chanvre comme toute plante de cannabis, ou partie de plante de cannabis, qui contient moins de 0,3 % de THC, la substance qui confère au cannabis ses propriétés psychoactives. Par extension, l’huile de cannabis, ou cannabidiol (CBD) - l’un des ingrédients non psychoactifs présents dans la marijuana - a également été rendue légale en vertu de la loi fédérale tant qu’elle contient moins de 0,3 % de THC. Malgré la légalisation du chanvre et du CBD au niveau fédéral, les États individuels ont conservé la capacité d’interdire ces matières.

 Allemagne, France

En 2012, l'ancien sénateur Carl Levin avait dirigé un rapport de 300 pages sur les activités de blanchiment des revenus des cartels de la drogue mexicains et colombien, au niveau de la branche de New York de HSBC. Le rapport détaille les transferts financiers effectués par HSBC vers des organisations terroristes, de concert avec des banques saoudiennes. Le sénateur Levin avait recommandé la suspension de la licence bancaire de HSBC laux Etats-Unis.
En 2012, l’ancien sénateur Carl Levin avait dirigé un rapport de 300 pages sur les activités de blanchiment des revenus des cartels de la drogue mexicains et colombien, au niveau de la branche de New York de HSBC. Le rapport détaille les transferts financiers effectués par HSBC vers des organisations terroristes, de concert avec des banques saoudiennes. Le sénateur Levin avait recommandé la suspension de la licence bancaire de HSBC laux Etats-Unis.

En Europe, au lieu de frapper la narcoligarchie « au portefeuille » en bannissant des banques comme HSBC dont le rôle a été établi dans le financement de la drogue, du crime et du terrorisme ou d’assécher le blanchiment de l’argent sale en fermant les paradis fiscaux qui le permettent, c’est plutôt la capitulation en rase campagne devant la mafia qui est à l’ordre du jour.

Exemple flagrant, brûlant les étapes, le gouvernement allemand (où socialistes, verts et libéraux veulent tenir leurs promesses électorales) s’est accordé, mercredi 26 octobre, sur un cadre de légalisation du cannabis à usage récréatif pour adultes, sous réserve de l’aval du droit européen, a annoncé le ministre de la santé, Karl Lauterbach.

Suivant les recommandations de Spiegel, l’Allemagne envisage de placer la production et le commerce du cannabis sous « contrôle public » et à autoriser notamment l’achat et la possession « d’une quantité maximum de 20 jusqu’à 30 grammes » pour la consommation personnelle tout en restant interdit pour les moins de 18 ans.

Naïf ou hypocrite, car tout le monde sait que cela est impossible, le document prévoit « un contrôle public de la chaîne d’approvisionnement » en cannabis avec l’objectif de « garantir la protection sanitaire et d’enrayer la criminalité organisée ainsi que le marché noir ».

Au cas où la Commission européenne n’accorderait pas son aval, le document n’aboutira pas à un texte de loi, a-t-il précisé, tout en se montrant relativement confiant de passer l’obstacle bruxellois.

On le comprend. Le lobbying de l’industrie du tabac y est extrêmement puissant et dispose de moyens financiers considérables. Par exemple, lors de la révision de la directive européenne sur les produits du tabac en 2013, l’industrie du tabac a employé une nuée de lobbyistes à Bruxelles.

Rien que pour le groupe Philip Morris (qui depuis 2018 investit massivement dans le cannabis, voir plus loin dans l’article), pas moins de 161 lobbyistes ont été actifs, dont seulement 9 étaient inscrits au registre de la transparence comme travaillant à temps plein dans l’UE. L’opération, à laquelle l’industrie du tabac a consacré plus de 3 millions d’euros, visait à convaincre les députés et faire en sorte que la nouvelle directive nuise le moins possible à leur chiffre d’affaires. Face à ce dispositif redoutable, la prévention du tabagisme ne disposait que de 5 lobbyistes. Tout le contraire du principe d’équité qui est supposé régner en la matière.

Ces députés qui fument la moquette

En pleine séance à l'Assemblée nationale ce mardi, le député Libertés et Territoires des Bouches-du-Rhône François-Michel Lambert a brandit un joint. Il milite pour la légalisation du cannabis en France.
En pleine séance à l’Assemblée nationale ce mardi, le député Libertés et Territoires des Bouches-du-Rhône François-Michel Lambert a brandit un joint. Il milite pour la légalisation du cannabis en France.

Même tendance en France, où une Mission d’information commune (MIC), composée d’une trentaine de parlementaires de la majorité et des différents groupe d’opposition, a présenté le 5 mai 2021 son rapport de 471 pages sur la « Réglementation et impact des différents usages du cannabis » et consacré au « cannabis récréatif ».

Ce rapport dresse un « constat d’échec » des lois françaises sur le cannabis. La France a deux fois plus de jeunes fumeurs de « joints de cannabis » de moins de 18 ans que la moyenne européenne. Au moins 1,4 millions de personnes fument du cannabis quotidiennement et 5 millions annuellement, un marché estimé en 2020 à 3,24 milliards d’euros. L’une des causes de l’augmentation de la dépendance des consommateurs est les cultures OGM, la puissance en THC du cannabis séché a augmenté depuis les années 80, passant d’un taux de THC moyen de 3 %, à environ 15 % aujourd’hui. Certaines souches peuvent afficher un taux de THC moyen de 30 % !

Cependant, la MIC a tort d’accuser exclusivement la loi de 1970 sur les drogues, qui réduit le consommateur soit à un criminel (qu’on met en prison), soit à un malade (à qui on impose une injonction thérapeutique). Le problème c’est qu’elle n’a jamais été accompagnée d’un véritable effort de pédagogie et de prévention contre toutes les addictions. Et si le nombre de toxicomanes a baissé un peu depuis quelques années, rapporte une équipe spécialisée, c’est avant tout grâce à des parents prenant la peine d’expliquer à leurs petits ce qu’ils ont dû faire eux-mêmes pour se débarrasser de leurs addictions.

Francis Caballero.
Francis Caballero.

La députée LREM Caroline Janvier, rapporteuse de la MIC est d’une naïveté consternante. Elle annonce la couleur :

Ce que nous proposons dans ce rapport, c’est une légalisation encadrée, c’est-à-dire une légalisation qui permette à l’État de reprendre le contrôle de la production, de la consommation, de la distribution de cannabis en contrôlant les substances qui sont vendues, en faisant respecter l’interdit de vente aux mineurs, et en protégeant finalement la santé des consommateurs et la sécurité des Français. 

Parmi les experts auditionnés par la MIC, on trouve l’avocat et professeur de droit pénal Francis Caballero, connu comme le « pape » de la légalisation. Il est l’auteur du « Droit de la drogue » publié en 1989 chez Dalloz. Dans son « Droit du sexe » (2010) Caballero défend la légalisation de la prostitution, qualifié de « sexe récréatif » (en opposition avec le « sexe procréateur »). Les milliers de femmes et d’hommes vivant sous la terreur des proxénètes apprécieront.

 Bercy : trois scénarios pour une légalisation

Dès 2018, à Bercy, on s’est intéressé aux recettes potentielles d’une légalisation. Comme le note Challenges : « Il est rare qu’une étude sur les drogues ait les honneurs de la direction du Trésor de Bercy ».

Dans la revue du ministère, les universitaires Christian Ben Lakhdar et Pierre Kopp ont publié un bilan socioéconomique du cannabis, sur la base de travaux déjà effectués pour le think tank Terra Nova.

Les auteurs y envisagent plusieurs réformes possibles.

  1. Tout d’abord, les autorités pourraient dépénaliser l’usage mais pas la vente. Cela permettrait de « réduire les dépenses publiques de 55 % en mettant fin aux interpellations d’usagers », affirment les auteurs. Mais cela provoquerait une hausse de 12 % du nombre de consommateurs et de 16 % des quantités vendues. « Ce serait un cadeau pour les trafiquants, prévient Christian Ben Lakhdar. Une demande décomplexée pourrait faire grimper les prix, donc leurs profits. » (suivant le précédent néerlandais) ;
  2. Autre option : la légalisation complète du marché sur un modèle concurrentiel. L’impact serait positif pour les finances publiques, avec une baisse des dépenses et une hausse des recettes fiscales sur les ventes. Mais elle entraînerait une diminution des prix et ferait exploser de 71 % le nombre d’usagers et quasi doubler les quantités consommées. « Les réseaux criminels se reporteraient sur d’autres drogues, notamment la cocaïne, s’inquiète Vincent Le Beguec, patron de l’office de lutte contre les stupéfiants. Or, sur ce marché, la hausse de l’offre entraîne celle de la demande. » ;
  3. Enfin, Pour concilier lutte contre les trafics et objectifs de santé publique, Christian Ben Lakhdar propose donc que l’Etat garde la main et mette en place une autorité de régulation, semblable à l’Arjel pour les jeux en ligne. « Elle empêcherait tout marketing favorisant l’attractivité du produit et pourrait agir sur les prix à travers les taxes. » Il est beau de rêver. L’idée serait, d’abord, de fixer un prix assez bas pour assécher le marché parallèle. Puis l’agence imposerait des taxes de plus en plus élevées afin de limiter la consommation, comme pour le tabac. Une tactique qui laisse toutefois sceptique Vincent Le Beguec : « Il faut attendre d’avoir plus de recul sur les expériences étrangères. » L’échec du Canada et du Portugal et l’explosion de la violence dans l’Etat du Colorado, devraient faire réfléchir.

Le Pr Jean Costentin, sur son site, réfute vigoureusement toute forme de légalisation :

‘Le cannabis étant légalisé, les taxes perçues permettront de faire de la prévention.’ C’est ainsi en autorisant cette drogue que l’on réduirait le nombre de ses consommateurs ?

Qui croira qu’avec la légalisation les 220 000 dealers mettront fin à leur trafic ? L’Etat, pour tenter de réduire la catastrophe qu’il organise, proposera un cannabis plus faiblement dosé en THC et à un prix plus cher que les produits qui sont actuellement en circulation. Le consommateur préférera le produit le plus fort et le moins coûteux proposé au marché noir que la ‘tisane’ de l’Etat !

Les taxes issues du tabac, n’ont pas empêché 13 millions de nos citoyens d’en abuser irrépressiblement, conduisant à 75 000 décès annuels et à de multiples handicaps ; ces taxes couvrent à peine la moitié des dépenses de santé qui lui sont imputables ! Au Colorado, pour 1 $ de taxes encaissées sur le cannabis légalisé, l’Etat doit débourser 4,5 $ pour couvrir les dépenses qui en résultent.

L’État (qui évidemment n’a rien de mieux à faire), pour éviter encore pire, deviendra-t-il le grand dealer Léviathan ? Le père Noël, escorté par des policiers pour veiller au bon grain, nous apportera-t-il chaque année notre petit pétard de bonne qualité ?

L’Etat fera-t-il pareil ensuite pour la cocaïne, l’héroïne et les Nouveaux Produits de Synthèse (NPS), qui après le LSD, la méthamphétamine, l’ecstasy, le captagon (la drogue des SS et des djihadistes), le GHB, le cannabis de synthèse (Spice, K2, Buddha blue...) ou encore la kétamine, nous fabriquent chaque jour des nouvelles substances ? Lancera-t-il quotidiennement des nouvelles poudres, capsules, buvards, cristaux et autres liquides à consommer par nos enfants réduits en zombies digne du Jardin des délices terrestres de Jérôme Bosch en quête frénétique de plaisirs éphémères jamais rassasiés ?

Ce qu’on devrait apprendre à l’école, en étudiant la différence entre Platon et Aristote, c’est que logique n’est pas raison, souvent même le contraire !

A cela s’ajoute que le problème des comportements suicidaires et addictifs n’est pas un problème de législation, mais un problème de société. Croire qu’on puisse traiter le problème exclusivement par la loi (légalisation, décriminalisation ou prohibition) est assez dérisoire si l’on ne construit pas une société différente sur le plan financier, économique et culturel mettant en échec toute tentative à nous mettre en esclavage.

 Alcooliers et cigarettiers, un fric de dingue

La cigarette accueillant le joint de marijuana sur son manège : Il est grand temps que tu me re-joint
La cigarette accueillant le joint de marijuana sur son manège : "Il est grand temps que tu me re-joint"

Absente de la grande presse, la vaste offensive des producteurs (avant tout américain) d’alcool et de tabac vise à affaiblir et abolir au niveau mondial cette horrible « prohibition » anti-drogue.

Cette prohibition règne évidemment avant tout dans les pays autocratiques, en particulier dans les pays membres des BRICS qui ne cessent de faire reculer la pauvreté en produisant de la nourriture et des biens industriels. Et là, où la « démocratie occidentale » l’emporte, soudainement l’engouement pour la drogue s’envole. Chacun ses valeurs, n’est-ce pas...

En bleu, les pays qui légalisent le cannabis. En jaune ceux qui le légalisent pour usage thérapeutique. en rouge, les pays ou cela reste interdit. En Rose, pays où existe une certaine tolérance.
En bleu, les pays qui légalisent le cannabis. En jaune ceux qui le légalisent pour usage thérapeutique. en rouge, les pays ou cela reste interdit. En Rose, pays où existe une certaine tolérance.

Suite aux pertes subies sur le recul de la consommation de l’alcool et du tabac, ils ont misé gros sur le « marché émergent » du cannabis où ils comptent se refaire une santé (financière) au détriment de celle de nos enfants.

Un article paru le 4 avril 2022 dans Open Secrets sur les activités de lobbying de l’industrie de la drogue rapporte :

Le géant des boissons (40 milliards de dollars) Constellation Brands [dont les principaux actionnaires sont les grands gestionnaires d’actifs Vanguard, Capital Group, State Street et BlackRock], a dépensé $240 000 en lobbying pour la légalisation de la marijuana. La société détient une participation de 36 % dans Canopy Growth Corp, qui a engagé deux lobbyistes pour un montant de $650 000, et a dépensé $180 000 pour engager K&L Gates, pour promouvoir la légalisation du cannabis au niveau fédéral. Sur son site Internet, Canopy se présente comme ‘une société de cannabis de premier plan au niveau mondial, dont l’objectif est de libérer le pouvoir du cannabis pour améliorer les vies’.

En 2021, poursuit Open Secrets, « les sociétés de tabac British American Tobacco et Altria Group ont dépensé près de $2,1 millions et $6,6 millions en lobbying, notamment pour la loi MORE (Marijuana Opportunity Reinvestment and Expungement) ».

Voyant passer la moitié des Etats américains à une forme de dépénalisation de fait, le géant Amazon.com, le 25 janvier 2022, s’est déclaré en faveur de la loi MORE et souhaite travailler avec tout ceux qui y sont favorables : « Nous sommes enthousiasmés par l’élan notable dans le pays pour reconnaître que le statu quo actuel est injuste et intenable. Nous sommes impatients de travailler avec le Congrès et d’autres partisans pour obtenir la réforme nécessaire des lois nationales sur le cannabis ».

 Philip Morris, Altria, Marloboro et InBev

A propos de cette métamorphose du lobby de l’alcool et du tabac en lobby du cannabis, un article de Forbes intitulé « How Tobacco Giant Altria Is Becoming A Cannabis Company » (Comment le géant du tabac Altria devient une entreprise de cannabis) avait déjà tiré la sonnette d’alarme en février 2021.

Derrière le nom sympathique Altria (acronyme qui résonne comme le mot altruisme) se cache depuis 2003 le fabricant américain des cigarettes Philip Morris et Marlboro, avec près de 23 milliards d’euros de chiffre d’affaires, le plus grand cigarettier du monde. Altria détient également une participation de 10 % dans le géant mondial de la bière Anheuser-Busch InBev.

Les principaux actionnaires d’Altria sont une fois de plus les géants de la gestion d’actifs : Capital Group (14,75%), Vanguard Group (7,89%), State Street (3,78%) et BlackRock (2,16%). Ils sont connus comme The Big Three et « chassent en meute ».

Cet oligopole, en détenant entre 15 à 20 % des principales entreprises cotées à la bourse de New York et de Paris, tient la haute main sur le complexe militaro-industriel, les grandes banques, les agences de notation, la grande distribution, les médias, etc. Hier, ils nous ont inventé la « Finance Verte », mais tout comme la Mocro-mafia aux Pays-Bas en bas de l’échelle, ils semblent avant tout accros aux gros rendements financiers.

En avril 2019, le site financier The Motley Fool annonçait : « L’industrie de la marijuana est pleine d’enthousiasme, et la performance récente des actions de cannabis le prouve. Jusqu’à mercredi dernier, le 20 mars, l’ETF Horizons Marijuana Life Sciences, le tout premier fonds négocié en bourse (tracker) spécialisé dans le cannabis, a gagné 67 % depuis le début de l’année, ce qui a fait exploser toutes les autres industries et le S&P 500 au sens large ».

1970 : mémo interne du patron de Philip Morris.
1970 : mémo interne du patron de Philip Morris.

Forbes note que le processus a passé un cap :

Les rumeurs d’un coup d’Etat du Big Tobacco pour s’emparer de l’industrie du cannabis ont tourbillonné pendant des années dans les cercles de la légalisation de la marijuana et de l’industrie du cannabis. Et maintenant, il semble que cela se produise, bien que lentement, au grand jour, et sous une forme similaire à d’autres techniques des grandes entreprises : acquisition, propriété intellectuelle et lobbying pour une réglementation favorable.

Dès 1970, dans un mémorandum interne sur le cannabis, George Weissman, président de Philip Morris, avait écrit :

Bien que je sois opposé à son utilisation, je reconnais qu’il pourrait être légalisé dans un avenir proche [...] Ainsi, sous ces grands auspices, nous devrions être en mesure d’examiner : 1. Une concurrence potentielle, 2. Un produit possible, 3. Pour le moment, coopérer avec le gouvernement.

Plusieurs opérations d’Altria indiquent sa conversion en cannabusiness :

  • En 2016, Philip Morris a investi $20 millions dans Syqe Medical, une entreprise israélienne qui développe un inhalateur de cannabis médical. Il s’agissait du deuxième plus gros investissement dans le cannabis en 2016 ;
  • Altria a dépensé $1,8 milliard en décembre 2018 pour une participation de 45 % dans Cronos Group, avec $125 millions de chiffre d’affaires, l’une des premières grandes multinationales du cannabis légal basée au Canada ;
  • En février 2020, Altria a déposé deux demandes de brevet pour des dispositifs de vaporisation spécifiquement conçus pour le cannabis et a acquis une participation de 35 % dans le producteur de cigarettes électroniques Juul Labs pour $12,8 milliards le 20 décembre 2018.

 Le CBD, cheval de Troie de la légalisation

Forbes détaille également les dépenses en lobbying d’Altria pour soudoyer les membres du Congrès américain en vue de légaliser le cannabis. Lors du siège de Troie, Ulysse fait monter des soldats grecs dans un immense cheval en bois. Une fois le cheval admis entre les murs de la ville, les Grecs remportent la bataille.

Pour la narcoligarchie, le cannabidiol (CBD) doit jouer le même rôle. Il est l’une des 112 molécules du chanvre présentée comme totalement inoffensive et « sans aucun lien » avec le Tetrahydrocannabinol (THC) qui lui est à l’origine du principe psychoactif de la marijuana et du haschich.

Le CBD est tragiquement consommé par des individus cherchant, faute d’aide venue d’ailleurs, à se déshabituer du cannabis, du haschich ou de la cocaïne), Il est d’apparence inoffensive car consommé pour des raisons « thérapeutiques » ou de « bien-être », nous dit-on. Mais étape par étape, le CBD (surnommé le « cannabis light ») permet à ses promoteurs d’enfumer les esprits en banalisant son produit, sa production, sa consommation, ce qui revient à poser les bases d’une légalisation du cannabis. Le reste suivra.

La consommation de CBD se décline en une très grande variété de formes commerciales (huile, baumes, crèmes, gels, lotions, gélules, chocolats, cookies, bonbons, chewing-gum, suppositoires, recharges pour cigarettes électroniques, vaporisateurs thermiques… Les vendeurs, ne reculant devant rien, le proposent également pour nos animaux de compagnie : « Considéré comme une alternative naturelle pour soulager et prévenir de certaines maladies, le CBD est un allié de taille pour la santé de votre chien ou de votre chat ». Selon un rapport de Nielsen et Headset, 74 % des consommateurs de CBD sont des propriétaires d’animaux de compagnie et 24 % de ces derniers utilisent des produits CBD pour leurs animaux.

Une couverture racoleuse du National Geographic.
Une couverture racoleuse du National Geographic.

Or, non pas avant mais depuis sa commercialisation à grande échelle, le CBD fait l’objet de nombreuses études scientifiques destinées à lui trouver des applications thérapeutiques, qui demeurent plus que faibles à l’heure actuelle en dépit des revendications des vendeurs.

Une nouvelle étude vient d’être publiée le 28 novembre dans la revue Journal of the American Medical Association. Les auteurs ont analysé 20 études portant sur près de 1 500 personnes et l’efficacité de plusieurs produits à base de cannabis (THC, CBD, cannabis synthétique etc.) sur différents types de douleurs telles que la douleur neuropathique, ou la sclérose en plaques. Les méthodes d’administration variaient également : prise de pilules, sprays, l’huile et inhalation.

Nous ne pouvons pas dire avec une certitude à 100 % que la couverture médiatique est responsable de la forte réponse placebo observée dans notre revue, estime Filip Gedin, un des auteurs de l’étude. Mais étant donné que les placebos se sont avérés tout aussi efficaces que le cannabis pour gérer la douleur, nos résultats montrent à quel point il est important de penser à l’effet placebo et comment il peut être influencé par des facteurs externes tels que la couverture médiatique.

Le professeur Nicolas Authier, psychiatre spécialisé en pharmacologie et addictologie (et favorable à une légalisation du cannabis contenant du THC), reconnaît que

« les preuves scientifiques de l’intérêt thérapeutique du CBD seul (sans THC) sont rares »...

En vérité, un taux minimum de THC est indispensable pour que la plante délivre tout son potentiel médicinal. Ce phénomène d’ « entourage » est expliqué dans une étude publiée dans le British Journal of Pharmacology (janv. 2011). Du coup, les produits CBD à 0 % de THC déçoivent fortement la clientèle qui, à force de surdosage en vue d’en tirer un effet quelconque, ne profite que des effets secondaires : somnolence, nausée, perte d’appétit, bouche sèche, diarrhée, vomissements et fatigues, en bref, un véritable paradis artificiel vous permettant de vous épanouir.

En France, le seul médicament à base de CBD sur le marché est l’Epidiolex pour le traitement de certaines formes d’épilepsies infantiles (syndrome de Dravet, syndrome de Lennox-Gastaut). La commission de transparence ne lui reconnaît, en association à une benzodiazépine (le clobazam), qu’une amélioration du service médical rendu d’un niveau mineur (ASMR IV). Il est prescrit par des médecins et disponible en pharmacie.

Sur son blog, le Professeur Costentin, président du Centre national de prévention, d’études et de recherches sur les toxicomanies (CNPERT), souligne que

L’appréciation des intérêts éventuels du CBD est polluée par l’intrication d’un mercantilisme exacerbé, de publicités délirantes et de recherches encore très partielles, donnant lieu à des exégèses précipitées. Son innocuité est loin d’être établie, sa commercialisation est pratiquée sans contrôle ni limites, au point qu’un journal de Pontoise faisait la publicité d’une pizzeria qui en introduisait dans ses pizzas.

Pour lui, il est urgent « d’instaurer de la rigueur dans l’analyse des activités potentiellement utilisables du CBD, en lui appliquant les bonnes pratiques qui prévalaient pour décider d’élever une substance à la dignité d’un médicament. ». Il est vrai que bien que la morphine, un dérivé d’opium, rend d’excellents services à l’humanité, ce serait une folie d’offrir à l’ensemble de l’humanité la consommation du pavot à l’état brut au nom d’une « consommation récréative ».

Ensuite, les allégations « bien-être » sont quant à elles subjectives et invérifiables, et servent surtout d’argument mercantile. Les autorités sanitaires françaises ont rappelé dans un arrêté du 30 décembre 2021 que « Les produits contenant du CBD ne peuvent, sous peine de sanctions pénales, revendiquer des allégations thérapeutiques, à moins qu’ils n’aient été autorisés comme médicament ».

Guerre juridique

Le CBD est d’ors et déjà omniprésent en France avec, selon les sites spécialisés, des ventes massives par internet, entre 4000 et 5000 points de vente en (d’après Google Maps) boutiques, épiceries, bars, cafés, sans même compter les 24 000 débits de tabac qui s’y mettent.

La CIA (Cannabis Intelligence Agency) vous donne des renseignements clés. Le site Modèles de business-plan vous vend un pack complet pour installer « votre boutique CBD rentable » et le programme Cannabusiness de l’ISC Europe

vous donne les connaissances, le réseau et l’accompagnement pour démarrer et réussir durablement dans l’industrie du cannabis légal : les clés pour devenir un acteur qui compte dans l’industrie.

Si la vente de CBD a explosé en France depuis longtemps, elle s’est imposée avant tout « grâce » au jugement de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) de novembre 2021.

Cassant le jugement de la cour d’appel d’Aix-en-Provence qui avait condamné une boutique commercialisant une cigarette électronique au CBD et utilisant une huile légalement fabriqué en République tchèque, la CJUE avait estimé que la réglementation française sur le CBD avait invoqué « la libre circulation des marchandises » dans l’UE qui « s’oppose à une réglementation nationale » comme celle de la France, « dès lors que le CBD en cause (…) ne peut pas être considéré comme un stupéfiant ».

Alors que le gouvernement français aurait pu évoquer le fait que la santé publique n’est pas une prérogative européenne, il s’est couché suivant. « Fort avec les faibles, faible avec les forts », restera un des traits de l’ère Macron.

En France, où l’objectif « génération sans tabac » reste un objectif, une certaine résistance, surtout d’une police mise dans l’impossibilité de faire son travail, s’est manifestée aboutissant à l’arrêté ministériel du 30 décembre 2021. Il interdisait purement et simplement « la vente aux consommateurs de fleurs ou de feuilles brutes [de chanvre] sous toutes leurs formes, seules ou en mélange avec d’autres ingrédients, leur détention par les consommateurs et leur consommation ».

Cet arrêté, qui avait donné des cauchemars aux adeptes du CBD, fut suspendu par le Conseil d’État le 24 janvier 2022 estimant que l’arrêté « apparaît disproportionné » de sorte qu’il crée y compris « un doute sérieux quant à sa légalité ». Le Conseil d’Etat souligne dans son communiqué qu’il apparaît que : « Les fleurs et feuilles de cannabis sativa dont la teneur en THC est inférieure à 0,3% ne présenteraient pas un degré de nocivité pour la santé justifiant une mesure d’interdiction totale et absolue ». Contredisant la police qui sur le terrain ne dispose pas des équipements de vérification rapides et adéquates, le même Conseil d’État estime que « l’impossibilité de contrôler la teneur en THC pour les fleurs et les feuilles n’est pas démontrée ».

Lobbying intense

Une chose est certaine : le lobby du cannabis a beaucoup d’argent (à faire) et dépense des sommes considérables pour séduire les élus et les magistrats.

Comme le rapporte l’article de Forbes  : « Pour courtiser les membres du Congrès, Altria a engagé en 2020 le cabinet Brownstein Hyatt Farber Shreck, basé à Denver, l’un des principaux cabinets d’avocats spécialisés dans le cannabis et le chanvre du pays, sur les politiques liées au CBD et aux ‘taxes d’accise sur les produits autres que le tabac’, comme le montrent de récentes déclarations fédérales. Altria a versé à trois lobbyistes de ce cabinet un total de $30 000 au quatrième trimestre de 2020 pour faire pression sur la Chambre des représentants sur des questions fiscales, selon les documents déposés. Au Sénat, Altria a versé $50 000 à deux lobbyistes de Akin Gump Strauss Hauer & Feld, un autre cabinet de lobbying avec un atelier actif sur la politique du cannabis, pour influencer les législateurs sur ‘les questions liées au cannabidiol (CBD) à base de chanvre’ ainsi que sur une proposition visant à augmenter l’âge légal du tabagisme à 21 ans, selon les documents déposés ».

« Altria soutient la légalisation fédérale du cannabis dans un cadre réglementaire approprié », a déclaré George Parman, un porte-parole d’Altria, à Cannabis Wire. Le magazine rapporte que la firme déploie autant d’efforts de lobbying Etat par Etat. Par exemple, en Virginie, où Altria a son siège social dans la capitale Richmond, les deux chambres législatives ont adopté des projets de loi qui légaliseront la consommation et la vente de cannabis pour adultes, dès 2023, sans veto du gouverneur Ralph Northam.

Que ce soit aux Etats-Unis ou en France, des vraies enquêtes parlementaires sur les gentillesses et avantages accordés aux députés et magistrats pour favoriser la légalisation du cannabis, devraient permettre au plus vite de faire cesser cette corruption.

Peter Thiel, Founders Fund, Privateer Holdings et Tilray

De gauche à droite : Brendon Kennedy (ex) CEO de Tilray et Peter Thiel.
De gauche à droite : Brendon Kennedy (ex) CEO de Tilray et Peter Thiel.

Jusqu’à présent, l’Allemagne a obtenu du Canada un tiers de ses importations de cannabis pour son marché soi-disant médical. La principale société de marijuana exportant vers l’Allemagne est la grande entreprise canadienne Tilray. Une autre grande entreprise est Aphria, dont le PDG Irwin D. Simon est devenu PDG de Tilray après leur fusion.

En novembre de cette année, les responsables allemands de la lutte contre la drogue ont organisé une table ronde avec Tilray et d’autres participants. La firme a envoyé un communiqué de presse disant qu’elle avait eu « une bonne conversation » avec les fonctionnaires pour « donner le coup d’envoi de l’ébauche de la législation. »

Tilray a cité le commissaire allemand chargé de la toxicomanie et des questions liées aux drogues, Burkhard Blienert, qui a déclaré que lui et le groupe avaient présenté un plan pour une législation sur le cannabis à usage adulte lors de la table ronde et a réitéré l’engagement du gouvernement allemand à présenter un premier projet de loi dans les prochains mois. Le gouvernement allemand a nié qu’un accord ait été conclu.

Tilray est devenu grand et puissant après avoir reçu une importante injection de capital de la part d’une poignée de milliardaires de la Silicon Valley dirigés par Peter Thiel, cofondateur de PayPal et l’un des premiers grands investisseurs de Facebook. Thiel, avec l’aide de la CIA, a également créé la société d’IA Palantir. Il fut un proche de Trump et a dépensé 30 millions de dollars pour des candidats pro-Trump lors des dernières élections de mi-mandat.

Peter Thiel (à gauche) et son équipe du Founders Fund.
Peter Thiel (à gauche) et son équipe du Founders Fund.

L’investissement de Thiel dans l’industrie du cannabis s’est fait par l’intermédiaire du Founders Fund ($11 milliards sous gestion en 2022) qui, en 2015, a investi dans Privateer Holdings, qui détient 76 % de Tilray, une participation évaluée à 15 milliards de dollars. Privateer a complètement fusionné avec Tilray en 2019.

Assez hallucinant le fait que Tilray/Alphria (dont les produits phares sont le « cannabis médical ») multiplie ses investissements dans le secteur de la bière, notamment en acquérant pour $300 million le grands producteur américain de bières artisanales Sweet Water Brewing Company, « en anticipation d’une légalisation complète du cannabis aux Etats-Unis », selon le CEO de Tilray.

Privateer possède également des parts dans un fabricant de tisanes et de cupcakes au cannabis (Goodship) et dans une marque de soins et d’accessoires de beauté au nom évocateur de [Bob] Marley Natural.

Les trois milliardaires de la société Tilray (qui, évidemment, ne fument pas du cannabis).
Les trois milliardaires de la société Tilray (qui, évidemment, ne fument pas du cannabis).

Décomplexé, Privateer, se présente comme

Un groupe d’investisseurs du monde entier qui cherchent à mettre fin à la prohibition du cannabis et aux préjudices sociaux qu’elle entraîne. Grâce à une combinaison d’acquisitions, d’investissements et d’incubation, nous nous concentrons sur la création d’un portefeuille de marques mondiales qui mèneront, légitimeront et définiront l’avenir du cannabis. Nous avons 3 convictions fondamentales : 1. Le cannabis est un produit grand public consommé par des gens grand public ; 2. La fin de la prohibition du cannabis est inévitable ; et 3. Les marques détermineront l’avenir de l’industrie du cannabis.

Complot ? Non, juste un business plan...

Dans un article de septembre 2018 intitulé « Comment Peter Thiel a parié sur le cannabis », le quotidien français Les Échos, écrit que « Thiel a été le premier capital-risqueur à investir dans le marché légal du cannabis. »

Pour sa part, Forbes croit savoir que Thiel « a mis 18 mois avant de franchir le pas, autant que pour l’investissement qu’il a fait dans SpaceX d’Elon Musk. » Thiel « parie sur un développement similaire à celui de l’alcool depuis la fin de la prohibition », affirment Les Echos

Peu avant l'arrivée de Trump, les partisans du cannabis s'étonnent : Comment se fait-il que les actions de Tilray ont grimpé de 800 % ?
Peu avant l’arrivée de Trump, les partisans du cannabis s’étonnent : Comment se fait-il que les actions de Tilray ont grimpé de 800 % ?

Or, en réalité, Thiel n’est pas seul mais opère en phase avec un groupe de milliardaires de la Silicon Valley : Brendan Kennedy, ancien PDG de Tilray, était l’un des fondateurs de Privateer, avec le milliardaire américain Michael Blue et Christian Groh, qui se sont rencontrés à Yale et ont travaillé à SVB Analytics, une filiale de la Silicon Valley Bank qui a des bureaux à Londres, Toronto, Francfort, en Chine et en Israël.

Ils ont investi dans Tilray dès 2010, et en 2018, leur participation était estimée par Bloomberg à 7,2 milliards de dollars. Brendan Kennedy, cité par Les Echos, a expliqué « sa vision à long terme : tout patient qui entre dans une pharmacie dans le monde - dans un pays où le cannabis est légal - devrait pouvoir obtenir un produit Tilray ». D’ailleurs, le groupe canadien se compare davantage au Big Pharma qu’au coffee shop d’Amsterdam.

Peu avant l’arrivée de Trump dont les positions sur le cannabis fluctuaient en fonction du type d’auditoire auquel il s’adressait, les partisans du cannabis s’étonnaient : Comment se fait-il que les actions de Tilray ont grimpé de 800 % ? Peter Thiel (ami de Trump) doit savoir un truc qu’on ignore...

L’homme de paille, Chuck Schumer

Capture d'écran du site Business Insider. L'annonce de Schumer affirmant qu'il allait, outrepassant Biden, imposer la légalisation du cannabis au niveau fédéral, a fait planer les valeurs de Tilray (+20%), d'Aurora Cannabis (+10%) et de Canopy Growth (+7%).
Capture d’écran du site Business Insider. L’annonce de Schumer affirmant qu’il allait, outrepassant Biden, imposer la légalisation du cannabis au niveau fédéral, a fait planer les valeurs de Tilray (+20%), d’Aurora Cannabis (+10%) et de Canopy Growth (+7%).

L’article de Forbes de février 2022 souligne l’importance pour toute cette racaille du sénateur démocrate Chuck Schumer, à l’époque en campagne pour sa réélection comme chef de la majorité démocrate au Sénat, et de sa promesse de faire de la légalisation du cannabis sur le plan fédéral une priorité pour le Congrès.

C’est précisément contre Schumer, « le candidat de Wall Street » et l’homme qui n’a jamais manqué un seul vote en faveur de toutes les guerres sans fin que les Etats-Unis ont lancé depuis quarante ans, que notre amie et alliée Diane Sare a fait campagne à New York comme candidate larouchiste et indépendante. « Sous la direction de Schumer, il semble probable que le Sénat finira par voter sur la réforme du cannabis. Et avec Altria, Big Tobacco - qui est maintenant aussi Big Marijuana - est sur le point d’avoir un siège à la table », conclut l’article de Forbes.

Et en effet, le 31 octobre, une semaine avant les élections de mi-mandat, la presse américaine a annoncé que suite aux déclarations du sénateur Chuck Schumer qu’on était « très proche » d’une adoption de sa loi dépénalisant le cannabis, la valeur des actions de Cronos group (dont Altria est le plus gros actionnaire) s’est envolée...

 Une analyse partagée en France

En France aussi, des observateurs reconnaissent le rôle prépondérant des lobbies de l’alcool et du tabac dans l’offensive pro-cannabis. C’est le cas de l’association Addictions France, dans sa lettre « Décryptages » (N° 37, juin 2019), intitulée « Le lobby du cannabis, les grandes manœuvres ».

Dans le chapitre « industriels du tabac et de la vape » on peut lire :

« Même si le marché mondial des cigarettes est encore important (de l’ordre de 470 milliards d’euros), les cigarettiers doivent faire face au recul de la consommation de tabac. Le produit Tabac n’est plus défendable et les pratiques de ce secteur industriel marquées par les tromperies et la corruption ont totalement dévalorisé son image.

Baisse du nombre de fumeurs.
Baisse du nombre de fumeurs.

De nombreux pays ont pris des mesures de restrictions pour protéger la santé et font des campagnes sur les risques de maladies liées à la consommation de cigarettes. Dès lors, pour survivre, les cigarettiers doivent adapter leur stratégie. La première réponse à ces difficultés est de diversifier sa gamme de produits. A l’offre de cigarettes classiques, les cigarettiers vont ajouter le tabac chauffé (marque IQOS), guère moins nocif, et le vapotage. Le premier cigarettier mondial, le groupe Altria (Marlboro), est ainsi entré au capital de Juul, une start-up du vapotage en plein essor, qui a raflé en moins d’un an les trois quarts du marché de la vapoteuse aux Etats-Unis.

(...) L’autre axe de développement est celui de la conquête de nouveaux marchés. Il n’est pas difficile de comprendre que le savoir-faire des cigarettiers peut être transposé assez facilement dans la promotion de la consommation de cannabis.

La stratégie des cigarettiers peut ainsi poursuivre plusieurs objectifs :

  • compenser les pertes dues à la baisse de la consommation de tabac,
  • investir de nouveaux marchés,
  • mais aussi offrir une gamme de produits très étendue, que ce soit sur le tabac ou le cannabis, pour répondre à tous les types de consommation.

Les acteurs de la santé publique ont évidemment tout à craindre de l’arrivée dans ce secteur d’acteurs industriels qui ne se sont jamais signalés par une éthique exempte de tout reproche dans leurs activités passées, et qui utilisent leurs compétences de lobbying au service du futur marché du cannabis. ‘Auparavant, dans les colloques sur le cannabis, on croisait essentiellement des militants, maintenant on voit de plus en plus de professionnels en costards cravates’, remarque l’économiste Pierre-Yves Geoffard ».

Ce qui n’empêche qu’en 2020, sur les 20,8 milliards de dollars de recettes (nettes d’impôts), 17,9 milliards de dollars (86 %) proviennent du segment des produits fumables. La majorité des 14 % restants proviennent du tabac oral et des sachets de nicotine d’Altria.

 Le tabac fait un cannabis

Les législateurs d’un pays réputé intelligent comme la France devraient savoir mieux. Le lobby du tabac n’a jamais été exemplaire au niveau de l’information honnête et transparente sur la nocivité des ses produits.

Pendant de longues décennies, pour continuer à s’enrichir, ils ont consciemment menti sur le lien direct entre le tabac et le cancer. Pour découvrir cela, il faut lire Golden Holocaust, le livre magistral de l’historien américain des sciences Robert Proctor paru en 2012 et basé sur les documents internes de l’industrie du tabac.

Comme le note Le Monde : « Le fait est peu connu en France : cette précieuse et explosive documentation – les ‘tobacco documents’ – est publique depuis la fin des années 1990. En 1998, le Master Settlement Agreement, qui clôt les poursuites engagées par 46 Etats américains contre les cigarettiers, ne comprend pas qu’un volet financier (le versement de 250 milliards de dollars – 188 milliards d’euros – échelonnés sur deux décennies), il ordonne aussi la mise dans le domaine public des secrets de l’industrie ».

L’industrie du tabac n’a pas cessé de mentir sur la nocivité du tabac, au point que Philip Morris a du changer de nom. Voulez-vous vraiment les croire aujourd’hui sur l’innocuité du CBD ?

Le lobby de l’alcool

Décryptages se penche ensuite sur les alcooliers

« Si les cigarettiers se saisissent de toutes les opportunités, les alcooliers avaient ouvert la voie.

  • Le propriétaire de la bière Corona, le groupe américain de spiritueux Constellation Brands [Dont les premiers actionnaires s’appellent également Vanguard, Capital Group, State Street et BlackRock], avait fait sensation en 2018 en déboursant près de 4 milliards de dollars pour monter au capital de la société canadienne Canopy Growth [Une entreprise canadienne spécialisée dans la production et la distribution de cannabis à usage médical qui a vu son bénéfice exploser de 660 % en 2017.] et en détenir 38 %.
  • Il a été suivi par le géant de la bière AB Inbev (Budweiser, Stella Artois...) qui a dévoilé son partenariat avec Tilray. [Coopération rompue par la suite. Pour l’origine de la firme, voire notre section sur Peter Thiel. En 2018, Tilray a signé un accord de coopération avec le géant pharmaceutique NOVARTIS.]
  • L’entreprise britannique DIAGEO (Bailey’s, Johnnie Walker, Smirnoff, Guinness...) a fait état de ses démarches pour entrer sur le marché des boissons faites à partir de cannabis. L’entreprise aurait rencontré au moins trois sociétés canadiennes de cannabis pour discuter de la possibilité de créer de nouvelles boissons infusées. Heineken a lancé une bière infusée au cannabis pour l’instant commercialisée uniquement aux Etats-Unis.
  • Bien que Pernod Ricard n’ait pas l’intention de s’impliquer dès aujourd’hui dans le cannabis, le géant français surveille les évolutions du marché : ‘Nous regardons de près ce marché. Même si, à ce stade, il est encore difficile de se prononcer. Mais il y a une vraie question à se poser’, déclare Alexandre Ricard, PDG de l’entreprise.

Tout comme les cigarettiers, les alcooliers avancent leurs pions pour être dans la meilleure position possible lors de l’ouverture du marché du cannabis récréatif, ouverture qu’ils considèrent comme inévitable ». [1]

Le problème cependant, pessimisme culturel oblige, c’est que les auteurs de Décryptages finissent, hélas, par plaider pour la légalisation, car « Rien ne serait plus dommageable pour la santé publique que de laisser les acteurs économiques décider seuls du cadre de la commercialisation du cannabis. Si les acteurs de l’addictologie et de la santé publique sont unanimement en faveur de la légalisation du produit – les inconvénients de la prohibition étant bien supérieurs aux prétendus bénéfices d’une répression en réalité inefficace sinon inopérante –, il importe de ne pas être naïfs par rapport aux grandes manœuvres d’acteurs économiques, notamment les cigarettiers et les alcooliers, dont les pratiques ne sont pas marquées par le souci évident et premier de protéger notre santé ».

Par conséquent, « Les autorités de santé et les acteurs de santé publique doivent se préparer concrètement à répondre sur tous les plans pour proposer les conditions concrètes de la légalisation du cannabis afin d’éviter qu’elles ne soient définies selon des logiques uniquement économiques ».

Conclusion

Emmanuel Macron devra donc trancher. Où il continuera à se plier aux caprices de ses amis banquiers d’affaires et autres gestionnaires d’actifs, pour qui la légalisation du cannabis est désormais impérative, ou il transforme simplement les paroles qui sortent de sa bouche en action, notamment lors de son entretien au Figaro en avril 2021 où il reconnaissait que les trafics de stupéfiants « explosent » et « forment la matrice économique de la violence dans notre pays ». « Les éradiquer par tous les moyens est devenu la mère des batailles, puisque la drogue innerve certains réseaux séparatistes mais aussi la délinquance du quotidien, y compris dans les petites villes épargnées jusqu’ici. Ne laisser aucun répit aux trafiquants de drogue, c’est faire reculer la délinquance partout », avait-il souligné. « À l’inverse de ceux qui prônent la dépénalisation généralisée, je pense que les stups ont besoin d’un coup de frein, pas d’un coup de publicité. Dire que le haschich est innocent est plus qu’un mensonge ».

Au boulot donc M le Président, car l’histoire jugera vos actes, pas vos belles paroles.

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