03 mars 2021

Immunité naturelle acquise par les populations : Le début de la fin de l'épidémie

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Les cas de COVID-19 sont en baisse. Cela pourrait être le début de la fin de la pandémie

Début janvier, alors que les nouveaux cas de COVID-19 étaient à un niveau record, j'ai publié un éditorial prédisant que les nouveaux cas diminueraient bientôt et que la flambée de décembre-janvier serait probablement la dernière. La nouvelle n'a pas été bien accueillie par des collègues dont les modèles indiquaient que les cas continueraient d'augmenter tout au long de l'hiver. Mais, depuis la mi-janvier, les nouveaux cas ont chuté précipitamment. La plupart des explications à ce phénomène sont probablement incorrectes. Voici pourquoi :

► Vaccins. Les vaccins n'expliquent pas pourquoi les cas diminuent rapidement. Très peu de personnes avaient été vaccinées lorsque le déclin a commencé, et seulement  13% ont reçu des vaccins aux États-Unis. En outre, les cas sont en baisse dans les pays qui ont lancé des programmes de vaccination (hormis l'Israël et le Qatar) et dans ceux qui n’ont pas commencé. Le Japon, où les vaccinations n'ont été lancées que la semaine dernière, a enregistré une baisse de 85% des nouveaux cas depuis le 11 janvier. En Colombie, où les vaccins ne sont pas disponibles, les nouveaux cas ont chuté de 78% depuis le 20 janvier.

Saisons, masques et immunité collective

► Changement de temps. Le déclin serait dû au printemps ? Probablement pas. Les cas ont commencé à tomber au milieu de l'hiver. Alors que des tempêtes terribles ont frappé les États-Unis la semaine dernière, il semble peu probable que les gens soient sortis pour profiter du soleil. Si le changement saisonnier est une cause, le schéma de l'hémisphère nord devrait être opposé à celui de l'hémisphère sud. Pourtant, l'Argentine, l'Afrique du Sud, la Zambie, le Zimbabwe, l'Australie et la plupart des autres pays de l'hémisphère sud connaissent des baisses similaires à celles des pays de l'hémisphère nord.

► Masques. La plupart des autorités annoncent que les masques réduiraient la propagation du virus. Mais le port du masque coïncide-t-il avec les changements dans la contagion ? Stanford et YouGov ont réalisé une série d'enquêtes auprès d'échantillons représentatifs de la population américaine. Dans chacun d'eux, nous avons demandé aux répondants s'ils portaient «toujours» des masques à l'extérieur. L'utilisation des masques est passée de près de 58% à 73,5% entre mai et août, mais n'a augmenté que de 73,5% à 74,5% entre août et Noël. Le port du masque est resté pratiquement inchangé entre l'automne et le pic de la pandémie. L'augmentation de 1 point ne peut expliquer la montée rapide puis la baisse du nombre de cas positifs aux tests.

► Variantes. Alors que nous nous réjouissons de la baisse des cas positifs, beaucoup craignent que nous ne soyons bientôt ensevelis dans l'avalanche de nouveaux cas positifs causés par des souches variantes plus dangereuses du virus. Le variant britannique, qui serait très contagieux, double désormais tous les 10 jours et pourrait devenir la souche dominante aux États-Unis d'ici la fin du mois de mars. Mais l'impact des variants n'a pas suivi les pronostiques. Les variants représentent désormais la majorité des cas positifs au Royaume-Uni et en Afrique du Sud. Si ces versions mutées peuvent réinfecter les personnes précédemment atteintes, ou si elles échappent aux vaccins, nous devrions nous attendre à une forte augmentation des nouveaux cas positifs au Royaume-Uni et en Afrique du Sud. Mais cela ne se produit pas. Dans les deux pays, le nombre de cas diminue rapidement.

► Immunité naturelle. Une dernière explication serait que tout le monde n'a pas encore été infecté. Une fois infecté par le SRAS-CoV-2, l'immunité naturelle offre une protection puissante. Bien qu'il y ait quelques cas de réinfection, ils sont extrêmement rares. Sur 113 millions de cas positifs confirmés de COVID-19 dans le monde, il n'y a que 57 réinfections documentées. Le groupe placebo de l'étude sur le vaccin Johnson & Johnson comprend 2.030 personnes qui avaient déjà été infectées. Ces personnes étaient mieux protégées contre les infections que celles qui avaient reçu le vaccin.

La pandémie serait dans sa dernière ligne droite


Environ deux tiers de la population a besoin d'anticorps neutralisants pour atteindre l'immunité collective. Les deux tiers des 330 millions de personnes aux États-Unis représentent environ 220 millions de personnes. Vous pouvez obtenir des anticorps en prenant un vaccin efficace. Mais, si vous faites partie des 29 millions d'Américains qui ont eu un cas documenté, vous êtes probablement immunisé. Et ces 29 millions de cas confirmés ne sont la pointe de l'iceberg.

Les Centers for Disease Control and Prevention estime qu'environ huit personnes ont été infectées pour chaque cas documenté. D'autres estimations montrent que le ratio 8-1 est trop élevé et suggèrent qu'il est en réalité de 5 pour 1 ou 6 pour 1, tandis que d'autres disent qu'il pourrait être aussi élevé que 10 pour 1. Utilisons une estimation prudente de 6 pour 1. Si nous multiplions les 29 millions de cas connus par six, il est possible que plus de 170 millions de personnes soient déjà immunisées. Cela pourrait expliquer pourquoi les taux d'infection précoces dans le Dakota du Nord, le Dakota du Sud, le Nebraska et l'Iowa ont été suivis d'une baisse rapide des nouveaux cas positifs et des hospitalisations.

Pourquoi accordons-nous si peu d'attention à l'immunité naturelle ? C'est peut-être parce que l'immunité naturelle des masses a été identifiée à une idéologie politique qui préconisait également un comportement imprudent. Il y aurait des conséquences très dangereuses à encourager les gens à être infectés afin d'obtenir l'immunité. Mais nous ne devons pas négliger la possibilité que l'immunité collective soit déjà en place.

Nous devons reconnaître que les vaccins arrivent à un moment où les cas diminuaient déjà rapidement. Les historiens de la médecine offrent plusieurs exemples de vaccins et de traitements qui sont devenus disponibles après qu'une pandémie était en voie de résolution. En fin de compte, les vaccins ne devraient recevoir tout le crédit qu'on leur donne.

D'après un article de Robert M. Kaplan

Robert M. Kaplan est membre du corps professoral du centre de recherche sur l'excellence clinique de la Stanford Medical School, ancien directeur associé des National Institutes of Health et ancien directeur scientifique de l'Agence américaine pour la recherche et la qualité des soins de santé.

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Des épidémies arrivent et disparaissent, sans que l'on soit capable de comprendre le phénomène à ce jour.

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