22 mars 2019

Comment Theresa May a bâclé le Brexit


La une du Times date du 18 janvier 2017. Les négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne sur le Brexit ne faisaient que commencer. L’arrogance « vous serez écrasé » dans le titre caractérise l’attitude que le gouvernement britannique sous May a adoptée lors des discussions.

Récemment, cette attitude a quelque peu changé. Cette capture d’écran a été prise il y a environ une heure :
  
Theresa May, « espère » que le Royaume-Uni pourra quitter l’UE avec un accord. La BBC écrit : Theresa May a déclaré qu'elle "espérait sincèrement" que le Royaume-Uni quitterait l'UE avec un accord et qu'elle "continue de travailler" pour garantir l'accord du Parlement. En arrivant à Bruxelles, elle a déclaré qu'elle regrettait "personnellement" sa demande de retarder le Brexit, tout en laissant aux députés le temps de faire un "choix final". Lors du sommet de l'UE, le Premier ministre a parlé aux 27 autres dirigeants pour tenter d'obtenir leur soutien pour un report au-delà du 29 mars.

Pour sa part, Jeremy Corbyn a déclaré que ses entretiens à Bruxelles étaient "très constructifs". Selon le correspondant de la BBC à Bruxelles, Adam Fleming, Mme May a parlé pendant 90 minutes aux dirigeants européens. On lui a demandé à plusieurs reprises quels étaient ses plans d'urgence si elle perdait le troisième "vote significatif" sur son accord au Parlement. Le président français Emmanuel Macron a averti que si les députés votaient contre l'accord de retrait de Mme May avec l'UE la semaine prochaine, le Royaume-Uni partirait sans accord.

May a demandé à l’UE de reporter la date prévue du Brexit du 29 mars au 30 juin. Le 23 mai, jour des élections européennes, pourrait lui être accordé comme un compromis, mais seulement si son accord est adopté par le Parlement britannique.

Un crash sans accord le 29 mars créerait un chaos total pendant des mois. Ce serait catastrophique pour l’économie britannique.

L’accord de retrait de May a déjà été rejeté deux fois. Un troisième vote au parlement risque fort d’échouer à nouveau.

Yves Smith, que vous devriez tous lire, ouvre aujourd’hui son site de reportage sur le Brexit avec ce commentaire : Nous avons été plus pessimistes que la plupart des commentateurs quant à la probabilité que le Royaume-Uni évite un Brexit sans accord. Nous n’avons peut-être pas été assez pessimistes.

Il est encore possible que May adopte un virage à 180 degrés, mais ce serait la fin de sa carrière et probablement aussi celle du Parti conservateur : Il y a maintenant une pression populaire pour une révocation de l'Article 50, avec une pétition qui comptait déjà plus de 400.000 signatures à cette heure. Mais comme nous en parlerons, May devrait amorcer un renversement complet pour révoquer l’Article 50, ce qui relève de sa compétence, pas seulement en tant que Premier Ministre, mais aussi au motif de la mise en œuvre de la motion du Parlement rejetant un Brexit sans compromis.

L’article 50 est la partie de la loi britannique sur le retrait qui régit le processus du Brexit. Si May le révoque, il y a peu de chance qu’une autre tentative de Brexit soit faite. La majorité qui a voté pour quitter l’UE aura été trahie.

Une analyse de l’éditeur de BBC Europe dit que les « dirigeants veulent éviter le Brexit sans compromis » : Bien que les dirigeants européens aient exclu la réouverture de l'accord de retrait du Brexit et du texte sur le "backstop" [le statut de l'Irlande du Nord], vous pouvez parier qu'ils discuteront d'un report du Brexit lors de leur sommet d'aujourd'hui.

Ceci est, à mon avis, un jugement erroné.

Oui, dans des circonstances normales et avec un partenaire de négociation compétent et digne de confiance du côté britannique, des moyens seraient trouvés pour esquiver la question et éviter un Brexit autrement que par symbolique. C’est pourquoi j’ai prédit il y a longtemps que le Brexit ne se produirait pas.

Mais May a vraiment tout fait pour affronter l’autre côté de la table. Elle n’a pas respecté les engagements qu’elle avait pris, a présenté des documents trop tard pour pouvoir en discuter convenablement et est venue aux sommets d’urgence, convoqués à sa demande, sans autre nouveauté à offrir.

Matthew Parris, un commentateur politique conservateur à Londres qui avait d’abord favorisé May, dit maintenant d’elle : "Elle est méchante. Elle est impolie. Elle est cruelle. Elle est stupide. J'ai entendu cela de presque toutes les personnes qui ont traité avec elle", dit Parris. Il a dit qu'il ne s'était jamais attendu à autant de haine, "et ce n'est pas un mot que j'utilise à la légère".

Les dirigeants d’autres pays de l’UE y ont également eu droit. Les électeurs sur le continent ne se soucient pas de la Grande-Bretagne. Merkel et Macron ne seront pas punis pour avoir laissé la Grande-Bretagne s’écraser.

L’UE survivra sans le Royaume-Uni. Avec un Brexit sans accord, le Royaume-Uni risque de s’effondrer. Dans quelques années, l’Irlande du Nord rejoindra la République d’Irlande, on espère pacifiquement, et l’Écosse votera pour la sortie du royaume.

Un peu d’espoir reste peut-être dans cette ligne du rapport de la BBC qu’elle laisse inexpliquée : Pour sa part, Jeremy Corbyn a déclaré que ses entretiens à Bruxelles étaient "très constructifs".

Existe-t-il un accord de l’UE avec le chef de l’opposition derrière le dos de Theresa May ?

Étant donné qu’elle est premier ministre, comment cela fonctionnerait-il ?

Moon of Alabama

Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone

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