« Je peux vous assurer que j’ai fourni le maximum d’efforts et d’attention pour mener à bien cette tâche et l’avoir fait dans un climat de totale collaboration avec les responsables politiques qui m’ont désigné », a-t-il commencé. Puis il a annoncé ce que ses deux commanditaires, la Ligue et le Mouvement 5 étoiles, avaient déjà fait savoir avant même la fin de l’entretien : faute d’accord du chef de l’Etat sur la totalité de l’équipe, et plus précisément sur la personne du ministre de l’économie – le président refusant la candidature de Paolo Savona, qu’il juge trop anti-euro et trop anti-allemand –, pas question de former un gouvernement. Giuseppe Conte est donc forcé de renoncer à la mission qui lui avait été confiée.
Puis le professeur a soigneusement rangé le texte de son discours dans une pochette et s’est éclipsé. La carrière gouvernementale de ce parfait inconnu, choisi par la Ligue et le Mouvement 5 étoiles après des semaines de tractations, venait de s’achever avant même d’avoir commencé.
Par cet énième rebondissement, deux mois et demi après les élections du 4 mars, la crise gouvernementale italienne est entrée dans une nouvelle phase, inédite et d’une gravité vertigineuse. En effet, en mettant tout son poids institutionnel dans la balance, le président Sergio Mattarella a réussi à empêcher, à court terme, la constitution d’un gouvernement qu’il n’appelait manifestement pas de ses vœux. Mais il a en même temps offert aux partis « antisystème » un argument en or, crédibilisant l’idée d’un pouvoir téléguidé depuis Berlin...
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