Des membres du personnel du CHRU de Strasbourg ont dénoncé jeudi le manque de lits d'hospitalisation et l'encombrement des urgences après le décès d'un homme qui avait attendu une douzaine d'heures d'être pris en charge.
L'homme, atteint d'une hémorragie digestive, était arrivé dans la soirée du mercredi 16 mars aux urgences du CHRU, et avait été pris en charge dans le courant de la matinée, le lendemain, selon le récit qu'en fait Rue89 Strasbourg et nos confères des Dernières Nouvelles d'Alsace.
On est constamment engorgés. On ne peut plus accueillir
L'hémorragie digestive, « c'est quelque chose qu'on sait très bien soigner. Mais indéniablement, à force de retarder le début des soins à cause d'un manque de lits disponibles, cela crée une perte de chance pour le patient », a déploré Sébastien Harscoat, praticien hospitalier au service des urgences. « On en arrive à un point où on est constamment engorgés. On ne peut plus accueillir, et malgré nos alertes, rien ne se passe », a-t-il poursuivi.
Une enquête administrative ouverte
Le CHRU a fait savoir que le décès avait été déclaré « événement indésirable grave », et a annoncé l'ouverture d'une enquête administrative. La direction du CHRU a confirmé la prise en charge du patient aux urgences dans la nuit, tout en faisant état d'une « disponibilité de lits en médecine, soins critiques et chirurgie ».
« On était au-delà de nos capacités », maintient Sébastien Harscoat, « si tant est qu'il y avait quelques lits disponibles, il n'y en avait pas suffisamment, même le lendemain matin c'était encore compliqué d'admettre des patients ».
« 14 patients restés plus de 20 heures sur un brancard »
Selon Christian Prudhomme, secrétaire général du syndicat Force ouvrière aux HUS, cet encombrement des urgences est devenu un phénomène chronique. « Ce qui s'est passé est dramatique, mais ça devait arriver », regrette-t-il. « Aujourd'hui, on a encore eu 14 patients restés plus de 20 heures sur un brancard. »
Jusqu'à 10 ambulances qui ne pouvaient pas déposer leur patient
Et d'ajouter : « Mardi, nous avions jusqu'à 10 ambulances qui ne pouvaient pas déposer leur patient, c'est catastrophique. On en est réduit à envoyer des secouristes à la place des pompiers professionnels, parce que les pompiers restent coincés chez nous. »
Le responsable syndical réclame désormais l'ouverture d'une enquête par l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), outre l'enquête administrative sur le décès.
Depuis décembre, des centaines de soignants du CHRU de Strasbourg se sont mobilisés à plusieurs reprises à l'occasion de minutes de silence observées devant leurs établissements pour dénoncer « la mort annoncée de l'hôpital public ».
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