• C’est en 2002, à l’été, que Karl Rove, conseiller en communication tout-puissant du président GW Bush, confiait au journaliste et auteur Ron Suskind, – qui révéla la chose en octobre 2004, – cette extraordinaire affirmation devenue célèbre, qui habitait alors les principaux dirigeants idéologiques de l’administration GW et s’appliquait déjà [pour commencer] à la future invasion de l’Irak de mars-avril 2003 qui se décida dans tous ses détails durant ce même mois d’août 2002 : « Nous sommes un empire maintenant et quand nous agissons nous créons notre propre réalité. Et alors que vous étudierez cette réalité, – judicieusement, si vous voulez, – nous agirons de nouveau, créant d’autres nouvelles réalités, que vous pourrez à nouveau étudier, et c’est ainsi que continuerons les choses. Nous sommes [les créateurs] de l’histoire... Et vous, vous tous, il ne vous restera qu’à étudier ce que nous avons [créé]. »
• C’est en 2020, après l’assassinat de Soleimani en Irak et à propos de la demande irakienne du retrait des forces US déployées dans ce pays que la réponse de plusieurs dirigeants US (Pompeo notamment) fut que les USA se trouvaient en Irak parce qu’ils sont « une force du bien » et que, par conséquent, ils font ce qu’ils veulent, et notamment ils refusent de quitter l’Irak, – autre façon de dire « Nous sommes un empire maintenant et quand nous agissons nous créons notre propre réalité... » Cette position a été clairement exprimée par une déclaration de la porte-parole du département d’État, que notamment Caitline Johnstone a rapporté dans un texte dont le titre (« Ainsi les USA envahissent à nouveau l’Irak ») est absolument judicieux et approprié et va dans le sens de notre propos : « L’Amérique est une force du bien au Moyen-Orient. Notre présence militaire en Irak a pour but de poursuivre la lutte contre ISIS et, comme l’a dit la secrétaire d’État, nous sommes déterminés à protéger les Américains, les Irakiens et nos partenaires de la coalition. Nous avons été clairs sur l'importance cruciale de notre mission D-ISIS en Irak. À l’heure actuelle, toute délégation envoyée en Irak se consacrerait à discuter de la meilleure façon de s’engager à nouveau dans notre partenariat stratégique, – non pas pour discuter du retrait des troupes, mais de notre dispositif de forces en place au Moyen-Orient, qui est juste et approprié... »
On trouve d’autre propos de la même eau, à la fois virtualisme de 2002 devenu simulacre de 2020, dans le texte de E.J. Magnier qui termine ci-dessous cette analyse. Pour nous, ces deux déclarations, de 2002 et de 2020, sont parfaitement similaires ; elles disent que les USA sont les maîtres de l’histoire comme d’autres se disent “maîtres des horloges”, qu’ils la font et la défont à leur gré et que le reste en est réduit à commenter cette maîtrise du destin du monde. Par conséquent, ils se trouvent en Irak parce qu’ils ont décidé de l’être et ils y resteront, notamment pour protéger la souveraineté de l’Iran comme, au Vietnam, ils bombardaient et réduisaient un village en cendres pour le protéger des Vietcongs.
Cela, c’est la narrative du virtualisme (2002) devenu simulacre (2020). Passons à la vérité-de-situation.
“Révolution de couleur” et Boeing
Nombreux ont été les commentateurs à souligner que, dans l’attaque de l’assassinat de Soleimani, c’est l’Irak plus encore que l’Iran qui avait été humilié. D’une part, Soleimani était en voyage officiel, invité par la république irakienne, sur le chemin pour une rencontre officielle du Premier ministre ; d’autre part, l’attaque tua également un des chefs militaires irakiens. Pour cette raison principalement, le Parlement irakien vota, deux jours après l’attaque, pour réclamer le départ des troupes des USA stationnées en Irak (autour de 5.500 hommes).
La destruction du Boeing ukrainien au départ de Téhéran la même nuit que la “riposte” iranienne a introduit un élément de confusion et de polémique, aussitôt alimenté par le spectre d’une “révolution de couleur” fabriqué (le spectre) par les usual suspects anglo-américanistes, mais très vite handicapé par le manque d’affluence et une certaine absence d’unité du bloc-BAO (voir Trudeau). Il y a eu aussi un regain d’accusations sur la destruction du Boeing parce que deux et non un missiles ont été tirés; cela sans oublier d’autres thèses sur des responsabilités non-iraniennes suite à une cyberattaque, qui ont connu un certain développement ces derniers jours et qui ne sont pas des supputations insensées.
Largement reprise dans les réseaux bourgeois du bloc-BAO et aussi bien chez nombre d’antiSystème, notamment WSWS.org, devenu brusquement férocement anti-iranien, une hypothèse accorde une considérable importance à ces derniers “événements” (“révolution de couleur” et Boeing) en les interprétant radicalement. Elle évoque des troubles considérables au sein de la direction iranienne et des possibilités d’“arrangement” iranien avec les USA & Cie, au nom de l’identification universelle du complot de la bourgeoisie dont finalement la direction iranienne ferait partie avec son aile-“bazar” qui forcerait à la capitulation devant les USA. L’Inde est citée par le compte-rendu de WSWS.org, comme “allié fondamental des USA”, comme pouvant jouer un rôle-clef dans cet “arrangement”. Pourtant, les échos du voyage du ministre iranien des affaires étrangères en Inde, avec la venue simultanée du Russe Lavrov, ne va pas précisément dans ce sens mais plutôt dans l’inverse.
Pour en terminer momentanément avec ce chapitre, on se tournera vers la simplicité tranchante du commentaire du 15 janvier 2020 du colonel Lang sur cet aspect type-“révolution de couleur”/Boeing ukrainien :
« 1. Il semble que le nombre de manifestants antigouvernementaux à Téhéran ait été inférieur à 1.000 au cours des trois derniers jours[12-15 janvier]. CNN a rapporté que la police anti-émeute était plus nombreuse que les manifestants la nuit dernière. Cela signifie que la chimère de révolte répandue par TOUS les MSM[presseSystème], y compris les clowns de FoxNews, n’est que cela et probablement le résultat d’un vœu pieux de la part des opérateurs clandestins du renseignement coordonné israélo-américaine visant à faire tomber le gouvernement iranien. Je leur souhaite bonne chance. Il semble qu’ils en auront besoin. [...]
» 2. La batterie de SAM iranienne a tiré une salve de 2[au lieu d’un seul missile, comme annoncé d’abord] sur l’avion de ligne ukrainien. Est-ce que quelqu’un est vraiment surpris de ça ? C’est ainsi qu’on procède de façon routinière dans le domaine de la défense aérienne. »
L’envahisseur en posture défensive
Il semble donc raisonnable de considérer que la séquence Soleimani d’affrontement USA-Iran proprement dite est close. Quant aux rebondissement et troubles internes iraniens dont parlent certains, il sera pour nous bien temps d’en parler s’ils se produisent, en prenant plus le temps de la réflexion à mesure que les événements défilent à une vitesse de plus en plus grande (selon notre conception face à la “rébellion du temps”). L’on peut alors mieux considérer la situation telle qu’elle se présente pour ce qui concerne les faits vérifiables à la suite de cette séquence et la vérité-de situation qu’on en peut déduire.
Là aussi, la plupart des commentateurs ont aussitôt renchéri, et là fort justement, sur ce qui apparaît comme le facteur principal : le déplacement du principal terrain de la tension continuellement entretenue par les USA depuis leur intervention au Moyen-Orient en 2003. Ce “principal terrain de la tension”, passé en 2019 de la Syrie à l’“affrontement” USA-Iran, s’est brutalement fixé sur la situation en Irak. Désormais, l’Irak est le principal point de tension, avec un conflit direct entre les l’Irak et les USA concernant le maintien des troupes US en Irak. Désormais, les forces US en Irak, déployées là selon un accord de 2014 USA-Irak pour lutter contre Daesh, ont comme principale et sinon comme unique mission leur propre autodéfense contre des menaces venues d’éventuelles forces en Irak, notamment de diverses milices et autres.
On sait que la politique US depuis 9/11 est une sorte de territoire de l’absurdité parfaite, même si (ou parce que) les ambitions et les prétentions (« Nous sommes [les créateurs] de l’histoire »)sont considérables. On ne s’attardera pas trop, aidés en cela par l’évidence, à la description de cette absurdité consistant à transformer des forces dites-“alliées” venues pour soi-disant défendre l’Irak, devenant en quelques jours des forces d’occupation en état de siège, et n’occupant plus grand’chose leurs sinon propres bases.
Une “révolution” en voie d’achèvement
A partir de ces constats et de cette situation, il s’agit de considérer qu’il y a une sorte de “révolution” dans le sens spatial du terme qu’Hanna Arendt mettait en évidence, ou bien d’une autre façon une sorte de contraction du temps sur lui-même qui nous ramène de 2020 à 2002. La situation actuelle apparaît, dans tous les cas symboliquement, comme une sorte d’événement mimétique de ce qui fut décidé à l’été de 2002, et accompli au printemps 2003, – mais un événement mimétique dans l’inversion.
Il est assez juste de voir dans la réponse US à la demande irakienne de retrait, ce que Johnstone a décrit comme une “nouvelle invasion de l’Irak par les USA” ; dans tous les cas, l’acte, ou l’absence d’acte, sera psychologiquement perçu de la sorte, comme une invasion par la transformation des forces US du statut d’alliées au statut d’occupant. Mais cette “nouvelle invasion” ou cette “occupation” se fait dans le sens d’un repli des forces US sur elles-mêmes, ne justifiant leur présence que pour avoir à se défendre elles-mêmes...
C’est-à-dire que ces forces s’emprisonnent elles-mêmes dans un territoire promis à devenir hostile, s’il ne l’est déjà. Il s’agit donc d’une invasion par inversion, une invasion qui, par définition, aspire et paralyse les forces US dans un mouvement de contraction purement défensif. Pire encore, selon l’évolution de la situation vers une aggravation, des renforts peuvent être envoyés vers ces forces, accentuant ainsi le volume des forces US prises au piège.
D’autres facteurs extérieurs peuvent rajouter du piment à cette situation qui peut évoluer vers le rocambolesque et l’absurde, par exemple avec la proposition russe faite à l’Irak d’assurer le contrôle de l’espace aérien irakien avec des systèmes S-300 ou S-400. Les Irakiens sont très intéressés tandis que Trump a promis des sanctions contre l’Irak si ce pays acquiert des systèmes russes, tout cela effectivement selon une logique purement rocambolesque et absurde. Le Pentagone, quant à lui, peut commencer à s’inquiéter de ses capacités d’opérer dans le ciel irakien vers ses bases plus ou moins assiégées si de tels systèmes sont déployés en Irak. On voit quel champ s’ouvre aux supputations les plus abracadabrantes, – voire même abracadabrantesques ; mais qui peut s’étonner de quoi que ce soit après l’épisode de la lettre de retrait immédiat des troupes US expédié le jour suivant le vote du Parlement irakien par le général US commandant les forces de la coalition en Irak au Premier ministre irakien, avec traduction en arabe ?
Plus encore, – mieux ou pire encore, et cette fois dans le champ éminemment stratégique : l’Iran voit le cadre de son affrontement avec les USA d’une part s’élargir, d’autre part changer de centre de gravité. Opérationnellement et géographiquement, et du point de vue de la communication, l’Iran n’est plus isolé ni le point focal de l’affrontement central de la région.
De 2020 à 2002
Tout cela forme une situation symbolique où les USA tendent à se retrouver dans une situation effectivement similaire à celle de 2002-2003, mais effectivement inversée. Ils sont toujours les agresseurs, mais sont en cour de basculement vers une position invertie d’assiégés, donc d’agresseurs-agressés. A ce moment, la question n’est certainement plus de savoir si l’Iran sera ou ne sera pas nucléaire, – ce que ce pays a toujours démenti vouloir devenir selon une logique religieuse ; mais de savoir si les USA ne pourraient pas en arriver à être obligés de quitter d’une façon visible et spectaculaire la région, entraînant un déséquilibre complet de leur dispositif impérial qui mettrait en question le maintien de “l’empire”, tandis que le tourbillon crisique permanent du pouvoir américaniste plongé dans ses querelles internes serait incapable de résister, voire seulement d’appréhender, de comprendre cette crise de sa puissance extérieure, et serait submergé par elle.
Ainsi la crise iranienne ne serait-elle pas mortelle par elle-même pour les USA, mais mortelle par ses conséquences indirectes, en fermant parfaitement la période catastrophique annoncée par 9/11 et concrétisée dans ses débuts par 2002-2003 et l’invasion de l’Irak, – commencée en Irak, achevée en Irak. En lui donnant cette ampleur métahistorique, on voit confirmé ce que nous nommions « Un assassinat métahistorique » en parlant de l’assassinat de Soleimani.
Effectivement, cette “ouverture” vers l’Irak, cette complication détruit tous les avantages d’une crise que les américano-israéliens croyaient taillée pour eux dans le chef,
soit de la simplicité de communication subversive de la “révolution de couleur” et du regime change ;
soit de la simplicité guerrière postmoderne du technologisme et de l’entropisation, avec l’Iran et ses points stratégiques, voire les “sites culturels” du “néo-barbare”, visés et dévastés par une attaque aérienne dévastatrice du type “Choc & Effroi”.
Au contraire, l’“ouverture irakienne” constitue un des événements de ce que nous observions par citations interposée comme l’interruption de « “l’enchaînement cohérent des épisodes d’un récit, selon les lois de la rhétorique” au profit des “lois de la vie” répondant à l’événement métahistorique qu’est l’assassinat de Soleimani »... Encore une citation confirmée, du Journal dde-crisisde PhG, le 3 janvier 2020 : « Aristote nous apprend que dans la tragédie les événements s’enchaînent selon “la nécessité”. Cette nécessité n’est pas de nature logique mais de nature ontologique : elle ne désigne pas l’enchaînement cohérent des épisodes d’un récit, selon les lois de la rhétorique, mais l’enchaînement des actes humains et de leurs conséquences selon les lois de la vie. »
La “nécessité aristotélicienne”, c’est que l’Irak a un compte à régler avec l’Amérique ; si cela ne correspond pas à la “logique” de la rhétorique des forces cela correspond aux “lois de la vie”.
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« L’Irak sera le prochain champ de bataille »
Pour compléter ce tableau bigarré de la situation étonnante née de l’“assassinat métahistorique” & ses conséquences, nous donnons beaucoup plus de précisions sur la situation irakienne elle-même avec le texte de E.J. Magnier publié sur son site le 14 janvier 2020, « L’Irak sera le prochain champ de bataille » (Texte de Elijah. J. Magnier, traduction de Daniel G.)
« Des sources bien informées et établies au bureau du premier ministre Adel Abdel Mahdi à Bagdad croient que « les USA refusent d’entendre raison et de coopérer avec le gouvernement ou le parlement irakien. Ils ont l’intention de se faire entraîner dans une guerre et de transformer l’Irak en un champ de bataille, en refusant de respecter la loi et de retirer leurs forces armées. Les US seront confrontés à une résistance armée populaire forte et légitime, même si certains Irakiens (au Kurdistan) violeront la loi et accepteront la présence des USA dans leur région, mais ils vont le payer cher ».
» Le premier ministre irakien par intérim Adil Abdel Mahdi a proposé au parlement de s’entendre sur une nouvelle loi appelant les USA à quitter le pays. Le parlement a écouté Abdel Mahdi et a convenu d’adopter une nouvelle loi mettant fin à l’accord conclu entre l’Irak et les forces US et invitant le gouvernement à la mettre à exécution. Lors d’une conversation téléphonique avec le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, Abdel Mahdi a demandé la présence d’une délégation chargée d’organiser le retrait total de toutes les forces US du pays. La réponse de Pompeo ne s’est pas fait attendre : « Les USA ne vont pas se retirer de l’Irak, mais respectent sa souveraineté et ses décisions. » Le représentant des USA n’a pas expliqué comment Washington peut arriver à rejeter la décision souveraine de l’Irak exigeant le retrait des troupes américaines tout en la respectant.
» Le président Donald Trump a adopté une position plus dure en demandant aux Irakiens de payer des milliards de dollars en compensation pour l’établissement des bases irakiennes où ses forces sont logées. Sans quoi, il a dit qu’il allait « imposer aux Irakiens des sanctions comme ils n’en ont jamais vu » et que « le compte de la banque centrale de l’Irak à la Réserve fédérale à New York, dont le solde s’élève à 35 milliards de dollars, pourrait être fermé. »
» L’ambassadeur des USA en Irak Mathew Tueller a remis aux responsables irakiens – y compris au PM Abdel Mahdi, qui a appelé au départ des forces US de l’Irak – une copie de toutes les sanctions possibles que les USA pourraient imposer à l’Irak si le gouvernement continue de demander le retrait complet des forces US. Cela a fait réagir aussitôt les groupes irakiens prêts à combattre les forces US une fois reconnues comme une force d’occupation par l’Irak.
» Les groupes irakiens qui ont combattu al-Qaeda et Daech en Syrie et en Irak ont rendu visite au général iranien Ismaïl Qaani, qui vient d’être nommé à la tête de la Force al-Qods du Corps des gardiens de la révolution iranienne, en remplacement de Sardar Qassem Soleimani. Ils ont demandé un soutien militaire et financier pour lutter contre les nouvelles « forces d’occupation ». Le général iranien a promis de les aider à faire respecter la décision du parlement, du gouvernement et du peuple de combattre les forces d’occupation des USA. Qaani devrait se rendre en Irak, où plus de 100 conseillers irakiens travaillent au centre de commandement et de contrôle de la sécurité à Bagdad avec leurs homologues syriens et russes, tous affectés à la lutte contre Daech.
» La décision de Trump de prendre le contrôle du compte des revenus pétroliers de l’Irak à la banque de la réserve fédérale des USA à New York pourrait entraîner une dévaluation de la monnaie locale et le krach du système financier. À cela s’ajoute la menace implicite de Trump de confisquer les réserves nationales d’or de l’Irak, qui se trouvent aussi dans la banque de la Fed à New York.
» Il est clair que l’administration américaine n’a que faire de la stabilité de l’Irak et des conséquences sur le continent européen voisin, qui pourrait souffrir davantage d’une migration irakienne et d’une instabilité accrue au Moyen-Orient.
» Le secrétaire d’État Pompeo a affirmé à tort que la décision du parlement irakien est non contraignante. Pourquoi le responsable américain estime-t-il que la décision politique irakienne est nulle et non avenue?
» Lorsque les USA ont assassiné le commandant irakien Abu Mahdi al-Muhandes, Ie commandant iranien Qassem Soleimani et d’autres officiers en leur compagnie, le premier ministre a demandé la révocation de l’accord USA-Irak signé en 2004 et qui régissait la présence des forces US en Irak.
» L’accord original a pris fin en 2011, lorsque toutes les forces US se sont retirées de l’Irak. En 2014, le gouvernement a reconduit l’accord afin de regrouper les forces dans la lutte contre le groupe armé « État islamique » (Daech).
» Dans son préambule, l’accord stipule que les USA soutiendront l’Irak contre « les menaces à sa souveraineté, à son intégrité territoriale et à son système démocratique, fédéral et constitutionnel ».
» Les USA violent l’accord en utilisant son espace aérien et son territoire, comme l’affirme le premier ministre Abdel Mahdi, sans demander la permission de Bagdad. Les forces US permettent à Israël d’assassiner des commandants irakiens et d’attaquer des entrepôts irakiens, comme l’ambassadeur américain en Irak en a informé Abdel Mahdi. En tuant des commandants irakien et iranien à l’aéroport de Bagdad, les forces US ont mis fin à l’accord parce qu’ils ne l’ont pas respecté, conformément aux articles 2 et 3.
» Le gouvernement des USA viole aussi la souveraineté de l’Irak en faisant fi de la résolution du parlement irakien et en refusant d’établir le calendrier du retrait de l’ensemble de leurs forces. Qui plus est, le président Trump a menacé ouvertement de détruire l’économie irakienne sans égard au droit international et aux résolutions de l’ONU, en imposant du même coup la loi de la jungle.
» Au parlement irakien, 173 députés sur 328 ont voté en faveur du retrait des forces US. La suggestion du premier ministre par intérim n’est pas contraignante. Le gouvernement ne peut que faire des suggestions et donner son opinion. La décision législative revient au parlement et cette décision a force de loi pour tout gouvernement actuel et futur, sauf si un nouveau parlement annule les décisions du parlement antérieur.
» Même si tous les députés kurdes et la plupart des députés sunnites (3 étaient présents) brillaient par leur absence, la Constitution ne tient pas compte des affiliations religieuses et de l’ethnicité. Le vote et la source du droit sont basés sur la majorité (la moitié plus un). Ainsi, le président du parlement, le président du pays et le premier ministre sont toujours élus par la coalition politique la plus importante du parlement.
» Le parlement se réunira de nouveau pour lire la résolution une deuxième fois, demander à tous les députés de la signer et de convenir d’une date limite pour le retrait des USA. L’accord ne nécessite pas la signature du président, comme l’a déclaré le président du parlement Mohamad al-Halbousi, mais la présence de ce dernier est requise.
» Le président Trump a demandé à l’Irak de payer des « milliards de dollars » pour l’agrandissement des bases militaires nécessaire pour convenir aux forces US. Là encore, les USA ignorent délibérément l’article 5 de l’accord, qui prévoit que « l’Irak possède tous les bâtiments, structures non relocalisées (…) y compris ceux qui sont utilisés, construits, modifiés ou modernisés par les USA. Au moment de leur retrait, les USA remettront toutes les installations au gouvernement de l’Irak (…) Les USA assument les coûts liés à la construction, à la modification ou à la modernisation des installations en question et des zones destinées à leur usage exclusif (…) libres de toute dette ou de tout fardeau financier. »
» L’article 24 stipule aussi que « les USA reconnaissent le droit souverain du gouvernement de l’Irak de demander le départ des forces américaines de l’Irak en tout temps ». Trump fait preuve de mépris à l’égard de cette obligation en affirmant que « les Irakiens paieront s’ils veulent nous faire sortir ». Il est clair que l’administration américaine a l’intention de rester pour longtemps en Irak, un pays riche en pétrole.
» Ainsi, par suite de l’assassinat de généraux, il fait peu de doute que 2020 sera une année chaude en Irak et difficile pour les forces US si leur président continue de bafouer la souveraineté et la volonté de l’Irak. Les forces US seront considérées comme des forces occupantes et la résistance armée contre elles deviendra légitime. L’Irak revient à 2003, lorsque George W. Bush a déclaré l’occupation du pays. C’est alors que la résistance a commencé. Loin d’entraîner la stabilité au Moyen-Orient, la dernière année du premier mandat de Trump promet d’être très dangereuse pour les militaires américains déployés dans la région. »
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