02 avril 2022

Castelnau à l’assaut de Mac-McKinsey


Parmi les nombreuses plumes et voix, celles qui ne sont pas acquises au président “réélu d’avance”, qui ont pris le sentier de la guerre concernant l’affaire McKinsey, je choisis avec entrain et ardeur celles (plume et voix) de l’avocat Régis de Castelnau. Celui-là est déjà illustre depuis sa bagarre lors de l’affaire Benalla, puis confirmé lors des divers “bastons” qui ont suivi avec un pouvoir qui cultive comme le Nombre d’Or de sa postérité une extraordinaire indifférence pour la légitimité de sa charge, et un zèle non moins extraordinaire pour l’imposture du gredin qui a usurpé cette charge en décidant de n’en porter aucune de ses obligations... Indifférence, imposture, usurpateur, voilà son plat du jour.

On revient à mon hussard du barreau, plume et voix en bataille.

Voici sa plaidoirie... Après avoir montré plusieurs exemples d’empressement de la justice à se saisir d’affaires diverses, mais pas de la dimension d’un “scandale d’État”, de divers candidats et personnalités hors-Macronie, Castelnau nous propose un petit test à la fin de son texte du 30 mars 2022, sous le titre « La torpeur sélective du PNF [Parquet National Financier] » sur son site ‘VuduDroit.com’ :

« Eh bien, on va faire un petit test. Le mercredi 25 janvier 2017au matin, le Canard enchaîné publiait un article mettant en cause l’emploi de Pénélope Fillon comme attachée parlementaire. Le même jour à 11 heures, le PNF annonçait l’ouverture d’une enquête préliminaire dont les investigations commencèrent en urgence dès le lendemain. On connaît la suite avec les 47 jours d’une procédure fulgurante, dans une urgence jamais vue auparavant dans l’histoire de la justice française. Et la disqualification politique de François Fillon pour permettre l’élection d’Emmanuel Macron.

» Le Canard enchaîné publie ce matin 30 mars [2022], un article assassin sur les complicités dont la plus que probable fraude fiscale de McKinsey a bénéficié de la part des hauts fonctionnaires.

» Nous verrons combien de temps il faudra aux magistrats du PNF pour sortir de leur torpeur. »

Hypothèse : c’est tout vu... Et j’ajouterais, histoire de se rafraîchir le gosier de la morale courante de notre-justice, que c’est toute honte bue, et même indisponible...

Poursuivons... Castelnau, homme de gauche et petit-fils du général qui prépara in extremis Verdun à l’assaut allemand, signe un édito du 31 mars pour le site de ‘Valeurs Actuelles’, fameux hebdomadaire nettement à droite, qui poursuit la charge menée sur son site et dont on vient de lire la conclusion. C’est du “en même temps” gauche-droite, comme le souhaite le stratège Macron, une “union sacrée” comme l’on disait au temps du grand’père de Castelnau.

« Le scandale causé par les informations de la commission sénatoriale d’enquête sur le recours systématique par l’État à des cabinets de conseil a pris de l’ampleur. Effarés, les Français ont appris que l’État avait eu massivement recours à des intervenants externes, en général des cabinets à base anglo-saxonne, pour des missions dont l’utilité ne sautait pas aux yeux, c’est le moins que l’on puisse dire. Le tout pour plus de 1 milliard d’euros (!) pour la seule année 2021. On ressort stupéfait de la lecture du rapport rédigé par la commission. Par le volume invraisemblable des achats par l’État de ces missions externes, leur fréquente inutilité et l’importance vertigineuse des rémunérations.

» Mais le scandale a pris une autre tournure avec ce que l’on appelle désormais l’“affaire McKinsey”, qui dégage des fumets particulièrement malodorants, à base de soupçons de corruption, de connivences, de conflits d’intérêts, de fraudes fiscales, de faux témoignages et autres joyeusetés. Qui donnent avec insistance l’image d’une république bananière.

» Cette société dont le siège social est aux États-Unis a une succursale en France qui emploie 600 salariés et fait un chiffre d’affaires qui avoisine les 400 millions d’euros par an. La première observation que l’on peut faire porte sur les liens personnels que les dirigeants entretiennent avec le plus haut niveau de la sphère publique. À base de connivences, de pantouflages juteux, d’allers-retours réguliers, voire de liens familiaux encombrants, l’ensemble donnant une image particulièrement déplaisante. [...]

» Alors, si nous ne sommes pas contents, nous dit avec arrogance Emmanuel Macron, il faut aller “au pénal”. Parce qu’il sait très bien que la justice ne bougera pas. Le PNF et le pôle d’instruction financier ont contribué à son élection avec la procédure fulgurante lancée contre François Fillon. Depuis cinq ans, son entourage et ses amis ont été soigneusement préservés. Et concernant le scandale d’État majeur que constitue l’affaire des cabinets de conseil, malgré les milliards d’euros en cause, les autorités de poursuite, et en particulier le PNF, achevant de se déconsidérer, restent obstinément muettes.

» Évidemment, aucune décision de culpabilité ne pourrait être rendue dans les semaines qui viennent, mais ce n’est pas le sujet. Ce qui est grave, c’est ce silence judiciaire démontrant que, dans la dérive qui nourrit l’accusation faite à la France de devenir une république bananière, cette justice, devenue force politique autonome soutenant le système Macron, porte une lourde responsabilité. »

On ne s’embarrassera ici des conséquences immédiates, – judiciaires, bien entendu, avec la “prudence” légendaire de ces justiciers qui ont le respect de la hiérarchie, – politiques également, tant sondagières qu’électorales, parce que tout cela se joue dans un mouchoir chronologique, avec une presseSystème qui cultive le même souci de se démarquer du “complotisme” qui affleure dans chaque vision critique du pouvoir-en-place ; et d’ailleurs, parce que je ne prétends surtout pas être prophète en cette matière, ni même adepte de la comptabilité prospective dont on sait bien à quelles pressions sordides elle est confrontée. Non, ce qui nous importe, c’est l’hypothèse du pire, dont on sait qu’il est toujours possible, et, dans nos temps-devenus-fous, extrêmement probable sinon inratable.

Par conséquent, ce qui m’intéresse, moi, c’est Macron réélu après une bagarre assez salée, qui ira nécessairement se nourrir à cette vilaine affaire qui a la vertu exceptionnelle de résumer à peu près tout du personnage... Macron réélu, peut-être ou pas dans un mouchoir de poche mais un mouchoir déjà souillé, et surtout dans un bruit assourdissant de casseroles multiples accrochées à ses basques.

Je conseille à mes compatriotes, le soir de l’élection et pour saluer la performance de l’imposteur-usurpateur, et ravivant en cela mes souvenirs de factieux voué aux gémonies, de lui donner le concert de type musique sérielle que donnait la population algéroise dans la période proto-fasciste (dès l’âge de 10 ans, au début “des événements”, j’étais déjà facho, moi) ; lorsque mes compatriotes pieds-noirs, qui étaient venus libérer la France en 43-45, allaient chercher dans leur armurerie une ou deux casseroles de combat, et scandaient en bruit métallique le fameux “ti-ti-ti-ta-ta” (“Al-gé-rie Fran-çaise”) ; ils n’ont qu’à l’inverser en “ta-ta-ti-ti-ti (“Ma-cron dé-mi-ssion”) du plus heureux effet au soir d’une si belle journée démocratique ; tout un sacré programme dans la belle soirée d’une si  sublime réélection-ReSet.

Mais ce que je veux dire, au-delà du folklore type Covid19 applaudissant les “soignants”, c’est qu’on doit ainsi mesurer les incroyables conditions de déshonneur et d’infamie dans lesquelles se trouvera prise notre belle République, et qui marqueront la seconde élection du bellâtre ondoyant. Sans compter, cela, que se poursuivra le vacarme de l’Ukrisis qui sera transmutée, comme elle est déjà en train de commencer à le faire, décisivement dans cette Grande-Crise que nous connaissons tous. Ce jour de gloire et de fête républico-démocratique présentera, je vous l’assure, une superbe et fulgurante allure crépusculaire, démoniaque mais d’un démon identifié déjà par les dieux.

Nous aurons le troisième tour (les législatives) qui continuera à chauffer la foule, on imagine dans quelle atmosphère de liesse de fureur et d’indignation ! Et je dis, moi, même de la part de ceux qui auront voté et voteront encore pour lui, fureur et indignation avec ce qu’il leur reste des restes de leur honneur, de s’être contraint de voter pour lui, par trouille et par impuissance, par absence de cette audace qui vous ressuscite lorsque vous rompez enfin ces chaînes qui vous soumettent.

Et alors commencera le pire du pire, la quatrième mi-temps du match coupé en trois ! Celle qu’on n’a pas prévue mais qu’on devinait au fond de soi, comme inéluctable ! Car Macron, c’est juré, c’est écrit, s’il est réélu comme on récupère une serviette souillée parce qu’on n’ose pas en prendre une propre, car Macron, c’est bien sûr, déclenchera aussitôt, par sa seule présence infâme, la révolution dont personne ne voulait vraiment et que personne n’avait l’ardeur d’imaginer. Macron sera le président, dès ses premiers cent-jours, il sera l’homme qui aura rendu possible, sinon nécessaire, la révolution que nous croyions tous impensable et complètement hors de saison.

Il faut faire ça, pour faire basculer les mondes : aller au bout du dégoût comme d’autres vont au bout de la bruit, – ce qui revient au même d’ailleurs, Louis-Ferdinand en sait quelque chose, et Bardamu idem. Macron, le révolutionnaire qui nous inventera la révolution contre lui-même, parce que représentant le miroir dans laquelle la France, qui l’aura réélu, ne supportera plus désormais de se voir. Ainsi meurent les civilisations, en s’inventant des révolutions de circonstance, philosophera gravement Vladimir Vladimirovitch Poutine tandis qu’on entendra le rire sardonique, venu d’outre-tombe, du singulier et très-orthodoxe Vladimir Volkoff que j’eus l’heur de connaître dans mes heures enflammées des combats de la Guerre Froide :

« Philippe, je vous l’avoue, je suis très-très moyennement démocrate »

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