Voilà : maintenant qu’Emmanuel Macron est triomphalement réélu grâce à sa grande popularité (voire sa plasticité), la plupart des problèmes se sont envolés et tout va mieux. En fait, ça va mieux que bien, ça va même du feu de dieu et on peut déjà le voir dans les chiffres qui paraissent – commodément – après cette phase électorale un tantinet fébrile.
Ainsi, selon une première estimation publiée ce vendredi par l’Insee, la France affiche une insolente croissance nulle (oui, 0%) bien inférieure à ses précédentes prévisions (déjà pas très fofolle de 0,3%). Pour l’institut de statistiques nationales, ce résultat flamboyant provient essentiellement du fait d’un recul de la consommation des ménages sur un fond d’inflation qui commence à se remarquer, tout en poussant un peu l’idée que la guerre en Ukraine aurait un impact sur la production française parce que parce que bon voilà. Au passage, on ne pourra s’empêcher de noter le timing diabolique de cette découverte statistique, quelques jours après les élections et quelques jours avant les revalorisations indispensables du premier mai.
Mais la conclusion ne peut guère être plus évidente : malgré la puissance intellectuelle inénarrable de toute la brochette de génies gouvernementaux qui ont sévit ces vingt-quatre derniers mois, il n’a pas été possible de concrétiser la reprise de croissance de l’année dernière qui s’établissait – on s’en souvient- à 7%. Certains esprits chafouins rappelleront que ce chiffre n’était d’autant plus imposant que parce qu’après l’abyssale récession de 2020 de 8%…
Du reste, les plus taquins noteront qu’un 7% de croissance ne peut donc compenser le trou de 8% observé auparavant. Très clairement, la France est loin d’avoir rattrapé son retard et s’il avait un peu de conscience professionnelle, Bruno Le Maire, l’actuel responsable de cette contre-performance historique, brouterait ses gonades en salades ; heureusement hontectomisé très jeune, il n’aura aucun scrupule à ses les gratouiller langoureusement en pensant à sa superbe intelligence hors-norme dont il afflige la République depuis un moment. Le remaniement ministériel nous en débarrassera peut-être momentanément même si la politique française rend assez peu optimiste en la matière.
Parce qu’en réalité, ce chiffre est assez catastrophique quand on l’analyse un peu : l’INSEE indique ainsi que ce résultat s’explique par une baisse notoire de la consommation des ménages, ménages qui comprennent – et pas tous de façon confuse, loin s’en faut – qu’il va y avoir quelques petits moments tendus dans les prochains mois. En chiffres, cette baisse est de 2.5% pour la consommation alimentaire et de 1.6% pour la consommation d’énergie devenue progressivement inabordable grâces aux fines manœuvres gouvernementales et européennes dont on se demande si le but n’était pas justement d’arriver exactement à ce résultat.
Si c’est le cas, on ne peut qu’applaudir : la décroissance verte est « en marche » et à ce rythme, le prochain hiver sera frisquet dans les foyers français.
Parallèlement à cette croissance flamboyante atone, on ne
peut s’empêcher de noter quelques petits signes pas forcément positifs
qui imposeraient normalement une certaine sobriété en matière de
dépenses et de grands plans publics à moyen et long termes.
Ainsi, le croisement des taux courts et longs n’a qu’assez rarement indiqué une solide bonne santé de l’économie, de même que l’actuelle remontée des taux d’emprunt, notamment de l’OAT à 10 ans français, et en tout logique, de celle des taux immobiliers.
On pourra se réjouir (rapidement) de la disparition de l’aberrante dette à taux négatifs tout en conservant à l’esprit que ceci signifie un renchérissement assez marqué de cette dette pour l’État français.
Tout concourt donc à se demander si l’avenir n’est pas un peu plus rocailleux que prévu pour Macron et sa fine équipe. Et alors que cette tendance pointe clairement sur une période de tracas qui nécessiterait des finances publiques tenues au cordeau… l’État français choisit, en toute décontraction, d’ouvrir à nouveau les vannes d’argent des autres : le premier mai est donc l’occasion de « revaloriser » des trucs et des machins grâce aux efforts des Français, ce qui fait toujours une excellente politique mais ne remplit pas les ventres.
En effet, dans une économie où quasiment tout est planifié et décidé
d’en haut par des instances gouvernementales bénéficiant de la science
infuse et d’un historique de réussite assez phénoménal, il a donc été
décidé que – notamment – le SMIC augmenterait de 34€ par mois. C’est, à
peu près, le reflet d’une inflation finement calculée à 2.65%, et c’est
bien évidemment du gros n’importe quoi de compétition non seulement
parce que le niveau de salaire dont il est question concerne les classes
les plus modestes du pays, que le principal de leur consommation
s’établit dans le logement, la nourriture et l’énergie et que
l’inflation dans ces trois domaine est largement supérieure à ces 2.65%
rikikis, essentiellement bidouillés calculés pour rassurer le
bon peuple. Et toujours dans ce pur exercice de style politique, notons
l’augmentation des allocations familiales, du RSA et d’autres aides
sociales, toujours en prétextant un rapport avec une inflation largement
amoindrie par les petits calculs de l’INSEE sur des bases discutables.
En réalité, tout ceci est un marché de dupe : il est évident que ces augmentations ne sont, au niveau des individus qui en bénéficient, que des aumônes au bord de l’insulte.
D’un autre côté, pour ces Français qui les financent (que ce soit via les impôts et les cotisations ou via la TVA sur des prix en hausse carabinée), l’augmentation des coûts de l’État devient insupportable, et le pompon est décroché lorsqu’on se rappelle que ceux qui financent ces distributions de pognon gratuit des autres sont à peu près ceux qui le reçoivent, le différentiel (il y en a toujours un) allant dans les trop nombreuses tubulures chromées de l’appareil administratif d’état et ses innombrables bénéficiaires, d’autant plus innombrables que certains, pour vivre heureux et la panse dodue, vivent bien cachés.
Tout ceci ne peut conduire qu’à accentuer l’explosion actuelle des dettes publiques : en France, d’une façon ou d’une autre, chaque Français vit dans une fiction intenable ou il est au crochet de tous les autres et à la façon des Dupond et Dupont dans Tintin et sa fusée lunaire, tous estiment qu’en se tenant fermement les uns aux autres, ils éviteront une chute douloureuse.
On comprend bien que ce système ne pourra plus tenir très longtemps.
Mais comme aucun politicien, aucun parti, aucun programme ne l’évoque… Plus dure sera la chute.
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