28 mai 2018

Une goutte d’eau dans l’océan


« Pauvres andouilles, lance Maurice rigolard, on se croirait revenu au bon temps de Sarko, le président des riches comme ils disaient ! Et là : rebelote, même motif même punition ! Vous vous rendez compte, ça continue à défiler en beuglant comme des veaux séparés de leur mère… Sauf que l’an dernier, comme un seul homme, ça a voté pour l’autre petit merdeux. Voulaient pas de la grosse Tapedur, les braves gauchiards, tout sauf les fachos au pouvoir, qu’ils disaient, je les ai entendus, ces cons ! Du coup ils ont élu un transfuge de la Banque Rotschild, aussi sec, sans barguigner…et maintenant ça la leur coupe de le voir présider pour les friqués: faut vraiment trimballer un blindage de char d’assaut soviétique, faites confiance ! »
La saison du pastaga prend désormais son plein essor DERRIERE NAPOLEON; par la force des choses les conversations suivent le mouvement, elles s’animent, elles virevoltent, elles explosent parfois en mille étincelles déjantées, bref elles sentent la belle saison, un peu comme le vieillard cacochyme et podagre retrouve, à la faveur du joli soleil de Mai, une vigueur, certes un peu vacillante, mais révélatrice d’un semblant de vie retrouvé.
Je dis ça à cause de l’ancêtre Blaise Sanzel (voir par exemple ceci ), dont le grand âge, que dis-je, l’immense, l’énorme, l’invraisemblable, l’inconcevable, l’ahurissant, âge, lui offre encore la fortune d’allégrement franchir les cinq-cent mètres qui séparent son vingt-pièces-cuisine de notre cher bistrot Bonapartien, afin d’y déguster le breuvage à Popaul (Ricard s’entend). Et donc, le vieillardissime en question, loin de jouer les utilités, entend toujours participer activement aux débats d’idées alcoolisées qui animent généralement nos matinées dominicales. Sur ce coup-là il philosophe, Blaisou:
 
-« Comme vous le savez peut être, déclare-t-il en chopant avec une habileté confondante une poignée de cacahuètes, j’ai bien connu Edgard Faure (1), celui qui disait notamment: lorsqu’un problème est difficile, il faut toujours recourir à une solution compliquée. J’ai eu l’occasion à maintes reprises de vérifier la sagacité du personnage ainsi que la justesse de la maxime en question. Voilà pourquoi, je pense, notre petit Présipède, garde le vent en poupe et franchit tranquillement les obstacles que de petits rigolos dépourvus d’envergure, tel par exemple Jean-Cul Méchancon… enfin un nom comme ça… placent sur sa route. Sa marge de manœuvre apparaît très restreinte, tout ce qui touche de près ou de loin à la bonne vieille gauche enracinée dans ses certitudes d’un autre âge, s’acharne à lui foutre le bordel. Les cheminots, les fonctionnaires, les Black-Blocs, les pauvres couillons de tout poil qui perdent à chaque coup, surtout lorsqu’ils croient avoir gagné, tout ce conglomérat rébarbatif joue la révolte des six-pailles- voire sept ou huit si l’on compte aussi les hommes du même métal. Macrounette, lui, se contente de sortir des réformettes tellement alambiquées que personne n’y pige que pouic. Alors il a beau jeu de faire semblant d’en expliquer les tenants et les aboutissants -voire même les abrutissants- au bon populo, lequel, subjugué par la fabuleuse intelligence du petit génie encensé par des media quasi-unanimes, n’a plus qu’à s’écraser mollement face à la vérité révélée. Ainsi le Jupiter au petit pied, se trouve-t-il en passe de gagner la partie… Encore un mois de Juin un peu dur, sans doute, mais au fond pas tant que cela, et le tour de passe-passe sera joué. L’opération de communication promotionnelle aura fonctionné à bloc, la stature nationale et internationale du « Grand-Réformateur » en sortira définitivement confortée et il pourra commencer à bricoler une nouvelle usine à gaz inextricable, ce coup-ci pour les retraites, après quoi il ne lui restera qu’à se mijoter tranquillement les conditions d’une bonne ré-élection en 2022. »

« C’est pas dit que tu soyes encore là pour vérifier la prédiction, intervient Jean Foupallour déjà aux trois quarts bourré, mais dans tous les cas on fera un saut au cimetière, manière de te mettre bien au parfum »…et ce con de partir dans un de ses fous-rires irrépressibles qui le contraindra d’ici deux minutes à un repli stratégique et précipité en direction des chiottes. En pareil cas il ne parvient plus à se retenir, le brave Jeannot, la prostate, sans doute… Un qui apprécie moyen le trait d’humour, c’est évidemment le camarade Blaise, dans la mesure où, passées les quatre-vingt-dix piges, la notion de trépas prend une tournure particulièrement concrète autant qu’évocatrice; mais bon, comme on connaît ses saints on les honore, la meilleure réponse à cette sorte de naïveté corniaude reste encore la commande d’une nouvelle tournée en jaune, laquelle je m’empresse de passer histoire de regonfler une euphorie collective momentanément émoussée.

La très exceptionnelle présence parmi nous de notre vieil ami Umberto Cazzoficca nous en offre aussi l’occasion. Venu faire un tour du côté de Monaco où il conserve toujours un point de chute doré sur tranche, le flamboyant Rital nous apporte, en supplément de programme, des nouvelles fraîches de la trépidante démocratie transalpine (de cheval, bien sûr) et de ses tribulations politiquement iconoclastes.
« Vous savez, nous explique-t-il, chez nous les choses se révèlent souvent bien plus simples qu’il n’y paraît vu de l’extérieur. Nous avons un gouvernement tout nouveau, formé par deux partis dont l’unique point commun est l’opposition au « Système ». Les urnes ayant attribué la victoire à ces braves gens, ils ont réussi, non sans mal, à se mettre d’accord sur un programme, plutôt risqué mais néanmoins cohérent. A partir de là, leur grand ennemi, le « Système », donc, a essayé par l’entremise du Président de la République, Mozzarella -je veux dire Matarella- de leur coller l’ensemble des bâtons possibles dans les roues. Ce dernier, en bon démocrate, a donc tout tenté pour empêcher de gouverner la coalition légitimée en vertu des dernières élections. Voilà pourquoi l’affaire a traîné un peu en longueur mais, comme on dit chez nous, a poco a poco si guadagna il gioco (2) , le gouvernement MS5-Liga ne devrait pas tarder à se mettre au boulot. Cela dit, bien entendu, entre les difficultés intestines et les saloperies exogènes qui vont lui tomber dessus, le cabinet en question ne tardera pas à se péter la gueule lourdement. En attendant, nous aurons récolté quelques mesures d’assainissement fort appréciables, notamment une jolie baisse des impôts avec juste deux taux respectivement à quinze et à vingt pour cent et aussi une politique anti-immigration conduite par Salvini soi-même, lequel mettra tout en œuvre pour la mener à bien pendant les quelques mois au cours desquels il disposera des moyens d’agir.
Ce dernier point constituerait plutôt une mauvaise nouvelle pour vous, mes pauvres amis, car s’il veut aller vite, Salvini, il va lui falloir refiler la patate brûlante aux copains… Je ne vous fais pas un dessin, pas vrai, quand il y a des clandestins Africains à fourguer en catastrophe, c’est à la France, pays des Lumières et des Droidlom, qu’on pense en priorité, hein? Porca miseria, ça me fait de la peine pour vous mais votre bon cœur vous perdra toujours…surtout que les Tedeschi, enfin les Chleus comme vous dites, depuis les grandes ouvertures de la grosse Angela et leurs conséquences, ils ont compris leur douleur: on n’arriverait même pas à leur en expédier la moitié d’un ! Cela dit, ce n’est pas si grave, voyez vous, après tout il n’est question, à peine, que d’un demi-million de jeunes-gens…pour vous, franchement, une goutte d’eau dans l’océan, non ? »


Salauds de Macaronis, va !
« Accablé des malheurs où le destin nous range,
Je vais les déplorer… »


Bonne semaine, conservez vous bien.

Et merde pour qui ne me lira pas.

NOURATIN

(1) Politicard de haut vol et grand fornicateur devant l’Éternel, sous les IVème et Vème Répupus.

(2) Traduction libre: « petit à petit l’oiseau fait son nid ».

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