Pour en rajouter une petite couche très-modeste, je vais :faire un commentaire plus personnel sur la nouvelle traitée le jour d’avant-aujourd’hui, sur le déclin de l’AIPAC qui semble accélérer irrésistiblement, qui est documenté dans ce sens d’une façon convaincante par l'article cité dans ce texte. Donc, un bref historique personnalisé...
En 2007, lorsque John Mearsheimer, professeur de sciences politiques à l’université de Chicago, et Stephen Walt, professeur de relations internationales à la Kennedy School of Government de l’université d’ Harvard, publièrent ‘The Israel Lobby and the U.S. Foreign Policy’, décrivant toutes les capacités d’influence israéliennes avec l’AIPAC comme matrice, ce fut l’occasion d’une très forte polémique, avec des aspects hystériques déjà repérés lors de la publication d’un article sur le même sujet par le même duo en 2006. Cela faisait des années, des décennies, que l’influence israélienne à Washington était à la fois un facteur fondamental du pouvoir washingtonien, connu de tous mais respecté par le silence de tous, une force quasiment légitime et irrésistible, effrayante et même terrorisante.
J’avais connu de loin, mais suffisamment précisément, ce phénomène qui ne cessait de déclencher des rumeurs complotistes, des appréciations chuchotées, des regards terrorisés jusqu’à presque se signer. En 2007, en général, on ne donnait pas cher de la peau des Mearsheimer-Walt dans le monde universitaire, et l’on attendait leur disparition dans les oubliettes de l’infamie. La polémique dura longtemps : par exemple, en février 2009 on faisait encore des émissions sur le bouquin, et dans celle-ci justement on a beaucoup de détails et de précisions sur les aventures des deux auteurs.
Mearsheimer-Walt tinrent bon et survécurent. Ils ont poursuivi leurs carrières respectives sans véritable handicap du fait de cette activité, bien au contraire. Leur travail avait levé un tabou sans pour autant restreindre la puissance de l’AIPAC. Les rapports entre les USA et Israël en furent-ils affectés ? Difficile de répondre, mais il est remarquable qu’avec Obama puis Trump, les relations entre les deux pays prirent une tournure très particulière; très difficiles et presque hostiles, et publiquement affichées, entre Obama et Netanyahou, notamment dues à la très forte antipathie réciproque des deux personnages; bombastiques et bruyantes avec Trump, serrant avec effusion son “ami Benjamin” sur son cœur et rendant ainsi le Premier ministre israélien de moins en moins populaire aux USA. Netanyahou, qui ne manque ni de finesse ni de duplicité, accéléra sa politique d’entretien des meilleures relations possibles avec la Russie.
Pendant tout ce temps, on ne parlait plus guère de l’AIPAC, sauf pendant les fameux rassemblements d’allégeance du début du printemps (justement, celui qui n’a pas eu lieu cette année). Pendant tout ce temps également, il est vrai qu’on releva des incartades de moins en moins dissimulées de tel(le) ou tel(le) parlementaire. On doit se souvenir comme d’un fait révélateur et significatif de l’aventure opposant (en août 2019) les députées Ilhan Omar et Rashida Tlaib, du fameux Squad de la Chambre des Représentants, au gouvernement israélien, suivie d’un article du Washington Post signalant la détérioration des relations entre le parti démocrate et le gouvernement israélien sans sacrifier une seconde à l’ode au gouvernement israélien qui accompagnait traditionnellement toute analyse où Israël tient un des rôles principaux.
Cela aurait dû faire sonner un tocsin significatif dans nos oreilles, mais nous étions occupés à tant d’autres choses. (Moi le premier, certes.)
Et maintenant, cet article de Grant Smith, qui a toutes les garanties d’une vérité-de-situation nouvelle, remarquable, avec une documentation et une déduction extrêmement convaincantes. Cela devrait maintenant faire sonner à toutes volées un tocsin lugubre sur tout le champ des relations internationales, où les relations vraiment très-très-spéciales entre Washington et Israël tiennent (tenaient ?) une place considérable.
J’ai beau tendre l’oreille, je n’entends rien de ce tocsin, nothing, nada, mais plutôt un silence indifférent entrecoupé de tel ou tel constat sans alarme particulière. Certes, les choses changent, doivent distraitement penser certains, mais bon il y a bien plus urgent et important à s’entretenir et s’occuper, et les voilà qui retournent à leur besogne d’alimenter les vitupérations qui leur tiennent lieu de commentaires : haine de Trump et Covid19, haine de Trump-Covid19 et le soulèvement de communication de BLM, haine de Trump-Covid19 et les présidentielles, haine de Trump-Covid19 et les balbutiements informes de Joe Biden...
Voilà, nous y sommes, et c’est bien le plus stupéfiant de l’affaire : l’éventuel naufrage de l’AIPAC et du “très-très-spécial” aspect des relations USA-Israël n’intéresse pas grand’monde. L’on dit même que la sacro-sainte aide financière énorme (autour de 3 $milliards l’an) des USA à Israël pourrait bien en sortir, en 2021, notablement amaigrie, sans là aussi que ces bruits ne déclenchent le moindre concert d’indignation préventive-dissuasive.
Il n’est question ici ni de formalisme ni d’analyse rationnelle, y compris celles que l’on fait quand l’on cite les liens “secrets” entre Israéliens et américanistes, le “complot permanent” plaçant Washington aux ordres de Tel-Aviv (Jerusalem ?).
(Je dis bien “analyse rationnelle” car, contrairement à ce qu’on est en général conduit à penser dans l’émotion de la première réaction, le “complotisme” n’est nullement irrationnel mais au contraire rationalisme pur, jusqu’à la subversion complète que la Raison peut introduire dans notre jugement sur l’évaluation des actes, des faits, des effets et des conséquences, et surtout des multiples “causes premières” de ces artefacts du brio historico-politique.)
Il est alors plutôt question d’une humeur, d’une atmosphère, d’un effet de communication, et tout cela qui apparaît aujourd’hui complètement différent de ce que cela était il y a un tiers de siècle, il y a 15 ans, il y a 5 ans, et même il y a un an bien que les choses avaient déjà changé; c’est-à-dire que je vous parle d’une humeur et d’une atmosphère bien différentes même de l’immédiat avant-Covid19.
(Pour le tiers de siècle j’en témoigne puisque je l’ai ressentie dans l’attitude américaniste, cette puissance du tabou israélien, la puissance et l’impunités de l’AIPAC, la terreur que ces forces diffusaient dans les psychologies des élitesSystème, il s’agissait d’un poids et d’une pression considérables et gigantesques, et tout cela semble se dissiper, flotter et se désintégrer...)
Au reste, et pour montrer la pureté de mes intentions et mon absence de comportement israélo-centré/obsédé, je ferais la même remarque concernant deux autres événements, de deux autres grands domaines de ce que furent les relations internationales, qui connaissent aujourd’hui des bouleversements considérables par rapport à ce qu’ils furent, sans que cela ne semble déclencher en aucune façon de grandes préoccupations, donc un peu de la même façon que je décris pour l’AIPAC.
• C’est le cas des négociations stratégiques pour un nouveau traité START entre les USA et la Russie (auxquels les USA voudraient rajouter la Chine, qui refuse catégoriquement). Ces négociations ont commencé à Vienne et personne, au fond, ne les prend au sérieux et personne, autour d’elles, ne s’en préoccupe. Même les Russes, qui y tiennent tant par goût prononcé de la stabilité, savent au fond d’eux-mêmes qu’il vaut mieux n’y pas trop compter.
• C’est le cas des relations transatlantiques, avec les tensions Allemagne USA, le retrait de 9.000 soldats US d’Allemagne (ou leur transfert dans la fidèle et subtile Pologne), les déclarations de Merkel qui nous apprennent que cette dame se permet de penser que les USA “ne sont plus une puissance mondiale”. Cela nous vaut des déclarations allemandes très-très sophistiquées sur les “chères” relations transatlantiques qui sont « extraordinairement importantes », qui ne peuvent pas continuer comme ça (alliance), et qui continueront tout de même (alliance), qui à la fois ne sont plus et à la fois sont toujours, et tralala, dansons Folleville, sur le pont du Titan-Hic.
« Les jours du bon vieux “partenariat transatlantique” sont passés, a admis le ministre allemand des affaires étrangères du gouvernement Merkel Heiko Maas... [...]
» “Quiconque croit que le partenariat transatlantique sera à nouveau ce qu'il était avec un président démocrate sous-estime les changements structurels”, a déclaré le ministre à l'agence de presse allemande dpa, laissant entendre que les relations entre les deux alliés ne seront jamais les mêmes, même sans le président Donald Trump à la tête de l'État à Washington.
» Néanmoins, il a également admis que Berlin n'est pas encore prêt à renoncer à son alliance de longue date avec Washington. “Les relations transatlantiques sont extraordinairement importantes, elles le resteront et nous travaillons pour qu'elles aient un avenir”, a-t-il déclaré. »
L’absurdité extrêmement postmoderne du propos de ce ministre (nous ne sommes plus ensemble mais nous restons ensemble), est bien là pour faire le minimum syndical face à des liens qui ne cessent de se défaire, sans que personne ne puisse rien faire. Sur ce point, il y a beaucoup de larmes sincères, surtout du côté européen où l’on se sent d’autant plus fort et “d’autant plus européen, enfer et damnation !”, – enfin, d’autant plus libres que l’on est soumis aux USA. Mais sur le fond, tout cela importe-t-il encore ? Je crois que nous sommes dans le même cas que celui de l’éventuelle disparition de l’AIPAC... Ne parlons pas de rupture, ni de brutale décision, mais de dissolution, – paradoxalement car à la fois, – dissolution imperceptible mais dissolution ultra-rapide.
Je n’ai rien pour prouver ni substantiver ce que j’avance mais je ressens comme une évidence de plus en plus affirmée que la pandémie Covid19 est l’explication abrupte de ce phénomène... Covid19 a été une fantastique rupture, – brutale celle-là, visible, cruelle, comme quelque chose qui vient du fond des âges où l’on craignait les terribles épidémies de la “Mort Noire”, pour nous rappeler à nos destins que nous avons trahis, pour susciter chez nous des terreurs nouvelles de notre culpabilité pour cette trahison ; Covid19 qui a concrétisé tout ce qui s’est assimilé depuis au moins douze ans (depuis 2008), depuis même 19 ans (9/11), dans nos inconscients et dans nos subconscients, et qui a touché les populations également avec cette pandémie qui nous révèle la crise « extraordinairement importante » où nous nous trouvons... Et alors tout le reste, qui comptait tant, qui constituait les références de nos pensées et de nos efforts, passe au second plan, se réduit de plus en plus, – et si vite malgré tout ! – comme une peau de chagrin, comme la tête d’un ennemi juré des Jivaros que les Jivaros lui ont coupée en lui jurant une réduction qui lui vaudrait l’enfer...
Tout le reste, stratégie, géostratégie, complots et ambitions de conquête, de domination, tous nos plans et calculs, nos rapports de force, nos hypothèses audacieuses et soupçonneuses, nos grands desseins et nos Grands Jeux, notre futur de puissance et de croissance, notre schizophrénie technologique plongée dans notre paranoïa de communication, notre folle certitude « to create our own reality », tout le reste qui prétend répondre à des démarches maîtrisées par la puissance humaine, tout le reste qui se dissout, qui disparait, qui n’importe plus, qui ne laisse pas le moindre souvenir de nostalgie...
En 2007, lorsque John Mearsheimer, professeur de sciences politiques à l’université de Chicago, et Stephen Walt, professeur de relations internationales à la Kennedy School of Government de l’université d’ Harvard, publièrent ‘The Israel Lobby and the U.S. Foreign Policy’, décrivant toutes les capacités d’influence israéliennes avec l’AIPAC comme matrice, ce fut l’occasion d’une très forte polémique, avec des aspects hystériques déjà repérés lors de la publication d’un article sur le même sujet par le même duo en 2006. Cela faisait des années, des décennies, que l’influence israélienne à Washington était à la fois un facteur fondamental du pouvoir washingtonien, connu de tous mais respecté par le silence de tous, une force quasiment légitime et irrésistible, effrayante et même terrorisante.
J’avais connu de loin, mais suffisamment précisément, ce phénomène qui ne cessait de déclencher des rumeurs complotistes, des appréciations chuchotées, des regards terrorisés jusqu’à presque se signer. En 2007, en général, on ne donnait pas cher de la peau des Mearsheimer-Walt dans le monde universitaire, et l’on attendait leur disparition dans les oubliettes de l’infamie. La polémique dura longtemps : par exemple, en février 2009 on faisait encore des émissions sur le bouquin, et dans celle-ci justement on a beaucoup de détails et de précisions sur les aventures des deux auteurs.
Mearsheimer-Walt tinrent bon et survécurent. Ils ont poursuivi leurs carrières respectives sans véritable handicap du fait de cette activité, bien au contraire. Leur travail avait levé un tabou sans pour autant restreindre la puissance de l’AIPAC. Les rapports entre les USA et Israël en furent-ils affectés ? Difficile de répondre, mais il est remarquable qu’avec Obama puis Trump, les relations entre les deux pays prirent une tournure très particulière; très difficiles et presque hostiles, et publiquement affichées, entre Obama et Netanyahou, notamment dues à la très forte antipathie réciproque des deux personnages; bombastiques et bruyantes avec Trump, serrant avec effusion son “ami Benjamin” sur son cœur et rendant ainsi le Premier ministre israélien de moins en moins populaire aux USA. Netanyahou, qui ne manque ni de finesse ni de duplicité, accéléra sa politique d’entretien des meilleures relations possibles avec la Russie.
Pendant tout ce temps, on ne parlait plus guère de l’AIPAC, sauf pendant les fameux rassemblements d’allégeance du début du printemps (justement, celui qui n’a pas eu lieu cette année). Pendant tout ce temps également, il est vrai qu’on releva des incartades de moins en moins dissimulées de tel(le) ou tel(le) parlementaire. On doit se souvenir comme d’un fait révélateur et significatif de l’aventure opposant (en août 2019) les députées Ilhan Omar et Rashida Tlaib, du fameux Squad de la Chambre des Représentants, au gouvernement israélien, suivie d’un article du Washington Post signalant la détérioration des relations entre le parti démocrate et le gouvernement israélien sans sacrifier une seconde à l’ode au gouvernement israélien qui accompagnait traditionnellement toute analyse où Israël tient un des rôles principaux.
Cela aurait dû faire sonner un tocsin significatif dans nos oreilles, mais nous étions occupés à tant d’autres choses. (Moi le premier, certes.)
Et maintenant, cet article de Grant Smith, qui a toutes les garanties d’une vérité-de-situation nouvelle, remarquable, avec une documentation et une déduction extrêmement convaincantes. Cela devrait maintenant faire sonner à toutes volées un tocsin lugubre sur tout le champ des relations internationales, où les relations vraiment très-très-spéciales entre Washington et Israël tiennent (tenaient ?) une place considérable.
J’ai beau tendre l’oreille, je n’entends rien de ce tocsin, nothing, nada, mais plutôt un silence indifférent entrecoupé de tel ou tel constat sans alarme particulière. Certes, les choses changent, doivent distraitement penser certains, mais bon il y a bien plus urgent et important à s’entretenir et s’occuper, et les voilà qui retournent à leur besogne d’alimenter les vitupérations qui leur tiennent lieu de commentaires : haine de Trump et Covid19, haine de Trump-Covid19 et le soulèvement de communication de BLM, haine de Trump-Covid19 et les présidentielles, haine de Trump-Covid19 et les balbutiements informes de Joe Biden...
Voilà, nous y sommes, et c’est bien le plus stupéfiant de l’affaire : l’éventuel naufrage de l’AIPAC et du “très-très-spécial” aspect des relations USA-Israël n’intéresse pas grand’monde. L’on dit même que la sacro-sainte aide financière énorme (autour de 3 $milliards l’an) des USA à Israël pourrait bien en sortir, en 2021, notablement amaigrie, sans là aussi que ces bruits ne déclenchent le moindre concert d’indignation préventive-dissuasive.
Il n’est question ici ni de formalisme ni d’analyse rationnelle, y compris celles que l’on fait quand l’on cite les liens “secrets” entre Israéliens et américanistes, le “complot permanent” plaçant Washington aux ordres de Tel-Aviv (Jerusalem ?).
(Je dis bien “analyse rationnelle” car, contrairement à ce qu’on est en général conduit à penser dans l’émotion de la première réaction, le “complotisme” n’est nullement irrationnel mais au contraire rationalisme pur, jusqu’à la subversion complète que la Raison peut introduire dans notre jugement sur l’évaluation des actes, des faits, des effets et des conséquences, et surtout des multiples “causes premières” de ces artefacts du brio historico-politique.)
Il est alors plutôt question d’une humeur, d’une atmosphère, d’un effet de communication, et tout cela qui apparaît aujourd’hui complètement différent de ce que cela était il y a un tiers de siècle, il y a 15 ans, il y a 5 ans, et même il y a un an bien que les choses avaient déjà changé; c’est-à-dire que je vous parle d’une humeur et d’une atmosphère bien différentes même de l’immédiat avant-Covid19.
(Pour le tiers de siècle j’en témoigne puisque je l’ai ressentie dans l’attitude américaniste, cette puissance du tabou israélien, la puissance et l’impunités de l’AIPAC, la terreur que ces forces diffusaient dans les psychologies des élitesSystème, il s’agissait d’un poids et d’une pression considérables et gigantesques, et tout cela semble se dissiper, flotter et se désintégrer...)
Au reste, et pour montrer la pureté de mes intentions et mon absence de comportement israélo-centré/obsédé, je ferais la même remarque concernant deux autres événements, de deux autres grands domaines de ce que furent les relations internationales, qui connaissent aujourd’hui des bouleversements considérables par rapport à ce qu’ils furent, sans que cela ne semble déclencher en aucune façon de grandes préoccupations, donc un peu de la même façon que je décris pour l’AIPAC.
• C’est le cas des négociations stratégiques pour un nouveau traité START entre les USA et la Russie (auxquels les USA voudraient rajouter la Chine, qui refuse catégoriquement). Ces négociations ont commencé à Vienne et personne, au fond, ne les prend au sérieux et personne, autour d’elles, ne s’en préoccupe. Même les Russes, qui y tiennent tant par goût prononcé de la stabilité, savent au fond d’eux-mêmes qu’il vaut mieux n’y pas trop compter.
• C’est le cas des relations transatlantiques, avec les tensions Allemagne USA, le retrait de 9.000 soldats US d’Allemagne (ou leur transfert dans la fidèle et subtile Pologne), les déclarations de Merkel qui nous apprennent que cette dame se permet de penser que les USA “ne sont plus une puissance mondiale”. Cela nous vaut des déclarations allemandes très-très sophistiquées sur les “chères” relations transatlantiques qui sont « extraordinairement importantes », qui ne peuvent pas continuer comme ça (alliance), et qui continueront tout de même (alliance), qui à la fois ne sont plus et à la fois sont toujours, et tralala, dansons Folleville, sur le pont du Titan-Hic.
« Les jours du bon vieux “partenariat transatlantique” sont passés, a admis le ministre allemand des affaires étrangères du gouvernement Merkel Heiko Maas... [...]
» “Quiconque croit que le partenariat transatlantique sera à nouveau ce qu'il était avec un président démocrate sous-estime les changements structurels”, a déclaré le ministre à l'agence de presse allemande dpa, laissant entendre que les relations entre les deux alliés ne seront jamais les mêmes, même sans le président Donald Trump à la tête de l'État à Washington.
» Néanmoins, il a également admis que Berlin n'est pas encore prêt à renoncer à son alliance de longue date avec Washington. “Les relations transatlantiques sont extraordinairement importantes, elles le resteront et nous travaillons pour qu'elles aient un avenir”, a-t-il déclaré. »
L’absurdité extrêmement postmoderne du propos de ce ministre (nous ne sommes plus ensemble mais nous restons ensemble), est bien là pour faire le minimum syndical face à des liens qui ne cessent de se défaire, sans que personne ne puisse rien faire. Sur ce point, il y a beaucoup de larmes sincères, surtout du côté européen où l’on se sent d’autant plus fort et “d’autant plus européen, enfer et damnation !”, – enfin, d’autant plus libres que l’on est soumis aux USA. Mais sur le fond, tout cela importe-t-il encore ? Je crois que nous sommes dans le même cas que celui de l’éventuelle disparition de l’AIPAC... Ne parlons pas de rupture, ni de brutale décision, mais de dissolution, – paradoxalement car à la fois, – dissolution imperceptible mais dissolution ultra-rapide.
Je n’ai rien pour prouver ni substantiver ce que j’avance mais je ressens comme une évidence de plus en plus affirmée que la pandémie Covid19 est l’explication abrupte de ce phénomène... Covid19 a été une fantastique rupture, – brutale celle-là, visible, cruelle, comme quelque chose qui vient du fond des âges où l’on craignait les terribles épidémies de la “Mort Noire”, pour nous rappeler à nos destins que nous avons trahis, pour susciter chez nous des terreurs nouvelles de notre culpabilité pour cette trahison ; Covid19 qui a concrétisé tout ce qui s’est assimilé depuis au moins douze ans (depuis 2008), depuis même 19 ans (9/11), dans nos inconscients et dans nos subconscients, et qui a touché les populations également avec cette pandémie qui nous révèle la crise « extraordinairement importante » où nous nous trouvons... Et alors tout le reste, qui comptait tant, qui constituait les références de nos pensées et de nos efforts, passe au second plan, se réduit de plus en plus, – et si vite malgré tout ! – comme une peau de chagrin, comme la tête d’un ennemi juré des Jivaros que les Jivaros lui ont coupée en lui jurant une réduction qui lui vaudrait l’enfer...
Tout le reste, stratégie, géostratégie, complots et ambitions de conquête, de domination, tous nos plans et calculs, nos rapports de force, nos hypothèses audacieuses et soupçonneuses, nos grands desseins et nos Grands Jeux, notre futur de puissance et de croissance, notre schizophrénie technologique plongée dans notre paranoïa de communication, notre folle certitude « to create our own reality », tout le reste qui prétend répondre à des démarches maîtrisées par la puissance humaine, tout le reste qui se dissout, qui disparait, qui n’importe plus, qui ne laisse pas le moindre souvenir de nostalgie...
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