[...] Et si la fabrication de réfugiés n’était qu’un secteur de la criminalité comme les autres ?
C’est en substance la conclusion de ce document explosif. Que les motivations soient politiques, religieuses ou purement crapuleuses, les convergences d’intérêts entre les groupes armés de la moitié nord de l’Afrique et du Moyen-Orient sont au cœur du problème migratoire. Faisant feu de tous les trafics ; cigarettes, armes, drogues et surtout migrants, les criminels répartissent et élargissent leurs zones d’action.
Loin des insinuations journalistiques, ce rapport tisse également les liens entre le trafic migratoire et le terrorisme qu’il finance, anéantissant par-là même les considérations humanitaires de ceux qui veulent nous imposer toujours plus de clandestins, alors que survivent, seulement en France 150 000 SDF et plus de 8 millions de précaires.
Les réseaux criminels sont en réalité les premiers bénéficiaires de la générosité européenne, car chaque point de passage est l’occasion de rançonner les candidats à l’exil. Sous des mots pudiques, se dessine la violence à laquelle sont soumises ces poules aux œufs d’or : racket, traite d’êtres humains, exploitation sexuelle.
Par une stratégie de dominos, les groupes armés « recrutent » ainsi toujours plus de réfugiés. Ces « migrants » deviennent à leur insu les banquiers du crime et du terrorisme, finançant du matériel, des hommes, et des armes. Et ceux qui les encouragent, les « associés » de ces trafics.
Ce rapport prouve que l’approche politique de la crise migratoire doit radicalement changer et l’on distingue pour ce faire deux solutions à mettre en oeuvre simultanément. D’une part, il faut anéantir tous les espoirs d’accueil en Europe pour tarir les routes migratoires tenues par les criminels. D’autre part, il est également crucial de réaffirmer l’ancrage des réfugiés sur leur propre territoire pour ne pas céder de terrain aux terroristes.
Le rapport ne vise pas à mesurer les responsabilités politiques dans le chaos libyen mais à tracer une ébauche des voies d’action offertes aux politiques qui veulent vraiment agir. Preuve est ainsi faite que toute manœuvre gouvernementale ne suivant pas ces prescriptions ne fait que se rendre complice de ces trafics, y compris humains.
Face à l’inaction de dirigeants englués dans les bons sentiments et le marketing à visée électorale, il revient donc aux citoyens de réagir vigoureusement pour briser les pompes aspirantes migratoires qui ne servent que les mafias ; et aux élus et représentants du peuple fidèles à l’intérêt collectif, de s’associer à ce sursaut vital en partageant et en faisant connaître ce travail.
Le véritable courage, c’est de ne plus les accueillir ici pour les aider là-bas. Il fallait le démontrer, c’est maintenant fait !
Introduction
Depuis plus de mille ans, le Sahara est une région de contrebande et de trafic de nombreux types de produits. La Libye, dont les liens avec l’Europe datent de l’Empire romain, a toujours été une destination et une voie de transit importante pour nombre de ces activités illicites. Depuis la chute de Kadhafi, la contrebande et le trafic impliquant à la fois des groupes armés et des réseaux du crime organisé a augmenté de façon spectaculaire en Libye. La chute du régime avait permis à la traditionnelle répartition tribale du commerce trans-Sahara, dans les drogues, les produits de contrefaçon, les migrants et les armes, de croître pour atteindre environ 43-80M$ au maximum, revenus réparties entre un grand nombre de trafiquants, clans et groupes.
L’augmentation des flux d’argent et de marchandises illégales a des répercussions à travers l’Afrique du Nord et le Sahel. Cet argent et les armes en provenance de Libye ont contribué à faciliter la rébellion au Mali en 2010, et continuent à alimenter les conflits aujourd’hui. Plus important encore, le nombre élevé de migrants le long de la côte en Afrique du Nord a permis le développement d’un commerce de « passage » beaucoup plus lucratif, désormais évalué entre 255 et 323 millions de dollar par an, pour la seule Libye. La valeur de ce commerce surpasse de loin toutes les entreprises de traite et de trafic dans la région, et a renforcé des groupes terroristes, y compris l’État islamique.
Cette synthèse est basée sur des données accessibles à tous et de nombreux entretiens récents dans la région subsaharienne. Elle vise à mesurer la portée actuelle et l’ampleur des économies criminelles transsahariennes et souligne leurs possibles implications sur la stabilité et la sécurité. Le but de cette synthèse est de fournir une mise à jour des informations pertinentes sur les facteurs de conflits potentiels dans la grande région du Sahara, à destination des décideurs politiques, des intervenants et des chercheurs. Ce document a été établi en collaboration entre le Centre norvégien pour l’analyse globale (Rhipto) et l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée.
Compte tenu de l’importance des revenus que peut générer le trafic migratoire, cette synthèse conclut que les principales priorités devraient être d’une part d’empêcher Daesh et les groupes armés lybiens de tirer profit de cette activité, d’autre part de couper les voies migratoires transsahariennes établies de longue date qui passent par le Sahel vers la Libye.
C’est en substance la conclusion de ce document explosif. Que les motivations soient politiques, religieuses ou purement crapuleuses, les convergences d’intérêts entre les groupes armés de la moitié nord de l’Afrique et du Moyen-Orient sont au cœur du problème migratoire. Faisant feu de tous les trafics ; cigarettes, armes, drogues et surtout migrants, les criminels répartissent et élargissent leurs zones d’action.
Loin des insinuations journalistiques, ce rapport tisse également les liens entre le trafic migratoire et le terrorisme qu’il finance, anéantissant par-là même les considérations humanitaires de ceux qui veulent nous imposer toujours plus de clandestins, alors que survivent, seulement en France 150 000 SDF et plus de 8 millions de précaires.
Les réseaux criminels sont en réalité les premiers bénéficiaires de la générosité européenne, car chaque point de passage est l’occasion de rançonner les candidats à l’exil. Sous des mots pudiques, se dessine la violence à laquelle sont soumises ces poules aux œufs d’or : racket, traite d’êtres humains, exploitation sexuelle.
Par une stratégie de dominos, les groupes armés « recrutent » ainsi toujours plus de réfugiés. Ces « migrants » deviennent à leur insu les banquiers du crime et du terrorisme, finançant du matériel, des hommes, et des armes. Et ceux qui les encouragent, les « associés » de ces trafics.
Ce rapport prouve que l’approche politique de la crise migratoire doit radicalement changer et l’on distingue pour ce faire deux solutions à mettre en oeuvre simultanément. D’une part, il faut anéantir tous les espoirs d’accueil en Europe pour tarir les routes migratoires tenues par les criminels. D’autre part, il est également crucial de réaffirmer l’ancrage des réfugiés sur leur propre territoire pour ne pas céder de terrain aux terroristes.
Le rapport ne vise pas à mesurer les responsabilités politiques dans le chaos libyen mais à tracer une ébauche des voies d’action offertes aux politiques qui veulent vraiment agir. Preuve est ainsi faite que toute manœuvre gouvernementale ne suivant pas ces prescriptions ne fait que se rendre complice de ces trafics, y compris humains.
Face à l’inaction de dirigeants englués dans les bons sentiments et le marketing à visée électorale, il revient donc aux citoyens de réagir vigoureusement pour briser les pompes aspirantes migratoires qui ne servent que les mafias ; et aux élus et représentants du peuple fidèles à l’intérêt collectif, de s’associer à ce sursaut vital en partageant et en faisant connaître ce travail.
Le véritable courage, c’est de ne plus les accueillir ici pour les aider là-bas. Il fallait le démontrer, c’est maintenant fait !
Introduction
Depuis plus de mille ans, le Sahara est une région de contrebande et de trafic de nombreux types de produits. La Libye, dont les liens avec l’Europe datent de l’Empire romain, a toujours été une destination et une voie de transit importante pour nombre de ces activités illicites. Depuis la chute de Kadhafi, la contrebande et le trafic impliquant à la fois des groupes armés et des réseaux du crime organisé a augmenté de façon spectaculaire en Libye. La chute du régime avait permis à la traditionnelle répartition tribale du commerce trans-Sahara, dans les drogues, les produits de contrefaçon, les migrants et les armes, de croître pour atteindre environ 43-80M$ au maximum, revenus réparties entre un grand nombre de trafiquants, clans et groupes.
L’augmentation des flux d’argent et de marchandises illégales a des répercussions à travers l’Afrique du Nord et le Sahel. Cet argent et les armes en provenance de Libye ont contribué à faciliter la rébellion au Mali en 2010, et continuent à alimenter les conflits aujourd’hui. Plus important encore, le nombre élevé de migrants le long de la côte en Afrique du Nord a permis le développement d’un commerce de « passage » beaucoup plus lucratif, désormais évalué entre 255 et 323 millions de dollar par an, pour la seule Libye. La valeur de ce commerce surpasse de loin toutes les entreprises de traite et de trafic dans la région, et a renforcé des groupes terroristes, y compris l’État islamique.
Cette synthèse est basée sur des données accessibles à tous et de nombreux entretiens récents dans la région subsaharienne. Elle vise à mesurer la portée actuelle et l’ampleur des économies criminelles transsahariennes et souligne leurs possibles implications sur la stabilité et la sécurité. Le but de cette synthèse est de fournir une mise à jour des informations pertinentes sur les facteurs de conflits potentiels dans la grande région du Sahara, à destination des décideurs politiques, des intervenants et des chercheurs. Ce document a été établi en collaboration entre le Centre norvégien pour l’analyse globale (Rhipto) et l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée.
Compte tenu de l’importance des revenus que peut générer le trafic migratoire, cette synthèse conclut que les principales priorités devraient être d’une part d’empêcher Daesh et les groupes armés lybiens de tirer profit de cette activité, d’autre part de couper les voies migratoires transsahariennes établies de longue date qui passent par le Sahel vers la Libye.
Les économies criminelles trans-sahariennes
La contrebande traditionnelle, impliquant les clans dans tout le sahara, existe au moins depuis le VIIIe siècle. Depuis peu, les criminels de la région se sont concentrés par type de trafics particuliers : les trafiquants et les groupes terroristes sont spécialisés en cigarettes contrefaites, les trafiquants de drogue opérèrent en avions légers pour le trafic de cocaïne, et les trafiquants d’armes ne travaillent presque qu’avec les groupes activistes armés, pour ne citer que trois types d’activités.
Les valeurs de ces principaux trafics dans la région sont estimées à :
• Trafic de drogue colombienne via Guinée-Bissau : valeur « de rue » 1,25 milliard de dollar en Europe et 150 millions en Afrique de l’Ouest, générant des revenus locaux de 10 à plus de 20 millions de dollars pour les opérateurs dans le Sahel, l’Algérie et la Libye.
• La chute du régime libyen a permis à des groupes criminels de profiter largement de tous les trafics : contrefaçon et contrebande de marchandises, y compris les cigarettes, les produits pharmaceutiques, agricoles, de construction et de transport. Le montant de ce commerce est difficile à quantifier.
• La valeur totale du commerce libyen des armes dans l’ère post-Kadhafi est probablement de l’ordre de 15 à 30 millions de dollars par an. Ces armes sont plus destinées à des groupes militants en Libye et au Sahel (dont le Mali, le Niger, et le Tchad) qu’au commerce. Ceci étant, des livraisons d’armes ont été détectées vers des pays du Golfe et ailleurs en Afrique, et les conséquences négatives du commerce des armes sont évidemment beaucoup plus élevées que sa seule valeur monétaire.
• Le traditionnel trafic de migrants à travers le Sahara était auparavant évalué de 8 à 20million$, mais avec l’augmentation récente des migrants en transit, la valeur actuelle du commerce le long de la côte (en contournant les traditionnels voies tribales) – est estimée entre 255 – 323 millions par an.
Les sections suivantes fournissent une vue des principaux trafics trans-sahariens :
Drogue
On estime à 18 tonnes la quantité de cocaïne (originaire de Colombie) qui circule par les côtes d’Afrique de l’Ouest, en particulier la Guinée-Bissau et la guinéen après un pic de 47 tonnes en 2007. Ces 18 tonnes représenteraient une valeur d’environ 1,25 milliard de dollar sur le marché européen. Leur trafic fournit donc un revenu substantiel aux trafiquants d’Afrique de l’Ouest, de l’ordre de 150 millions de dollar par an. Les revenus liés seraient d’environ 15 à 20 millions en Lybie, Tunisie et Algérie.
La cocaïne qui transite par la Lybie y arrive généralement par le sud, cheminant par les voies terrestres depuis la Guinée-Bissau jusqu’à la Méditerranée et l’Europe. Comme la cocaïne est perçue comme une menace en Europe et en Amérique du Nord, faire transiter la drogue par le Sahara et la Lybie demande de plus en plus de complicités de la part des agents chargés de la sécurité des Etats traversés.
Le cannabis et la résine de cannabis transitent eux aussi par la Lybie. Selon les calculs, le Maroc est le premier ou le deuxième producteur de cannabis. Le produit chemine jusqu’en Europe, son principal marché, en passant par des réseaux en Egypte et dans la région des Balkans. Deux chemins existent entre le Maroc et l’Egypte. La première route passe par le sud et traverse le Sahel pour contourner la frontière fermée entre le Maroc et l’Algérie, la deuxième longe les côtes du nord du continent. Le volume de cannabis qui passe par la Lybie demeure inconnu, par manque d’analyse sur ce sujet, mais il est probablement très important et l’on sait que contrairement à la cocaïne, la majeure partie des revenus issus de ce trafic reste dans la région et finance des trafics armés.
Contrefaçon et contrebande
Les Etats du Maghreb Algérie, Lybie, Maroc et Tunisie et l’Egypte fument 44% des cigarettes de tout le continent. Le commerce illégal de tabac y serait d’environ 1miiliard de dollar par an, le Mali représentant une plaque tournante majeure grâce aux réseaux établis par Mokhtar Belmokhtar, salafiste algérien co-fondateur d’AQMI et qui gère désormais son propre réseau autonome , Al Mourabitoun (signifiant Les Almoravides, dynastie des XI et XII siècles).
Le trafic de faux médicaments ou de médicaments interdits est florissant dans la Lybie post-révolutionnaire, à la fois pour les groupes criminels en recherche de profits et pour les pharmaciens désireux de stabiliser leurs revenus dans une situation désormais chaotique d’après-guerre. De la même façon, de nombreuses milices ont pillé des sites publics à la recherche d’équipement de construction et agricoles qu’ils ont vendus au marché noir dans toute la région, les bénéfices leur permettant de se fournir en armes et moyens de transports pour renforcer leur trafic.
En dehors du trafic de cigarettes profondément enraciné et aux réseaux bien établis, les produits contrefaits et vendus en contrebande sont surtout des opportunités saisies au vol et ne contribuent pas de façon systématique au financement de groupes spécifiques ou d’acteurs belliqueux. Bien souvent, les produits sont simplement jetés à l’arrière d’un camion au hasard d’un voyage retour d’un autre trafic pour arrondir les bénéfices.
Armes
En 2011, l’armée libyenne était estimée à 76000 membres actifs et 40000 agents de réserve, avec un arsenal de 250 à 700000 armes à feu, dont trois quarts de fusils d’assaut. A la chute de Khadafi et la désintégration de l’Etat libyen, ces armes sont tombées aux mains de groupes armés et de trafiquants. Les conflits en Lybie sont toujours alimentés par les soldats et les armes qui formaient jusqu’alors la colonne vertébrale de la puissance de l’Etat.
Le prix d’un AK-47 en Lybie varie généralement de 150 à 1000 dollars, parfois plus, sachant que la moyenne sur le reste du continent avoisine les 500 dollars. Pour des armes plus évoluées, comme des MANPADS ou des SA-7 (lance-missiles sol-air portatif), il faut compter plusieurs milliers de dollars par pièce. Le trafic d’armes en Lybie varie de 4 à 15 millions par an pour les armes légères. En comptant les munitions, ce trafic atteint 15 à 30 millions, bien que la valeur réelle pourrait être double compte tenu de la grande incertitude sur le nombre d’armes impliqué.
La puissance de feu du régime a également un impact important sur les pays frontaliers. L’UNODC (Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime) a laissé entendre que l’arsenal du régime Khadafi comptait 22000 lance-missiles dont au moins 17000 sont portés manquants et 400 sont partis dans le trafic avec certitude. On estime qu’entre 10 et 20000 armes à feu libyennes ont rejoint le Mali, le Niger, le Tchad et le Soudan. Certaines estimations donnent des chiffres bien plus importants, parfois quadruplés, suite à la chute de l’armée libyenne et des institutions de l’Etat.
Beaucoup de preuves pointent le rôle critique d’armes et de milices venant de Lybie dans le déclenchement du mouvement séparatiste au Mali en 2011, et de façon durable en alimentant l’instabilité mais aussi des attaques contre du personnel des Nations Unies et d’autres cibles. En outre, l’accès aux armes et leur contrôle dans la région du Sahara est devenu un élément critique pour être capable de contrôler les routes de trafic et les territoires.
Le trafic de migrants
Il y a désormais un très grand nombre de trafiquants de migrants et réfugiés venant de Syrie via le Liban et l’Egypte. Les Syriens comptent en effet pour la plus grande part des migrants exploités via la Lybie, même si un nombre rapidement croissant de migrants sub-sahariens arrive aussi par ces voies. Ce business florissant est aujourd’hui la source de revenus la plus accessible pour les réseaux de crimes organisés et les groupes armés, leur permettant ensuite d’acheter des armes, de conquérir de plus grands territoires, de former des armées, et de pratiquer du racket.
Le trafic migratoire a augmenté de façon spectaculaire à partir de la Lybie et de la Tunisie. Grâce à des moyens variés, dont des accord avec l’Italie, le régime de Khadafi avait drastiquement limité les flux migratoires et les trafics d’individus entre les deux pays : seuls 4500 réfugiés avaient été décomptés en 2010. En 2014, ce chiffre a explosé pour atteindre au moins 170 000, malgré l’insécurité croissante en Lybie et les dangers de la traversée de la Méditerranée. D’après Frontex, les migrants qui arrivent en Europe en traversant la Méditerranée depuis la Lybie (route dite de méditerranée centrale) représentent environ 60% des arrivées clandestines en Europe. Pour les 170 000 migrants qui ont utilisé cette voie en 2014, les deux premiers pays d’origine étaient la Syrie (39651 migrants) et l’Erythrée (33559), le reste venait d’Afrique sub-saharienne (26340).
Les migrations forcées et illégales (mais volontaires) ont assez augmenté pour devenir une des plus importantes sources de revenus en Lybie, et un vaste spectre de groupes en profite. Depuis la chute de Khadafi, les milices harcèlent les migrants et leur famille pour leur extorquer des fonds ou vont jusqu’à vendre des migrants aux trafiquants.
Quiconque a accès à un bateau peut tirer profit substantiel en mettant des migrants à l’eau. De façon générale, les passeurs facturent 800 à 1000 dollars par personne pour le passage vers la Lybie, et encore 1500 à 1900 pour le périple en Méditerranée, souvent en extorquant les fonds de force. Selon le type de bateau, une traversée peut accueillir plusieurs centaines de migrants. Une fois en mer, peu d’attention est portée au devenir de ces migrants ou à leur destination finale, les passeurs présument qu’ils seront secourus à un moment de la traversée. On a par ailleurs peu de preuves que les passeurs aient établi des services d’accueil pour l’arrivée en Europe.
Pour atteindre la Lybie, les réfugiés syriens passent souvent par l’Egypte ou le Soudan, deux des quelques pays qui n’exigent pas encore de visa pour les citoyens syriens. Sous le gouvernement Morsi, les Syriens étaient largement bienvenus en Egypte et nombreux s’y sont établis au début de l’exode des réfugiés. Depuis sa chute toutefois, les comportements ont changé et se sont durcis envers les réfugiés syriens de plus en plus nombreux. Beaucoup ont donc continué leur trajet jusqu’en Lybie, d’où l’on peut partir vers l’Europe. Les difficultés d’accès grandissantes pour l’Egypte ont poussé les migrants à prendre des routes plus au sud, par le Sinaï, là où les contrôles officiels sont plus faibles, ce qui a en conséquence contribué à impliquer Daesh dans le racket et l’aide au passage illégal. Ceci crée des incitations qui permettent à Daesh d’augmenter ses profits en exacerbant les flux migratoires grâce à des attaques ciblées sur les civils dans leurs zones conquises ou en ciblant les camps de réfugiés frontaliers avec la Jordanie et le Liban. Cette tactique a été largement utilisée par les rebelles congolais, en créant des réfugiés puis en les exploitant. Augmenter le nombre de réfugiés syriens et faciliter le commerce sur le dos des migrants peut ainsi aider Daesh à prendre position indirecte en Libye.
Pour la population sans cesse grandissante de migrants sub-sahariens, de nombreuses routes sont accessibles. Les réfugiées d’Érythrée, de Somalie, et de la corne de l’Afrique à traverser le Soudan, passer par la mer rouge et la péninsule du Sinaï, une région où le gouvernement égyptien perd de plus en plus contrôle. Une ancienne voie allant de Djibouti au Yémen en passant par les pays du Golfe est depuis désertée à cause des contrôles importants de ces derniers. Ajoutons que compte-tenu de l’instabilité du Yémen, les flux migratoires vont désormais en sens inverse, avec des centaines de Yéménites arrivant à Djibouti et grossissant l’exode vers l’ouest ou passant par une nouvelle route le long de la mer noire, au nord. Les Somaliens, les Érythréens, et désormais les Yéménites, sont éligibles de prime abord au statut de réfugiés en Europe, ce qui rend l’investissement du trajet pour les plages d’Europe particulièrement juteux.
Les réfugiés venant d’Afrique de l’Ouest, du Centre et plus au sud ont tendance à suivre les vieilles routes de commerce à travers le Sahel, comme la route allant du Mali à la Libye en passant par le sud de l’Algérie ou encore par le Niger, d’Agadez (un nœud de circulation) puis par le sud de la Libye jusqu’à la côte. L’instabilité de la Lybie e bien évidemment offert des opportunités sans précédent d’atteindre l’Europe pour ces migrants très largement économiques. Ce business lucratif est responsable d’une augmentation énorme du nombre de groupes impliqués dans ce trafic, des habituelles tribus nomades du Sahara tels que les Touareg et les Tebou qui concourent au voyage de 5 à 20000 migrants par an, à partir de n’importe où vers la Libye. Les migrants peuvent être obligés de travailler plusieurs mois lors d’escales sur ces routes de trafic, les abus physiques et sexuels étant assez fréquents. Orchestrer des migrations illégales massives requiert un « contrat » établi avec les passeurs des tribus, comprenant aussi des autochtones de clans au Mali, au Niger et au Tchad.
Les groupes armés et le financement du terrorisme
L’importance des activités criminelles dans le financement des groupes djihadistes ne saurait être sous-estimée. La fragmentation de la Lybie et l’insécurité régnante ont eu un effet d’entraînement dans tout le Sahel et le Maghreb, créant ainsi des havres de paix pour les groupes terroristes qui peuvent désormais opérer en complète impunité. Il semble que les opportunités d’alliance ne leur manquent pas tirer profit ou racketter les divers trafics du nombre croissant de groupes armés et de réseaux criminels dans la région.
La formation « d’économies de protection » qui peuvent au gré s’intégrer à un trafic ou le taxer a de sérieuses conséquences sur la stabilité et la sécurité régionales. Dans certaines régions, cette économie mafieuse surpasse l’activité économique légale et sape la capacité de l’Etat à gérer les affaires. Alors que différentes dynamiques et caractéristiques sont en jeu, toutes ces ressources accumulées, contrôlant ou protégeant les trafics à travers le Sahara, ne viendront en aucun cas aider à une meilleure gouvernance ou un meilleur contrôle de l’Etat. Elles serviront plutôt à perturber ou à saper le pouvoir et sa légitimité, et permettront de profiter des opportunités de trafics sur les ressources pour gagner de l’influence durant ces périodes de transition démocratiques.
Les groupes terroristes transsahariens
La Libye sert de base arrière sûre à plusieurs groupes terroristes et/ou djihadistes qui opèrent dans le Sahel. Il y a deux principales raisons à cela. Premièrement, La déchéance rapide du régime de Khadafi a laissé une vacuité à la tête de l’Etat et fourni des opportunités à des minorités comme les Touareg (victimes de persécutions sous le régime Khadafi) de prendre leur revanche et d’asseoir leur pouvoir. Deuxièmement, l’opération française Serval menée au nord-Mali a plutôt réussi à repousser les groupes armés et terroristes en dehors du pays, groupes qui ont trouvé la sécurité en Libye.
La situation en Libye est assez complexe, avec de nombreuses milices combattant entre elles. Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) est toujours actif dans une grande partie du Sahel, mais le groupe le plus dangereux opérant en Lybie est probablement Al Mourabitoun, mené par Mokhtar Belmokhtar. S’y ajoutent, Ansar-Edine (signifiant les défenseurs de la religion), Boko-Haram et Ansar-el Sharia (les défenseurs de la loi islamique) tous respectivement très actifs au Mali, au Niger et en Libye, il y en outre toujours eu des contacts entre Boko-Haram et les groupes agissant au Sahel.
Tous ces groupes profitent des différents trafics et commerces en expansion, étant donné qu’il y a peu de véritables opérateurs économiques dans la région du Sahel. Al Mourabitoun est le plus célèbre, son fondateur Belmokhtar disposant d’une expérience de longue date dans le trafic de cigarettes et d’armes, avec des réseaux bien établis dans tout le Sahel et le Maghreb. Ce groupe est désormais en lien avec les trafiquants de cocaïne, via une fusion avec MUJOA (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) en 2013. Les membres de MUJOA au Mali sont suspectés d’être liés au trafic de cocaïne. AQMI est quant à lui renommé pour ses enlèvements avec demandes de rançons servant à financer ses activités terroristes. Cette habitude semble toutefois avoir pris fin, plus faute de cibles rentables que de changement de stratégie.
Tant AQMI que Al Mourabitoun jouit d’une totale liberté de mouvement dans certaines régions du Mali, du sud de l’Algérie, mais les deux groupes conservent leurs bases arrières en Libye. Il n’y en effet qu’en Libye qu’ils ont pu établir des bases logistiques et des camps d’entraînement en toute quiétude et sans risque d’être détectés. Ceci étant, ils maintiennent des caches d’armes, de petits camps et des postes logistiques au Mali, Niger et en Algérie. Ces deux groupes savent tirer parti des terrains montagneux accidentés : cela leur permet de masquer leurs pistes, protéger des caches d’armes, et même de mettre en échec les scanners infrarouges (les signatures de température peuvent en effet être masquées dans les caves naturelles ou parmi les rochers chauffés par le soleil). Les régions montagneuses souvent exploités par les groupes terroristes sont notoirement difficiles à pénétrer pour les armées occidentales et l’incursion franco-tchadienne dans l’Adrar des Ifoghas en 2012 est l’une des rares exceptions.
Même une opération française continue dans la région, l’opération Barkhane, n’a eu que peu d’effets pour stopper les groupes armés. Cette opération ciblait les groupes djihadistes régionaux, basée sur une coopération entre la France et cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), cette opération permettrait à la France de définir ses cibles à son souhait dans les cinq pays. Malgré un certain succès, les récentes attaques de Mokhtar Belmokhtar et de d’Al Mourabitoun ont montré que les groupes avaient assez préservé leurs capacités logistiques, leurs ressources, leur matériel et leur personnel pour attaquer des cibles stratégiques. Al Mourabitoun bénéficie largement des liens avec les cartels de la drogue depuis sa fusion avec MUJOA en 2013 ; AQMI est quant à lui plus enclin à retourner à ses méthodes de trafic et d’enlèvements pour financer ses activités.
Une autre facteur de complication est la mesure dans laquelle les groupes djihadistes et les réseaux criminels sont jumelés avec les groupes armés insurgés du mouvement de libération Azawad. Ce dernier prend officiellement part aux accords de paix avec le gouvernement malien, sous l’égide de la communauté internationale. Il est donc hors de portée même pour les forces françaises et ses activités criminelles (comprenant trafic d’armes et de drogues) ont été largement minorées dans le cadre du process politique. Des situations similaires se retrouvent en Libye, par exemple avec les mouvements touareg qui peuvent porter des éléments djihadistes, sont très actifs dans les trafics d’être humains et le transport de cocaïne. La tribu nomade Tébou forme un groupe qui est isolé des discussions politiques tant en Libye qu’au Mali. Ce groupe, qui s’étend sur quatre pays au Sahel et au Maghreb, avec une concentration en sud-Libye et au Tchad, s’est rapidement engagé sur le commerce de migrants et on dit que son contrôle territorial s’étend largement vers le sud au Niger.
Le rôle de L’Etat islamique dans le Sahara
Le rôle de l’IS dans le Sahara est en constante évolution et il est encore trop tôt pour en faire une évaluation valable. Alors que le groupe n’a fait matériellement aucune incursion de ses activités dans le Sahel, ni n’a reporté de serments d’allégeances par d’autres groupes comme Boko-Haram, l’état chaotique de la Libye et la première apparition d’une cellule issue de l’IS en Afrique en nord rendent bien possible que l’IS décide de faire de la Libye une base, pour l’entraînement et l’organisation ou pour son expansion.
Le flux de migrants en plein essor sera très motivant pour une expansion de l’IS vers l’ouest et le Maghreb, considérant que les ressources jusqu’alors mobilisées (trafic de pétrole et de biens culturels) deviennent de plus en plus contraintes. Par ses activités au Moyen-Orient, Daesh a montré sa capacité à contrôler un territoire et à racketter autant l’économie légale que l’économie souterraine. Il a sans doute devenu de loin supérieur à tout autre groupe armé non-étatique dans le monde, capable d’établir efficacement des systèmes d’audit, des services sociaux et du contrôle.
Actuellement, une grande partie des réfugiés transitant par la Libye sur le chemin de l’Europe est de Syrie, mais sont canalisés à travers une chaîne de trafic du Liban à la Lybie. IS a délibérément mené des attaques contre les camps de réfugiés à l’Ouest de la Syrie pour augmenter le flux de migrants sur les routes des passeurs contrôlées par l’organisation, afin de générer des revenus additionnels. Il y a donc une tendance à voir une augmentation des réfugiés si les troubles en Syrie et en Irak venaient à affecter la stabilité du Liban ou de la Jordanie.
La faiblesse du Sinaï est un véritable problème, considérant la proximité des places fortes de Daesh avec la Syrie et la Jordanie. Toutefois, il est possible que Daesh se retrouve en concurrence avec d’autres groupes armés ou djihadistes en Lybie et au Sahel si l’organisation décidait de poursuivre son extension vers l’ouest ou le sud, conduisant ainsi à de violents conflits. Les Tebou par exemple ont établi plusieurs zones sous contrôle sur une bande est du Sahel et aux frontières tchadiennes. Ils ont également sécurisés des puits de pétrole et tiennent le monopole du trafic de migrants de la corne de l’Afrique vers la Libye. Cependant, des alliances stratégiques ont déjà été conclues par le passé entre des groupes du Sahel, en particulier contre des ennemis communs. Il n’est donc pas possible de prédire aujourd’hui comment les interactions peuvent évoluer.
Pour le moment, il est clair que le potentiel stratégique et financier d’un engagement de Daesh au Sahel est considérable ; et les mouvements de populations forment un terreau propice au recrutement de combattants à l’étranger et à leur couverture, ce qui forme la force de l’État islamique de longue date.
Conclusion
Il y a peu de place pour le doute quant à l’immense inquiétude que suscite le nœud entre crime et terrorisme dans le Sahara. Il y a de plus en plus de preuve que des groupes armés, y compris des groupes extrémistes ceux recourant à la violence, tirent pleinement profit des activités économiques criminelles avec une grande impunité. Avec le statu quo actuel, le scenario le plus probable est que les forces d’AQMI et d’Al Mourabitoun restent à leur niveau pendant que celles de Daesh augmentent, ce qui signifie que les attaques dans le Sahel vont se poursuivre contre des cibles de fortes valeurs, y compris des attaques suicides et visant des cibles occidentales (ambassades, hôtels, night clubs) ainsi que des symboles de puissance des États. Plus longtemps un groupe criminel reste inattaqué par les forces légitimes, plus ses réseaux sont établis, plus grande est son influence lors de discussions dans un process politique, sous réserve qu’ils en fassent le choix.
D’un point de vue politique, les réponses apportées aux conflits, à l’instabilité et au terrorisme doivent être réinterprétées sur ces bases. Les décisions par défaut qui consistent à renforcer les frontières risquent de n’avoir que peu d’impact compte tenu des grands territoires et de l’utilisation des voies maritimes ainsi que de la dispersion des groupes sur les différents territoires. En outre, l’enchevêtrement d’intérêts politiques, terroristes et criminels porte de grandes implications sur les stratégies de retour à la paix. En effet, il est d’autant plus difficile d’intégrer les groupes criminels dans un processus de paix qu’ils bénéficient des divers trafics et rackets qui disparaitraient en temps de paix. Ils manquent donc de motivations à rejoindre un État structuré sauf à légaliser des économies criminelles sous couvert d’un processus démocratique et diplomatique, mais fournissant peu de retour réel de stabilité et de développement pour les populations.
De toutes ces activités criminelles, la plus urgente à traiter est celle du trafic de migrants à travers la Méditerranée car l’augmentation des flux finance en retour les groupes radicaux impliqués dans les trafics au Sinaï et en Égypte, liés à la Libye, la Syrie, l’Irak, y compris Daesh. Une plus grande implication des réseaux de crimes organisés dans les trafics est possible sur les voies venant et allant vers la Jordanie, ainsi que sur celles qui transitent vers la Libye ou l’Égypte. L’augmentation du nombre de réfugiés syriens, en particulier résultant d’attaques de Daesh près de Damas (comme nous avons observé autour des camps de réfugiés) est susceptible d’alimenter les trafics de migrants et la traite d’êtres humains. Cela augmente nettement a capacité des groupes armés à se retrancher plus profondément en Libye et à capter des sources de revenus en dehors de l’Irak et la Syrie.
S’attaquer aux flux migratoires est un véritable enjeu et les interventions au large des côtes libyennes ont peu de chance de faire réduire les flux de migrants compte tenu de l’étendue de la zone de repêchage. Au contraire, elles peuvent augmenter les départs, étant donné le peu d’attention que les trafiquants portent au sort des migrants qu’ils mettent sur les bateaux une fois les plages libyennes quittées. Ainsi toute intervention pour secourir les bateaux de réfugiés doit s’accompagner d’une analyse ciblée sur comment réduire les bénéfices de trafics et comment faire en sorte que les sauvetages ne fassent qu’alimenter le modèle économique de Daesh, ce qui va bien au-delà de l’ère libyenne.
Recommandations
Il est vital de réduire la motivation des migrants et des réfugiés à passer en Libye par les maillons du crime organisé. Non seulement pour réduire les risques physiques des migrants eux-mêmes mais aussi pour porter atteinte à la plus grande opportunité financière de Daesh en Afrique du Nord. La meilleure façon de faire est :
Améliorer les aides d’urgence aux réfugiés au Liban, en Syrie et en Jordanie en augmentant significativement l’aide portée et la protection aux camps de réfugiés,
Faire des campagnes de promotion auprès des réfugiés pour les informer des risques d’abus, d’esclavage et même de mort inhérents au recours de réseaux de passeurs,
Cibler plus efficacement les réseaux de passeurs et les points de passage (ndt : points d’étranglement dans le texte), comme les côtés libanaises, le Sinaï, l’Égypte et le Soudan, détourner et faciliter les flux migratoires par des voies terrestres. Le Sinaï devrait être l’objet d’une attention particulière, ainsi que les flux en provenance du Yémen vers cette voie,
Améliorer significativement les renseignements et les analyses sur les routes, les points de passage et les organisations structurées de trafic migratoire, au plus près des pays d’origine,
Sur le long terme, réduire l’exode des réfugiés fuyant les zones de conflit est la seule solution. Cependant, les mesures ci-dessus sont des actions de court terme qui peuvent être prises et empêcher l’afflux de ressources financières vers les groupes radicaux, mais aussi empêcher la déstabilisation complète du Liban ou de la Jordanie et par voie de conséquence le financement de groupes armés dans le Sinaï en Égypte et en Lybie.
Bibliographie
Mark Shaw and Fiona Mangan, Illicit Trafficking and Libya’s Transition: Profits and Losses, United States Institute for Peace, Washington DC 2014
Tuesday Reitano and Mark Shaw, Fixing a Fractured State? Breaking the cycles of crime, conflict and corruption in Mali and the Sahel, Global Initiative against Transnational Organized Crime, Geneva 2015
Arezo Malakooti, Mixed Migration: Libya at the Crossroads, Mapping of Migration Routes from Africa to Europe and Drivers of Migration in Post-revolution Libya, UNHCR, Tripoli 2013
Brian McQuinn, After the fall: Libya’s evolving armed groups, Small Arms Survey, Geneva 2012 Frontex, Annual Risk Analysis 2015, Warsaw 2015
About
This brief was prepared as a joint collaboration between:
RHIPTO, the Norwegian Center for Global Analysis, set up to support the UN with rapid response capacities regarding acute and timely information and analysis relating to risks to the environment, development, peace and security.
The Global Initiative against Transnational Organized Crime (www.globalinitiative.net), an independent network of prominent law enforcement, governance and development practitioners who are dedicated to seeking new and innovative strategies to end organized crime.
Document publié sur le site internet Global initiatives against transnational organized crimes, traduit de l’anglais par le Mouvement pour la Remigration le 30 Août 2015.
http://www.globalinitiative.net/download/global-initiative/Libya%20Criminal%20Economies%20in%20the%20trans-Sahara%20-%20May%202015.pdf
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