En quelques rapides interventions et commentaires, autour de la mise en place des dernières dispositions pour l’absurde et partisan procès en destitution d’un président qui n’est plus en fonction, c’est l’impuissance et l’emprisonnement du président en fonction qui apparaît.
Cette impuissance et cet emprisonnement de Biden sont porteurs d’une aggravation dramatique de la division antagoniste qu’on constate aujourd’hui, au Congrès et dans la population des USA. Elles marquent surtout qu’en plus d’être un ‘président impuissant’, Biden est ‘le président de l’impuissance’ où se trouve encalminé le pouvoir politique à Washington D.C.
Le procès va s’engager, sans doute dans la seconde semaine de février, avec un Sénat plongé dans des convulsions terribles. La grande question de la présidence du Sénat transformé en tribunal a été résolue de la pire des façons. C’est normalement le président de la Cour Suprême (SCOTUS) qui préside une telle procédure. Mais le Juge Roberts a finalement décidé de ne pas tenir ce rôle, officiellement pour des raisons formelles concernant l’aspect fort peu constitutionnel du processus (l’accusé n’étant plus dans la position qui est mise en question), mais en réalité pour ne pas être pris dans une polémique partisane. On a déjà vu, lors de la plainte du Texas concernant l’élection, en décembre 2020, que Roberts ne brille ni par son courage, ni par la fermeté de sa logique constitutionnelle. Il est évident qu’il a pu constater l’opposition de la rumeur démocrate à sa nomination, sous l’accusation que sa position d’équité était en fait un parti-pris pro-Trump. Cela doit être compris dans le sens de l’habituelle inversion de la logique wokenisrte : l’‘équité’ selon les canons de la gauche radicale du parti démocrate consiste à juger Trump coupable de tout, d’avance, et sans appel. C’est bien assez pour décourager un Roberts, qui n’a décidément rien d’un Maximilien...
Le juge sera donc le sénateur Leahy, ont décidé les démocrates. Selon de très nombreux avis, il n’y avait pas pire choix, Leahy étant le sénateur démocrate le plus froidement déterminé des antiTrump qu’on puisse trouver. D’où la conséquence que les républicains se retrancheront dans une opposition maximale à la procédure et à toute condamnation. (Il faut une majorité des deux tiers pour un jugement de culpabilité du Sénat, donc les démocrates ont besoin du soutien de 17 sénateurs républicains.)
Quelques mots de commentaires de RT.com, recueillis avant que Roberts annonce sa décision de s’abstenir et que Leahy soit nommé :
« Les conservateurs ont déjà crié au scandale, arguant que Leahy
n'est pas apte à jouer ce rôle en raison de son évident (pour eux) parti
pris antiTrump. L'ancien conseiller de Trump, Boris Epshteyn, a
qualifié le législateur démocrate de “partisan froid comme du marbre”,
en faisant valoir que “tout semblant d’équité ou de procédure régulière”
lors du procès imminent est voué à être “jeté par la fenêtre” si Leahy
est en charge.
» Leahy a également fait l'objet de critiques de la part de
commentateurs antiTrump. “Ce sera un cauchemar pour cette nation lorsque
les républicains s'opposeront, et ils le feront”, a déclaré une source
qui se décrit elle-même comme opposée au ‘trumpisme’. “C’est de nous
qu’il s’agit [de notre cohésion, de notre logique], pas des pro-Trump”.
» “Je pense que vous êtes géniaux [de vouloir condamner Trump]et je comprends la logique ici, mais les républicains cherchent, eux, un moyen de sortir de la logique radicale du procès [sans paraître trop trahir Trump]. Pour cette raison, il faut laisser le Président de la Cour suprême présider”, a déclaré une autre source », – trop tard...
Il y a donc une logique radicalisant, extrémiste, catastrophique pour la situation politique, qui poursuit une route irrésistible au Congrès. Et qu’en dit le président Biden ? s’étonnent divers commentateurs, des opposants à Biden mais aussi des partisans modérés. Biden s’est tenu complètement sur la réserve dans cette affaire, estimant platement, avant même de prêter serment, que “c’était l’affaire du Congrès”, c’est-à-dire s’en lavant les mains à la manière d’un Ponce-Pilate maximaliste, qui ne se sentirait pas concerné par une affaire intérieure conduite par son propre parti, et d’une si grande importance politique.
Biden n’est sorti de cette réserve qu’hier soir, sur CNN, confirmant toutes les craintes qu’on pouvait avoir à son sujet. Pour Biden, le procès est inéluctable, et il sera perdu pour les démocrates ; c’est-à-dire que Biden a parfaitement conscience qu’il s’agit d’un énorme ferment de division qui ne satisfera personne, même pas l’aile extrémiste des démocrates... Mais voilà, on n’y peut rien et il n’y peut rien, et si les forces politiques ont profondément changé les procédures et les habitudes du Sénat ne permettent pas de les prendre en compte : nous aurons donc une machinerie d’emprisonnement entre l’exaspération de la radicalisation que l’on ne peut affronter ni décevoir (selon Biden, montrant ainsi toute son impuissance), et la pesanteur de la machinerie institutionnelle...
Ainsi, nous dit Biden en clair, “ce qui se prépare est une catastrophe mais je n’y peux rien, parce que s’y opposer serait pour moi, président impuissant, une catastrophe pire encore...”.
« Le président Joe Biden ne pense pas que le Sénat condamnera
Donald Trump, mais il estime que la procédure de destitution doit encore
avoir lieu.
» Parlant lundi à CNN,
Biden a déclaré que le procès de destitution “doit avoir lieu”, et
qu’il y aurait un “effet pire encore s'il n'avait pas lieu”.
» Au moins 17 sénateurs républicains devraient rejoindre les
démocrates pour que Trump soit reconnu coupable. Biden a déclaré à CNN
que l'issue aurait pu être différente s’il restait six mois de mandat de
présidence pour Trump, mais maintenant qu'il n’est plus en fonction, il
estime qu’il y a peu de chances d’obtenir une condamnation.
» “Le Sénat a changé depuis que j'y étais, mais pas tant que ça”, a-t-il déclaré à CNN. »
Il y a un commentaire très modéré de Newt Gingrich qui résume bien la situation. On doit se dire que lorsque Gingrich, qui fut Speakerrépublicain de la Chambre de 1994 à 1999 et reste un polémiste redouté, fait un commentaire modéré sur un président démocrate confronté à un défi politique très important, c’est que la situation est très grave pour tous, républicains et démocrate : « Si le président[Biden] ne réussit pas, l'Amérique sera dans une situation très grave. »
Quelques extraits de son commentaire publié dans le WashingtonTimes d’hier :
« Enlisant l’élite des médias libéraux s’emparer de l'inauguration du président Joe Bidenpour la magnifier,
j'ai attendu qu’au moins quelqu’un analyse la différence fascinante
entre le discours inaugural du président Biden et ses actes inauguraux.
» Tout d’abord, j’ai trouvé que le discours était incroyablementexcellent.
Il promettait l’unité, la solidarité et la recherche d’un terrain
d’entente, – discours de bipartisme américain classique et de bonne
volonté civique. Il a promis de tendre la main à tout le monde, de
travailler avec tout le monde et d’être un président américain, plutôt
qu'un président démocrate et partisan.[...]
» Quelques heures après avoir prononcé son excellent discours
inaugural, le président Biden s’est rendu à la Maison Blanche et a signé
17 décrets, – dont plus d’une douzaine qui contredisent totalement sa
promesse de bipartisme, d’unité et de recherche d’un terrain d’entente. [...]
» Maintenant, rien de tout cela [cette critique de ses premiers actes]ne
doit être interprété comme un souhait ou un désir que le président
Biden échoue dans sa fonction de chef de l’exécutif. À moins que vous ne
soyez irrationnel, chaque Américain devrait souhaiter que le président
américain réussisse. Si le président ne réussit pas, l'Amérique sera dans une situation très grave.
» Cela doit être considéré comme un défi lancé au président Biden pour que ses actes correspondent à ses paroles.
» Jusqu’à présent, je l’entendsparler d’unité et
appeler à ce que nous travaillions tous ensemble, mais je suis curieux
de savoir à qui il pense lorsqu’il parle de ce “nous”. »
« Do the Democrats Really Want Unity? », interroge Jonathan Turley… Poser la question, c’est évidemment y répondre. Peut-être que le pauvre Biden y pense parfois, mais tout juste en rêve. Le commentaire ‘modéré’ de Gingrich reflète paradoxalement la gravité de la situation bloquée par des états d’esprits catastrophistes. Les déclarations de Biden à CNN sont effectivement stupéfiantes : “certes, c’est une catastrophe (la destitution), mais ce serait une catastrophe plus grande encore que d’éviter cette catastrophe”. Quand on en arrive à de telles logiques sophistiques appliquées à la politique opérationnelle, on comprend que le crépuscule n’est plus très loin. L’immense soupir de soulagement du ‘monde civilisé’ avec la prise de fonction de Biden mesure la crétinerie pathologique de ce ‘monde civilisé’ ivre de ses propres simulacres : la Société du Spectacle fonctionne d’abord pour ceux qui montent le spectacle.
Lorsqu’un Jean-Luc Hees, présenté comme un parangon du journalisme de réflexion sur les Etats-Unis, nous dit, comme il le fit le 20 janvier sur LCI, que « la décision de destitution est une erreur politique mais c’est une obligation morale et il y a des occasions où la morale doit primer sur la politique », il confirme le diagnostic de crétinerie pathologique où ces pauvres êtres sont enfermés, avec en supplément-cadeau l’idée qu’il y a souvent des occasions ratées de se taire, ou de s’abstenir d’aller au ‘Spectacle’ offert par la ‘Société’, – la Covid et le confinement obligent.
Quels que soient ses défauts et ses corruptions qu’on sait innombrables, il y a d’abord ce fait que Biden est prisonnier d’un état d’esprit, d’un irrésistible enfermement dans une machinerie hors de tout contrôle, accompagnée par les jappements des pions de service, – Pelosi et Schumer en l’occurrence. Le Congrès emprisonne le président, l’état d’esprit de la radicalité emprisonne le Congrès, Gingrich joue en vain au modéré, – en croyant-Système si vous voulez, – tandis que le Système emporte tout cela dans sa course effrénée à l’autodestruction. Le chaos est au rendez-vous d’une Amérique prisonnière de ses vertus politiques (« Si vous parvenez à détruire l’esclavage dans le Midi, il y aura au moins dans le monde un gouvernement aussi parfait que la raison humaine peut le concevoir », disait Germaine [de Staël] à Jefferson en 1816) ; les vertus du “gouvernement parfait” où les forces s’équilibrent (‘Check & Balance’) deviennent les venins de la paralysie réciproque engendrée par la démence de l’idéologie, offrant au terme chaos et terreur plutôt qu’équilibre créateur entretenue par la corruption. Comme les USA n’ont rien de commun avec une France prisonnière des emportements parisiens (voyez 1793), la sécession comme une répulsion de sauvegarde sera au rendez-vous. Les gouverneurs l’ont déjà signalé en expliquant sans aménité qu’ils « ne sont pas les domestiques de Nancy Pelosi ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.