« Le 19 avril, 26 gouverneurs américains, tous républicains, ont annoncé la création d'une Border Strike Force pour “désorganiser et démanteler les organisations criminelles transnationales".
» Le groupe comprend deux États frontaliers, – l’Arizona et le Texa, –ainsi que 24 autres : Alabama, Alaska, Arkansas, Floride, Géorgie, Idaho, Indiana, Iowa, Maryland, Mississippi, Missouri, Montana, Nebraska, New Hampshire, Dakota du Nord, Ohio, Oklahoma, Caroline du Sud, Dakota du Sud, Tennessee, Utah, Virginie, Virginie occidentale et Wyoming. »
Il est remarquable de voir que ce groupe a été formé pour traiter le problème de la frontière Sud et qu’il comprend 24 États qui ne sont pas sur cette frontière ; mais bien entendu, ils sont tous républicains, c’est-à-dire un rassemblement de tous les États conduits par des républicains.
Cela signifie que, outre d’être opérationnel et justifié par une crise dramatique, ce groupement est clairement politique et s’adresse, non pas au pouvoir fédéral pour exiger certaines revendications, mais à l’absence (l’inaction politique totale) du pouvoir fédéral justifiant qu’ils agissent sans ne tenir aucun compte de lui. En quelque sorte, ils “annulent”,– et pour utiliser une francisation d’un terme qui a une très forte charge symbolique (‘Cancel Culture’) on dira qu’ils “cancellent” le pouvoir fédéral. D’ailleurs, ils prévoient dans leur accord de mettre en place des lois nouvelles valables pour tous les États d’une façon coordonnée, chaque État devant modifier sa propre loi sur le sujet pour l’adapter à la nouvelle “loi trans-étatique”, certaines lois déjà existantes dans certains États et jugées excellentes servant de modèle pour la nouvelle “loi générale”.
« Le groupe de gouverneurs a signé un protocole d'accord, s'engageant à travailler ensemble pour “servir de multiplicateur de force afin de cibler les cartels et les réseaux criminels sur le plan financier et opérationnel”.
» “Ensemble, les gouverneurs amélioreront la sécurité publique, protégeront les victimes de crimes horribles, réduiront la quantité de drogue dans nos communautés et atténueront la crise humanitaire à la frontière sud”, indique l'accord.
» “En l'absence de leadership fédéral, les États s'associent pour créer l’‘American Governors' Border Strike Force’ [AGBSF]afin de désorganiser et de démanteler les organisations criminelles transnationales en renforçant la collaboration, en améliorant le renseignement, en investissant dans l'analyse, en luttant contre le trafic d'êtres humains et en mettant fin au flux de drogue dans nos États”, indique l'accord.
» Les gouverneurs se coordonneront pour partager les renseignements, perturber les couloirs de contrebande et aider les États frontaliers. Ils prévoient de concentrer leurs efforts contre le financement des cartels et la criminalité frontalière.
» Les États participants prévoient également de revoir les lois des États concernant la traite des êtres humains, le trafic de drogue et les organisations criminelles transnationales “afin de s'assurer que ces crimes sont poursuivis dans toute la mesure permise par la loi”. Par exemple, l’Arizona n'a pas actuellement de loi d'État contre le trafic d'êtres humains, tandis que le Texas vient de renforcer ses lois anti-trafic en septembre dernier.
» Les États peuvent demander l’aide d'autres États participants et les certifications et licences propres à chaque État seront honorées entre les États. Chaque État est responsable de ses propres coûts. »
Enfin, on a quelques précisions, à la fois des circonstances ayant précipité la formation de l’AGBSF, à la fois de réactions individuelles de quelques gouverneurs impliqués. Ainsi apparaît clairement l’ampleur catastrophique de la crise de la frontière Sud, dont personne ne parle dans les canaux bienpensants tout occupés à maudire la Russie ; ce silence n’empêche nullement sinon au contraire que cette dynamique crisique (frontière Sud) provoque des réactions discrètes mais extrêmement importantes, comme l’est cette AGBSF, – et d’autant plus importantes qu’elles sont discrètes, parce qu’ainsi, avec cette discrétion, aucun frein médiatique et de communication ne peut lui être opposé.
« La Border Strike Force a été annoncée quelques jours après que le service des douanes et de la protection des frontières a publié ses statistiques de mars, qui font état du plus grand nombre d’arrestations par la Border Patrol, – 209.906, – le long de la frontière Sud depuis le début de l'année 2000.
» Le gouverneur du Mississippi, Tate Reeves, a écrit sur Twitter que “nous sommes tous des États frontaliers maintenant & nous allons nous protéger”. “Malgré ce que l'administration Biden voudrait vous faire croire, les criminels, la drogue et le trafic d’êtres humains ne restent pas seulement à la frontière. Ils se frayent un chemin dans tous les États”, a écrit M. Reeves le 19 avril.
» Brad Little, gouverneur de l’Idaho, a accusé le président Joe Biden de refuser de s'attaquer à la crise frontalière. “Les gouverneurs américains se mobilisent. Notre partenariat multi-états est conçu pour perturber et démanteler les organisations criminelles transnationales qui profitent de l'ouverture de la frontière avec le Mexique”, a écrit M. Little sur Twitter le 19 avril.
» Le gouverneur de l’Arizona, Doug Ducey, a déclaré que son État dispose d’une force de frappe frontalière similaire au niveau de l’État depuis 2015. “Ce que nous faisons en Arizona fonctionne”, a déclaré Ducey dans un communiqué du 19 avril. “Si toute notre frontière sud n'est pas sécurisée, notre nation n'est pas sécurisée”. »
Il serait intéressant de savoir qui a été consulté et qui a été spécifiquement averti du développement de cette initiative et de sa conclusion sous forme d’un accord entre une majorité des gouverneurs des États-Unis. Notamment :
• le parti républicain (l’échelon fédéral suprême) a-t-il été consulté et a-t-il soutenu activement cette initiative ?
• Le gouvernement fédéral (l’administration Biden) a-t-il été averti de la formation de cette initiative avant sa conclusion ?
Nous sommes réduits aux hypothèses puisque sans réponses précises à ces questions, dont nous doutons d’ailleurs qu’elle soient rendues publiques, et si elles le sont, qu’elles soient conformes à la vérité.
Pourquoi “sécessionnistes” ?
On a déjà signalé une initiative du gouverneur Abbott du Texas, qui finalement s’est soldée par un échec. En même temps, on pourrait dire ironiquement, – l’ironie se retourne contre Psaki (voir l’extrait qui suit), – qu’elle est un succès en démontrant de manière significative la complète indifférence de l’administration Biden vis-à-vis de la crise de la frontière Sud, c’est-à-dire sa faiblesse, son irresponsabilité, bref sa quasi-inexistence. Ci-dessous, la séquence Abbott-Psaki :
« Localement ou par État, des mesures spécifiques sont prises, souvent hors du cadre législatif fédéral, mais sans effet systémique notable. Par exemple, le gouverneur du Texas Abbott a décidé le 6 avril que des immigrants illégaux seront envoyés directement à Washington D.C., plutôt que d’être laissés sur place au Texas après leur procédure de contrôle. Il s’agissait pour Abbott de montrer son mécontentement et d’outrepasser les dispositions fédérales légales de l’administration Biden. Mais l’initiative a été accueillie avec ironie par la Maison-Blanche, comme facilitant l’intégration des immigrants illégaux plus encore que ne le fait la politique ‘Open Door’ de l’administration Biden :
» “Interrogée lors du point de presse mercredi [13 avril] sur les efforts du gouverneur Abbott pour envoyer des clandestins à Washington afin de donner à Biden une leçon sur l'ouverture de la frontière Sud, la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki a félicité Abbott plutôt que de le condamner.
» “‘C’est une bonne chose que l’État du Texas aide [les migrants] à atteindre leur destination finale en attendant l’issue de leur procédure d'immigration, – car ils sont tous en procédure d’immigration’, a déclaré Psaki”. »
Vue en perspective et tenant compte de la très grande proximité des événements, on peut considérer l’hypothèse que l’initiative d’Abbott a été lancée alors que l’AGBSF était en cours d’élaboration (il faut un certain temps pour élaborer et finaliser un texte sollicitant l’accord de 26 gouverneurs, – un de moins que le nombre d’États-membres de l’UE !). En quelque sorte, elle aurait constitué une sorte de test ultime pour constater par démonstration opérationnelle la position précise de l’administration Biden dans sa capacité et sa volonté réelles de travailler sérieusement à la sécurisation de la frontière Sud. Dans ce cas, la démonstration est impeccable, à la mesure de l’ironie de Psaki et les gouverneurs décident d’avancer, – “En l'absence de leadership fédéral », – faisant comme si l’administration fédérale n’existait pas, et par conséquent effectivement “cancellée”.
Qualifier l’initiative de “sécessionniste” est certainement factuellement exagérée, par rapport à la forme de la loi qui n’interdit pas aux États d’adopter leurs propres lois concernant leur domaine d’activité. Mais l’esprit de la chose, dans l’atmosphère crisique électrique qui secoue les USA et l’extraordinaire faiblesse du pouvoir central, autorise d’employer, d’une manière symbolique très forte, un tel qualificatif. Par ailleurs, des constats objectifs signalent que, même sur la forme, on est proche d’une décision législative qui fait sécession de la loi fédérale qui, par définition, est maîtresse de toute décision collective aux États-Unis :
• Elle empiète en partie, mais d’une manière opérationnelle marquée, sur une sécurité collective qui est du ressort du fédéral : la sécurité collective de la frontière Sud des États-Unis.
• Elle n’est pas présentée comme une addition de lois de différents États mais comme une loi commune que chaque État concerné adopte pour son compte, traçant ainsi une initiative collective hors-fédéral d’un nombre important d’États.
• Si elle concerne la sécurité collective de la frontière Sud, elle implique une très grande majorité d’États (24 sur 26) qui ne sont pas directement sur la frontière Sud. L’argument est que la crise de la frontière Sud concerne tous les États du pays, ce qui implique une critique gravissime contre l’administration fédérale qui passe son temps à compter les $milliards d’aide militaire à l’Ukraine sans savoir où vont se perdre ces armes.
• Enfin, observation plus générale, l’agitation belliciste hystérique concernant Ukrisis, du type qui en d’autres temps devrait mobiliser toutes les énergies, n’a en rien empêché l’initiative AGBFS. Il faut dire qu’entreUkrisis et la crise de la frontière Sud, pour un gouverneur concerné il n’y a ni photo ni vidéo...
Rien n’est tranché bien entendu, et le qualificatif “sécessionniste” reste de pure communication ; mais c’est à une époque où, bien souvent, la communication est l’essentiel. Puisqu’on parle en Ukraine, pour les actes de la guerre, d’“opération d’information” (“opération de communication pour nous), alors on peut parler de “sécession de communication”.
Il semble assez probable que cette initiative n’ouvrirait pas nécessairement une crise institutionnelle et constitutionnelle, ni même qu’elle serait éventuellement contestée (Cour Suprême ?). Il semble assez probable que le silence ou/et l’ironie serait le principal commentaire, puisque ces choses-là (silence et ironie) sont les armes principales d’un pouvoir réduit à une dérive rythmée par la démence sénile de son chef agitée de propos confus, dérisoires et insensés. Ces consignes pourraient également être les consignes de “la ligne du Parti” pour la presseSystème, assorties d’arrogance et de mépris alors que le destin du Monde Libre et de l’espèce humaine se joue autour de Kiev et dans le Donbass.
D’une façon générale, on a pu le constater puisque c’est cette attitude de communication des USA et du bloc-BAO qui a conduit les Russes à décider leur attaque en Ukraine, c’est ainsi qu’aujourd’hui la GrandeCrise progresse à pas de géant. Et l’hypothèse de la désintégration des USA est un des sujets favoris de la GrandeCrise.
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