« Mais nous avons la certitude que les Russes, les Chinois et les Américains ont mis au point des systèmes destinés à aller observer et écouter au plus près les systèmes spatiaux d’autres pays, ce qui pose de graves questions en termes de sécurité », avait ensuite expliqué le général Testé.
Moins de deux ans plus tard, son successeur, le général Jean-Pascal Breton, aborda également cette question. « Les stratégies de contestation ou de déni d’accès prennent des formes nouvelles. Outre le développement d’armes à effet dirigé, capables de dégrader les performances de nos moyens, la maîtrise de la technique de rendez-vous dans l’espace permet de venir à proximité de capacités spatiales d’autres pays sur l’ensemble des orbites. Plusieurs de nos satellites ont ainsi été approchés par des objets de type satellites inspecteurs », avait-il dit.
Ces satellites « inspecteurs » se contentent-ils d’observer? Ou bien leur présence cache-t-elle autre chose? Directeur du renseignement militaire (DRM), le général Jean-François Ferlet a donné quelques détails lors de son audition par la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, dans le cadre de l’examen du projet de loi de Programmation militaire (LPM) 2019-2025. Et, visiblement, la question de l’espace exo-atmosphérique est un enjeu de taille.
Dans ce domaine, le rôle de la DRM est « d’évaluer la menace spatiale à l’encontre de nos intérêts nationaux », les opérations relevant du Commandement interarmées de l’espace. Le Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes est quant à lui chargé d’établir la situation spatiale.
« Grâce à des capteurs qui permettent de surveiller assez finement l’espace, nous savons qu’il s’y passe quelque chose. Aujourd’hui, pour vous donner un exemple très concret, des microsatellites gravitent autour de nos satellites les plus sensibles », a expliqué le général Ferlet aux députés. Et ces engins sont potentiellement hostiles. « Nous voyons bien que leur cinématique n’est absolument pas normale et qu’elle est suspecte, voire inamicale, de la part de certains pays », a-t-il en effet ajouté, sans toutefois donner de précision sur lesdits « pays ».
Étant donné que les forces armées sont dépendantes de l’espace, que ce soit pour les transmissions, l’observation, le renseignement et la navigation, rendre inopérants les satellites qu’elles utilisent (destruction physique, dommages sur leur électronique, cyberattaque, etc) aurait évidemment de fâcheuses conséquences sur leurs capacités.
« Les satellites sont vulnérables par nature : il est plus facile de les attaquer que de les défendre, car on ne va pas les blinder – sinon, le coût serait considérable, la mise en orbite se payant au poids », a relevé le général Ferlet. Aussi, a-t-il ajouté, « un des moyens de contournement auxquels nous réfléchissons, comme les Américains, consiste à envoyer des essaims de satellites, beaucoup plus petits et orbitant plus bas, au lieu d’utiliser seulement deux ou trois satellites de taille plus importante pour assurer la même couverture. On obtiendrait un résultat plus résilient car l’ensemble serait plus difficile à neutraliser. »
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