L'ex-première dame règle ses comptes avec le président de la République dans un livre à la fois intime et politique.
Souvent, les proches de François Hollande, ceux qui le connaissent bien, comme amis ou comme adversaires, vantent son «incroyable capacité d'encaissement». La voilà de nouveau mise à l'épreuve, et de quelle manière, avec la publication surprise du livre de Valérie Trierweiler. Dans Merci pour ce moment, l'ex-première dame lève le voile sur l'intimité de sa relation de dix ans avec François Hollande, sans rien cacher de son comportement. Une sorte de coup de tonnerre pour l'Élysée. Depuis le 25 janvier et l'annonce, par le président de la République lui-même, de sa séparation officielle d'avec sa compagne, le château redoutait une telle publication mais avait fini par se rassurer en s'attendant, au pire, à un livre de Valérie Trierweiler sur son expérience de première dame. Raté.
En 320 pages où l'intime se mêle à la politique, et dont Paris Match publie quelques extraits, l'ancienne journaliste dresse un portrait destructeur du président de la République en ce qu'il s'attaque à la dernière qualité que les Français voulaient bien lui reconnaître: celle d'un homme sympathique. «Il s'est présenté comme l'homme qui n'aime pas les riches. En réalité, le président n'aime pas les pauvres, écrit Valérie Trierweiler. Lui, l'homme de gauche, dit en privé: “les sans-dents” très fier de son trait d'humour.» Voilà pour la duplicité. «Il est froid. Ne sourit pas. Je suis son faire-valoir, mais je ne dois rien valoir.» Voilà pour l'indifférence. Quant à l'ambiguïté, Valérie Trierweiler la relève lorsqu'elle raconte qu'après la rupture, François Hollande multiplie les textos pour tenter de la reconquérir: «Ses messages me parlent d'amour. Il m'écrit que je suis toute sa vie, qu'il ne peut rien sans moi.»
Vrai? Faux? Romancé? Peu importe en réalité puisque pour lui, ces lignes sont de toute façon du poison. Elles accréditent les critiques qui lui étaient adressées par les uns ou les autres, proches ou moins proches, en leur donnant la consistance du vécu. Difficile de se défendre. L'Élysée s'est d'ailleurs réfugié derrière un laconique «pas de commentaire».
« Sur le plan politique ce n'est évidemment pas bon, ça ramène la politique à des légèretés » Un proche de François Hollande
Comme tout le monde ou presque, la présidence de la République a découvert la publication de ce livre par surprise. À la rédaction de Paris Match, le secret avait aussi été bien préservé, seuls quelques chefs étant dans la confidence de la publication des premiers extraits. Selon des proches du chef de l'État, François Hollande s'est dit «un peu atterré» par cet épisode. Il y a de quoi. «Sur le plan politique ce n'est évidemment pas bon, ça ramène la politique à des légèretés», observe sous anonymat un proche de François Hollande cité par l'AFP, qui redoute que l'image du président dans l'opinion d'un homme ni «antipathique» ni «méchant» n'en soit affectée. À moins que l'homme ait réellement changé, que le temps passé à l'Élysée l'a «déshumanisé» comme l'assure Valérie Trierweiler.
«C'est vrai que la fonction présidentielle, c'est une charge, une responsabilité devant les Français qui est extrêmement lourde, a répondu Stéphane Le Foll, proche de François Hollande et porte-parole du gouvernement. Tout ça, ça agit sur un homme.»
Mais au-delà de la seule personne de François Hollande, c'est surtout la fonction de président de la République qui risque d'être affectée par ce nouveau rebondissement politico-sentimental. C'est en tout cas un paradoxe étrange que de voir ce chef de l'État clamer en permanence que la fonction présidentielle doit être respectée se retrouver à l'origine des attaques les plus brutales à son endroit. Comme si le costume n'était décidément pas taillé pour un «homme normal.
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