15 janvier 2015

Delfeil de Ton : "Il était le chef. Quel besoin a-t-il eu d'entraîner l'équipe dans la surenchère ?"


AFP FILIP DE SMET

"Il était le chef. Quel besoin a-t-il eu d’entraîner l’équipe dans la surenchère ?", écrit Delfeil de Ton, qui a quitté l'hebdomadaire en 1975. Une chronique qui fait vivement réagir.

"Je t'en veux vraiment Charb. Paix à ton âme", écrit dans L'Obs du 14 janvier Delfeil de Ton, ancien de Hara-Kiri, Hara-Kiri Hebdo et l'un des fondateurs de Charlie Hebdo, qu'il a quitté en 1975. Une chronique qui a suscité la colère de l'avocat de l'hebdomadaire, Richard Malka.

Dans un long article, Delfeil de Ton, chroniqueur à L'Obs depuis 1975, raconte ses souvenirs de Charlie Hebdo. Il reproche aussi à Charb d'avoir entraîné sa rédaction trop loin. "Je sais, ça ne se fait pas", dit-il. Mais il s'interroge : "Il (Charb) était le chef. Quel besoin a-t-il eu d'entraîner l'équipe dans la surenchère ?"

Il raconte "un gars épatant" mais "tête de lard" et revient sur le premier attentat contre Charlie Hebdo en novembre 2011, suite à la publication des caricatures de Mahomet. "Il ne fallait pas le faire mais Charb l'a refait un an plus tard, en septembre 2012", regrette-t-il.

Et de citer les paroles de Wolinski (lui aussi tué le 7 janvier) après l'incendie des locaux du journal : "Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. C'est tout. On se croit invulnérables. Pendant des années, des dizaines d'années même, on fait de la provocation et puis un jour la provocation se retourne contre nous. Il fallait pas le faire." Car selon Delfeil de Ton, "Charb préférait mourir et Wolin préférait vivre."

"Ma déception est immense"

Cette chronique a provoqué l'indignation au sein de l'équipe de Charlie. Notamment celle de Richard Malka, avocat et figure de l'hebdomadaire satirique. Selon Le Monde, il a envoyé un texto scandalisé à Matthieu Pigasse, l'un des actionnaires de L'Obs (et du Monde). "Charb n'est pas encore enterré que L'Obs ne trouve rien de mieux à faire que de publier sur lui un papier polémique et fielleux", s'indigne-t-il. Ajoutant : "Je refuse de me laisser envahir par de mauvaises pensées, mais ma déception est immense."

Ce à quoi le directeur de la rédaction de L'Obs, Mathieu Croissandeau a répondu : "Après débat, dans un numéro sur la liberté d'expression, il m'aurait semblé gênant de censurer une voix, quand bien même elle serait discordante. D'autant qu'il s'agit de la voix d'un des pionniers de cette bande."

D'autres encore jugent déplacé de la part de Delfeil de Ton de revenir sur d'anciens propos de Wolinski alors que celui-ci "est toujours resté fidèle à Charb, et se rendait toutes les semaines au journal".

Delfeil n'en dira pas plus. "J'ai refusé de parler aux télés, aux radios, à tout le monde. J'ai gardé mon témoignage pour L'Obs, qui l'a d'ailleurs mal titré, et je ne suis pas près de l'ouvrir à nouveau sur le sujet." Il se rendra simplement aux obsèques de Wolinski ce jeudi.

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