27 mars 2022

Guerre d’Ukraine – Samedi 26 mars 2022 – Jour 31

 

La guerre en Ukraine 

+ Bhadrakumar commente le bilan du premier mois de guerre dressé hier par le Ministère de la Défense russe. Pourquoi n’y a-t-il pas plus de commentateurs en Europe capables de cette clarté de vues ? 

Le ministère russe de la défense a choisi le voyage de Biden comme toile de fond parfaite pour présenter les véritables proportions du succès de son opération spéciale en Ukraine. La crédibilité des États-Unis et de l’OTAN est sur le point d’être irrémédiablement compromise, alors que le rouleau compresseur russe traverse l’Ukraine avec en ligne de mire le double objectif de la “démilitarisation” et de la “dénazification”.

L’état-major russe a révélé vendredi que les forces armées ukrainiennes, entraînées par l’OTAN et les États-Unis, ont subi des pertes considérables : L’armée de l’air et la défense aérienne ukrainiennes sont presque entièrement détruites, tandis que la marine du pays n’existe plus et qu’environ 11,5 % de l’ensemble du personnel militaire a été mis hors service. (L’Ukraine ne dispose pas de réserves organisées).

Selon le chef adjoint de l’état-major général russe, le colonel général Sergey Rudskoy, l’Ukraine a perdu une grande partie de ses véhicules de combat (chars, véhicules blindés, etc.), un tiers de ses systèmes de roquettes à lancement multiple, et bien plus des trois quarts de ses systèmes de défense anti-missiles et de ses systèmes de missiles tactiques Tochka-U.

Seize principaux aérodromes militaires ukrainiens ont été mis hors service, 39 bases de stockage et arsenaux ont été détruits (qui contenaient jusqu’à 70 % de tous les stocks d’équipements militaires, de matériel et de carburant, et plus d’un million 54000 tonnes de munitions).

Il est intéressant de noter qu’à la suite des frappes intenses et de haute précision sur les bases et les camps d’entraînement, les mercenaires étrangers quittent l’Ukraine. Au cours de la semaine dernière, 285 mercenaires se sont échappés en Pologne, en Hongrie et en Roumanie. Les forces russes détruisent systématiquement les cargaisons d’armes occidentales.

Plus important encore, la mission de libération du Donbass est sur le point d’être accomplie. En termes simples, les principaux objectifs de la première phase de l’opération ont été atteints.

Outre Kiev, les troupes russes ont bloqué les villes du nord et de l’est de Tchernigov, Sumy, Kharkov et la ville de Nikolaev sud, tandis qu’au sud toujours, Kherson et la majeure partie de la région de Zaporozhye sont sous contrôle total – l’intention étant non seulement d’entraver les forces ukrainiennes, mais aussi d’empêcher leur regroupement dans la région du Donbass (…)

“Nous n’avions pas prévu de prendre ces villes d’assaut dès le départ, afin d’éviter les destructions et de minimiser les pertes parmi le personnel et les civils”, a déclaré Rudskoï. Mais, a-t-il ajouté, une telle option n’est pas non plus exclue dans la période à venir“.

+L’armée russe continue la progression lente et méthodique de ses troupes au sol. Et la destruction systématique par des frappes de missiles précis d’objectifs militaires ukrainiens. Le fil de la négociation n’est pas rompu avec Kiev mais, lentement, l’armée russe prend de plus en plus de “gages”. Il y aura un moment où les Ukrainiens devront se persuader de l’intérêt de négocier vite, sous peine de perdre beaucoup. 

+ Les troupes russes ont obtenu la reddition des combattants ukrainiens qui défendaient Nikolaïevka à proximité de Kiev.

+ Les troupes russes sont entrées à Slavutich, à l’ouest de Tchernigov. Elles étaient stationnées à proximité depuis les premiers jours de la campagne.  Des affrontements sporadiques avec l’armée ukrainienne ont eu lieu, en particulier ces derniers jours. Cependant la démilitarisation de la ville (remise à l’armée russe de toutes les armes de combats) a été négociée avec le maire.  L’armée russe a précisé qu’elle se retirerait de la ville dès l’opération de désarmement effectuée, se contentant de points de contrôle aux abords. Surtout, la ville reste sous drapeau ukrainien. Naturellement cette approche n’est pas du goût des autorités ukrainiennes car il est difficile de traiter les Russes de “barbares” si l’on connaît le détail. Encore plus naturellement, les médias occidentaux subventionnés ne vous diront rien de tout cela.

+ D’une manière générale, les médias occidentaux reproduisent sans vérification les informations fournies par l’Ukraine – elle-même conseillée par des cabinets de relations publiques américains qui aident (comme avec la Croatie au début des années 1990) à formater une communication sur mesure.  Il y a bien entendu des exceptions.

+ On lira par exemple le très édifiant article de Sonja Van den Ende, journaliste néerlandaise sur la satisfaction de la population à l’arrivée des troupes russes à Henichesk (côte de la mer d’Azov). 

+ Le journaliste britannique Patrick Lancaster témoigne de la dureté de l’affrontement qui a eu lieu à Marioupol. Comme elle l’avait annoncé, l’armée russe, accompagnée des troupes de la République de Donetsk, n’a pas fait de prisonniers parmi les combattants du bataillon Azov qui n’ont pas saisi les offres de reddition. 

Rendez-vous sur son canal Telegram. Il témoigne de ce que le discours tenu en Occident est très loin de la réalité. Il a parlé avec des habitants qui avaient été empêchés d’emprunter les corridors humanitaires par les combattants ukrainiens. Et il corrobore l’idée que les “Azov” et autres combattants ukrainiens avaient pris la population de Marioupol en otage.  “Je sais que je passerai pour un menteur à la maison. Mais je dois bien dire ce que j’ai vu”. 

+ A partir d’Izoum – où les troupes russes établissent lentement leur contrôle afin de minimiser les pertes parmi les habitants – l’armée russe a pris, plus au sud, Kamenka et poursuivi dans la direction de Slaviansk. Une frappe de missile Iskander a frappé un regroupement de troupes ukrainiennes à Barvenkovo. D’autres frappes ont détruit l’artillerie ukrainienne stationnée dans la région. 

+ dans la “Nouvelle Russie”, au sens historique du terme, les troupes russes continuent leur avancée, 150 à 200 km au-dessus d’une ligne Kherson, Melotopol, Marioupol. 

+ La destruction d’un dépôt de carburants a causé une énorme déflagration à Lvov. C’est la frappe la plus spectaculaire dans une série de l’armée russe pour priver l’armée ukrainienne de tout point d’appui et de toute ressource.  Des objectifs ont été détruits aussi à proximité de Jitomir. 

+ Une mine a été identifiée par les autorités turques, à proximité de leurs côtes, ayant vraisemblablement dérivé depuis le large des côtes de l’Ukraine où la marine ukrainienne en avait installé au lendemain de l’attaque russe. Il pourrait y en avoir d’autres. 

+ Des Ukrainiens ont passé des coups de fil à des réservistes russes  pour leur faire croire qu’ils étaient mobilisés. 

Le conflit géostratégique

En jaune, sur la carte ci-dessus, les pays qui sanctionnent la Russie. Donc, en gris, les pays qui refusent de se joindre aux sanctions occidentales. On a donc les Etats-Unis et leurs “alliés” (un euphémisme pour “vassaux” disait déjà Brzezinski en 1997) contre le reste du monde. 

+ Entrons dans le vif du sujet. On se rappelle que Donald Trump avait été visé par une procédure d’impeachment pour avoir demandé au président Porochenko, le prédécesseur de Zelenski, des informations sur le fils de Joe Biden.  Eh bien laissons la parole au Daily Mail: 

Le gouvernement russe a tenu une conférence de presse jeudi, affirmant que Hunter Biden a contribué à financer un programme de recherche militaire américain sur les “armes biologiques” en Ukraine.
Ces allégations ont toutefois été qualifiées de stratagème de propagande éhonté visant à justifier l’invasion de l’Ukraine par le président Vladimir Poutine et à semer la discorde aux États-Unis.
Mais les courriels et la correspondance obtenus par le DailyMail.com sur l’ordinateur portable abandonné de Hunter montrent que les allégations pourraient bien être vraies.
Les courriels montrent que Hunter a aidé à obtenir des millions de dollars de financement pour Metabiota, un entrepreneur du ministère de la Défense spécialisé dans la recherche sur les maladies à l’origine de pandémies.
Il a également présenté Metabiota à une entreprise gazière ukrainienne prétendument corrompue, Burisma, pour un “projet scientifique” impliquant des laboratoires de haute sécurité biologique en Ukraine.
Le fils du président et ses collègues ont investi 500 000 dollars dans Metabiota par l’intermédiaire de leur société Rosemont Seneca Technology Partners.
Ils ont levé plusieurs millions de dollars de fonds pour la société auprès de géants de l’investissement, dont Goldman Sachs“. 

Le degré de corruption de l’oligarchie américaine et occidentale est devenu tel qu’il et impossible de distinguer entre intérêts privés et publics. Les médias américains n’ont pas voulu investiguer sur le fils de Joe Biden pendant la dernière campagne présidentielle américaine. Le réel se venge. Espérons que la situation restera toujours sous contrôle car un certain nombre de dirigeants occidentaux – à commencer par les néoconservateurs républicains ou démocrates aux USA – vont être démasqués dans les mois qui viennent. Ils pourraient choisir la fuite en avant et la politique du pire. 

+ Les passages à vide de Joe Biden – pour parler en langage diplomatique – font qu’il en dit quelquefois plus que ce qu’il devrait: devant des soldats américains stationnés en Pologne, il explique “Ce que nous faisons là en Ukraine…”. A un autre moment, Biden a carrément perdu le contrôle de ces propos et appelé au renversement de Poutine. 

Mais tout ceci ne peut guère camoufler la réalité – telle que Bhadrakumar la résume: 

“Il va de soi que Washington et les capitales européennes savent parfaitement que l’opération russe se déroule comme prévu et qu’il est impossible de l’arrêter. Ainsi, le sommet extraordinaire de l’OTAN du 24 mars a confirmé que l’alliance ne souhaite pas s’engager dans une confrontation militaire avec l’armée russe.

Au contraire, le sommet a décidé de renforcer la défense de ses propres territoires ! Quatre groupes de combat multinationaux supplémentaires de l’OTAN, composés de 40 000 hommes, seront déployés en Bulgarie, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie sur une base permanente. La proposition de la Pologne de déployer des unités militaires de l’OTAN en Ukraine a été purement et simplement rejetée.

Cependant, la Pologne a d’autres projets, notamment celui de déployer des contingents dans les régions occidentales de l’Ukraine pour soutenir le “peuple ukrainien fraternel” avec l’intention tacite de reprendre le contrôle des territoires historiquement disputés dans ces régions. On ne sait toujours pas quel accord faustien a été conclu à Varsovie le 25 mars entre Biden et son homologue polonais Duda. Il est clair que les vautours tournent autour des cieux ukrainiens. (…)

En effet, si la Pologne fait une offre pour le territoire ukrainien (avec le soutien tacite de Biden), le Belarus serait-il loin derrière pour prendre le contrôle des régions de Polésie et de Volyn en Ukraine ? C’est possible. Il suffit de dire qu’au cours de la période qui s’est écoulée depuis le coup d’État soutenu par la CIA à Kiev en 2014, lorsque les États-Unis se sont installés aux commandes, l’Ukraine a perdu sa souveraineté et est maintenant dangereusement proche de disparaître complètement de la carte de l’Europe !

Washington – Biden personnellement, ayant été la personne de référence de l’administration Obama à Kiev en 2014 – devrait porter cette lourde croix dans les livres d’histoire.

+ Le prochain sommet de l’ASEAN (organisation des pays de l’Asie du Sud-Est) autour des Etats-Unis est repoussé sine die. Nouveau revers diplomatique pour les Américains. 

Chronique de la dédollarisation du monde

Bhadrakumar, toujours lui, résume avec cruauté le naufrage de l’Union Européenne: 

“Quant aux dirigeants européens, ils se retrouvent dans un monde surréaliste, déconnecté des réalités stupéfiantes d’un nouvel ordre mondial. Le vieux Biden, âgé de 80 ans, qui n’a qu’une compréhension limitée du flux torrentiel des événements, a fait une proposition stupéfiante lors de sa conférence de presse de jeudi à Bruxelles : l’Ukraine devrait remplacer la Russie au sein du G20 !

Mais Biden a une âme sœur en la personne de la chef de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dont la dernière menace est que les compagnies pétrolières et gazières russes “ne seront pas autorisées à exiger le paiement du carburant en roubles.” Elle ignore béatement que l’UE ne dispose pas de moyens plus efficaces pour faire pression sur les entreprises russes !

Le président russe Vladimir Poutine a surpris les dirigeants occidentaux réunis à Bruxelles en annonçant que la Russie allait rapidement commencer à facturer en roubles les livraisons de gaz aux pays “inamicaux”. Plus de 45 pays inamicaux figurent sur la liste – les États-Unis et les membres de l’UE, ainsi que le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada, Singapour, le Monténégro et la Suisse. (Voir l’explication de RT intitulée What buying gas in rubles means for Russia and the West).

En fait, Moscou renforce d’une part l’affaiblissement du rouble, tout en faisant savoir qu’elle est à l’avant-garde d’une nouvelle vague internationale visant à contourner le dollar comme monnaie de base.

Pourtant, Moscou continue également à fournir régulièrement du gaz russe pour le transit vers l’Europe à travers l’Ukraine afin de répondre aux demandes des consommateurs européens (109,5 millions de mètres cubes au 26 mars !). Le fait est que, malgré la rhétorique et les discours grandiloquents, l’Europe a récemment augmenté ses achats de gaz à la Russie de manière significative dans un contexte de prix spot astronomiquement élevés !

Le Conseil européen, qui s’est réuni à Bruxelles le 25 mars en présence de M. Biden, n’a adopté aucune mesure concrète pour faire face à la hausse des prix de l’énergie et n’a pas pu trouver une approche unifiée face à la décision de la Russie de ne recevoir les paiements pour son gaz qu’en roubles.

En ce qui concerne la proposition de la Commission européenne d’établir un nouveau système d’achat commun de gaz pour éviter la surenchère, la déclaration finale du Conseil européen indique simplement que les dirigeants ont convenu de “travailler ensemble sur l’achat commun volontaire de gaz, de GNL et d’hydrogène”, ce qui signifie que les achats communs ne peuvent être effectués que par les pays de l’UE qui sont prêts à s’unir. (C’est nous qui soulignons).

Le chemin est long pour que l’Europe se passe du gaz russe. Le président serbe Aleksandar Vucic a déclaré hier : “Il y a des pénuries de gaz, et c’est pourquoi nous devons parler aux Russes. L’Europe va s’orienter vers une réduction de sa dépendance au gaz russe, mais cela peut-il se faire dans les années à venir ? C’est très difficile.”

“L’Europe consomme 500 milliards de mètres cubes de gaz, alors que l’Amérique et le Qatar peuvent en offrir 15 milliards, jusqu’à la dernière molécule… C’est pourquoi des hommes politiques allemands et autrichiens m’ont dit : “Nous ne pouvons pas simplement nous détruire. Si nous imposons des sanctions à la Russie dans le domaine du pétrole et du gaz, nous nous détruirons nous-mêmes. C’est comme se tirer une balle dans le pied avant de se précipiter dans un combat”. C’est ainsi que certaines personnes rationnelles en Occident voient les choses aujourd’hui.”

Avec les prédictions apocalyptiques d’un échec militaire russe en Ukraine qui s’écroulent et le retour de bâton des sanctions contre la Russie qui commence à mordre, les Européens sont pris en tenaille. Ils auront du ressentiment au fil du temps

+ Et pendant ce temps: “L’ambassadeur Zhang Hanhui a exhorté les hommes d’affaires chinois à Moscou à faire bon usage de la guerre actuelle entre la Russie et l’Ukraine alors qu’il rencontrait des représentants en début de semaine. Selon un message publié le 21 mars sur les médias sociaux par l’Association russe de promotion de la culture Confucius, l’ambassadeur a dit aux chefs d’entreprise de ne pas perdre de temps et de “combler le vide” dans l’économie russe“.

+ Lors du G7 de Bruxelles, les dirigeants occidentaux ont annoncé qu’ils veilleraient à ce que la Russie ne puisse pas “vendre son or” pour alléger le poids des sanctions. Faut-il rire ou pleurer du raisonnement de cette assemblée de Gribouille?  La Russie ne veut pas vendre son or, au contraire : il garantit désormais la valeur du rouble! Pour éviter toute panique bancaire au moment des sanctions, la TVA sur les ventes d’or en Russie a été supprimée. Et les clients des banques russes ont la possibilité de transférer leur épargne en or. 

Source

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.