Le printemps est là avec le redoux, le soleil et les petites ballades et.. Ah bah non : avec tous ces « variants », avec tous ces miasmes mutants, avec cette hécatombe qui n’en finit pas d’être statistiquement triturée dans tous les sens pour continuer d’exister vaille que vaille et quoi qu’il en coûte, il va falloir songer à mettre de côté les activités habituelles pour cette période.
Certes, l’Exécutif a bien compris qu’un retour au confinement strict d’il y a un an provoquerait une embarrassante crispation chez suffisamment de Français dont certains, émotifs, ne se laisseraient pas faire, et le gouvernement a donc prudemment opté pour deux tactiques : diviser le pays pour mieux y régner en opposant habilement certaines régions à d’autres, et la confusion macronienne, cet art subtil ou tout est interdit et autorisé « en même temps » dans un florilège de vocabulaire communiquant et de petits formulaires bureaucratiques à remplir avec application en triplicatas fébriles.
Et bien que tout le monde sente confusément que l’épidémie de cerfas mal foutus et de kapos remontés comme des coucous n’a plus qu’un lien distant avec celle d’un virus dont on comprend de mieux en mieux la gravité relative, cette prise de conscience collective n’empêche en rien la multiplication des apparitions télévisuelles dramaturgiques (et dramatiques) de nos dirigeants.
Tout se déroule en effet comme si ces derniers devaient absolument continuer à jouer leur rôle, répétant qu’ils font absolument tout pour nous sortir de la crise dont tout indique qu’ils l’ont largement encouragée de leurs improvisations et de leurs bourdes successives, pendant qu’ils l’entretiennent maintenant avec application et décrets illisibles.
On peut se demander à quoi rime tout ceci mais un élément attire l’attention : depuis quelques mois, les gesticulations politiques autour des élections (régionales en juin de cette année puis présidentielles en mai 2022) se multiplient avec insistance.
Il y a quelques semaines, je notais la tentative (déjouée pour le moment par le Sénat) des sbires du gouvernement de pousser le vote électronique, tant celle-ci semblait avoir prouvé son efficacité pendant les élections américaines.
Cette pitoyable entreprise, heureusement écourtée par la trop rare lucidité sénatoriale, s’inscrivait après un précédent essai du même acabit, lui aussi avorté, d’introduire le vote par correspondance, lui aussi diablement efficace pendant la dernière élection présidentielle américaine et elle aussi pourtant entachée d’un passé plus que sulfureux de fraudes faciles.
C’est donc sans grande surprise mais avec la même consternation qu’on
découvre que, récemment, une centaine d’élus poussent actuellement avec
une belle ferveur la possibilité pour les jeunes de voter dès 16 ans, au moins pour les élections municipales : après tout, plus on est jeune, plus on est con
perméable aux messages du Camp du Bien, ce qui justifie amplement
d’ouvrir certaines élections à cette pâte-à-modeler citoyenne pratique.
Certes, les prochaines élections (des élections de grands, donc, pas pour les minots comme les municipales) ne seraient pas concernées par cette innovation résolument progressiste mais il devient difficile d’écarter la tendance déjà esquissée par les précédentes tentatives ratées qui consiste donc, pour l’actuel coterie au pouvoir, à modifier tout ce qu’elle peut du code électoral pour se garantir une assise un peu plus ferme que l’actuel marécage boueux de compromis mous et malodorants dans lequel elle s’enfonce actuellement.
Et cette tendance est d’autant moins facile à ignorer que se multiplient les signes que le président cherche par tous les moyens une voie de sortie favorable à son quinquennat qu’il a pourtant copieusement saboté tout seul comme un grand, depuis ses compromis boîteux (« en même temps » qu’on vous dit !) jusqu’aux petites phrases méprisantes en passant par sa façon catastrophique de gérer tant les Gilets jaunes que la pandémie.
Il devient difficile d’ignorer que l’actuel locataire de l’Élysée, lors d’un entretien quelque peu lunaire à Brut, avait presque annoncé la couleur en expliquant qu’il aurait peut-être à prendre des décisions impopulaires ; si l’on peut imaginer le meilleur (des réformes profondes et d’une telle ampleur que la France n’aurait pas supporté sa réélection), l’historique personnelle calamiteuse du roitelet impose d’imaginer aussi le pire.
Et ce dernier ne laisse pas vraiment penser à une élection dans de bonnes dispositions.
La direction prise par les prochaines élections régionales, dont ce qui reste d’opposition craint qu’elles puissent être reportées, donne une idée de ce qui serait envisageable : de variants en mutations, de tests fous en journalistes excités, tout serait fait pour bien faire comprendre en mai 2022 que voter dans de telles conditions sanitaires serait impossible – vous n’y pensez pas M’ame Ginette, avec ce variant serbo-croate à ailettes et double turbo-spike rotatif, la probabilité de mourir est tellement multipliée qu’une petite toux se transforme en cancer des bronches, a minima ! Impossible d’aller voter dans de telles conditions, voyons !
Alternativement, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que, nonobstant tout miasme mutant des espaces électoraux interstitiels, la situation du pays devrait être passablement dégradée en 2022 : économiquement, socialement, politiquement, il est assez peu probable que le pays soit à la fois apaisé et sur la voie d’une nouvelle prospérité. On peut même envisager que la situation soit si tendue – krach boursier ? inflation galopante ? rixes un peu trop vigoureuses de galopins émotifs ? – que ne puisse (au moins aux yeux du président) se tenir d’élection dans un pays au bord du chaos.
Dans ce contexte, l’innovation présidentielle jouerait alors à plein et on pourrait alors envisager de faire sombrer le pays dans une situation inédite, une zone grise de non-élection pour cas de force majeure, allant jusqu’à la déclaration d’un nouvel état d’urgence (plus sanitaire du tout) voir un état de siège ou une loi martiale qui siérait bien au caractère jupitérien de l’actuel président et de son égo surdimensionné.
On en conviendra, ces hypothèses semblent actuellement parfaitement farfelues. Cependant, entre la tendance exposée en début de billet qui consiste à tout faire, même les coups les plus tordus, pour dissoudre commodément certaines barrières logistiques à une fraude malencontreuse mais massive, celle qui consiste actuellement à tenter toutes les compromissions idéologiques pour ratisser l’électorat au plus large, l’envie difficilement réprimée de Macron de laisser une empreinte inoubliable dans l’Histoire et la conjoncture globale qui ne pourra pas être sereine, tout indique que les élections 2022 n’auront rien de paisible.
À l’aune de cette réflexion, on se demande d’ailleurs pourquoi la presse grand public ne s’en préoccupe guère plus…
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