Les individus peuvent parfaitement s’organiser pour développer et faire appliquer un système de lois privées
Loin d’être une époque et un lieu où régnait la loi de la jungle, le Far West américain illustre comment les individus peuvent parfaitement s’organiser pour développer et faire appliquer un système de lois privées.
Tous, nous avons vu des westerns. Et l’image qu’ils nous ont laissée de ce qu’était la vie sur la frontière des États-Unis vers l’Ouest est remplie de poussière, de whisky, de chevaux et de violence. Surtout de violence. Plus d’une fois nous avons vu sur le grand ou le petit écran comment un groupe furieux de citoyens prenait d’assaut la prison d’un village du Far West américain pour tenter d’y extraire un prisonnier par la force afin de pouvoir le lyncher. Des phrases comme « Pendons-le d’abord et faisons-lui un procès ensuite ! » ou d’autres du même style apparaissaient couramment non seulement dans les films mais également dans les romans liés à la thématique du western, créant ainsi, peu à peu, un mythe sur l’extrême violence d’une société victime d’un anarchique chaos social résultant de la faible présence ou de l’absence totale d’institutions gouvernementales. La réalité, cependant, est autre. Les registres criminels des villes et des villages de l’Ouest dépeignent une vie plus ennuyeuse, et surtout plus sûre.
Loin d’être une époque et un lieu où régnait la loi de la jungle, le Far West américain illustre comment les individus peuvent parfaitement s’organiser pour développer et faire appliquer un système de lois privées.
Tous, nous avons vu des westerns. Et l’image qu’ils nous ont laissée de ce qu’était la vie sur la frontière des États-Unis vers l’Ouest est remplie de poussière, de whisky, de chevaux et de violence. Surtout de violence. Plus d’une fois nous avons vu sur le grand ou le petit écran comment un groupe furieux de citoyens prenait d’assaut la prison d’un village du Far West américain pour tenter d’y extraire un prisonnier par la force afin de pouvoir le lyncher. Des phrases comme « Pendons-le d’abord et faisons-lui un procès ensuite ! » ou d’autres du même style apparaissaient couramment non seulement dans les films mais également dans les romans liés à la thématique du western, créant ainsi, peu à peu, un mythe sur l’extrême violence d’une société victime d’un anarchique chaos social résultant de la faible présence ou de l’absence totale d’institutions gouvernementales. La réalité, cependant, est autre. Les registres criminels des villes et des villages de l’Ouest dépeignent une vie plus ennuyeuse, et surtout plus sûre.
Ryan McMaken, dans un article publié par le Mises Institute, a ainsi recueilli ces données et d’autres apports de la littérature sur la criminalité dans les États-Unis du 19e siècle qui coïncident dans la violente divergence entre le mythe et la réalité de « l’Ouest sauvage ». Par exemple, à Dodge City, qui apparaît dans les westerns comme l’exemple de la ville violente, n’ont été enregistrés que cinq homicides en 1878, faisant de cette année la plus sanglante de toutes. De 1876 à 1885, furent commis dans cette ville, en tout et pour tout, quinze homicides. Et dans l’ensemble des grandes villes d’éleveurs du Kansas, de 1870 à 1885, 45 homicides. McMacken affirme que « l’histoire de l’Ouest est principalement une histoire de travail dur, de commerce, de tranquillité et de paix ». Un autre article de Terry Anderson et P. J. Hill, publié dans le Journal of Libertarian Studies, confirme également que le nombre de crimes dans les villes de l’Ouest non seulement n’était pas élevé, mais bien ridiculement bas en comparaison avec les chiffres actuels.
La rapidité avec laquelle se répandaient les éleveurs, les agriculteurs ou les mineurs à travers les territoires de l’Ouest était plus grande que celle du système étatique américain. La production et l’exécution de lois résultaient donc de la seule activité des individus. Les lois privées s’appliquèrent via les land clubs (associations de propriétaires), les associations d’éleveurs, les caravanes si célèbres traversant les prairies immenses ou les entreprises et exploitations minières qui s’installèrent en Californie. Les nouveaux propriétaires des terres frontières devaient s’associer pour maintenir l’ordre et pour cela ils adoptèrent leurs propres constitutions selon les préférences des membres de ces associations, disposant de leurs propres juges et officiers de police chargés de faire appliquer les dispositions prévues. Les frais de justice incombaient aux deux parties en litige. Une manière de faire respecter les règles extra-légales adoptées par ces individus associés était de ne pas commercer ni d’établir de relations avec ceux qui violaient ces conventions.
Un autre type de lois et organisations qui apparaissaient à la demande des membres de ces associations et qui se rapprochent le plus de l’anarcho-capitalisme est celui des entreprises minières, qui accordaient des constitutions applicables aux travailleurs des mines. Ces constitutions déterminaient la façon de choisir les cours et les jurys de mineurs. Et quand les règles applicables ne coïncidaient plus avec les vœux d’une croissante minorité de mineurs (et s’ils étaient suffisamment nombreux), on procédait à la division du territoire ou à la création d’autres juridictions ou d’autres districts, faisant naître ainsi une autre organisation privée qui recevait les suffrages de ce nouveau groupe, volontairement associé. De cette façon, le travail et les lois changeaient d’une exploitation à une autre selon les coutumes de chaque district minier.
Par ailleurs, l’application de la coutume ou des lois privées pouvait également se concrétiser au travers de l’action de ce que l’on a appelé les comités de vigilance. Ces derniers se constituaient quand la corruption et l’inefficacité des garants de la loi frustraient la population et laissaient filer les indices de criminalité. C’est ce qui se produisit dans la ville de San Francisco en 1851 et en 1856 lorsqu’un grand nombre de concitoyens se réunirent, indignés par l’inaptitude corrompue du shérif, pour empêcher les délinquants étrangers d’entrer dans la ville et pour établir des tribunaux plus rapides, efficaces et garantissant mieux la légalité que ceux de la ville, permettant ainsi la réduction drastique de la criminalité, à la grande satisfaction de la population.
Enfin existaient aussi les systèmes d’arbitrages qui réglaient les conflits plus rapidement et de manière plus neutre que les tribunaux publics ; comme c’était le cas dans les caravanes, où naissaient facilement les disputes et où les lois s’établissaient volontairement avant le départ vers les prairies de l’Ouest. Les qualités et les bénéfices de ces arbitrages étaient les mêmes que ceux d’aujourd’hui : flexibilité, participation des parties, caractère irrévocable des sentences, caractère privé, personnes spécialisées dans le domaine, etc. Toutes ces qualités qui font qu’actuellement plus de 80% des entreprises internationales préfèrent ce mode de résolution des conflits plutôt que de recourir aux tribunaux officiels.
Comme on le voit, loin d’être une époque et un lieu où régnait la loi de la jungle, le Far West américain illustre (même si de manière limitée puisqu’il existait toujours un arrière-plan gouvernemental) comment les individus peuvent parfaitement s’organiser pour développer et faire appliquer un système de lois privées guidés par la coutume, la compétence et la propriété privée comme fondement de cette organisation. Bref, plutôt La petite maison dans la prairie que Il était une fois dans l’Ouest !
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