En avril 2021, l'armée américaine a passé avec Microsoft un énorme contrat de 21,9 milliards de dollars pour la fourniture de 120.000 casques de réalité augmentée (AR) dérivés de son système HoloLens.
Baptisé «Integrated Visual Augmented System» (IVAS), le casque spécialement adapté pour les soldats de l'armée de terre devait servir à l'entraînement et lors des combats.
Équipé d'options vision nocturne et thermique, l'IVAS intègre un affichage d'éléments visuels superposés à la vue réelle, une cartographie 3D, ainsi que des fonctions avancées de communication et de partage d'informations.
Certains prototypes dotés d'intelligence artificielle et de reconnaissance faciale sont également capables d'identifier des menaces potentielles. Bref, l'équipement parfait du soldat 2.0.
Sauf que la technologie high-tech promise n'est pas franchement au rendez-vous, relate The Drive. Selon William Glaser, responsable du Synthetic Training Environment Cross-Functional Team à l'Army Futures Command, le casque souffrirait de «problèmes de maturité» et ne serait pas suffisamment robuste pour une utilisation sur le terrain.
Il serait notamment inutilisable par temps de pluie. En outre, les batteries qui l'alimentent n'auraient pas une durée de vie suffisante et ne seraient pas assez résistantes aux tirs lors des combats.
«Chef! Chef! Il pleut!»
L'US Army a donc indiqué avoir «reporté à une date ultérieure» les essais opérationnels de l'IVAS, tout en réaffirmant être «pleinement engagée dans son partenariat avec Microsoft pour faire progresser des technologies spécifiques afin de répondre aux besoins opérationnels des combattants».
Elle a également publié une liste de mises à jour du programme IVAS déjà effectuées depuis octobre 2020 –comme les essais par temps froid ou l'intégration aux véhicules blindés– sans préciser toutefois si la mise en pause du programme était liée aux dysfonctionnements signalés plus haut.
Cette affaire souligne le gouffre parfois béant entre les technologies vantées comme révolutionnaires et la réalité du terrain.
En janvier, un rapport du Pentagone avait étrillé le F-35, jet de combat de cinquième génération construit par l'entreprise américaine Lockheed Martin, décomptant pas moins de 871 défaillances logicielles et matérielles.
Au mois de mars, The Drive avait déjà révélé que le nouvel hélicoptère CH-53K des Marines n'était pas autorisé à passer plus de soixante-dix secondes dans un nuage de poussière, sous peine d'enrayer le rotor.
En juin, un rapport interne du ministère de la Défense britannique avait expliqué que les essais de l'Ajax, le futur blindé de la British Army, étaient suspendus pendant plusieurs semaines par mesure de sécurité en raison des vibrations et du bruit excessif susceptibles de faire peser des «risques pour la santé» à l'équipage.
En Afghanistan, les talibans armés de kalachnikovs rafistolées ont battu en quelques semaines l'armée régulière pourtant équipée de matériel dernier cri par les Américains. C'est parfois dans les vieux pots qu'on fait la meilleure confiture.
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