La Bataille d’Ukraine (En suivant Southfront.org)
Nouvelle poussée kiévienne dans la région de Kharkov?
Les forces armées ukrainiennes ont lancé une nouvelle offensive dans la région de Kharkov. Elles ont avancé le long de la rive droite de la rivière Seversky Donets et auraient pris le contrôle de la zone située au nord du réservoir de Petcheneg.
Depuis le début du conflit, l’armée ukrainienne a souvent exagéré le succès de ses offensives. Et les observateurs occidentaux ont tendance à s’accrocher à la moindre poussée ukrainienne comme à une percée stratégique qui signifierait un succès majeur. Cinq constats:
+ le commandement russe reste étonnamment calme face aux provocations ukrainiennes au nord, jusque sur le territoire russe. Hier un bombardement a fait deux morts et plusieurs blessés à Belgorod. il est vrai que les forces antiaériennes russes interceptent 90% des projectiles ou des drones lancés par les Ukrainiens.
+ Le front de Kharkov semble avoir la même fonction que celui de Kiev et de Soumi durant les premières semaines de la guerre: fixer des troupes ukrainiennes qui ne soient pas utilisées ailleurs. Les Ukrainiens, à leur tour, cherchent sans doute à créer un point de fixation pour des troupes russes qui soulagent le front du Donbass.
+ Les Russes ne semblent pas, pour l’instant, faire de la prise de Kharkov une priorité ni d’une bataille dans cette région un front équivalent à ce qui se passe au Donbass ou dans le sud.
+ Les Russes ont frappé plusieurs entrepôts d’armes occidentales dans la région ces derniers jours. Ils ont depuis le début du conflit la même stratégie: économes de la vie des hommes au sol et utilisation des missiles de précision – dont les deux mois de conflits prouvent qu’ils sont meilleurs que les missiles américains équivalents.
+Ajoutons que l’armée ukrainienne ne semble pas si sûre de son fait dans la région de Kharkov au vu de l’explosion qu’elle a provoquée d’un réservoir d’engrais à Dolgenkoïe, contenant du nitrate d’ammonium. Cela relève plus d’un comportement d’armée qui bascule dans la guérilla. L’objectif est bien entendu de pouvoir accuser l’armée russe d’une attaque chimique.
+ Enfin, les proclamations sur la région de Kharkov ne devraient pas détourner de voir que l‘armée ukrainienne essaie de créer à Slaviansk/Kramatorsk un nouveau Marioupol en installant leurs défenses en pleine zone urbaine et en prenant, de fait, en otage environ 90.000 Ukrainiens.
La bataille du Donbass
On signale aussi une contre-attaque de l’armée ukrainienne dans la zone située au nord-ouest de la ville d’Izioum. Les Kiéviens ont visé les villages d’Ivanovka et de Roudnevo sur la rive orientale de la rivière Severski Donets. Les troupes ukrainiennes continuent de tenter de traverser la rivière et de prendre le contrôle des villages. Ils auraient réussi à faire passer certaines forces sur l’autre rive de la rivière Severski Donets et à attaquer les positions russes.
Malgré les tentatives de contre-offensive kiévienne, les troupes russes ont continué à étendre la zone de contrôle dans la région d’Izioum.
Les forces dirigées par les Russes ont pris le contrôle du village de Velika Kamichevakha après des combats prolongés à l’ouest d’Izioum. L’offensive russe contre le groupement de l’armée ukrainienne à Barvenkovo se poursuit.
En République populaire de Lougansk, l’encerclement du groupe kiévien dans les villes de Severodonetsk et Lisitchansk se poursuit. Des combats ont lieu pour le village de Belogorovka. Les positions des forces armées ukrainiennes à Lisitchansk sont constamment bombardées par l’artillerie russe, les forces spéciales sont déployées à la périphérie de la ville.
Dans la région de Rubejnoïe, les soldats tchétchènes de l’unité des forces spéciales Akhmat et de la milice populaire de la République de Lougansk ont bloqué les restes des unités ukrainiennes à l’usine de Zaria.
À l’est de Popasnaïa, les unités des forces alliées ont pris le contrôle du village de Nijni et des hauteurs adjacentes, il y a des batailles pour la ville de Tochkovka située sur la route menant à Lisitchanck.
Dans la République populaire de Donetsk, les forces de la milice populaire prennent d’assaut Avdiivka, Opytnie et Peski. La prise de contrôle de ces localités de la région de Donetsk permettra de mettre fin au bombardement des quartiers résidentiels de la ville par l’artillerie ukrainienne.
Le 10 mai, la marine ukrainienne a bloqué le passage dans l’estuaire du Dniepr, en plaçant des barges entre Otchakov et l’île de Pervomaiski. Des missiles russes ont déjà attaqué la zone. Les tirs ont touché au moins une des barges au sud d’Otchakov.
Intensification des frappes aériennes russes
Dernier point pour le bilan militaire de la journée du 11 mai: les frappes aériennes de l’armée russe s’intensifient. (On se rappelle tous les experts de plateau télévisé qui nous annonçaient que l’armée russe serait rapidement à court de munitions!) Selon les informations données par l’armée russe:
“- Les troupes de missiles et l’artillerie ont frappé 405 zones de concentration de main-d’œuvre et d’équipements militaires, 12 postes de commandement et 26 unités d’artillerie en position de tir.
– 1 système de missiles anti-aériens S-300 a été détruit près de Koroïch, région de Kharkov. 3 lance-roquettes multiples Smertch et 2 dépôts de munitions des forces armées ukrainiennes ont également été détruits près de Razdolie dans la région de Kharkov et de Slaviansk en République populaire de Donetsk.
Les moyens de défense aérienne ont abattu 13 drones ukrainiens près de Velikie Prokhodi, Velikaïa Kamichevakha dans la région de Kharkov, Panteleimonovka, Avdeïevka et Dolïa dans la région de Donetsk, Oknino et Fabrichnoïe dans la région de Lougansk, Gloubokoïe dans la région de Tchernigov, Barvinok et Vladimirovka dans la région de Dnepropetrovsk.
1 Le véhicule aérien sans pilote Bayraktar-TB2 a été abattu près de l’île des Serpents.
14 roquettes ukrainiennes à lanceur multiple Smertch ont été interceptées en vol au-dessus de ZavodI, Soukhaïa Kamenka, Pimonovka, Izioum, Malaïa Kamichevakha dans la région de Kharkov, ainsi que Goncharovka, Topolskoïe et Donetsk“.
Chronique du nihilisme occidental
Reconnaissance par le Patriarcat de Constantinople d’une Eglise autocéphale macédonienne
Le Patriarcat de Constantinople a reconnu une Église de Macédoine du Nord. Lors d’une réunion présidée par le patriarche Bartholomée hier, il a donc été établi une Église autocéphale, distincte de l’Église serbe. Le mouvement a été créé en 1967, dans le contexte des manipulations des Églises par la Yougoslavie communiste. Mais jusqu’à présent, la seule Église canoniquement reconnue en Macédoine du Nord était l’archevêché orthodoxe d’Ohrid, sous l’autorité du patriarche de Belgrade. Et quelques jours avant que la décision ne soit prise, des pourparlers étaient en cours avec l’Église orthodoxe serbe – il semblait qu’elle allait bientôt faire revenir l'”Église macédonienne” dans son giron également. Mais il a été battu en brèche. Y a-t-il eu des pressions occidentales sur le Patriarche de l’Église grecque orthodoxe qui, malheureusement, est sensible aux incitations pour affaiblir l’Église serbe, et indirectement l’Église russe.
C’est exactement le même scénario qui s’est produit il y a quelques années lorsque Bartholomée a reconnu un Patriarcat de Kiev, pour faire échapper une partie des Orthodoxes ukrainiens à l’autorité du Patriarcat de Moscou. Les fidèles de l’Église orthodoxe monténégrine, qui a été enregistrée comme ONG dans les années 1990, comptent également sur elle.
Il ne s’agit pas seulement de “querelles byzantines”. Les services occidentaux ont pris le relais des services yougoslaves ou soviétiques pour manipuler les Églises orthodoxes, vulnérables de par leur enracinement national. Il est banal de critiquer la politisation des sujets par le Patriarche Cyrille; mais l’Occident largement déchristianisé, est trop heureux de pouvoir profiter de la rivalité entre Église grecque et Église russe pour la primauté dans le monde orthodoxe.
Le gouvernement moldave inflige des amendes pour port du ruban de Saint Georges
Les autorités moldaves ont infligé des amendes à plus de 100 citoyens qui ont porté des rubans de Saint-Georges le jour de la Victoire, au mépris des interdictions officielles.
L’archevêque Markell de Balti et Falesti, qui a lui-même servi dans l’armée soviétique, fait partie des “violateurs”. L’Église orthodoxe de Moldavie (une branche métropolitaine de l’Église orthodoxe russe) a refusé de répondre aux questions des journalistes sur les raisons du port du ruban.
La russophobie réconcilie le gouvernement polonais et la présidente de la Commission Européenne
Le Colonel Douglas McGregor, ancien conseiller du Secrétaire à la Défense de Donald Trump, est inquiet du jeu polonais: “Confrontée à l’échec sans équivoque de l’aide américaine et à l’afflux de nouvelles armes pour sauver les forces ukrainiennes d’une destruction certaine, l’administration Biden cherche désespérément à inverser la situation et à sauver la face. La Pologne semble offrir une porte de sortie. Plus important encore, le président polonais Andrzej Duda et le président ukrainien Vladimir Zelenski ont tous deux exprimé le désir d’effacer les frontières entre la Pologne et l’Ukraine.
Des rapports non confirmés en provenance de Varsovie indiquent qu’après le rejet par Washington des propositions de création d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine, ainsi que du transfert d’avions MIG-29 polonais à des pilotes ukrainiens, l’état-major polonais a reçu des instructions discrètes pour formuler des plans d’intervention dans le conflit ukrainien en s’emparant de la partie occidentale de l’Ukraine. Naturellement, une action militaire de cette ampleur nécessiterait l’approbation de Kiev, mais étant donné le contrôle de facto du gouvernement Zelenski par Washington, l’approbation de l’intervention militaire polonaise ne devrait pas poser de problème.
On peut supposer que l’administration Biden espère qu’une collision impliquant des Russes et des Polonais sous quelque forme que ce soit – y compris des frappes aériennes et de missiles contre les forces polonaises du côté ukrainien de la frontière – pourrait nécessiter la réunion du Conseil de l’OTAN et l’examen de l’article V du traité de l’OTAN. Il n’est pas certain qu’une intervention militaire polonaise en Ukraine justifie l’engagement des membres de l’OTAN dans une guerre contre la Russie. L’action serait encore laissée à l’appréciation de chaque État membre de l’OTAN.
Tout ce qu’un analyste peut dire avec certitude à ce stade, c’est qu’une intervention militaire polonaise confronterait les membres de l’OTAN au spectre d’une guerre avec la Russie, ce à quoi la plupart d’entre eux s’opposent. Si l’on met de côté la question de savoir si les forces terrestres polonaises sont prêtes à exécuter la mission face à l’opposition russe, l’action polonaise satisferait les néoconservateurs de Washington DC. La Pologne pourrait bien être la clé de l’élargissement de la guerre de l’OTAN avec la Russie en Europe de l’Est.
Pourquoi ? Parce que le catalyseur polonais du conflit avec la Russie présente au peuple américain une guerre que les Américains ne veulent pas, mais qu’ils ne peuvent pas facilement arrêter. Une telle guerre avec la Russie serait une guerre qui a commencé sans une évaluation objective des intérêts vitaux américains, de la répartition du pouvoir au sein du système international ou de l’existence de menaces concrètes pour la sécurité nationale des États-Unis.”
D’un point de vue européen aussi, il y a de quoi être inquiet: comment ne pas être frappé par la convergence russophobe entre le Premier ministre polonais et la présidente de la Commission Européenne.
Mateusz Morawiecki vient de donner une tribune au Telegraph, qui pousse très loin la russophobie délirante: il y explique en effet que “le ‘Monde russe’ de Poutine est l’équivalent du communisme et du nazisme au XXè siècle. C’est une idéologie à travers laquelle la Russie justifie des droits et des privilèges imaginaires pour son pays. C’est aussi la base de la fiction de la “mission historique spéciale” du peuple russe. C’est au nom de cette idéologie que Marioupol et des dizaines d’autres villes ukrainiennes ont été rasées lorsque la Russie a envoyé ses soldats faire la guerre, convaincus de leur supériorité, et les a encouragés à commettre des crimes de guerre inhumains – le meurtre, le viol et la torture de civils innocents. Nous savons aussi que cette idéologie promeut le déplacement forcé d’Ukrainiens à l’autre bout du territoire russe. Nous ne devons pas nous faire d’illusions. Ce n’est pas de la folie mais une stratégie délibérée qui a déjà ouvert la porte au génocide. ‘Le monde russe’ (Rouskii Mir) est un cancer qui ronge non seulement la majorité de la société russe mais représente aussi une menace mortelle pour l’ensemble de l’Europe. C’est pourquoi il n’est pas suffisant de soutenir l’Ukraine dans son combat armé avec la Russie. Nous devons extirper entièrement cette nouvelle idéologie monstrueuse.”
Et Morawiecki d’appeler à une occupation de la Russie comme l’Allemagne a été occupée après la Seconde Guerre mondiale. “Si nous ne commençons pas immédiatement, nous perdrons non seulement l’Ukraine mais nous perdrons notre âme et notre liberté, aussi. Parce que la Russie ne s’arrêtera pas à Kiev. Elle a commencé une longue marche vers l’Ouest et il nous revient de décider où nous l’arrêterons“.
Le Premier ministre polonais ne se rend même pas compte qu’il utilise la langue des idéologies qu’il dit combattre. Si l’on traduit en allemand son appel à “l’extirpation”, on a une phrase tout droit sortie des années 1933-1945: “Ausrottung” était un des termes favoris du “Führer”. Et le plus frappant est que Morawiecki fait comme si une intervention militaire était acquise. Désormais, il faut planifier la phase de rééducation du peuple russe.
On ne peut qu’être frappé par l’écho que donne à cette déclaration incendiaire les propos tenus par Madame von der Leyen lors de son voyage au Japon: “La Russie est aujourd’hui la menace la plus directe pour l’ordre mondial avec la guerre barbare contre l’Ukraine et son inquiétant pacte avec la Chine“.
En l’occurrence, nous avons là le versant géopolitique d’un tristement célèbre ouvrage de 1924: cette femme qui n’a aucun mandat de quelque peuple que ce soit et ne respecte pas les traités européens (et leur subsdiarité) en est à agresser verbalement la Chine et jeter de l’huile sur le feu de la vieille inimité entre Chine et Japon.
Il y a de quoi être préoccupé devant tant d’irresponsabilité.
Les États-Unis deviennent-ils réalistes?
“Des indices ? Un changement perceptible s’est opéré dans le récit des médias américains ces deux derniers jours après l’allocation de 40 milliards de dollars de budget pour “affaiblir la Russie”. Peut-être la dernière valse du complexe militaro-industriel ? Selon Lukashenko, qui est un fin connaisseur et généralement bien informé, les États-Unis “savent” qu’ils ont perdu la guerre..” écrit notre ami Bhadrakumar.
Sans être démesurément optimiste sur la rationalité américaine, on peut espérer un contrepoids aux influences délétères énumérées ci-dessus:
+ l’échec cuisant subi par l’Ukraine sur l’Ile aux Serpents la fin de semaine dernière (14 avions et hélicoptères détruits, 30 drones et 50 soldats perdus) – alors que l’opération avait été imaginée avec les Britanniques – montre toutes les limites du soutien militaire occidental aux Ukrainiens.
+ On voit se répandre des articles dans la presse américaine sur le thème: les sanctions ne feront pas plier la Russie.
+ l’Union Européenne apparaît de plus en plus divisée. Non seulement la Hongrie ne s’est pas encore ralliée à la volonté de Bruxelles d’embargo sur le pétrole russe mais on sait qu’en ce qui concerne le gaz, une vingtaine de comptes (pays ou entreprises) ont été ouverts à la Banque de Gazprom pour régler les commandes “en rouble”. Et Mario Draghi a vendu la mèche: l’Allemagne a déjà ouvert un compte – ce que les médias allemands s’étaient bien gardés de clamer. la Pologne risque aussi de vite porter sur les nerfs des autres Européens puisqu’elle ne veut plus qu’on utilise la partie d’oléoduc qui passe par chez elle.
+ Après le rouble, c’est la bourse de Moscou qui se redresse; à l’opposé, on voit de plus en plus de plaintes adressées à l’Union Européenne, lui reprochant de créer une récession mondiale en accompagnant les Etats-Unis dans leur politique de sanctions.
+ Les manifestations se multiplient en Europe contre la participation à la guerre. Mais, non moins frappant, moins de la moitié des Américains soutiennent désormais l’engagement américain à aider l’Ukraine. 52% des Américains critiquent Biden sur le sujet. Et 53% sont convaincus que les sanctions touchent plus les Etats-Unis que la Russie. Un relevé rapide d’augmentations de prix aux Etats-Unis donne la liste à la Prévert suivante:
Gaz +44% par rapport à l’année précédente
Billets d’avion + 33%
Œufs,gaz de ville, voitures d’occasion, hôtels +23%
Bacon +18%
Poulet, lait, meubles +15%
Café, viande de bœuf, farine, voitures neuves 14 %.
Poisson +13%
Électricité +11%
Assurance maladie +10%
Loyer +5%
Beaucoup de motifs de devenir rationnel.
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