22 janvier 2015

La peste soit de l’avarice et des avaricieux

Le 8 janvier dernier, nous évoquions dans notre article sur Facebook l’indigence des gendarmes en matière de munition de service, préoccupation relayée par l’association GENDXXI par lettre ouverte du 12 janvier. Hier, la DGGN jetait une poignée de piécettes pour calmer le petit peuple…

Le ridicule ne tue pas. La DGGN rajoute pingrement cinq cartouches dans nos chargeurs de pistolet. « Il en manque une ! » s’écrie Don Salluste ! Non, il en manque cinq, le compte n’y est pas ! La direction donne l’impression que la sécurité de nos citoyens et la notre peut donner lieu à un sordide marchandage ! Vous voulez dix, on vous donne cinq. Le compte n’y est pas et depuis (trop) longtemps. Tous se rappellent être partis en mission avec 18 cartouches dans le pistolet MAS G1 qui peut en contenir 30 en deux chargeurs. Et pourquoi ? Simplement parce juste avant le PA MAC50 (modèle 1950) n’en contenait que 2X9 ! En une quinzaine d’années de service de cette arme, la gendarmerie économisera une douzaine de cartouches sur le dos de ses 100 000 gendarmes et on entendra les justifications les plus saugrenues : c’est pour ne pas fatiguer prématurément les ressors de chargeurs… Et cela ne s’arrête pas là : En 2005, le SIG SAUER est mis en service avec 25 cartouches pour un potentiel de 30. Les gendarmes qui n’en ont jamais eu autant ne regardent pas dans l’assiette du voisin. Dans la Police Nationale, capacité de 2X15 cartouches = 30 cartouches de dotation. La question ne s’est même pas posée…Peut-être à cause des syndicats ? Joie de courte durée, car quelques années plus tard, on retranche 5 cartouches à chaque militaire au prétexte avancé qu’il faut garnir les chargeurs des nouveaux pistolets mitrailleurs et des réservistes. Est-ce temporaire et l’administration va-t-elle remplir les chargeurs de ses gendarmes ? Non, c’est une situation dans laquelle on subit sans rien dire ! Il est peut être temps de faire une commande exceptionnelle et de budgétiser le renouvellement de manière pérenne. Alors, cette annonce claironnante est vécue comme une provocation. Non, le compte n’y est pas.

Mort de rire ! Il est vrai que les gendarmes, rois du système D, trouvent souvent des solutions à l’incurie administrative. Vu le nombre de cartouches de dotation et le dispositif de formation aux armes à feu, les brigands ne risquent pas grand-chose. Il suffit que les gendarmes leur expliquent pour les faire mourir de rire, économisant du même coup les cartouches qui ne seront pas tirées. Et oui, sachez messieurs les méchants que les gendarmes doivent tirer 30 cartouches au pistolet tous les ans dans le cadre de l’entretien des acquis. C’est dire si 30 cartouches de plus par armes (et non par tireur) vont changer la donne et faire des gendarmes des tireurs honnêtes. C’est 40 pour un pistolet- mitrailleur. Mais les choses s’améliorent, il y a deux ans, après la formation initiale au Flash-ball, il n’y avait plus aucun tir prévu. Aujourd’hui, on est recyclé avec 3 cartouches par ans. Allez-vous défendre avec ça… Il y a mieux : il n’est pas prévu que les gendarmes tirent des cartouches au Taser avant d’être autorisé à travailler avec. L’autre sujet de rigolade, ce sont les infrastructures de tir en nombre insuffisant : il y a de quoi rire jaune, deux heures de trajet pour tirer dix cartouches…On ne va pas brosser un tableau exhaustif, ces exemples suffisent à montrer que le compte n’y est pas et il n’y sera jamais tant que l’instruction ne sera pas positionnée comme un préalable avant d’aller travailler au lieu d’un surcroît de travail.

Les conseilleurs ne sont pas les payeurs ? On peut s’autoriser quelques avis simples et quelques conseils aussi pour l’avenir. D’abord, il faut mettre un terme au programme de retrait des fusils à pompe des brigades. Avec la munition de service spécial, c’est l’une des seules armes de dotation capables d’arrêter un voyou protégé d’un gilet pare-balle lourd. L’autre arme qui en est capable, c’est le fusil de précision Tikka. Même si il y a mieux en matière de fusil de précision, ils existent. Remettons-les en service dans les PSIG (dont on les a retirés il y a trois ans), avec des munitions d’instruction en nombre suffisant.

Ensuite, il faut imposer les départs en service avec une arme d’épaule, il y en a assez pour équiper tous les véhicules des premiers à marcher et la plupart des autres véhicules de service. Toutefois, il faut installer d’urgence un dispositif de verrouillage et de sécurisation de ces armes dans nos voitures. En effet, les gendarmes peuvent en avoir besoin à n’importe quel moment, mais ils doivent pouvoir quitter leur véhicule sans la prendre. Régler un différent de voisinage pistolet mitrailleur à la main, ça ne le fait pas toujours. Ces dispositifs existent, les véhicules rapides d’intervention des EDSR en disposent.

Enfin, lorsque l’on songera à remplacer certains fusils à pompe rouillés (ils datent du milieu des années 80) et HK MP5 à bout de souffle, il convient d’envisager l’acquisition d’Advanced Personal Defense Weapon, comme le HK MP7 ou le FN P90 dont la compacité et le calibre conviennent à l’usage que l’on veut en faire : percer une protection balistique avec plaque additionnelle. Le (vieux) fusil d’assaut dans la rue n’est pas à sa place, non seulement au regard du niveau d’instruction des gendarmes sur le FAMAS et aussi en raison de sa portée inadaptée en milieu urbain.

Encore une fois, le compte n’y est pas. Les gendarmes sont contribuable et c’est aussi leur peau.

Messieurs les très grands chefs, cessez de croire que la poudre aux yeux suffit pour faire le compte. Sortez votre meilleure arme, votre plus beau stylographe à cartouche jetable, et expliquez à nos gouvernants que si les ministères régaliens ne produisent rien de commercialisable, les gendarmes produisent quelque chose d’inestimable, notamment la liberté d’aller et venir. Cela a un prix et tant qu’il ne sera pas consenti, les valeurs véhiculées par notre pays ne seront pas défendables.

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