Plaisanterie russe
En mai 2016, j’ai écrit un article pour Unz Review intitulé [en français] « Contre-propagande à la manière russe » dans lequel j’essayais de montrer l’immense différence entre la vieille approche soviétique de la propagande et de la contre-propagande et l’approche utilisée par les autorités russes aujourd’hui. La principale différence était celle-ci : si les Soviétiques faisaient tout leur possible pour empêcher la propagande occidentale d’atteindre leur population, les Russes font exactement le contraire aujourd’hui ; ils font tout leur possible pour s’assurer que la propagande occidentale est immédiatement traduite et diffusée dans tous les foyers russes. Ce que je me propose de faire aujourd’hui est de partager avec vous quelques exemples de ce à quoi les foyers russes sont régulièrement exposés.
Vous devez avoir entendu parler du reportage de CNN sur la manière dont les affreux Russkofs ont utilisé Pokemon pour déstabiliser et subvertir les États-Unis. Si ce n’est pas le cas, le voici :
En Russie, ce reportage a connu instantanément un immense succès : la vidéo a été traduite et rediffusée sur toutes les chaînes de télévision. Margarita Simonian, la brillante directrice de Russia Today, a été interrogée, pendant une émission en direct : « Soyez honnête et confessez-le – quelle est votre relation avec Pokemon, est-ce qu’ils travaillent pour vous ? » À quoi elle a répondu : « Je les nourris ». Le public a éclaté de rire.
Le Pokemon russe n’était que le dernier d’une longue série de reportages totalement insensés, définitivement paranoïaques et férocement russophobes publiés par les siomédias occidentaux, qui ont tous été instantanément traduits en russe et rediffusés par les médias russes.
Une des techniques régulièrement utilisées dans les émissions russes de débat est de présenter un court reportage sur la dernière absurdité provenant des États-Unis ou d’Europe et de demander à un invité pro-américain d’y réagir. Les « libéraux » (dans le sens politique que donnent les Russes à ce mot, c’est-à-dire une personne désespérément naïvement pro-occidentale qui aime détruire tout de qui est russe et qui hait Poutine et ceux qui le soutiennent) sont extrêmement embarrassés et en général admettent simplement que ce sont des inepties ou essaient de trouver des absurdités dans les médias russes (et il y en a beaucoup) pour montrer que « nous sommes tout aussi mauvais ». Inutile de dire, peu importe l’échappatoire choisie, le « libéral » finit par passer pour un idiot intégral ou un traître.
Dans mon article de mai 2016, je citais plusieurs exemples de personnages étrangers particulièrement haineux et offensifs, qui sont régulièrement invités dans les émissions de débat russes, y compris des nationalistes ukrainiens fanatiques, des russophobes polonais arrogants et, enfin, des journalistes américains travaillant à Moscou. Pour faire l’équilibre avec ces personnages vraiment répugnants, des hôtes étrangers sains d’esprit et crédibles sont également invités, qui viennent généralement de l’Europe méridionale (France, Italie, Espagne). Donc la « grille des invités » finit par ressembler à ceci :
- Bons types/Sales types
- Russes Patriotes/Libéraux russophobes
- Soutenus par Européens du Sud Ukies, Anglo-Saxons, Allemands
Ce n’est pas la CIA qui paie ce libéral – les Russes le font eux-mêmes !
Il y a quelques jours, un article important est paru dans le journal Komsomolskaia Pravda(oups, ils ont gardé ce vieux nom franchement idiot, qui se traduit littéralement par « La vérité de la Ligue de la jeunesse communiste »), qui a révélé que quelques-uns des invités les plus offensifs dans les émissions de débat russes recevaient beaucoup d’argent pour vomir leur propagande anti-russe. Voici les invités les mieux payés :
- Viacheslav Kovtun (Ukraine) : 500 000 – 700 000 roubles (de 8 700 à 12 000 dollars environ) par mois.
- Michael Bohm (USA) : 500 000 – 700 000 roubles (de 8 700 à 12 000 dollars environ) par mois.
- Iakub Koreiba (Pologne) : au moins 500 000 roubles (environ 8 700 dollars) par mois.
Mais ce qui devient de plus en plus évident, c’est que les propagandistes occidentaux ne comprennent tout simplement pas le monde dans lequel ils vivent, et notamment les Américains des États-Unis. Pensez-y : tous les pays importants impliqués dans la Seconde Guerre mondiale avaient leur propre machine de propagande qui ciblait exclusivement leur propre population et qui n’était presque jamais vue par l’autre camp. De même, pendant la Guerre froide, les gens franchement stupides chargés de la machine de propagande soviétique ont gaspillé d’immenses ressources en essayant d’empêcher la propagande occidentale de s’infiltrer sous le Rideau de fer. Quant à la propagande soviétique à l’Ouest, elle a eu un effet mesurable (il suffit de considérer l’influence de divers partis communistes en Europe pendant la Guerre froide), mais jamais suffisamment pour vaincre l’appel à l’hédonisme et au consumérisme promus par la branche la meilleure et la plus efficace de l’appareil de propagande occidental : Hollywood.
Actuellement, cela a énormément changé et les Russes l’ont bien mieux compris que quiconque en Occident : à l’âge d’Internet et de la TV satellite, vous ne pouvez pas diriger votre message uniquement sur un public national, ni ne pouvez empêcher la propagande des autres d’atteindre votre audience intérieure. Les Américains agissent encore comme ils le faisaient au milieu des années 1970 : ils font porter leurs plus grands efforts de propagande sur le public intérieur comme si le monde entier n’exploitait pas soigneusement tout ce que CNN et tous les autres ont à dire, et ils croient que l’Occident n’est impopulaire en Russie qu’à cause du « contrôle de Poutine sur les médias ». Impossible d’être plus déconnecté de la réalité que ces gens. La vérité est qu’environ 80% ou plus des Russes soutiennent Poutine précisément parce qu’ils sont exposés quotidiennement à la machine de propagande occidentale et à son message.
Comment est-ce possible ?
D’une part, la contre-propagande russe ne s’adresse pas à un groupe isolé de personnes, mais elle est fondamentalement la même, que ce soit sur RT ou sur Spoutnik pour le public étranger, ou sur les principales chaînes de télévision russes. L’effort propagandiste russe est mondial et intrinsèquement cohérent.
De plus, et au risque de passer pour un propagandiste russe moi-même, je dirais quelque chose d’assez évident mais pourtant difficile à comprendre : les Russes n’ont pas besoin de mentir, leur propagande est essentiellement véridique, basée sur des faits et la logique. Il n’y a pas d’équivalent russe de l’histoire Pokemon. Et lorsque les dirigeants occidentaux demandent que la Russie retire ses forces du Donbass, les Russes n’ont pas besoin de raconter une histoire compliquée sur la façon dont l’armée russe est au Donbass, mais que ces forces sont aussi invisibles à l’observateur sur le terrain qu’elles le sont aux satellites dans l’espace. Les Russes n’ont pas besoin de mentir sur leurs opérations en Syrie parce que ce qu’ils disent faire là-bas est ce qu’ils font effectivement, c’est une seule et même chose : libérer la Syrie de Daech. Je pourrais multiplier les exemples, mais mon propos est simple : contrairement à leurs homologues américains, les Russes ne s’engagent pas dans des politiques qu’ils ne peuvent pas justifier devant leur propre opinion publique ou devant l’opinion publique du reste du monde. Cela semble simple ? Alors pourquoi les États-Unis semblent-ils totalement incapables de dire la vérité sur tout ce qu’ils font ?
Être véridique n’empêche toutefois pas les Russes d’être astucieux, et la façon dont ils « jiu-jitsu » la production propagandiste occidentale à leur profit est très intelligente. Il est clair que quelqu’un au Kremlin a tiré les leçons douloureuses de la machine de propagande soviétique, dysfonctionnelle et franchement ridicule.
Comparez cela avec le genre d’auto-lobotomie que les médias allemands s’infligent lorsqu’ils qualifient quiconque n’est pas frénétiquement anti-Poutine de « Putinversteher », autrement dit quelqu’un qui « comprend Poutine ». Comme si ne pas comprendre quelqu’un devait être considéré comme une marque d’intelligence ou comme si être d’accord avec quelque chose que Poutine dirait devrait être vu comme une preuve évidente de dépravation morale. Est-ce vraiment si surprenant qu’un médias capable de proposer un concept tel que « Putinversteher » ne soit pas en mesure de concurrencer les médias russes ? Peut-on imaginer les Russes qualifiant quelqu’un de « Merkelponimatel » ? Évidemment non, ils invitent plutôt un journaliste de la variété double-bien-pensante dans une émission en direct et s’assurent qu’il va défendre ceux qui ont proposé la notion de « Putinversteher », ce que cet idiot essaiera très certainement de faire, ne serait-ce qu’en raison d’un sens malencontreux de la solidarité professionnelle avec ses collègues dans son pays. Les téléspectateurs russes aimeront cela, écouteront chaque mot et iront ensuite se coucher absolument convaincus que leurs voisins européens sont devenus totalement dingues.
Mais si les étrangers sont mauvais, et si les libéraux russes sont mauvais, qu’est-ce qui pourrait être encore pire ?
Les libéraux russes à l’étranger, bien sûr. Et ils existent aussi.
Faites la connaissance d’Owen Matthews et de Greg Vainer. Oh, ces deux sont teeeeellement cool !!
D’abord Owen Matthews. L’homme a une page Wikipédia officielle, donc commencez par aller la voir ici. Ce que sa bio sur Wikipédia n’indique pas, cependant, est le genre de milieu d’où vient Matthews. Dans sa biographie, il affirme que son grand-père maternel, Boris Lvotvich Bibikov, était le Premier secrétaire du Comité régional du Parti communiste de Chernigov, décoré de l’Ordre de Lénine, et qu’il a été accusé en octobre 1937 de violation de l’article 58 du Code pénal et exécuté. Donc il était un apparatchik du Parti. Assez mauvais, mais cela devient pire, bien pire.
Selon mon directeur de recherche, cette information pourrait être trompeuse. Il y a des documents historiques, dont les listes des officiers du NKVD, qui indiquent que Boris Lvovich Bibikov n’a jamais travaillé pour le gouvernement de la République soviétique d’Ukraine et n’a jamais été le Premier secrétaire du Comité régional du Parti communiste de Chernigov, mais qu’il était un officier très connu du NKVD (la police secrète) et qu’il a travaillé dans l’appareil central du NKVD de la République soviétique d’Ukraine (ce qui, si c’est vrai, ferait de lui, par définition, un meurtrier de masse). En effet, le Premier secrétaire du Comité régional du Parti communiste de Chernigov, de janvier 1934 à août 1937, était Markitan Pavel Filipovich et, après lui, c’était Mihailov Aleksey Dmitrievich. Quant à Bibikov lui-même, il a été effectivement tué pendant les purges anti-trotskystes de Staline de 1938. Donc si Bibikov a été « seulement » un apparatchik du parti trotskyste ou un membre de la bande génocidaire de fous russophobes connue comme le « NKVD », la haine de Matthews pour la Russie vient clairement du fait que Staline a exécuté son grand-père et que sa famille a passé des échelons supérieurs du régime bolchevique au régime peu enviable d’« ennemis du peuple » (et je pense, personnellement, que tous les trotskystes soviétiques le méritaient amplement).
Owen Matthews : l’âne pompeux russophobeAparté
Je ne pense pas qu’il soit juste, éthique ou logique de blâmer une personne pour ses ancêtres. Je suis moi-même apparenté de loin à l'un des pires assassins du début du régime bolchevique, et je ne me considère pas coupable de ses actes, ni lié de quelque façon à ceux-ci. Cependant, dans son livre, « Les Enfants de Staline », Matthews prend clairement parti, assume et même cache peut-être son grand-père commissaire trotskyste, et cela fait de lui une cible pour la critique.
Matthews lui-même a fait toute sa carrière sur la vague montante de la russophobie en Occident et c’est pourquoi il est un invité régulier de la télévision russe : je pense que personne n’atteint Matthews dans l’expression d’une totale condescendance à l’égard de tout ce qui est russe. L’homme suinte, transpire, littéralement, la russophobie et le mépris. Je dirais que tandis que sa haine pour tout ce qui est russe est typiquement trotskyste, son immense complexe de supériorité est carrément britannique. Et cette combinaison fait de lui un invité idéal pour les émissions de débat russes. Si quelqu’un incarne vraiment l’idée que « l’Occident nous hait vraiment fanatiquement et nous méprise »,c’est Owen Matthews.
Greg Vianer est très différent. Autant Matthews est le prototype du raciste britannique condescendant, autant Vainer est une caricature de l’Américain étasunien arrogant. Bien sûr, Vainer n’est pas plus Américain que Matthews est réellement britannique ! Le vrai nom de Vainer est Grigorii Vinnikov et c’est aussi un juif russe. L’amusant est que ce Grigorii insiste pour être appelé « Greg » (en russe « Грэг ») même si tout le public sait qu’il est Grigorii. Inutile de dire que son personnage déclenche une puissante réaction de rejet. Mais là où Vainer est vraiment à son meilleur, c’est lorsqu’il défend les États-Unis. Ce qui est paradoxal, puisque là-bas il est connu comme un petit escroc qui a dû fuir le pays (avec l’argent de son client) pour éviter les poursuites. Et ce n’est pas moi qui dit cela mais Radio Free Europe Radio Liberty (appuyé par d’autres sources russes, voir ici et ici).
Greg Vainer, le petit escroc
Cela ne vaut-il pas son pesant d’or ? Au lieu d’un Britannique et d’un Américain, ce que nous avons vraiment, ce sont deux gars tout à fait typiques des juifs russophobes. Ni l’un ni l’autre ne se qualifie de « libéral russe », et le public le sens immédiatement.
Ce que nous avons ici est un mille-feuilles :
- Première couche : en surface, ces types se présentent comme britannique et américain.
- Deuxième couche : en réalité, par leur connaissance du russe (Matthews : correct ; Vainer : de langue maternelle), il est clair qu’ils sont des émigrés avec des racines en Russie.
- Troisième couche : en réalité, les deux sont juifs, l’un issu d’une famille de commissaires trotskystes et l’autre petit escroc. Tous les deux sont vraiment caricaturaux.
Bien sûr qu’ils le savent, et c’est précisément pourquoi ils les engagent : pour les laisser vomir chaque semaine leur haine anti-russe dans le but d’éduquer le public russe sur le genre de personnages qui sont considérés en Occident comme des faiseurs d’opinion (en particulier Matthews, bien sûr).
Donc où est le libéral russe de bonne foi ?
Il existe, bien sûr. Introduisons Alexander Nikolaevitch Sytine.
Sa biographie est ennuyeuse (vous pouvez consulter une version traduite automatiquement en cliquant ici) et, pour autant que je le sache, il est « légitime », au sens où il est vraiment russe et qu’il est ce qu’il prétend être : un politologue et un historien. Mais, oh là là, il est aussi un membre de sa classe, assurément ! Non seulement Sytine exprime régulièrement les points de vue les plus formidablement russophobes à la télévision russe, mais il a aussi écrit quelques articles étonnants, dont un intitulé « The Destructive Terroristic Role of Russia in the World Community » [Le rôle terroriste destructeur de la Russie dans la communauté mondiale] et un autre, intitulé « How the World Should React to the Destructive Terroristic Activities of Russia » [Comment le monde devrait réagir aux activités terroristes destructrices de la Russie]. La principale thèse de Sytine est que la Russie est un État terroriste. Cela a provoqué un tel tollé qu’un groupe de citoyens a rejoint le célèbre commentateur russe Rouslan Ostachko dans un procès collectif demandant que Sytine soit condamné à des dommages et intérêts. La logique de leur procès est qu’ils sont tous russes, et que proclamer que la Russie est un État terroriste atteint leur crédibilité et les offense. Bien sûr, ce qu’ils veulent en réalité est forcer Sytine à défendre ses déclarations devant la cour. Comme prévu (du moins pour celui qui connaît les libéraux russes), Sytine a paniqué, il essaie maintenant de s’excuser et veut éviter un procès. Ostachko et les gens qui le soutiennent (des milliers de personnes, apparemment) veulent avoir leur journée au tribunal. Ce sera amusant d’observer où tout cela mène.
Il y a pourtant quelques moments intéressants dans la biographie de Sytine. Par exemple, comme il est de métier historien et conférencier sur l’histoire russe et soviétique, il a réussi à gagner une position élevée à la tête d’une branche de Yukos, comme project manager, exactement au moment où un criminel condamné et un meurtrier présumé, Mikhail Khodorkovsky, s’emparait de la compagnie pétrolière géante avec le soutien occidental. Comme il n’a aucune expertise dans l’industrie pétrolière, Alexander Sytine a travaillé à la YUKOS Oil company jusqu’en octobre 2003, lorsque Mikhail Khodorkovsky, le directeur de YUKOS a été arrêté et accusé de fraude. Immédiatement, le contrôle des parts de Mikhail Khodorkovsky dans la compagnie a été transmis au banquier Jacques Rothschild. Sytine avait perdu son boulot tranquille à Yukos lorsque l’entreprise a fait faillite et a été nationalisée. Il est possible que Sytine ait perdu sa part dans cette société dans le processus. Il est également possible qu’il représente aujourd’hui les intérêts de Rothschild Asset Management, qui a récemment perdu sa longue bataille juridique contre l’État russe.
Ce qui compte vraiment ici n’est pas tant ce que Sytine a fait dans le passé que le fait qu’il est, pour utiliser une expression de l’amour sioniste, un véritable « Russe affligée de haine de soi » et, plus important encore, une image vivante de ce qu’un Russe qui se hait peut dire et défendre. En le regardant, la plupart des Russes pensent probablement : « Mon Dieu, ne permettez jamais à ces types de revenir au pouvoir ! »
Alexander Sytine, le prototype du libéral russe
À vrai dire, Matthews, Vainer et Sytine sont tous des idiots utiles typiques. Ils semblent croire sincèrement que lorsqu’il vont à la télévision russe pour cracher leurs opinions russophobes, ils atteignent un certain résultat. Bon, je suppose que techniquement ils le font, mais certainement pas celui qu’ils espèrent. Si c’est le cas, voir ces clowns remplis de haine déclenche une réaction puissante contre tout ce que ces types prétendent défendre.
D’accord, l’effort russe de contre-propagande est très raffiné et efficace. Mais est-ce éthique ?
Je pense que ça l’est tout à fait. Voici pourquoi.
Premièrement, comme je l’ai dit, les Russes ne fabriquent pas de mensonges. Ce qu’ils rapportent est généralement factuellement vrai (je dis généralement, parce que je sais trop bien comment le journalisme travaille réellement derrière la scène pour avoir la moindre illusion du genre « ils disent toujours la vérité »).
Deuxièmement, ils utilisent la propre stupidité de l’ennemi. Personne ne dirait que l’aïkido est « immoral » pourtant il est basé sur l’utilisation des mouvements et de la force de votre adversaire contre lui (« combiner les forces » dans la terminologie de l’aïkido).
Troisièmement, aussi scandaleux, excessifs et dégoûtants que soient certains des clowns montrés à la télévision russe, ils ne déforment pas la réalité de l’Empire anglosioniste. Oui, assurément, les vrais russophobes sont une minorité infime en Occident, du moins là où les gens sont concernés (en particulier en Europe méridionale et aux États-Unis), mais pratiquement, les régimes au pouvoir sont contrôlés par des russophobes ou par leurs marionnettes. Quant aux siomédias occidentaux, ils sont russophobes à un point tel que je les qualifierais sans ambiguïté de racistes.
Alors oui, les Russes utilisent l’immense arrogance et la haine mal dissimulée pour la Russie de certains des représentants les plus pompeux et les moins intelligents de l’Occident pour brosser un tableau absolument juste et précis de ses élites dirigeantes. Si le message était « tout le monde en Occident vous hait », alors il serait grossièrement injuste, mensonger et immoral. Mais si le message est « les élites occidentales vous haïssent », il est absolument juste, véridique et éthique.
Nous saurons bientôt si l’administration Trump va demander que Russia Today et Spoutnik s’enregistrent comme agents étrangers (avec le soutien total et enthousiaste des siomédias étasuniens, bien sûr). Le Congrès américain fera ce qu’il fait toujours – obtenir plus d’argent pour essayer de résoudre le « problème russe » en déversant des fonds. Les pays de l’OTAN se joindront au programme et « suivront l’exemple ». Les Ukronazis de Kiev font encore mieux : ils réactivent les vieux brouilleurs de l’ère soviétique pour empêcher les émissions russes d’atteindre les zones actuellement sous occupation nazie. Je ne serai pas surpris si une chasse aux sorcières de grande ampleur contre des sympathisants et / ou des agents russes (y compris des fidèles de Ron Paul, des libertariens, de vrais progressistes et votre serviteur) est finalement déclenchée par la classe dominante étasunienne frustrée, effrayée et totalement désemparée. Si cela se produit, la seule chose qui nous protégera tous sera le Premier amendement (quelque chose, du moins jusqu’ici, que les néocons n’ont jamais réussi à détruire). Pas de Premier amendement en Europe, mais le risque d’une répression policière brutale n’est pas non plus imminent là-bas. D’une part, les élites européennes se rendent compte très lentement, pas à pas, que leur soumission abjecte et totale aux États-Unis les a mises dans une situation extrêmement inconfortable. Elles sont encore loin de comprendre vraiment que la Russie a beaucoup plus à offrir à l’Europe que les États-Unis, mais les premiers craquements apparaissent, ce qui est bon. En plus, l’Europe étant politiquement beaucoup plus diverse que le système de Parti Unique étasunien, les risques d’une répression importante de la dissidence sont beaucoup plus faibles. Enfin, il est assez clair que beaucoup de gens en Europe du Sud, même dans les médias, sont plus ou moins pro-russes même s’ils ne le disent pas toujours ouvertement.
L’une des principales faiblesses des élites politiques étasuniennes est qu’elles n’ont jamais pris la peine d’étudier sérieusement la science politique, pour ne rien dire du marxisme, et encore moins de la dialectique hégélienne. Ce qui est dommage pour elles car elles occultent complètement le fait que la contradiction interne de la machine de propagande anglosioniste crée une réaction qui rendra Russia Today, Sputnik et l’Internet pro-russe encore plus attrayants pour le public occidental qu’ils ne le sont déjà. En fait, tous les efforts pour réprimer les « propagandistes russes » ne serviront qu’à renforcer ces derniers, rendant la lecture des sources pro-russes sexy et excitante.
Quant aux Russes, ils continueront à rapporter, par exemple, que la drag queen Xochi Mochi lit des histoires aux enfants à la bibliothèque publique Michelle Obama dans le cadre du Mois pour l’histoire LGBTQ puis à inviter les semblables d’Owens, Vainer ou Sytine à des débats télévisés en début de soirée pour commenter l’événement, où ils s’assureront que chacun ait tout le temps nécessaire pour exprimer pleinement ses pensées et ses sentiments.
La « diversité » dans le style occidental
La popularité de Poutine explosera tandis que les siomédias occidentaux l’expliqueront par le contrôle autoritaire qu’exerce le « régime de Poutine » sur les médias russes.
The Saker
Cet article a été écrit pour Unz Review – Avec un merci spécial du Saker à son directeur de recherche, Scott, pour lui avoir fourni les informations de base pour cet article.
Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker francophone
Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker francophone
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.