Comment l’Allemagne protège ses hôpitaux et ses médecins du covid19 et se prépare au pic de contagion?
Les Abstrichzentrum, des centres spécialisés, dispersés sur tout le territoire, permettent d’effectuer les tests de dépistage directement par la fenêtre de la voiture, comme en Corée du Sud, mais aussi les médecins de famille. En effet, depuis janvier 2020, les médecins généralistes, principaux référents des patients, sont aptes, si les conditions de sécurité le permettent, à effectuer directement les tests de dépistage, qui sont envoyés ensuite aux laboratoires.
L’Allemagne a donc décidé de mener sa bataille pour suivre l’infection par le coronavirus dans le pays, avec jusqu’à un demi-million de tests de dépistage effectués par semaine, et de protéger ses hôpitaux contre la pandémie, en attendant l’augmentation des cas qui mettront à l’épreuve le système de santé, fort de ses 28 000 places en soins intensifs.
500.000 tests de dépistage pratiqués très tôt
Un modèle mathématique développé par la London School of Hygiene – Tropical Medicine estime qu’en Allemagne le nombre de cas positifs détectés correspond à 66% des cas réels de Covid-19. Le même modèle donne à l’Italie une capacité de suivi de seulement 5%. L’explication a été donnée dans une interview au journal Der Spiegel, par virologue de l’hôpital universitaire de la Charité à Berlin, Christian Drosten. Il a expliqué que jusqu’à « un demi-million d’écouvillons » sont effectués chaque semaine en Allemagne, un chiffre supérieur à l’ensemble des tests effectués par l’Italie depuis le début de la pandémie. En outre, Christian Drosten, lui-même a révélé que les premiers tests sur les personnes des zones à risque remontent à début janvier.
Aucun test de dépistage effectué dans les hôpitaux
L’Allemagne dispose d’un vaste réseau de laboratoires indépendants, dont beaucoup ont commencé à tester dès les premières semaines de 2020. Pour cette raison, il est plus facile d’effectuer un grand nombre de tests. Depuis le début du mois de mars, des centres spéciaux ont été créés, où le test peut être effectué sur rendez-vous, mais seulement si vous avez été classé comme cas suspect par le ministère de la Santé ou le médecin de famille. L’Institut Robert Koch a défini le cas type suspect : quand la personne présente des symptômes et a été en contact au cours des 14 derniers jours avec un patient positif, ou qui se trouve dans une zone à risque. Dans la plupart des centres, vous restez dans votre voiture et exécuter le test directement en ouvrant simplement votre fenêtre.
L’implication des médecins généralistes
S’il n’est pas possible de prendre rendez-vous dans l’un des centres, la procédure allemande prévoit que le médecin généraliste peut effectuer le test. C’est la première personne que le patient doit contacter en cas de symptômes et, s’il a l’équipement de protection individuelle nécessaire, il peut se rendre à la maison de son patient pour effectuer le test.
Il est possible aussi de contacter le ministère de la Santé qui s’occupera ensuite du test à domicile, directement à votre porte.
Le facteur temps pour corriger les lacunes
Le quotidien berlinois Tagesspiegel rapporte que les hôpitaux, les médecins généralistes et les cliniques ont un besoin urgent de protection personnelle. Six millions de masques que le ministère de la Santé avait commandés sur le marché étranger ne sont jamais arrivés.
Afin de développer et d’améliorer sa stratégie, l’Allemagne a eu le facteur temps de son côté. Les premières foyers de contagion allemands se sont développées beaucoup plus tard qu’en Italie et dans d’autres pays européens. Berlin, malgré les lenteurs initiales dans l’application des mesures de restriction pour combattre la propagation du virus, a été en mesure de préparer et de protéger les hôpitaux contre la contagion.
28 000 lits disponibles en soins intensifs
Environ 15 à 20% des personnes positives sont admises dans des hôpitaux allemands, dont un tiers ont besoin de soins intensifs. À ce jour, il n’y a pas d’urgence, car le nombre de patients covid-19 qui ont besoin de réanimation est « un nombre que le système de santé peut gérer ». Le ministre de la Santé Allemand, Jens Spahn, s’est montré optimiste pour l’instant, fort des 28 000 lits de soins intensifs dont l’Allemagne dispose. C’est précisément parce que l’épidémie est à la traîne par rapport à d’autres pays et que les autorités sanitaires sont déjà en pré-alerte, que chez la plupart des gens la maladie n'a va pas jusqu'à un stade avancé. Comme en Italie, toutes les chirurgies non urgentes ont été reportées et un registre national des places occupées et disponibles a été créé. L’objectif du gouvernement est de doubler le nombre de lits de soins intensifs.
Beaucoup d’aides pour les hôpitaux
Un paquet d’aide de 156 milliards d’euros, finalement approuvé par le Bundesrat, le Conseil Fédéral, vendredi, fournira 50.000 euros en primes pour chaque nouveau lit en soins intensifs créé par un hôpital, ainsi qu’un taux forfaitaire journalier de 560 euros pour chaque place de réanimation rendue disponible pour les patients Covid19. Pour les autres coûts supplémentaires, tels que l’achat d’équipement de protection individuelle, les hôpitaux recevront 50 euros supplémentaires par patient du 1er avril au 30 juin.
L’hypothèse du suivi des personnes en quarantaine par des applications
Malgré un début des pénuries concernant les tests de dépistage disponibles, l’Allemagne est convaincue de la validité de sa stratégie de dépistage massif. En effet, le groupe allemand Bosch vient de produire un test rapide pour le coronavirus, qui pourrait donner le résultat dans les 2 heures et demie. L’appareil de Bosch, qui permet les tests automatisés, devrait être sur le marché début avril et le groupe assure une précision de 95%. Par ailleurs, un document du ministère de l’Intérieur révélé par Der Spiegel et Sueddeutsche Zeitung, les journaux les plus lus et les plus influents du pays, a révélé l’intention du gouvernement d’utiliser les téléphones portables pour suivre l’emplacement et les mouvements des gens. Si la protection de la vie privée le permet, la future stratégie pourrait être un nombre encore plus grand de tests liés au contrôle des personnes en quarantaine, afin de prévenir de nouvelles flambées.
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