29 avril 2015

Népal, 10 000 morts, les sinistrés du séisme abandonnés

Des centaines de personnes tentaient lundi de fuir Katmandou, la capitale du Népal dévastée par le séisme de samedi qui a provoqué la mort de 4300 personnes dans ce pays, auquel l’ONU a "promis" une aide humanitaire massive...

Le tremblement de terre de magnitude 7,8 est le plus meurtrier depuis 80 ans au Népal.

Plus de 90 personnes ont en outre péri en Inde et en Chine. Les rescapés du tremblement de terre, qui a en outre fait plus de 7600 blessés selon les derniers chiffres fournis lundi soir par le gouvernement, se ruaient sur les produits alimentaires et les stations-service pour faire des réserves, redoutant des pénuries.

Le tremblement de terre a également déclenché une avalanche sur le mont Everest, où une vague de neige comparée par un survivant à un «immeuble blanc de 50 étages» a déferlé sur le camp de base.

Dix-huit décès ont été confirmés dans le massif où se trouvaient en ce début de saison d'alpinisme 800 personnes, dont de nombreux étrangers, selon les estimations de responsables locaux.

Les craintes de maladies ont également émergé parmi les dizaines de milliers d’habitants ayant perdu leur logement et contraints de camper dans des parcs.

Des familles se tassaient dans des autocars, certains assis sur le toit, et dans des voitures pour rejoindre leur village d’origine et constater les dégâts.

Munies d’équipements spéciaux et accompagnés de chiens renifleurs, les équipes humanitaires internationales débarquent avec la régularité d’une horloge à l’aéroport de la capitale.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU prépare une opération «massive» d’aide, et espère envoyer au plus vite un premier avion chargé d’aide alimentaire, a annoncé à l’AFP une de ses porte-parole, Elisabeth Byrs.

Les États-Unis ont annoncé le déblocage de 10 millions $US, tandis que le Japon a annoncé l’envoi de 8 millions $US d’assistance humanitaire de Tokyo pour Katmandou.

Les États-Unis ont également annoncé qu’une équipe de 130 personnes spécialisée dans les catastrophes naturelles était dépêchée sur place, ainsi que 45 tonnes de fret. Le Japon doit également envoyer 110 spécialistes pour aider le Népal.

Par ailleurs, des douzaines d’ingénieurs de la célèbre brigade des Gurkhas, des soldats d’origine népalaise au service de la Reine d’Angleterre depuis 200 ans, devaient décoller lundi soir du Royaume Uni pour venir en aide à leur pays d’origine, a indiqué à l’AFP un porte-parole du ministère de la Défense.

Le séisme aurait pu déplacer la capitale Katmandou de quelques mètres vers le sud, a indiqué à l’AFP James Jackson, spécialiste de la tectonique à l’Université de Cambridge.

«Pourquoi toutes ces répliques?»

À Katmandou, des dizaines de milliers d'habitants ont passé une nouvelle nuit dehors, sous des tentes de fortune.

«C'est un cauchemar, pourquoi ces répliques ne cessent-elles pas?», se désespère Sanu Ranjitkar, une femme de 70 ans agrippée à son chien, le visage recouvert d'un masque à oxygène, assise sous une bâche.

Le sol tremble encore régulièrement et beaucoup n'ont pas fermé l'oeil de la nuit, n'ayant que quelques bâches de plastique pour se protéger des fortes pluies qui se sont abattues sur la ville.

«Il y a tellement de peur et de confusion», constate Bijay Sreshth en tentant d'écouter la radio dans l'espoir d'entendre un message du gouvernement.

«Nous ne savons pas ce que nous allons devenir et le temps que nous allons passer ici», dit ce père de trois enfants, qui s'est réfugié avec eux, sa femme et sa mère dans un parc.

À Balaju, un quartier de la capitale, un père a eu la douleur de voir la police retirer le corps de sa fille des décombres de leur maison. «Elle était tout pour moi, elle n'a rien fait, elle ne devait pas mourir», dit Dayaram Mohat en s'effondrant sur le sol.

Les survivants ont besoin d'eau potable et de denrées de base tandis que les zones rurales attendent désespérément l'arrivée de secours, selon un responsable du gouvernement.

«Nous avons besoin d'hélicoptères pour les opérations de secours dans les zones rurales», explique le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Laxmi Prasad Dhakal. «Nous avons aussi besoin d'eau potable et de vivres pour les survivants».

La situation difficile des rescapés est aggravée par les coupures de courant et la fragilité des réseaux de communication, au bord de l'implosion.

Les autorités népalaises expliquent qu'elles font le maximum pour venir en aide aux régions isolées les plus proches de l'épicentre du séisme, à environ 80 kilomètres au nord-ouest de Katmandou.

En annonçant le dernier bilan du désastre, un responsable du service de gestion des catastrophes a souligné que les secouristes tenteraient aussi lundi de dégager les personnes prises au piège dans les décombres des immeubles effondrés.

Médicaments et couvertures

«Aujourd'hui, nous allons tenter de trouver des survivants dans les décombres des immeubles élevés qui se sont écroulés», a dit à l'AFP Rameshwor Dangal.

En particulier, la tour historique de Dharhara, l'une des attractions touristiques majeures de la capitale sur la place du Durbar, n'est plus que ruines.

Selon la police, qui se fonde sur la billetterie, environ 150 personnes visitaient la tour blanche de neuf étages, dotée d'un escalier en spirale de 200 marches et surmontée d'un minaret de bronze datant du XIXe siècle, lorsqu'elle s'est écroulée.

Les secouristes népalais reçoivent le renfort de centaines d'humanitaires venus de pays comme la Chine, l'Inde ou les États-Unis.

Environ 70 Américains sont ainsi en route pour le Népal alors que Washington a annoncé le déblocage d'une première enveloppe d'un million de dollars.

Londres a annoncé 5 millions de livres, le Canada 5 millions de dollars et l'Union européenne 3 millions d'euros.

Des ONG françaises, comme Médecins du Monde (MDM), Handicap International et Action contre la faim ont déjà des équipes à pied d’œuvre.

Les hôpitaux sont débordés et les médecins mobilisés 24 heures sur 24 pour soigner les blessés dans des conditions très difficiles. Des chirurgiens ont dû opérer dans des théâtres de fortune érigés sur des parkings. Les morgues arrivent, elles, à saturation.

La ville de Pokhara, très fréquentée par les amateurs de sports d'aventure et située à 70 km à l'ouest de l'épicentre, a en revanche été largement préservée des effets du séisme et les touristes poursuivaient leurs vacances, a rapporté une journaliste de l'AFP.

Occupée à sangler son matériel de parapente, Caroline Ahern, une Irlandaise de 26 ans, explique qu'elle espère toujours revenir en avion à Katmandou en fin de semaine.

«Le séisme n'a pas provoqué de gros dommages en tant que tel mais les gens étaient vraiment paniqués», dit-elle. «C'était comme être sur un bateau incontrôlable».

Le Népal, à l'instar de toute la région himalayenne, où se rencontrent les plaques tectoniques indienne et eurasienne, est une région à forte activité sismique.

En août 1988, un séisme de magnitude 6,8 avait fait 721 morts dans l'est du Népal. En 1934, un tremblement de terre de magnitude 8,1 avait tué 10 700 personnes au Népal et en Inde.

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