23 novembre 2014

Le mystère du col Dyatlov


En 1959, une expédition de 10 étudiants de l'Ecole Polytechnique de l'Oural disparut mystérieusement près du Mont Otorten. A l'exception d'une personne qui avait rebroussé chemin pour cause de maladie, tous les randonneurs furent retrouvés morts dans des circonstances extrêmement bizarres.



L'expédition

En 1959 en URSS, une expédition composée de huit étudiants et de deux guides de l'Ecole Polytechnique de l'Oural décida de gravir le Mont Otorten situé à 1 900 kilomètres de Moscou.
L'expédition quitta Sverdlosk (aujourd'hui Ekaterinburg) le 23 janvier avec comme date de retour prévue le 12 février. Le groupe était dirigé par Igor Dyatlov, un randonneur expérimenté.
Le 27 janvier 1959, le groupe fut aperçu dans un dernier village avant d'entamer son ascension. Peu après, un membre de l'équipe, Yuri Yudin, malade, rebroussa chemin. Il sera le seul rescapé de l'équipe.

Si Dyatlov avait annoncé son retour aux environs du 12 février, l'absence de nouvelles données par l'expédition ne fut pas considérée comme inquiétante, un retard pouvant facilement survenir du fait de conditions atmosphériques pénibles.
Le 20 février, en l'absence de nouvelles du groupe, les familles et l'Institut Polytechnique avisèrent les autorités. Ce ne fut que le 26 février qu'un pilote militaire découvrit le camp abandonné au lieu-dit Kolhat-Syakhl (la montagne des morts).
Nantie de ces renseignements, l'expédition de secours parvint sur place et découvrit que le campement avait été abandonné de façon brutale, de la nourriture, des skis et des chaussures ayant été abandonnés par les jeunes gens. Une autre étrangeté fut constatée : la tente était fortement dégradée, ayant été déchirée depuis l'intérieur. Les membres de l'équipe de secours retrouvèrent des traces de pas des jeunes gens; celles-ci se dirigeaient vers un bois voisin mais disparaissaient au but de cinq cents mètres environ.
On ne retrouva aucune trace de lutte et, surtout, aucune trace des membres de l'expédition.


Découverte de la tente


Aucun survivant connu

Deux corps furent retrouvés à un kilomètre et demi du campement. Les deux victimes, Georgy Krivonischenko et Yury Doroshenko, se trouvaient en sous-vêtements et pieds nus. Selon des sources non officielles, les victimes présentaient des brûlures aux mains, la peau colorée de façon brunâtre et les cheveux devenues grisâtres. Les restes d'un feu de camp furent découverts près des corps.
Le corps du chef de l'expédition, Dyatlov, fut découvert trois cents mètres plus loin, avec une branche en main.
Cent cinquante mètres plus loin encore, les dépouilles de Rustlem Slobodin et Zina Golmogorova furent découvertes; les victimes avaient apparemment perdu la vie en tentant de rejoindre le campement.

Les médecins légistes établirent que la cause des décès était l'hypothermie. Hormis les brûlures aux mains, aucune trace de violence ne fut constatée.
Les quatre derniers membres de l'expédition demeurèrent introuvables.

Ce ne fut qu'en avril 1959 que les corps des dernières victimes furent découverts. Une victime présentait une fracture du crâne. Les autopsies conclurent à quatre morts violentes. Deux victimes présentaient la cage thoracique défoncée, tandis que la quatrième avait eu la langue arrachée. Ces victimes portaient des parties de vêtements arrachées aux victimes découvertes plus tôt.

En mai, les autorités soviétiques décidèrent de classer l'enquête "en l'absence de partie coupable". Une partie des documents d'enquête fut classée secrète et les abords du site furent interdits pour une période de trois ans.

Les éléments d'enquête rendus publics furent :

six des membres du groupe étaient morts d'hypothermie et trois de blessures mortelles ;
il n'y avait aucune raison de penser qu'il y avait d'autres personnes présentes sur le Kholat Syakhl ou dans les environs ;
la tente avait été arrachée depuis l'intérieur ;
les victimes étaient mortes six à huit heures après leur dernier repas; les empreintes de pas montraient que tous les membres du groupe étaient partis de leur plein gré; le Dr Boris Vozrojdenny déclara que les blessures mortelles sur trois des corps ne pouvaient avoir été causées par un autre humain, « parce que la force des coups était trop grande et les parties charnues n'avaient pas été endommagées ». Le médecin estima la puissance du choc à celle équivalente à un accident de voiture mortel; les tests médico-légaux montrèrent de hautes doses de contamination radioactive sur les vêtements de certaines des victimes.
La conclusion officielle de l'enquête fut que les membres du groupe étaient tous morts d' « une force irrésistible inconnue ».

Avec le temps, d'autres éléments, non-officiels, apparurent, livrés par les familles ou des membres de l'expédition de secours :

les parents des morts affirmèrent que la peau des victimes était d'une étrange couleur brune;
l'un des anciens enquêteurs affirma que ses détecteurs avaient montré des niveaux de radiation élevés sur le Kholat Syakhl, et que cela expliquait la radiation trouvée sur les corps. La source de la contamination ne fut pas été découverte;
un autre groupe de randonneurs, se trouvant à environ 50 kilomètres au sud, affirma avoir vu d'étranges sphères orange dans le ciel, en direction du Kholat Syakhl, la nuit du drame. Le même phénomène fut continuellement observé à Ivdel et dans ses environs entre février à mars 1959, par plusieurs témoins indépendants, y compris le service météorologique et les forces armées;
certains rapports suggérèrent la présence de ferraille dans la région, ce qui a donné lieu à des spéculations sur un usage militaire clandestin de la région.


Documents d'enquête


Les hypothèses

Parmi les pistes envisagées par les enquêteurs, on pensa à une attaque de la tribu nomade Mansi. La piste fut abandonnée, les Mansis n'ayant jamais fait preuve d'une agressivité particulière et se trouvant au minimum à cent kilomètres à l'est du lieu du campement.

Autre hypothèse envisagée : une attaque de rôdeurs ou de bandits de grand chemin. Mais aucune autre trace que celles des randonneurs ne fut découverte. De même, aucune trace de lutte n'était apparente.

De lourds soupçons pesèrent sur l'armée soviétique, renforcés par le classement rapide de l'affaire, la confidentialité de certains éléments d'enquête et l'interdiction de fréquentation de la zone durant trois années.
On rappela aussi la présence de traces de radioactivité sur le site.
Yudin, qui avait été le seul à survivre à l'expédition en ayant rebroussé chemin avant le drame, assura que l'armée était parvenue sur le site le 6 février, soit quatre jours après les faits et près de trois semaines avant l'arrivée des secours civils.
Cette théorie d'une culpabilité militaire se heurte toutefois à plusieurs obstacles :

D'une part, les secours ne découvrirent aucune trace étrangère à celle des randonneurs,
les secouristes ne notèrent aucune trace d'explosion ni la présence de débris métalliques,
la base aérienne la plus proche, Sverdlosk, se trouvait à plus de 600 kilomètres et aucun appareil militaire ne disposait à l'époque du rayon d'action nécessaire pour faire l'aller-retour entre sa base et le col, le cosmodrome de Plesetsk ne fut pas opérationnel avant la fin de l'année 1959, le cosmodrome de Baïkonour ne connut aucune activité à cause des températures trop froides.
La présence de radioactivité fut expliquée de deux manières :

Un incident nucléaire s'était produit l'année précédente à la centrale de Sverdlosk et avait légèrement contaminé la région du col, les traces retrouvées sur les habits des victimes pouvaient provenir de l'utilisation par celles-ci de lampes au thorium.
On n'expliqua jamais l'apparition dans le ciel des sphères oranges aperçues par des villageois et par une autre expédition qui se trouvait à une centaine de kilomètres du col.

Pour ne pas tomber dans la dérive extraterrestre, des experts apportèrent une explication naturelle à la mort des neuf personnes.
Selon eux, les membres de l'équipe auraient été surpris par une avalanche et seraient sortis de la tente précipitamment et partiellement vêtus. Ils se seraient rassemblés en bordure du bois et auraient fait du feu mais un des randonneurs serait tombé d'un arbre en coupant du bois ce qui expliquerait la fracture du crâne. Les plus vêtus seraient retournés vers le campement, se seraient égarés et seraient tombés dans une ravine, ce qui expliquerait les enfoncements thoraciques...
Les survivants, ne voyant pas leurs camarades revenir, auraient tenté de rejoindre le camp et seraient morts d'hypothermie.
Cette explication ne persuada personne car les randonneurs avaient établi leur camp dans un endroit relativement protégé sur une pente n'excédant pas 30%. Par ailleurs, les secours ne notèrent aucune trace de coulée de neige à leur arrivée sur place.


Les suites

En 1967, l'écrivain Iouri Iarovoï publia un livre sur l'affaire. Impliqué dans les recherches de l'expédition disparue en tant que photographe officiel, Iarovoï connaissait bien les faits. Ecrit en pleine période soviétique, son livre évita de révéler autre chose que les éléments connus par la version officielle.
Selon des proches de Iarovoï, deux autres versions de son œuvre avaient été rédigées et furent refusées par la censure.
A la mort de Iarovoï, en 1980, toutes ses archives écrites et photographiques disparurent.

En 1990, le journaliste Anatoly Gouchtchine parvint à avoir accès à certains documents de l'enquête avec l'autorisation des autorités. Il nota l'absence de certaines pages ainsi que d'une enveloppe au contenu ignoré.
Le livre de Gouchtchine, "Le prix des secrets d'Etat est neuf vies" privilégie la thèse de l'expérimentation d'une arme secrète.

A la suite de Gouchtchine, Lev Ivanov, un policier à la retraite qui avait été impliqué dans l'enquête officielle de 1959, affirma qu'il n'avait trouvé aucune explication rationnelle aux neuf décès. Il affirma avoir reçu des ordres directs de la haute administration pour arrêter l'enquête et maintenir certains éléments secrets.

Aujourd'hui encore, on ignore ce qui s'est passé dans le col de montagne. Seule certitude, les randonneurs furent surpris par quelque chose qui les poussa à fuir leur tente sans prendre le temps de s'habiller.
Les diverses thèses, naturelle, militaire et extraterrestre, semblent toutes peu convaincantes.
Le classement de l'affaire et l'impossibilité, toujours actuelle, de consulter les archives laissent planer de lourds soupçons sur l'armée. A l'époque, Sverdlosk disposait d'un complexe miliaire majeur et les Soviétiques n'avaient pas hésité à tirer plusieurs missiles contre un avion espion américain qui survolait la zone. Certains pensent qu'un missile aurait pu frapper par erreur le Mont Otorten et que l'armée fit disparaître les débris le 6 février mais, rappelons-le, aucune trace d'explosion ne fut découverte sur place.
Dernièrement, une trentaine d'experts indépendants se sont penchés sur les événements et ont conclu que l'armée avait mené des essais dans la région et avait, par inadvertance, causé les décès.
D'autres partisans de la version d'un «cover-up» d’État estiment que les randonneurs pourraient avoir été tués délibérément après avoir percé un secret militaire. Quoi que les militaires aient testé - et l'essai fut peut être désastreux - ils ne s'attendaient pas à ce que quiconque soit dans une zone isolée au milieu de l'hiver. Après avoir découvert le groupe de sportifs, leur priorité aurait été d'assurer le secret en supprimant tous les témoins survivants.

Yudin, le rescapé, a fondé la fondation "Dyatlov" qui réclame, depuis 2000, l'accès aux dossiers et la réouverture d'une enquête. En pure perte...
Le lieu du drame a été rebaptisé Col Dyatlov, du nom du chef de l'expédition disparue.

Il est à noter que l'endroit semble associé au décès de neuf personnes. Ainsi, la tradition orale de tribus nomades parle du décès, survenu de longue date, de neuf personnes sur le lieu du drame. Puis survinrent les neuf morts de 1959. En 1991, un crash aérien survint au même endroit, coûtant la vie à neuf personnes...

Tant que l'état russe ne se décidera pas à ouvrir une nouvelle enquête et ne divulguera pas les dossiers classés secrets, on ne saura jamais ce qui s'est déroulé sur le versant du Mont Kolhat-Syakhl ni pourquoi les randonneurs ont fui si rapidement leur tente.
Le film :

Vidéo :

 


Paul : Aller à l'essentiel, se recentrer sur les faits constatés et non pas sur la fabrication d'histoires romancées.
Le groupe s'est ravitaillé en nourriture avant de monter au col. Dans ces régions, le pain est fait de seigle, qui a d'ailleurs de nombreux avantages en expédition : compact, nourrissant et bonne conservation. Ce groupe à certainement été empoisonné à l’ergot de seigle, d'où ce constat de comportements délirants. Fatal par -25C, dans une tempête, en altitude et dans un endroit désertique...

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