La situation est assez similaire, et par conséquent opérationnellement et symboliquement significative : de même que la Hongrie ou la Pologne, et d’autres pays de l’UE, avaient, sans en demander l’autorisation à Bruxelles, pris l’initiative de fermer leurs frontières à l’afflux incontrôlé de migrants en 2015, de même le Texas a-t-il décidé samedi, sans autorisation explicite de Washington, de lancer l’“Opération Lone Star” pour boucler sa frontière Sud, sous l’autorité du gouverneur Abbott alors que la politique nationale est brusquement devenue, sur décret aveuglément signé par le président Biden, d’ouvrir les frontières des USA sans restriction à l’immigration.
Le nom même de l’opération est un symbole qui parle haut et fort,
bien plus que tous les discours du monde : l’“Opération Etoile
Solitaire”, – pour deux raisons :
• La devise de l’État du Texas est effectivement “Lone Star State”
(l’État de l’étoile solitaire), pour marquer, dès l’origine, sa
spécificité souveraine. Le Texas avait d’abord conquis son indépendance
aux dépens du Mexique, avant d’adhérer à l’Union (USA) en tant qu’entité
souveraine. Même s’il y eut beaucoup de manipulation de la part
d’agents des USA pour pousser à une indépendance qui conduirait à cette
adhésion finale du Texas via cette indépendance, il reste qu’il y eut
bien une “République du Texas” de1836 à 1845. L’“Opération Lone Star” rappelle ce passé comme une tradition souveraine plus que jamais vivante.
• Politiquement, dans l’état actuel de la confusion de l’élection du 3 novembre 2020, d’une part selon la position en flèche (« Texit ! »)
prise par le Texas dans les péripéties qui ont suivi, d’autre part
selon la position de confrontation de la politique du “centre”
washingtonien que représente la décision de Abbott, l’“Opération Lone Star” est un acte opérationnel à résonnance sécessionniste.
La faiblesse démontrée du pouvoir exécutif avec Joe Biden dans l’état
où il se trouve, face aux multiples crise allant de l’élection à la
Covid, construit et exacerbe cette perception de la déconstruction.
Voici une description des conditions et des particularités collatérales de la décision extrêmement rapide du gouverneur Abbott par rapport à la montée de la crise.
« Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, prend en main la sécurité
des frontières, en envoyant des forces de sa Garde Nationale et de la
police d'État pour lutter contre le trafic de drogue et la traite des
êtres humains, alors que les politiques de l'administration Biden
stimulent l'immigration clandestine.
» L’‘Operation Lone Star’, nom donnée à cette opération, prévoit
l'envoi de moyens de sécurité terrestres, aériens, maritimes et
tactiques dans les zones à haut risque de la frontière de l'État avec le
Mexique afin d’empêcher les cartels et autres trafiquants d’introduire
de la drogue et des étrangers en situation irrégulière au Texas. Abbott a
annoncé cette stratégie tard samedi, un jour après que l’ancien
président Donald Trump ait reproché au président Joe Biden d’avoir créé
une “spirale de tsunami” à la frontière qui “empire de minute en
minute”.
» “La crise à notre frontière sud continue de s’aggraver en raison
des politiques de l'administration Biden qui refusent de sécuriser la
frontière et invitent à l'immigration clandestine”, a déclaré M. Abbott.
“Le Texas soutient l'immigration légale mais ne sera pas complice des
politiques d'ouverture des frontières qui provoquent, – plutôt que
d'empêcher, – une crise humanitaire dans notre État et mettent en danger
la vie des Texans”.
» “Nous allons augmenter les ressources et le personnel des forces de l'ordre nécessaires pour faire face à la crise.
» Plus de 100 étrangers illégaux qui ont été libérés par
l'administration Biden au Texas depuis fin janvier ont été testés
positifs au Covid-19, a déclaré jeudi un porte-parole de la ville
frontalière de Brownsville à KFOX, l'affilié local de Fox News. Le taux
de positivité des migrants testés à la gare routière principale de
Brownsville après qu'ils y aient été déposés par les agents de la
patrouille frontalière est de 6,3 %. Il est conseillé à ceux qui sont
testés positifs de se mettre en quarantaine, mais la ville n'a pas le
pouvoir d’empêcher ces personnes de voyager où elles veulent aux
États-Unis.
» L'augmentation du nombre de passages illégaux de frontières a été
particulièrement marquée chez les mineurs. Axios a rapporté jeudi qu'une
moyenne de 321 enfants non accompagnés par jour ont été transférés par
la patrouille frontalière à la garde du ministère américain de la santé
et des services sociaux au cours de la dernière semaine de février,
contre 47 début janvier, avant l'entrée en fonction de Biden.
» Bien qu’il soit impliqué dans des crises de l'énergie et de l'eau provoquées par des tempêtes hivernales qui ont fait geler des centrales électriques et des tuyaux, Abbott a trouvé le temps de s'opposer à Biden. Abbott a annoncé mardi dernier qu'il mettait fin à un mandat de masque et à d’autres restrictions de Covid-19 au Texas, ce qui a incité Biden à dire : “La dernière chose dont nous avons besoin, c'est d'une pensée de Neandertal”. »
Les choses vont très, très vite, bien plus vite que nous-mêmes... Avant-hier, pendant que le gouverneur Abbott trempait son porte-plume dans un encrier datant de la “République du Texas” (nous enjolivons...) pour signer l’ordre de prise en mains par ses propres forces de la frontière Sud de l’État, nous écrivions :
« Et alors nous vient à l’esprit la question : que va faire le Texas, qui a décidé le déconfinement complet ? Va-t-il laisser faire le pouvoir fédéral qui ne fait rien et voir cette vague migratoire déstabilisante en elle-même, porter en plus une cargaison d’infection Covid ? Ou bien va-t-il décider de prendre les choses en main et, par exemple, exemple parmi d’autres possibilités, mobiliser sa Garde Nationale pour boucler la frontière ? Ce faisant, il se trouverait en complète rupture avec le “centre” washingtonien embourbé dans sa paralysie, – si vous voulez, de facto en complète sécession ; et peut-être même que les élus démocrates du Sud du Texas soutiendraient l’initiative, ce qui serait dans la pure logique démente de cette situation si étrange à force d'être si peu ordinaire. »
On a le droit d’être fasciné par l’enchaînement des événements, et de s’en demander la cause... Et la réponse jaillit aussitôt, aussi évidente que l’ombre accompagnant le crépuscule, pour se révéler en pleine lumière dans l’aveuglement d’une terrible bêtise prédatrice, entre la haine (elle-même nécessairement aveugle) antitrumpiste des démocrates qui leur fait ignorer tout le reste, et la sénilité pathologique évidente d’un président qui se demande (au Texas, justement) « What am I doing here ? », les deux saupoudrée par une idéologisation intense de tous les aspects de la vie politique. Il faut bien cela pour ainsi pousser, accélérer ce qui est évidemment une logique centrifuge, absolument mortifère pour l’équilibre, sinon l’existence des USA.
Qu’on fasse le compte, pour ce seul Texas qui n’est pas une partie négligeable de l’Union :
• déjà engagé dans cette logique centrifuge pendant la transition
novembre 2020-janvier 2021, et pas seulement pour le soutien de Trump,
mais plus encore pour ses propres intérêts ;
• le Texas, aussitôt frappé de plein fouet par deux politiques
aveuglement intransigeante des démocrates, et d’un Biden comme courroie
de transmission quasi-inconsciente : la politique de traitement de la
Covid et la politique de la frontière Sud (le Texas est le premier
concerné) d’ouverture complète aux migrants ;
• résultat : le Texas décidant le déconfinement complet sans s’occuper une seconde de l’avis de Washington (« politique néandertalienne », apprécie le président, sortant de sa grotte et laissant faire) ;
• deux jours après, concernant la deuxième décision qui interfère dans
la première (présence d’individus contagieux chez les migrants) le Texas
décide la mobilisation de ses propres forces pour boucler la frontière,
contre la nouvelle politique démocratico-merkelienne des bras et des
portes ouvertes du président Biden.
Vu de Sirius et du refuge de l’inconnaissance, et sans préoccupation des us & coutumes habituels en langue de bois accordée aux exercice de rhétorique de la raison-subvertie régnant chez les dirigeants-Système, tout cela ressemble à une marche assez tranquille et déterminée vers la sécession... “Assez tranquille” parce que personne ne s’exclame vraiment ni ne s’inquiète tout à fait, Washington laisse faire en se contentant de citer le philosophe antimoderne Neandertal. Les démocrates qui, paraît-il, dirigent tout, n’en disent pas trop parce qu’en plus, au Texas où ils occupent des positions importantes, il s’agit d’élus démocrates latinos représentant la communauté latino, qui est la première à se plaindre du flux migratoire (on sait bien que les immigrants des générations précédentes, bien implantés en communautés, n’ont, au contraire des “blancs” “racisés” et survitaminés au complexe du privilège, strictement aucune bienveillance à l’égard des immigrants-nouveaux, illégaux et contagieux).
Il y a comme une sorte de perfection (néandertalienne ?) dans cette façon de transformer tous les aspects de la contestation inévitable dans ces temps de haine, en des crises impossibles à démêler et grandes ouvertes sur une aggravation constante, comme une sorte d’hémorragie crisique bien accordée à la structure crisique. L’hémorragie touche aussi le pouvoir central washingtonien, où l’arrivée de Biden à la place de l’épouvantable Trump, crée une situation bien pire que celle qui existait du temps de la bestiole haïe.
C’est une hémorragie massive d’autorité et de légitimité. L’Amérique, qui est comme chacun sait, un modèle pour nous, est en train d’en créer une nouvelle version : le modèle de l’effondrement finalement à peine visible, presque subreptice, sans bruit excessif parce que couvert par le fracas des bavardages sans fin autour des crises de leur simulacre. Nous au moins, civilisation-postmoderne, nous n’avons pas besoin du Vésuve pour giser sous les cendres.
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